Elle à l’air de s’en foutre pas mal. Mmh dommage, j’aurais tenté. Dans tous les cas, j’me demande si, justement, le fait qu’elle se tape royalement de tout ce que je faisais pour la faire réagir ne m’attire pas plus. Bien évidemment, quand je parle d’intérêt je parle avant tout de désir, un désir de se faire remarquer, de se faire désirer. J’aime être le centre d’intérêt, j’aime sentir que je plais, ou que je mets la personne mal à l’aise. J’aime être au centre des pensées des gens. Je m’intéresse pas vraiment aux gens, c’est vrai. La seule raison pour laquelle je m’intéresse à quelqu’un c’est car je m’intéresse en fait à moi, à travers elle. J’aime ressentir l’image que je renvoie chez les gens, dégager quelque chose de puissant. Je suppose qu’on peut parler de narcissisme. Après mûre réflexion, quand on est comme moi, comment ne pas l’être ?

Tandis qu’elle me parlait, je jetais de légers coups d’oeil à la jolie brune, j’analysais, ou du moins j’essayais. Elle était mystérieuse, non pas par son caractère que je ne connaissais pas encore, mais parce qu’elle résistait à mon charme, chose que je peux avoir du mal a concevoir. Je ne puis m’empêcher de dégainer un sourire en coin, c’est vrai que même si la demoiselle me laissais croire qu’elle s’en fichait, elle ne me quittait pas du regard, mine de rien. Comment faire pour me lâcher du regard en même temps ? Faut dire que j’suis parfait. En plus, elle sourit. Je sais bien qu’il ne se passera jamais rien, faut dire qu’avec le temps j’suis fiché dans cette académie, genre le mec qui drague tout le monde. D’habitude je m’en sers avec les filles un peu naïves, en mode j’suis victime d’une conspiration de mon ex qui raconte de la merde partout sur moi pour me rendre malheureux… mais j’suis pas con, je sais qu’elle, elle ne tombera pas dans le panneau.

Elle s’assit à côté de moi, me faisant une réflexion qui, de nouveau, m’arracha un sourire. Moi, un petit rebelle qui sort en pleine nuit avec une cigarette à la main ? Boh, si c’était que ça, je dormirais pas dans une putain de cave.. Oh pardon, de chambre aménagée avec passion par l’académie afin d’aider les élèves en difficulté.. Enfin bref, un tas de conneries. C’est une sorte de punition, qui, continuellement te tire vers le bas afin que tu reste dans cette spirale qui te force à faire des conneries.. Ou pas. J’avoue je mérites et je cherche, ma sortie en est la preuve. Mais aurais-je rencontré cette mystérieuse demoiselle sinon ? Telle est la question. Je plongeais mon regard dans le sien tandis qu’elle lança un sujet de conversation.

- Alors dis-moi...Kovacs, c'est bien ça ? Qu'est-ce qui t'amène ici ? Mise à part ton amour pour défier l'autorité, bien sûr.

Alors, quelle est la raison de mon arrivée ici ? Bonne question. Si elle savait à quel point sa question ne voulait rien dire pour moi. Fin j’veux dire, je comprends sa question et elle est justifiée, mais moi ? Faut dire que tout c’que j’fais je réfléchis genre une fois sur dix. Ma journée était tellement chiante qu’il fallait que je fasse une connerie.. C’est pas mal, ça, comme raison. Enfin ça dépends pour qui, si je disais ça au vieux chnoc de l’académie qui passe son temps à m’engueuler, il me dirais que non. M’enfin, c’est pas lui. J’hausse les épaules, comme pour répondre seul à ma pensée puis m’allonge finalement, tirant une taffe sur ma clope, plongeant mon regard dans le ciel étoilé.

- Disons que les journées simples m’ennuient. Mon passe temps après m’être fait chier pendant 24 heures, c’est de faire chier quelqu’un, ou juste de passer outre le règlement de cette prison.. Euh de l’académie je veux dire. En ajoutant un soupçon d’ironie dans ma voix, j’étais plutôt fier de ma blague. Non pas que c’était une bonne blague en soi, mais j’avais cerné la demoiselle et je sais qu’elle serait capable de réagir à ça.

Tout le monde le sait, moi j’suis le con de service qui fera des choses sans avoir un sens profond à ceux-ci. J’veux dire, là, je sors juste parce que j’en ai envie. J’en ai pas forcément besoin, c’est un peu du bullshit cette histoire de flemme de ma journée. Genre j’ai pas besoin de sortir, juste je dis que j’ai besoin pour le justifier, j’me le dis à moi même. En vrai j’sais même pas pourquoi j’fais ça. Mais clairement, entre rester au bord de cette magnifique rivière, avec mes clopes et une brunette sortie de nulle part et aller dans une cave qui grince qu’on appelle “chambre” juste pour pas transformer le mot “académie” en “prison” je préfère largement rester là. Ce qui m’emmène à l’ultime question. Prenant de nouveau une taffe, je tournais ma tête et posais mon regard sur Effie.

- Encore moi, que je fasse des trucs cons, ok, mais toi ? Tu fous quoi ici ? Parce que je t’assure que j’suis au courant de qui sont tous les fouteurs de troubles ici, et ton nom, soit j’lai jamais entendu, soit trop peu pour m’en souvenir. Donc il se passe quoi ? Ton petit copain t’a trompé ? Ou alors il t’as quitté pour une autre ? Saupoudrez le tout d’un ton ironique, moqueur, et vous avez compris que j’étais un connard.

Faut dire que bon, si elle est pas prête à encaisser mes blagues maintenant et à décréter que je suis un connard comme tous les faibles d’esprit à qui je parle au quotidien, qui n’ont aucun second degrés, eh bah vaut mieux qu’elle se vexe maintenant, plutôt que dans une heure, quand je commencerais à me dire qu’on pourrait devenir pote. parce que si elle peut pas encaisser des p’tite blagues, elle peut clairement pas encaisser d’me parler au quotidien. j’accompagnais ma phrase d’un léger mouvement de tête sur le côté et d’un sourire, tout en ne la lâchant pas du regard, histoire d’accentuer un minimum que je rigole, parce que vas-y, elle a quand même l’air cool, ce serait con de tout gâcher.

- Et t’es en quelle classe ? ça j’sais pas par contre, j’retiens jamais.

Parce que oui, c’est quand même une info importante. Je sais pas si elle, elle sait dans quelle classe je suis. Faut dire que bon, normalement quand tu connais quelqu’un de nom tu connais au minimum sa classe.. Faut dire que j’suis anormal, ou alors c’est que j’en ai tellement rien à faire que je retiens pas. Toujours est-il que j’connais que ma classe, et encore quand j’y vais. J’observais son visage discrètement, faut dire que la première fois, je l’ai fais juste pour qu’elle y croit, mais j’ai pas vraiment fais attention. C’est vrai qu’elle était plutôt jolie, quoiqu’un peux vieille ? Je me retint de pouffer de rire à cette pensée, laissant entrevoir une très légère expression qui pourrait me trahir. J’veux bien faire des blagues, mais on va garder celle-ci pour plus tard.