Quand tu regardes autour de toi, c'est toujours les même paysages, les même personnes. Tu empreintes les mêmes chemins, reproduis les même gestes. La vie est presque devenue mécanique ici et pourtant, elle n'a jamais été aussi animée et pleine de surprises. Enfin, depuis que tu es là. Pas parce que tu es celle qui anime...On parle ici de te présence dans la durée.

Tes premiers souvenirs datent de l'académie. Il n'y a rien d'autre. Ni parents. Ni fratrie. Ni paysage. Ni voix. Rien. Rien qui prouve que tu es née hors de cet endroit qui t'as pourtant bel et bien accueilli dès ta naissance.
Tu sais, ta mère pleurait ce jour-là. Oh elle ne pleurait pas parce qu'elle devait se séparer de toi mais plutôt parce que tu étais née. C'était du moins la raison de base. Car si cette ancienne alice ne t'avait pas eu, jamais elle n'aurait connu la peine de devoir porter un enfant pour ensuite s'en séparer. Jamais elle n'aurait penser comme elle l'a fait ; "Peut importe où j'irai, ce ne sera qu'une question de temps avant qu'on me la prenne. Je préfère m'en débarrasser directement, qu'on m'évite ce supplice.

Et jamais tu n'as reçu la moindre lettre. Jamais tu n'as entendu parler de tes parents. Tu as grandi dans l'académie qui t'a élevée, faisant de toi une enfant calme et travailleuse qui respectait toujours ses aînés. Tu n'as jamais été une enfant bavarde. Tu n'osais pas trop aller vers les autres et ce fût pire lorsque les effets de ton alice ont été dévoilé. Horrible. Mauvaise. Cet élève déjà bien malade n'était-il pas tombé encore plus malade après être entré en contact avec toi ? Tu te souviens encore des regards qu'on te lançait, alors qu'on le savait à l'hôpital, sous surveillance, pris en charge par de très bons médecins.

Cet événement t'a tellement marqué que tu t'es repliée sur toi-même, que tu ne parlais plus. Rares étaient les personnes qui pouvaient entendre ta voix, discuter avec les autres étant devenu quasi impossible pour toi.
Sans doute serais-tu encore renfermée dans ton mutisme si personne n'avait été là pour toi, pour t'épauler et te dire que cet élève te pardonnait. Si aucun professeur ne tétait venu en aide, tu ne sais pas ce que tu serais devenue.

Tu t'es renforcée. Tu t'es réouverte au monde à ta façon : Maladroitement. Mais tu le fais. À ton rythme...Tu ne cesse de changer, de chercher ce que tu peux faire pour combler les peurs, pour te sentir pleinement épanouie dans cet endroit auquel tu t'accroches malgré l'enfer qu'il représente par moments...