pièce enfumée éclaboussée au néon les ombres dansent dans la semi-obscurité - l’endroit est blindé - chambre de trois étoiles confisquée pour faire plaisir aux illuminés qu'ils étaient tous. ce soir on se félicite d’être hors du commun des mortels - les moins gradés invités à participer car la fête aux décibels scandaleux pulvérise la notion d'échelles. ce sont les plus colorés de l'établissement qui se retrouvent encore, s'agglutinent régulièrement pour former des palettes démentes, commencent doucement en ville dans les bars et puis, migrent à la folie avant le couvre-feu pour narguer l'heure à l'abri des autorités. il est minuit passé.
des alices réquisitionnés pour créer un microcosme indépendant - Cobalt qui n'entend rien a vu un élève insonoriser les lieux au préalable. ça se remarque dès qu'on sort dans le couloir : les couleurs y sont calmes. au dedans c'est un chaos sensoriel. mélange des parfums vertigineux, c’est comme plonger dans un bain d'insolence, rire au nez de l'académie. et les filles sont toutes belles à la fois sophistiquées et formidablement vulgaires. avec leur sourires carnassiers on dirait qu'elles ont toutes plongées leurs dents dans la trachée d’une proie encore vivante durant le trajet de Central Town à ici tant leurs lèvres sont rouges et kruör. les boys sentent la Cologne et cette odeur toute particulière d'apogée de soirée, ils ont ces dents naturelles qui brillent sourdement dans la pénombre des bouches car tout le monde s'esclaffe comme dans une mauvaise comédie. vertige. qu'on aime mais qu'on fuit.
la porte de la chambre se ferme derrière lui. silence. encore. toujours. le vrai cette fois ci : ni les os ni les images ne vibrent désormais, tandis qu'il s'avance dans les dédales sombre. cherche l'air libre, gobelet à la main. il a oublié son blouson et capte le détail une fois les portes du dortoir passées - dehors il faisait bon mais on frissonne quand même. tant pis, on finira de se déchirer avec ce qu'il y a au fond du verre, ça suffira à se réchauffer. et sur les quelques marches menant à l'entrée il s'assoit, sort un paquet souple et froissé de la poche de son jean pour pincer une cigarette entre ses lèvres - il n'aime pas la couleur que ça donne aux souffles mais ça ne fait rien, pour la désintoxication on verra demain. problème : son feu est resté dans la cacophonie. solution : rester là et râler en silence, revenir on a pas envie.
jusqu'à ce que tes couleurs tachent un coin du champs de vision. fait tressaillir Cobalt qui tourne la tête et te reconnaît alors. tes camaïeux, et puis l'alcool dans le sang un peu, ça le fait sourire railleur. qu'est-ce que tu fais là, Isis ? les mains libres, tous les doigts se ferment sauf les deux index, pour mimer des mouvements de chef d'orchestre. et puis, une main s'empare du pouce de l'autre, tandis qu'il soupire amusé, l'œillade curieuse.
‹‹ la musique était à chier ou bien ? ››
probable que tu ne connais pas tous les signes, mais il y en a certains si expressifs, c'est intuitif, alors on ne doute pas que le message passe. "briquet" c'est facile à "dire" - suffit de faire le geste devant la bouche alors qu'on n'en a aucun dans la paume.
‹‹ t'as du feu ? ››
tu lui sauverais la vie Isis - enfin pas vraiment on se comprend.
Le froid de la nuit était mordant sur les épaules nues d’Isis-Mae qu’elle n’avait pas pris la peine de couvrir en sortant –elle faisait toujours ça l’imbécile, se savait frileuse et poussait malgré tout le vice en toute conscience ; façon étrange peut-être de se dire qu’elle avait au moins le contrôle sur ce qu’elle pouvait porter quand tombait l’uniforme, et qu’elle avait décidé que le temps non plus ne lui dicterait pas sa tenue. Ça ne changeait rien au fait qu’elle frissonnait comme une idiote, assise sur les marches à l’entrée du dortoir, à siroter sans plaisir une bière encore tiède. Sur sa cuisse, juste au dessus du genoux, on avait écrit un numéro de téléphone dont elle suivait machinalement les courbes du bout du doigt, là où l’épiderme trop sensible rougissait et gonflait sous la moindre pointe, le moindre ongle un peu trop insistant. Elle n’avait pas retenu le nom de celui qui lui avait laissé ça sur la jambe ; peut-être qu’elle rappellerait un autre jour. Aujourd’hui, le brouhaha était plus désagréable qu’autre chose.
Malgré l’éthanol dans son sang qui rosissait ses pommettes, elle devina l’odeur familière en approche avant même que Cobalt ne soit tout à fait sorti ; elle ne bougea pas, attendit qu’il la remarque en l’observant en silence avec un léger sourire narquois –c’était plus intéressant de le voir exister plutôt que de décrire des yeux encore et encore, sans vraiment les regarder, les courbes moches du stylo à bille bleu. Un sursaut, il l’avait enfin repérée, et le voir s’approcher avec un sourire de con lui en tira un similaire. Il lui fallut un instant pour baisser le regard sur ses mains –elle oubliait vite, Isis– et plissa les yeux en tentant de déchiffrer les signes ; mais il faudra lui pardonner Cobalt, déjà qu’elle peinait à comprendre ceux qui parlent avec leurs langues, c’était plus dur encore de lire dans tes mains et surtout avec une bière et deux whiskey-coca mal dosés dans le sang.
« Pourquoi tu veux choper du chef d’orchestre ? »
Elle ricana, à moitié certaine que ce n’était pas là ce qu’il voulait lui dire mais assez amusée de sa propre bêtise et glissa deux doigts dans son décolleté pour y récupérer son briquet –ça au moins, elle avait capté.
« Tu partages ? elle ajouta en désignant la cigarette d’un geste du menton. »
Dans le joyeux fracas de la chambre surpeuplée, Isis s’était d’un coup sentie très seule et très vide, et le bruit s’était fait agressif et éreintant. mais à deux, et dans le calme de la nuit d’hiver c’était juste ce qu'il fallait.
c'est toujours maladroit les esprits engourdis qui s'enlacent, c'est comme les corps ça sait pas quoi faire des bras et ça se rate. met quelques secondes à capter le contresens, quiproquo de qui de quoi tu parles Isis ? c'est à se demander si on a le sang trop liquoreux pour lire sur tes lèvres, et puis, Cobalt capte que c'est pas lui le soucis. enfin, si, un peu, mais avec circonstances atténuantes. soubresauts des os secoués de rire, sans un son rien que des souffles espiègles que le froid condense et que la nuit dévore. Cobalt se marre.
comprend aussitôt ton dialecte Isis, il acquiesce, à défaut de pouvoir t'offrir des expirations qui font sens on en échangera des empoisonnées. main ouverte, pouce et index se rejoignent pour dire "ok" et puis tous les doigts se referment sur le briquet que tu tends. brûlant avant la moindre flamme, on l'avait gardé une seconde dans la paume avant de finalement allumer la cigarette. on embrasse les cendres.
embrase la gorge sèche, il récupère son verre posé sur la marche à ses pieds pour prendre une gorgée, deuxième taffe par dessus avant de faire passer.
regard vague, s'échoue sur ta peau blanche où la couleur interpelle. drôle de calligraphie, Isis, c'est à l'endroit alors ce n'est pas toi qui l'a écrit pas vrai ? on survole du bout des doigts sans toucher, rien que pour montrer, l'air de dire ‹‹ c'est quoi ça... ›› - on pourrait lire en braille - et Cobalt ricane de nouveau. la main qui ne tient pas son gobelet, il l'amène à son oreille, fermées et rien que le pouce et le petit doigt de levés. forme un téléphone.
‹‹ t'as prévu de l'appeler ? ››
Isis, les signes ce n'est pas trop ça - ça ne fait rien, on articule pour que tu puisse décrypter les lèvres qui prononcent sans un bruit. déchiffre les sourires.
Isis-Mae Rhodes
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Sujet: Re: blinding lights ▸ isis Sam 2 Mai - 1:25
— blinding lightscobalt & isis-mae
Isis observait d’un œil amusé la figure de Cobalt passer comme elle de l’incompréhension au rire, avant de se pencher sur elle pour récupérer le briquet. Recroquevillée sur elle-même pour contrer le froid, les coudes sur les genoux et le visage entre ses mains, elle ne le lâcha pas une seconde du regard sans se départir de son petit sourire en coin qui accentuait ses fossettes. Il était de ces gens qu’elle ne fréquentait que rarement le jour ; d’une part parce qu’elle n’était pas bien diurne de toutes manières et de l’autre parce qu’ils n’étaient pas dans la même classe. C’était toujours lors de soirées clandestines que leurs chemins se croisaient encore et encore, et Isis était souvent apaisée en sa présence. Cobalt était gentil –sans l’être de trop, il avait quelques acidités qui lui plaisaient– et surtout résonnait sur la même longueur d’onde qu’elle ; on ne parle pas de ce qui fait mal. Seuls les rires, l’euphorie et les soupirs d’aise avaient leurs places entre eux, et ça l’arrangeait tout à fait.
Elle porta la cigarette à ses lèvres à son tour quand il la lui tendit et pris le temps d’en savourer deux taffes avant de souffler un rire à travers la fumée quand remarqua l’écriture en relief sur sa peau trop pâle. Ses doigts n’effleurèrent jamais sa peau mais elle frissonna malgré tout.
« J’sais pas, fit-elle en haussant les épaules. Y’a pas de nom et j’ai déjà oublié. »
Elle inspira une troisième fois la nicotine à plein poumons avant de lui retourner la cigarette, mais elle s’immobilisa dans son geste avant de tendre le bras tout à fait, traversée par l’envie impulsive d’être un peu chiante et le pousser à s’approcher pour de bon s’il voulait vraiment sa clope.
« Si personne ne m’invite avant, j’pourrais me laisser tenter… »
Et son sourire d’enfant satisfaite de ses propres bêtises avait un petit rien de carnassier –"personne", c’était toi Cobalt, et si tu ne saisis pas il n’y avait aucun langage, signé ou oral pour éclaircir ce qui était déjà si peu subtil.
« Qu’est-ce que tu fais là ? »
made by miss amazing.
Cobalt Virtanen
UNE ÉTOILE
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Sujet: Re: blinding lights ▸ isis Ven 8 Mai - 5:05
blinding lights ▸ isis
distrait une seconde par les teintes kruör diluées dans tes soupirs toxiques, touche de vëks au second, c'est parce que tu te mets à rire Isis. pas besoin d'entendre lorsqu'on en voit la couleur - les tiens particulières irisés - Cobalt s'amuse au diapason des prénoms tombés aux oubliettes. de toute manière, si tu lui avais confié celui de l'auteur des graffitis ornant ta peau, il l'aurait froissé et jeté pour toi. écrire un numéro à cet endroit-là, c'est vraiment un move de vieux gars.
au diapason on se moque, souffle rieur, toujours une histoire de respiration avec Isis - avec toi, il a l'impression que c'est comme il faut, sans jamais expirer d'amertume. des turbulences qui se répondent sans interférences, camaïeu de fin d'adolescence, fragrances de normalité. quand tu intimes de venir plus près sans prononcer tout haut, Cobalt se sent de faire partie du monde, oublie la frontière qui sépare toujours un peu. exit la distance, d'accord on s'approche - se décale sur la marche où l'on était assis tous les deux, jusqu'à coté de toi où les épaules se frôlent. ainsi c'est plus simple de communiquer, et à défaut d'utiliser sa voix pour de bon il peut presque murmurer des réponses aux invitations.
bah écoute si t'as un stylo, j'peux toujours t'écrire mon numéro.
tu l'as déjà, mais promis on s'appliquera bien plus que celui qui t'a décoré - on a tout le temps pour ça.
j'hésite fort à me barrer - tu passes une bonne soirée que si tu t'éclipses avant que ça dégénère.
et la main qui ne tient pas la cigarette récupérée, on y trempe le pouce dans le verre d'alcool laissé à vos pieds pour venir poser à même l'épiderme - l'air de rien, Cobalt efface les deux derniers chiffres du numéro de téléphone, fait baver l'encre pour y noyer l'inconnu. abandonne la pâleur de la peau d'Isis une fois que c'est illisible comme il faut, il admire le résultat une seconde, accoudé à sa propre cuisse, le menton à même la paume. et puis, lève une œillade espiègle, sans un mot l'air de dire ‹‹ se laisser tenter ça risque d'être compliqué désormais ›› - ah Isis, c'est dommage que tu ne voies que trois couleurs, il y a du khël dans ses prunelles.
Isis-Mae Rhodes
DISASTER♡BABE
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Sujet: Re: blinding lights ▸ isis Dim 10 Mai - 20:42
— blinding lightscobalt & isis-mae
Un sourire satisfait de sale gosse étira les lippes d’Isis-Mae quand Cobalt prit place à ses côtés sur la marche ; elle tira une dernière taffe, fit tomber les cendres accumulées sur le sol à ses côté et vint placer d’elle-même la cigarette entre les lèvres du jeune homme enfin assit avant de s’écarter de lui –rien qu’un peu, juste assez pour lui faire face et lui permettre de lire les mots sur sa bouche. Un ricanement lui échappa.
« J’croyais que ton truc c’était le dessin, c’est l’occasion plutôt que d’écrire un truc que je connais déjà. »
À Cobalt elle voulait bien offrir sa peau en guise de toile éphémère, curieuse de voir les couleurs qu’il pourrait esquisser sur l'épiderme trop blanc –et tant pis s’il voyait les toiles jaunes et bleus ou encore les rougeurs entêtées qui le parsemaient parfois ; ils n’étaient plus à quelques teintes près. Un frisson l’ébranla quand il posa une main tiède sur sa jambe froide et Isis fronça les sourcils en se penchant pour le regarder faire, avant de se fendre en un énième rire narquois.
« T’es en train d’évincer la concurrence, Virtanen ? »
Dans le froid de Janvier, Isis-Mae n’avait pas besoin de cigarette pour souffler des volutes blanches. Elle porta sa bière à ses lèvres tout en inspectant la bavure avec un sourire railleur aux lèvres.
« P’tain, si j’pouvais faire ça avec mon tatouage… elle murmura presque plus pour elle-même avant de relever les yeux vers lui. Dis tu m’héberges dans ta chambre pour la nuit ? »
Elle n’avait aucune excuse particulière pour cette demande ; son col était toujours brodé d’une étoile d’or, comme lui, aussi le prétexte du manque de confort du grenier ne marchait pas encore.
« J’ai pas envie d’être toute seule, mais ils font trop de bruit là-haut… »
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Sujet: blinding lights ▸ isis 
