une estampe à l’encre noire, elle est faite d’ébène et d’ivoire. ébène, toutes les courbes, les boucles indisciplinées encadrent la porcelaine du visage et le khôl cernant les regards. ivoire, sa peau, et sûrement les os sous la vie. elle et ses grands vides chromatiques, à l'admirer la curiosité aiguisée Ange s'est alors demandé un jour
où se trouvent-elles, tes couleurs, Isis ?
depuis on cherche des palettes à composer. dans les rires et dans les pleurs. au cœur de ton humour sombre et de tous les mots passant les lèvres rouges. et puis dans le ciel des yeux, quand on y regarde d'un peu plus près il s'y cache des camaïeux. à partir du jour où l'on s'était rencontré sur les bancs du lycée Ange chasse tous tes dégradés et il faut l'avouer vos images lui plaisent.
Isis c'est innocent encore ! (vraiment ?) indolent impatient de passer du temps rien que tous les deux et de renverser les heures. se moquer de l'ordre des choses c'est facile avec toi, et toujours un peu plus on ose, et à aucun moment tu ne rétorques que c'est assez. que ça suffit, qu'Ange est bien trop ci ou trop peu ça. des équilibres format paysage, on ne craint pas alors d'y ajouter plus de visages. Ange aime penser que toi tu peux voir.
tu veux bien voir Ange les après-midi, commettre à ses cotés le petit crime que c'est de tuer l'ennui il souffle viens et tu le suis. le centre-ville de jour c'est grisâtre à souhait, attendons la nuit et tu verras. toutes les couleurs, le ciel incendie assorti aux orangers des lampadaires qui s'allument en un éclair et avec les feux verts et rouges on collectionnera toutes les teintes primaires. attend la fermeture des cafés pour mieux admirer toutes les lumières, et marcher jusqu'à l'arrêt de bus - là elles se raréfient et l'encre du ciel vire indigo. ralentis, pas aussi vite inutile de courir, tu sais bien que là-bas on vous attend mais personne personne ne vous comprend aussi bien que toi et lui. et le monde peut tourner sans vous un peu plus longtemps on s'en fiche on s'en fout -
tous les arguments sont bon pour traîner et voir les couleurs que tu prendras lorsqu'on va frôler les interdits.
sur le trottoir il fait bien nuit, et Ange rassure. on n'est pas en retard ! pas encore. alterne clair-obscur, on marche côte à côte, les pas insolents au diapason et les répliques en harmonie. jusqu'à ce que le vrombissement du moteur n’interrompe l'alchimie d'Ange et Isis on s'arrête net pour voir ce qui fait autant de bruit - c'est le bus qui arrive - et les regards se croisent électrisé d'urgence.
l'œillade interroge, en silence semble demander. tu veux rentrer à l'heure Iris ? on peut encore l'avoir ce serait obéir comme il faut ce serait chiant à en mourir.
et sans un mot Ange saisit la main d'Isis, lueur de défi dans les iris il reste planté là. si l'on garde les entrelacs des doigts on va le rater, regarde il se gare à l'arrêt et vous attend un moment et on admire - il fait sûrement meilleur à l'intérieur toujours campé sur les deux pieds on guette si tu tiens l'inertie encore un peu reste encore un peu.
ça y est. cacophonie mécanique, les portes automatiques se referment et le véhicule redémarre, laisse Isis et Ange sous les lampadaires, on voit les feux arrières s'éloigner et puis disparaître sans eux.
sourire victorieux - on a gagné ! car Ange sait quelle heure il est, pour ça qu'il brise le silence après le jeu auquel on a joué.
... Isis tu vas m'tuer, j'viens de capter j'crois que c'était le dernier départ.
et les étincelles dans le regard, et les risettes qu'on esquisse, c'est tout à Ange tout à fait lui euphorique à l'idée qu'on prenne des risques lorsqu'il tourne la tête vers Iris c'est gentiment sarcastique qu'il commente.
on va rentrer à pied trop dommage.
manquerait plus qu'il pleuve pour faire couler l'eye-liner et Ange s'amuserait pour de bon.
C’était un tableau qu’on croirait pouvoir exposer dans un musée –Impression, soleil couchant sur béton mouillé– avec ces oranges, ces bleus, ces rouges qui explosaient devant les yeux dans une valse à deux temps entre le ciel et son reflet sur le sol encore trempé des pluies de la journée. Ange avait raison ; Central Town était bien plus jolie quand tombait le jour et que les feux du soleil s’embrasaient une dernière fois avant de laisser la nuit repeindre la voute céleste de son bleu aux étoiles timides. Elle s’émerveillait peu des jolies choses Isis, parce qu’elles cachaient toujours des hypocrisies laides ; n’en n’était-elle pas un exemple parlant elle-même ? Mais aujourd’hui –depuis quelques temps en vérité– elle voulait bien se prendre au jeu des mensonges sincères avec lui car Ange était un peu pareil, et sous le verni, quand bien même le sien était bien moins écaillé que chez elle, on devinait des laideurs effarantes si on y regardait bien. Dans la laideur, Isis se sentait chez les siens –surtout quand on l’illuminait de joli couchers de soleil pour en oublier les vilains traits. Ça confortait son égo maltraité de se dire qu’elle n’était pas la seule pomme pourrie du panier, et plus viscéralement encore, ça faisait battre son cœur un peu plus fort de se sentir ballotée dans les tourmentes de ses pairs. Ô Ange, Ange et tes sourires parfaits qui fuitaient un venin qu’elle était une des rares élues à pouvoir apprivoiser, entre fascination tordue et désintérêt nonchalant – et les drapeaux rouges qui s’agitaient dans son estomac se confondaient d’un coup avec les ailes des papillons.
Le bus et son ronflement caractéristique interrompit leurs déambulations nonchalantes à coups d’appels de phares ; dans un premier geste, Isis esquissa un pas en avant pour le rattraper et puis se ravisa avant même de croiser l’oeillade entendue du jeune homme à ses côtés. C’était doux cette impression d’être sur la même page que quelqu’un d’autre, enfin, quand elle passait sa vie entière à se demander pourquoi elle avait été montée à l’envers à l’arrivée. Et quand il lui prit la main, le défi des règles luisant dans les yeux, elle se contenta de tourner de nouveau le regard vers les feux arrières aveuglant et les observer s’éloigner avec un petit sourire espiègle aux lèvres. Car elle savait pertinemment que ça n’avait rien d’un accident, et ce genre de non-dits la faisaient jubiler.
« Isis tu vas m’tuer, j'viens de capter : j’crois que c'était le dernier départ. »
Le sourire de l’adolescente se fit plus large encore –plus amusé, et peut-être plus cynique aussi, alors que ses sourcils s’arquèrent en une expression faussement dépitée. Pas à moi, mon Ange, tu ne me la feras pas comme ça, tu le sais très bien.
« On va rentrer à pied trop dommage. — Si on se fait choper par Rex parce qu’on est rentré après le couvre-feu, j’te balance sans regrets Massot, fit-elle de sa voix claire qui rendait floues les limites entre sarcasme et honnêteté. Sauf si tu me portes quand j’aurai mal aux pieds. »
Et comme toujours Isis disait l’inverse de ce qu’elle faisait car au lieu de joindre à ses paroles hautaines l’attitude assortie, elle enroula un peu plus ses doigts autour des siens comme pour lui rappeler qu’ils étaient bien deux à jouer et qu’il n’avait pas encore gagné.
« J’espère que personne ne se fera de fausses idées à te voir rentrer si tard avec moi, ce serait trop dommage de tâcher ta réputation comme ça ! »
Isis qu'est-ce que tu fais le mimétisme c'est lui, Ange le reflet à suivre les mouvements des autres et imiter, compter les temps et suivre des rythmes au tempo de vous - sa propre réflection exécrable.
mais toi tu imites, t'appropries les répliques et puis les sourires tu les fais tiens. les esquisses à ta façon, plus soulignés encore à ta façon. c'était des détails qui manquaient au tableau et Ange est enthousiaste tout à coup. on attendait ces coups de pinceaux ; la touche acérée d'Isis, c'est ce à quoi on aspire. et l'étreinte de tes doigts qui se resserrent sur les siens c'est comme signer le contrat. passer l'accord tacite qui se cache sous les risettes pleines de malice, qui dit qu'on n'est pas seul au bord des précipices. je saute tu sautes, pour de vrai Isis ? Ange prend ça pour un oui. alors on peut se mettre en route même si les orées de la ville ont des airs de grand vide, au fur et à mesure que l'espace entre les lampadaires grandit. on est deux à marcher sur le fil et ça lui va.
angélique entrainant, à ne pas vouloir quitter les sourires Ange y revient à peine a-t-on fait les premiers pas. les éclairages artificiels auréolant le dessus de la tête, sous leurs lumières ses airs sont innocent l'œillade candide tandis que le déni est presque tendre.
pourtant ça ferait un bon alibi. c'est pas ça que font les tourtereaux ? batifoler quitte à oublier quelle heure il est.
comme si le concept était abstrait mais qu'on saisissait l'idée, bien qu'on la trouve sourdement méprisable. teinté de cynisme et l'espièglerie diluée, c'est de drôles de breuvages auxquels on porte les lèvres avec Isis mais à la source, toujours un peu d'eau claire. Ange sincère, qui parle d'excuses auxquelles on s'amuserait à croire. arriver en retard pour ça c'était comme ponctuer de pourquoi pas. chasse les fins de phrase d'un haussement d'épaules le jeu reprend à la lueur des regards adolescents et Ange retrouve des inflexions de voix désinvolte, teinte moqueuse, des couleurs un peu criarde pour compenser avec celles du centre-ville qu'on quitte.
c'est ce que je dirai si on nous demande. je dirai "c'est Isis, elle a voulu faire des paris et j'ai pas pu dire non ; c'est sa faute si elle m'a retourné la tête".
sans donner d'indice sur le début et la fin des citations comme si Ange ne voyait ton nom qu'associé à des condamnations, quelque chose de punissable qu'on réprimerait à peine arrivés à l'académie. c'était dire qu'effectivement, l'association risquerait d'entacher quelque chose qu'on s'efforce de garder impeccable mais c'était aussi taire ce qu'on pense d'une question soulevée.
est-ce qu'Ange trouve ça vraiment trop dommage ?
et à cela il n'a pas répondu - on a le temps la route est longue.
Il y avait des frissons qui se perdaient sous son manteau peu épais et si elle préférait blâmer le froid humide qui s’infiltrait à travers les mailles du tissu, Isis se doutait que les regards complices et les sourires enthousiastes n’y étaient pas non plus pour rien. C’était parfois un grand désarroi pour elle de se découvrir sensible à ces choses là qu’elle avait déjà vécu mille fois, et c’était parfois comme une bénédiction de se sentir encore capable d’éprouver de nouveau ces émotions malgré les déceptions d’hier et d’aujourd’hui.
« Parce que tu batifoles avec moi là, Massot ? Je t’imaginais pas comme ça… »
À vrai dire, elle ne l’imaginait pas tout court, mais elle s’amusait trop à laisser planer des doutes inexistant et jouer les fausses ingénues qui ne remarquaient rien, et son rire de clochettes résonna sur le bitume et se perdit au-delà des lampadaires blafards.
« Habile, t’as réponse à tout, fit-elle d’un ton narquois à sa remarque suivante, pas très original ceci dit, on m’a déjà fait un coup comme ça. »
Le coup d’être le secret qu’on voulait bien aimer en cachette mais ignorer –ou pire– devant le grand public ; elle acceptait, systématiquement, parce qu’elle ne se débattait pas pour des causes perdues et se servait dans ce qu’on lui donnait avant de tout saccager. Le goût des cœurs brisés, elle devait l’avouer, avait un goût moins amer et plus sucré dans ces configurations là –la vengeance était un dessert froid. Isis était curieuse de savoir si toi Ange, serait de ces garçons là, outre les blagues qu’on ne pensait pas –vraiment ?
« Ça doit pas beaucoup s’éloigner de ta ligne éditoriale habituelle j’imagine… »
L’œillade en coin et le sourire doucereux –vicieux– étaient calculés à la nano-seconde près. Les clochettes tintèrent encore dans la gorge d’Isis qui accéléra pour prendre quelques pas d’avance sur lui et se retourna sans s’arrêter, marchant à reculons et en diapason, pour le plaisir d’ouvrir enfin les hostilité en se regardant dans les yeux. Elle n’avait pas lâché sa main, et se risqua même à saisir sa jumelle de la sienne avec la légèreté séductrice dont elle savait si bien faire preuve –caresses tendres, gestes aguicheurs et rires doux fendus de regards malsain et de paroles acérées.
« Dis-moi, qu’est-ce que ça te fait de tromper si bien ton petit monde, trésor ? –ah la voilà enfin qui attaquait sur tous les plans ; ils tournaient autour du pot depuis assez longtemps. C’est jouissif ? Angoissant ? Ni l’un ni l’autre ? »
Isis était curieuse de savoir ce qu’elle manquait, elle qui n’avait jamais réussi à tromper qui que ce soit sur ce qui déraillait en elle. Ceux qui voulaient croire aux rêves que ses jolis sourires faisaient miroiter –et dont la chute était toujours la plus dure– étaient ceux qui se cachaient volontairement les yeux quand son venin suintait ostensiblement d’entre les fêlures, car Isis n’avait jamais pu dissimuler sa propre monstruosité en dépit de ses airs de poupée. Son mal, c’était l’arme qu’elle retournait contre les autres pour déranger leurs mondes parfaits. Alors réponds mon Ange, était-il plus doux de vivre dans une contrefaçon tranquille ?
pas comme ça - alors comment ? dis-lui, fais un vœux Isis, et Ange, la métamorphose dans le sang, se changera en ce que tu pries. un perpétuel renouveaux dont la personnalité ne se cristallise jamais vraiment, son âme passe d'un jardin à l'autre sans avoir du chagrin de quitter le précédent. Ange compose, des bouquets qui lui plaisent car il plaisent aux autres, et ne se demande à aucun instant si les fleurs souffrent qu'on les arrache. né sans limites, la petite voix de bonne conscience lui manque et il n'est pas triste - ça ne fait rien, si ce n'est sourire - alors il fait l'effort de tendre l'oreille pour percevoir la vôtre, il veut bien, ça lui va tant qu'il est libre.
oh si c'est pas très original laisse tomber, je trouverai autre chose.
on trouve toujours les chemins de pensée qui visent juste. Isis tu te demandes sûrement quels détours Ange emprunte et si, irrémédiablement, il atteindra la destination que tu pressens. la curiosité qui se cache habile derrière la mélodie des rires, il entend, sans tout à fait rejoindre les regards - non, on observe encore loin devant.
tu peux demander, n'importe qui te dira que je suis quelqu'un de réglo - je te dis, c'est toi qui a une mauvaise influence sur moi.
ponctué de risette mutine qu'on laisse fleurir au moment où l'on te fait face, Isis s'est-on vraiment regardé dans les yeux comme il faut avant ce soir ? toi qui ne lâche jamais la main d'Ange et s'empare même des deux, qui ne redoute pas que l'on danse un peu. les prunelles éclairées de lueurs identiques et pourtant Ange pourrait jurer sur le ciel en entier qu'on ne s'imite (presque) plus.
oh encore un peu, à peine tandis qu'il laisse les rumeurs de la tête s'incliner comme font les intimidés qui observent de coté incapable de tout à faire regarder dans les yeux - les estafilades de rictus sont tout autant aiguisées que celles d'Iris.
tu dis n'importe quoi mon cœur, à t'entendre on dirait que je passe mon temps à mentir.
le mielleux tranché de ricanements, le voilà aussi qui rejoint. Isis et les assauts, tu aurais voulu qu'on résiste ? Ange se demande tandis qu'on avance et que tu recules, observe la silhouette de mercure et ton visage tout éclairé d'insolence. il peut s'écouler un peu de folie de ce masque fêlé que ça ne le dérangerait jamais, tu sais. ce qu'il trouverait dommage, c'est que les airs indolents qui s'esquissent sur ses traits là tout de suite te donnent envie de te détourner alors qu'on est si proche de se rejoindre.
c'est que qu'il faut faire, non ? c'est ce qui fait qu'on arrive à vivre ensemble. suffit de voir, le chaos que c'est dès qu'on est un peu trop soi-même. si c'est par omission c'est pas tout à fait des mensonges.
des brèches dans les pans de conscience, qu'il admet presque innocemment.
ça fait jamais peur.
résonne sans que l'on sache si c'est ce que tu voulais entendre. il pourrait ajouter qu'à défaut d'être effrayant c'est tout le reste, toute la gamme de couleur de l'euphorie au mépris qui entoure les grands vides. alors tu ne manques pas grand chose Isis, justement, si tu discernes le fil invisible qui sépare Ange de l'humanité, tu sais bien qu'il n'y a qu'un pas - il n'en fait pas un de plus. s'arrête en plein cœur du mouvement espiègle qui allait crescendo, et debout là sous la lumière, sans lâcher les doigts qu'on tient Ange sans offense, s'illumine d'un sourire qui n'appartient à personne si ce n'est lui.
si je comprends bien tu te considères en dehors du petit monde Isis ?
on pourrait alors songer que ce ne sont pas des airs de quelqu'un qui trouve ça dommage.
« Tu dis n'importe quoi mon cœur, à t'entendre on dirait que je passe mon temps à mentir. »
Le sourire d’Isis s’étira un plus, creusant des fossettes d’enfant dans ses joues rosies par le froid. Les dés étaient jeté, Ange avait rejoint la partie pour le meilleur et pour le pire –elle en frémissait presque. Maintenant qu’ils n’étaient que tous les deux, on pouvait se passer des faux-semblants que l’on réservait pour la scène publique, tomber les masques, les costumes et les répliques toutes faites ; c’était dans les coulisses que le vrai jeu s’entamait. Ça fait jamais peur, dit-il. Ça sonnait bien aux oreilles de la jeune fille qui ne répondit rien, laissant ses yeux parler à la place de ses lèvres. Ça donnait des idées de force indestructibles, des façades et des mensonges à en tomber du ciel, sans la peur d’être mise à nue ou la culpabilité de mal faire. Si elle fermait fort les yeux et y mettait du sien, ce soir peut-être, Isis-Mae pourrait s’imaginer troquer son masque fêlé contre une armure impénétrable et fière.
Mais alors qu’elle perdait ses pensées dans les airs et son regard dans celui d’Ange, ce dernier la tira de ses fantasmes éveillés en interrompant le rythme de leur marche ; léger décalage, elle fit un pas de trop en arrière et deux en avant pour se rapprocher.
« Si je comprends bien, tu te considères en dehors du petit monde Isis ? »
Dans le sourire qu’il lui offrait, peut-être qu’elle avait déjà entrevu le début, la suite et la fin mais Isis aimait trop les fracas alors elle sauta à pieds joints.
« Ça dépend, fit-elle de son éternel ton léger, un peu charmeur, un peu lassé, qui tranchait avec l’éclat sombre qui brillait dans ses yeux. Ça te plairais que j’en fasse partie ? »
Elle s’approcha d’un peu plus près tout en laissant glisser ses deux mains sur les avant-bras du jeune homme avec la tendresse lascive d’un félin aux griffes trop acérées –mais qui décidait, pour l’instant, de ne pas griffer.
« Moi aussi je sais m’adapter quand je le veux bien alors… essaye de me convaincre, mon Ange. »
Montre moi tes tours de magie et devient l’illusion que j’aurais envie d’aimer, qui ferait battre mon cœur au moins une fois de plus dans ma poitrine et me donnerait le courage de me lever chaque matin que le Soleil fait. Et peu importe si tout est faux –moi aussi je le serais.
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