– Oh, I know how to levitate up off my feet And ever since the seventh grade I learned to fire-breathe And though I feed on things that fell You can learn to levitate with just a little help

Les cours sont finis. Les couloirs sont tous barbouillés de visages que chaque instant déforme en masques de plus en plus inquiétants. Il a envie d'attraper une des têtes qui passent par là et de la cogner contre une autre – ça ferait sans doute une jolie bouillie d'idées pas claires. Il se demande quelle couleur ça peut avoir, les pensées, une fois exposées au soleil.

Il voit cosmos, son petit crâne qui dépasse au-dessus de la foule, comme un bouchon ballotté par les vagues. Il rigole, excité, presque fiévreux. Ses coups lui manquent.

« Hé la moche ! »

Il pousse tout le monde pour la retrouver – et lui donne un coup sur l'épaule – mais sous sa paume, une sensation aiguë, maladive, qui lui colle au doigts comme un espèce de fantôme malvenu. Il fronce le nez. Sans doute un mirage ?

« jcrois que tu me fuis ces derniers temps non ? T'as peur de moi ? Hein c'est ça, t'as peur... »

Il ricane mais il y a toujours sous ses ongles le souvenir persistant d'un printemps d'os qui étrangement fait vaciller sa gaîté cruelle.

« t'es encore plus moche que la dernière fois qu'on s'est vu. On dirait... un squelette ! Un cadavre mort ! »

il pouffe, et c'est plus pour se convaincre que rien de tout cela n'est grave. Il veut que Cosmos le bouscule, qu'elle le frappe sans retenue de ses grands poings, qu'ils se roulent tous les deux dans la poussière aux pieds des mannequins aux visages déformés par la fin d'après-midi. Il veut oublier ce printemps étrange qui colle aux doigts.