« J'espère qu'il ne sera pas comme toi... Enfin, tu sais... Pas comme eux. Tu sais je t'aime mais... J'peux pas... Le cacher. »

Ce sont parmi les premiers mots qu'il ait jamais prononcé, ton géniteur, alors qu'il observait ta mère te serrer contre son sein, un pli inquiet entre ses sourcils. Tu ne t'en souviens pas, bien entendu, Egon, tu avais quelques heures à peine, mais c'était sûrement le déclencheur du reste de ta vie. Elle, elle t'aurait sûrement gardé, toi dont les yeux d'un bleu si pâle qu'ils en paraissaient gris scrutaient aveuglément les environs comme si tu essayais de capter les formes appartenant aux sons. Elle, elle t'aurait aimé, la chair de sa chair, le sang de son sang, même si vous partagiez la même abomination, même si elle t'avait passé son alice. Elle, elle aurait tout fait pour cacher aux autres que tu avais ce petit truc en plus, c'était évident, si tu avais le même qu'elle, il suffisait qu'on ne t'en laisse pas t'en servir, personne ne saurait. Mais elle, elle était amoureuse, éperdument, et tes gazouillis de nouveau né n'auraient pas suffi à faire taire les battements déréglés de son cœur prisonnier des yeux de ton paternel.

Tu aurais pu les abuser, mais tes parents apprennent très tôt que tu es aveugle, tes gestes maladroits, tes explorations contre les murs de la maison et ton manque d'intérêt pour les jeux visuels ne trompent pas, les fenêtres de ton âme garderont à jamais tirés les rideaux de la cécité. Elle se surprend à espérer, peut être, si seulement, tu pourrais y voir comme elle, tu pourrais espérer vivre normalement, tu pourrais peut être mieux faire... Mais il surveille, derrière elle comme une ombre, quelques mots acides rappelant qu'en cas d'alice indésirable, tu serais envoyé sans pitié avec les anormaux comme toi. Et tu as 3 ans quand ça se déclenche. Des vomissements, des nausées, des pleurs incessants, des chutes bien plus fréquentes que pour les autres enfants. Elle, elle est sûre, lui, il pense juste que tu es un enfant difficile. Elle, elle t'apaise, essaie de t'enseigner, lui, il surveille, il essaie de vous écouter, de vous surprendre. Mais tu n'es qu'un enfant, tu ne comprends pas, quand elle te dit que c'est un secret, quand elle essaie de lui cacher. Tu veux courir, tu veux aller le voir, lui sauter dans les bras, tourner le visage vers lui pour « écouter » son visage, le découvrir autrement. Alors tu le fais.

Les représentants de l'Académie sont là dans la semaine. Il est rigide. Elle ne pleure pas. Tu ne te souviens pas, en fait, tu étais encore si petit. Et quand on te demande, tu dis que c'est toi qui as fuit.

- Né d'une mère Alice et d'un père sans. C'est lui qui appelle l'Académie pour se débarrasser du fardeau.
- Est arrivé à l'Académie à 5 ans et prétend ne se souvenir que de ça.
- A eu beaucoup de mal au début, avec le manque de contrôle de son alice et les lieux entièrement nouveaux, il était souvent seul.
- S'est lié d'amitié à son arrivée avec une personne, dont il est complètement dingue aujourd'hui.
- Enfant, ses résultats académiques sont excellents, particulièrement en classe de maîtrise d'alter, il s'efforce de voir au mieux.
- Adolescent, il s'ouvre un peu, mais fréquente les mauvaises personnes, ses résultats académiques chutent et il adopte des attitudes bagarreuses.
- Jeune adulte, il reprend un peu sa carrière en main pour remonter ses résultats, et tente d'évacuer sa rage à la salle de sport.
- Reçoit de temps en temps des courriers en braille de sa mère qu'il n'ouvre pas.
- Ignore qu'il a une jeune sœur de 6 ans sa cadette, sans alice.