C'est le genre de moment où il ne sait pas trop s'il doit être triste ou en colère. Compatissant ou sévère. Adulte ou enfant. Parce que les actes des adolescents sont souvent des cris d'alarme, des appels à l'aide. Il n'aurait su dire, au moment où ses yeux ont commencés à se fermer, si le visage de Samuel partageait de la souffrance ou de la satisfaction.

Dans le doute, il a décidé de taire.

"Une victime des machinations d'Elior". C'est ce qui a été retenu par la direction. Parce qu'il fallait un coupable, bien sûr, et que le coupable ne pouvait pas être l'académie elle-même. Alors c'est sur lui que tout est tombé.

Lui aussi, est tombé d'ailleurs, loin des étoiles. Il se sent coupable, Ezio, de n'avoir su éviter ça. Rassurés d'avoir pu les retrouver et de s'assurer de leur sécurité, mais coupable. Ils vont vu une lumière d'espoir trop brillante, et vont vouloir la poursuivre encore, quitte à s'aveugler. Ils ont vu dehors. Ils ont vu qu'il existait une porte de sortie pour eux.

Et pourtant, rester enfermé était leur seule option possible. Est-ce qu'ils ont vu, dehors, que le danger était bien plus présent que dedans ? Il repense à la vue du ciel noir de fumée et songe que non, pour eux le danger est dedans.

Les jours ont passés, les isolements se sont finis, le somnifère a circulé, la vie a repris son cours.

C'est ce qu'on espère toujours, chaque jour que dieu fait, après de tels événements. Une fois que la tempête est passée, tout repartira comme avant. Plus de problèmes, plus de fuites, plus de larmes. On va tous s'essayer à vivre du mieux que l'on peut.

Pourquoi, alors qu'il s'efforce de faire au mieux pour faire fleurir les sourires, il se retrouve ici encore. C'est qu'il déteste cet endroit, Ezio. Il n'y a jamais rien de bon à faire ici. Les élèves blessés, les limitations, l'odeur étouffante du trop propre pour couvrir celle de la mort.

Il n'a pas couru, cette fois. Il a prit tout son temps pour pouvoir trouver les mots, savoir ce qu'il lui dirait lorsqu'elle ouvrirait les yeux sur lui. Mais il n'a pas su attendre que la porte finisse même de se fermer, pas su attendre d'être assis et de lui serrer la main pour la rassurer.

Vous me saoulez, toutes les deux, à me faire passer ici.

La colère qui parle, celle qu'il n'a pas su retenir. Mais voir Eulalie tantôt dans ce même lit d'avoir voulu faire le mur trop fort, et voir maintenant Cosmos visée ici d'avoir voulu partir trop loin, il est des choses qu'il ne peut plus contrôler.

Ezio n'est pas un dieu, il n'est qu'un homme, et même lui n'ose imaginé comme elle a dû souffrir pour en arriver jusque là. Pourquoi n'a-t-il pas avant entendu ce cri ? N'aurait-il pas dû, finalement, les laisser fuir ?

Il doute, Ezio. Est-ce qu'il a mal fait ?