sous sa peau flagellée courent encore les blessures par arme blanche des hommes épris de justice ; ses yeux ne brûlent plus de foi en humanité avec laquelle on nous biberonne les sales mômes ; ses lèvres ne délivrent pas les messages d'espoirs qu'on a entendus aux heures les plus infâmes - James est un monstre de lucidité abîmé par l'expérience de la guerre et des fusils, son âme d'enfant piétinée par la mitraille des champs de bataille.
Pris d'illusions bienfaitrices il s'est engagé au service de la patrie par nature essentiellement faite d'abnégation, a pavé sa carrière de réussite militaire en échange d'émois essoufflés et de mains ensanglantées. Son honneur toujours vissé en seul drapeau, il se pare d'une personnalité égoïste mais pas égocentrique, par devoir et obligations qu'il sait inextricables de ses fonctions, au passé présent futur.
Le palpitant en rage d'expier les pêchés et annihiler les pêcheurs, il porte l'emblème de la justice en étendard fier et impérieux, que nul ne serait lui ôter par privilège d'avoir vu : vu les enfants arrachés à leur mère, les maris pleurés par les femmes, et la misère balayer les existences en traînée de poussière.
James est méfiant, et n'accorde jamais sa confiance totalement ; il sait les mensonges par devoir politique et les atours de la grandeur, et ne tient jamais pour acquis que les honneurs décernés sur le terrain - il les garde envieusement en innombrables trophées et ne manque pas d'en user voire abuser si seulement son autorité venait à être remise en cause. Il considère n'avoir plus grand chose à apprendre de personne, et tait ses jugements et à-priori, pour ne laisser aucune entrave dans ses relations avec autrui.
Taiseux et appliqué à sa mission qui tient du mantra essentiel, c'est un utopiste résolu et convaincu que la fin justifie les moyens, sous couvert d'une nécessité de droiture humaniste et absolue ; il méprise la trahison et ne croit cependant pas à la rédemption - les batailles personnelles et militaires ont réduit sa nature sacrificielle et bienveillante propre au jeune âge pour laisser un homme éraflé et désabusé.
aîné d'une fratrie de six enfants, le sens des responsabilités prononcé ✗ difficile à cerner, même pour ses proches ✗ rarement vu sourire en dehors de la moquerie ou l'ironie ✗ glacial en apparence et en dedans ✗ adepte des blagues de mauvais goût ✗ apprécie la lecture quand il est seul, des autobiographies militaires principalement ✗ trois cicatrices dans le dos, dont une plus marquée ✗ mesure un mètre quatre-vingt-neuf ✗ porte uniquement des tenues aux couleurs sombres, sur un ensemble sobre ✗ des yeux bleus clairs assez perçants ✗ n'a pas le regard aimable ✗ profondément concerné par le sort des dangereux, malgré une démonstration opposée ✗ fume deux paquets par jour ✗ respectueux de sa hiérarchie ✗ fierté et orgueil démesurés ✗ expert en armes à feu ✗ pratique le krav-maga et la boxe depuis son cursus académique militaire ✗ joue aux échecs et n'hésite pas à y ajouter une mise en jeu ✗ ambidextre ✗ impassible, difficile à cerner ✗ une voix grave, qui porte, et un ton sec, concis et précis ✗ personnage sponsorisé par Marlboro, de fait
James garde en mémoire le parfum réconfortant de sa mère et la force brute de son père : Maïwenn et Declan Carrington s'aiment depuis l'enfance et se sont promis une vie merveilleuse une fois l'épreuve de la séparation surmontée, le départ de Madame pour une académie
réservés aux surdoués, bonheur concrétisé par l'arrivée de six chérubins bordés d'amour et de sacrifices matériels ; vint James d'abord et il sera l'aîné protecteur et grandiloquent, par égard pour ses tendres soeurs de deux, et cinq ans ses cadettes : les jumelles Elora et Moira, puis la douce Mahé.
Et il sera l'exemple absolu pour ses frères, Audran que la vie a séparé d'une année, et Even qui clot le cortège de mômes sept ans plus tard - James n'en aura aucune connaissance avant son entrée à l'académie Alice, à l'âge de six ans.
James est vite repéré par sa mère comme héritier du même pouvoir inné, après la découverte de Moira dans le grenier au saut du lit ou
Monsieur qui se réveille sur le canapé après s'être endormie près de
Madame ; les discussions s'éternisent et la prise de décision difficile -
le cacher et fuir ou jouer le jeu de l'alice.
La sentence tombe, régie par la nécessité et la peur d'être balancés : James Carrington intègre l'académie Alice pour y suivre sa scolarité.
✗✗✗
Le temps à l'Académie Alice préserve un parfum doux-amer aux souvenirs de James : l'intégration est rapide pour un gosse enjoué et sociable, rieur et avenant, et l'excellence voulue par sa mère à travers ses lettres
il est l'espoir de la famille transpire de ses notes à son comportement. Il passe major à l'âge de quinze ans et intègre le conseil des élèves jusqu'à tenir le rôle de président à sa première année d'université. Ses aptitudes physiques et sa morale inébranlable l'orientent vers le cursus militaire sans grande hésitation, et il y trouve une satisfaction grandissante à s'enivrer du rôle qu'on lui offre, et le plaisir de se sentir utile.
L'année de ses vingt ans les pages de l'académie se tournent avec une certaine nostalgie déjà, il y a trouvé une seconde famille et un sens à donner à sa vie - et en cela il est impatient de partager son engouement avec les siens. Le retour à la réalité fait mal, il découvre l'hécatombe en apprenant que ses parents ont cru bon de faire affaire avec un usurier douteux probablement lié à de plus sombres affiliations pour régler les dettes qui s'accumulaient ; deux de ses soeurs et son jeune frère Even (qu'il n'aura connu qu'au travers d'écrits signés de la main de sa mère) ont été abattus sous couvert d'accidents malheureux.
La rage et la fureur ont balayé la fierté et l'excitation de ses ambitions futures, et ses priorités se moulent autour de la tragédie. Afin de demander la protection de l'État pour le reste de sa famille, James se promet naïvement d'étaler ses réussites sur le terrain en échange de services rendus à la patrie -
ça ne servira à rien.✗✗✗
Passionné par les armes et le combat, James se tourne d’abord vers la section de l’armée de terre : il y a les missions frontalières et les opérations de reconnaissance, mais sans savoir si ce sont ses aptitudes ou son alice qui ont joué, il quitte le quotidien relativement redondant du commun des soldats pour du plus risqué : il se rappelle encore l’adrénaline du trajet et la palpitation de son corps entier quand il a fait face à la réalité - c’était plus de l’imaginaire ou des jeux de guerre, c’est du sang authentique sur les mains et des vies arrachées pour de vrai - des familles brisées aussi, il s’en mord les doigts des nuits entières.
Un peu plus de cinq années entre conflits mondiaux où se positionner, du Tchad au Centrafrique et missions d’une plus grande banalité, l’opportunité pour lui se présente d’intégrer l’armée de l’air après une formation adaptée - ça fait moins mal, la distance enlève la culpabilité et James s’y plait, sans manquer d’une vie de famille bien rangée.
Et ce reste d’humanité qui lui arrache le sommeil, il le comble en se confiant au Général Mellett, le plus jeune général de l’Histoire, en qui il trouve une sensibilité conjointe et un apaisement des maux tenus dès l’enfance - les relations dépassent le cadre hiérarchique et il y aurait presque là une figure paternelle dans un monde monochrome.
Les succès couronnés à son mérite et il intègre la brigade d’élite des
Rangers. Ce qui sonne d’abord comme une réalité édulcorée à l’américaine le plonge dans quelque chose de plus grand, d’indicible et grandiose tant les sensations et les désirs y sont décuplés - il y restera deux ans avant d’en être simplement éreinté physiquement et psychologiquement, la faute à des opérations plus risquées et souvent tues pour le grand public.
✗✗✗
Il retourne voir sa famille et trouve une maison vide à l'adresse laissée aux dernières nouvelles : ses parents sont tous deux morts de maladies cardiaques dûes au stress accumulé de ne pas subvenir aux besoins de la famille, le reste de sa fratrie disparus sans laisser de traces, une simple lettre de sa soeur qui l'accuse de les avoir abandonnés à leur sort.
✗✗✗
Six mois après la fin du terrain, James ne voyage plus pour sauver des vies ou défendre des positions, il est davantage concerné par les affaires intérieures et est missionné sur les affaires les plus sensibles.
Les rumeurs s’amplifient et si James est resté loin du sujet « Académie Alice » en premier lieu, il n’eut d’autre choix que de se plier à la volonté du président Higgins - le ton était dur et formel, un dysfonctionnement menaçait l’équilibre voulu par le chef du gouvernement irlandais et la culpabilité semblait revenir sous le nom de Melchior Collins - un virus qui entraînait la perte des alices ou tout autre menace extérieure qui rendait l’enceinte scolaire perméable aux convoitises politiques , des enlèvements commandités par les russes et qui ont fait deux victimes
Vavilov et
Rhodes - on retiendra les noms pour le futur.
Il y eut bien quelques protestations de l’ancien élève
ce sont des enfants il faut agir avec précaution et un silence glaçant pour seule réponse, accompagné de prunelles noires et sévères dardées sur lui -
vous êtes un soldat, votre mission est d’obéir aux ordres, et rendre compte de l’honneur fait de vous confier une ambassade de cette importance.Et puis plus rien ne le retenait à ses valeurs d’antan.
Il est briefé de longues heures durant sur les attentes qui pèsent à présent sur lui, avec l’appui du général Mellett qui recueille ses insomnies en proie aux incertitudes sommaires, et la gravité des sommations données par le président en personne.
Le doute n’est plus permis et James est intégré à l’académie pour superviser l’ordre établi sous le nom de « Section NOVA », fermement décidé à catalyser l’énergie des uns et des autres pour un projet plus grand.
✗✗✗
Le festival sportif annoncé pour excuse de la tradition, James avait acquiescé les directives de Melchior sans plus de formalités - il n'avait que peu d'estimes pour ce genre d'évènement et était resté en alerte tout le temps des préparatifs, et ce jusqu'à la remise des trophées prévu.
Ça aurait dû être passionné et léger.
Enjoué et chaleureux - même lui s'en serait ému, dans d'autres circonstances.
Et ça aurait dû, par dessus tout, gommer les conséquences du mois de Janvier dans les jeunes esprits - plutôt qu'être une redite cruelle et malheureuse.
Les directives sont reçues d'en haut après une alerte donnée par James, et c'est son supérieur hiérarchique qui l'éclaire de longues minutes au téléphone sur la suite des opérations à prévoir.
La foule s'agite les élèves se dispersent et certains là où il ne fallait pas être : les bras qui entourent les têtes blondes ne laissent aucun doute et l'opération transpire le complot fomenté depuis de longs mois.
Son rôle l'oblige à observer avant d'attaquer, et il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour détecter le premier élément dissonant d'un univers en équilibre fragile - l'une d'elle avec un étui à violon, et c'est celle qui l'accompagnait qui tomba en premier sous les sommations autoritaires.
— Vous n’irez pas bien loin, à mon humble avis. Lâchez cet étui Madame. Posez-le au sol ou j’interviendrai personnellement.Le flou brumeux pendant de longues secondes - jusqu'à sentir à nouveau la réalité, et le contact de Blossom sur son bras.
Il se relève et recouvre ses esprits formatés, se hisse en prenant appui sur une tête blonde de la portée de soldats recrutés sans manquer de lui faire subir sa frustration -
de n'avoir pas vu le coup venir. Et la coupable désignée depuis le début, qu'il trouve dans son champ de vision et sur qui s'abat le courroux divin de sa mission bafouée.
— Tu as perdu la tête Hastings ? Sais-tu seulement ce que ce geste va te coûter ? Tu as désobéi, pire, tu as agressé ton supérieur.Les ordres se doivent d'être respectés alors il les donne, sans la moindre pitié pour l'amour filial qui ne répondait à aucun besoin nécessaire de protection - et un mépris certain pour les inconscients qui mettent l'équilibre et la sécurité de leur monde en péril.
— Je ne suis pas directeur ici, j’obéis au gouvernement. Je ne serais pas aussi clément que l’est Collins avec les délinquants dans votre genre. Et si bien que malgré le sang-froid qui coule dans ses veines, les menaces au bord de l'exécution - pour le bien commun et par détestation de la rébellion, il s'était ému une fraction de seconde des suppliques de Carla pour sa mère qu’il tenait pour acquise, le regard empli d'une rage grondante et ses émotions retranchées au-delà de son conscient.
Les insultes de Pandora, les débats tourmentés des Devray et les plaintes des autres parvenaient moins à ses oreilles que la voix impérieuse de Flores et les directives appliquées avec un sang-froid remarquable par les élèves Higgins et Weber - il en avait tiré un rictus satisfait.
Avant de tout remettre en ordre, une fois encore - comme il avait été sommé d'opérer.
- si vous avez la flemme de lire le pavé:
+ né dans une famille modeste de la banlieue de Dublin, James grandit autour de deux frères (Audran et Even) et trois soeurs (Elora, Moira et Mahé), dont il est l'aîné. Il est le seul enfant Alice de sa famille, à l'instar de sa mère, qui possède le même don ;
+ il mène une vie frénétique et chargée au sein de l'Académie, entre travail personnel excellent, échanges écrits avec sa famille et obligations du conseil des élèves ; il passe président à sa première année d'université et gardera cette place jusqu'à sa sortie de l'Académie en 2008, à l'âge de 20 ans ;
+ James revient dans sa famille brièvement avant de signer son engagement militaire, et découvre que Elora, Moira et Even sont mors par accident à quelques jours d'écart ; ses parents lui avouent avoir contracté un accord douteux avec un usurier pour rembourser les dettes accumulées, et s'être rapidement trouvés dépassés par les échéances de remboursements imposés ;
+ A intégré l'Irish Army (armée de terre) dès sa sortie de l'académie, passe sur la brigade des Irish Air Corps (armée de l’air) durant trois ans et intègre les Irish Army Rangers (élite) pour ses deux dernières années de fonctions militaires ; il y rafle trois distinctions militaires et quelques honneurs, pour actes de courage ou services rendus à la nation ;
+ Il rend visite à ses parents et ses frères et sœurs restants mais trouve un domicile abandonné, une lettre à son attention qui entache son honneur et le ronge de culpabilité d’avoir abandonné sa famille de sang - c’est à partir de ce moment qu’il égare sa sensibilité ;
+ sa réputation honorifique de militaire prodigieux lui vaut d’être missionné par le président Higgins d’enquêter sur les agissements de Melchior Collins au sein de l’Académie Alice, et remettre ce petit monde à l’endroit. Il co-créé et dirige la section NOVA à partir de janvier 2020.