Le monde est une scène, et une scène est un monde de divertissement. Quoi de mieux que de trouver des personnes ayant un potentiel supérieur au reste? C’est bien comme ça que je me suis intéressé à Nausicaa. Au départ, je ne me souciais pas de lui, je le considérais comme un de ces requins qui peuvent vous bouffer à la moindre occasion. Et puis, à mesure que je l’observais, Je me retrouvais à penser qu’il serait intéressant, une personne qui peut rendre la vie palpitante. Quel meilleure façon de le faire que rentrer dans un jeu?

C’est ainsi que je me suis lancé dans cet aventure folle, celle de me faire passer pour une de ces personnes qui semblent suivre Nausicaa à cause de son Alice de ce que j'ai compris, ces fanatiques. Oui oui, vous avez bien entendu. ça a d’ailleurs commencé comme ça. S’adapter, faire en sorte de pouvoir le fréquenter de cette manière, et surtout, tenir le masque… C'était loin d'être simple, mais ça en valait clairement la chandelle.
C’est à l’heure actuelle l’une des expériences les plus drôle qu’il m’ait été donné de faire : Nausicaa est un vrai spectacle à lui-même, attirant autant la curiosité que le rejet par la plupart.

Cela va bientôt faire un an que je me fais passer pour un fanatique, et au final, j’ai fini par l’apprécier, sa capacité à être saoulant pour la plupart des gens, son sourire constant, semblable au mien, il est fascinant, autant dans les mauvais point que dans les bons, et clairement, ça faisait longtemps que je n’avais pas croisé une personne aussi marrante (selon mes critères, somme toutes très subjectifs).

Fin des cours, Ayant pris le temps de ranger un peu mes affaires en avance, je me dirigea vers la salle de classe de Nausicaa, histoire de pouvoir l’intercepter… Passant très certainement encore pour un fanatique pour l’instant. une fois dans ma ligne de vue, je fis un signe de la main pour l’appeler.



Un grand sourire affiché sur le visage, je mis les mains dans mes poches, m’appuyant contre le mur du couloir, bloquant sans doute le passage, mais bon, les gens ont qu’à être moins gros après tout ! (ça c’est ce que je dirais si j’étais une montagne de muscle qui bloquait effectivement le passage et non une crevette de 1m40.)

Ah, la douce euphorie constante, toujours là pour faire sourire, toujours là pour une dose de bonne humeur quotidienne. Quel dommage que celle-ci s’estompe si vite, tel une fleur de printemps qui se fane lorsque l’été vient, lorsqu’il semble évident que Nausicaa se soucie de ce qu’il peut potentiellement arriver aux autres.
Voilà bien quelque chose qu’on ne peut pas lui retirer, c’est qu’il s’occupe de tout le monde.



Il y a tellement de choses notables lorsque l’on s’arrête sur les petits détails, ces petites expressions que l’on montre inconsciemment sur notre visage, si révélateurs de ce que l’on pense, certaines personnes pourraient lire dedans comme dans un livre ouvert. Bien que je n’en sois pas capable, les expressions de Nausi’ m’étaient devenues familières avec le temps. Une chose notable ressortait toujours, la sincérité. Nausi’ pense toujours ce qu’il dit, le mensonge n’a pas sa place dans son monde.

On peut clairement dire qu’à ce niveau, il est mon opposé, moi qui vit constamment dans l’expression d’un genre de faux sourire presque figé, ne laissant pas transparaître la réalité des faits, qui se ment lui-même parfois pour mieux avancer. Chacun ont leurs façons d’être après tout. Les faux sourires cependant n’existaient pas avec Nausicaa et ça se remarquait d’ailleurs. Sourire en compagnie de Nausicaa donnait un rendu beaucoup moins désinvolte de l’habitude. C’est ce genre de sourire qui était actuellement présent sur mon visage d’ailleurs.



Car en effet, il y en a qui étaient en train de passer comme ils peuvent pour se frayer un chemin derrière l’un des deux compères, ou bien entre les deux, et cela pouvait s’avérer compliqué dans le cadre d’une discussion. Je fis une proposition d’une direction par où aller de la main, qu’importe que ce soit la gauche ou la droite d’ailleurs, le résultat est le même, les cours étant fini, nous étions en temps libre jusqu’à l’heure du repas.
Du coup, alors que nous faisions un bout de chemin ensemble, j'entame la fameuse discussion, sans vraiment trop savoir où aller à vrai dire. Étant même un peu nerveux je dirais, je passe mon temps à passer la main dans mes cheveux à l’arrière de mon crâne.



Je me mets à chercher mes mots, je ne sais pas exactement quel serait la réaction exacte après tout. L’ensemble de mes phrases sont ponctués de petits moments d’hésitations. Puis je me lance finalement.



Je pris une grande inspiration, avant de continuer, pour éviter d’avoir de nouveau des moments d’hésitations dans mes paroles, mais malgré cela, il y en aura encore.



Je finis enfin par dire ce que j’avais dans la tête, cette chose importante que je souhaitais dire.
Mon sourire s’effaça un peu, tandis que je poussais la porte menant à l’escalier, laissant Nausicaa passer en premier.



Je me mis à l’observer, guettant la moindre de ses réactions, la moindre expression qu’il pourrait avoir. Au fond, je n’ai pas envie de briser un quelconque lien avec lui, que ce soit de l’amitié, ou quoi que ce soit d’autres, il m’a fallu près d’un an pour arriver à avoir suffisamment confiance pour sortir du rôle que je m’étais donné au tout début.

L'incompréhension. Cette impression de ne rien capter ce qu'il se passe. C'était très certainement l'une des réactions les plus probables qu'il puisse y avoir de la part de Nausicaa. Cette lumière qu'il a d'habitude, qui le rends si particulier, voilà qu'on aurait la sensation qu'elle était en train de vaciller, comme si le soleil qui traverse les vitraux d'une église était caché par les nuages, menant à l'obscurité.

Me grattant encore la nuque alors qu'une moue étrange se forme sur mon visage, semblable à celle qu'on ferait dans une situation d'un malaise qu'on ne voulait pas créer.



Vous savez, le plus gros soucis dans les mensonges, surtout lorsqu'ils durent longtemps...



...C'est que lorsqu'ils se brisent, le doute s'installe. Et quand le doute s'installe, c'est dans ces moments là que les liens tissés par ceux-ci sont le plus fragiles.
à trop tirer sur la corde d'acier pour s'accrocher à ceux là, on en oublie qu'on l'a traité à l'acide pendant tout ce temps.
Cette peur là commence d'un coup à me ronger. Avais-je pris la bonne décision? Je n'en sais rien, mais maintenant qu'elle était prise, et exécuté, il n'y avait pas de retour en arrière, alors autant continuer sur cette lancée pour l'instant, en espérant que la corde se renforcera au lieu de se couper définitivement.



Je ferma les yeux un court instant, soufflant un coup pour réfléchir rapidement à la tournure de ma prochaine phrase, puis rouvris les yeux. La moue que je faisais, liée au malaise, disparu alors.



Et je me posa deux secondes pour réfléchir aux sens de mes paroles. Elles ne sont que pure vérité, certes, mais elles sont sans doute très loin d'être positive. Après tout, qui aimerait entendre qu'on a pas confiance en lui?



Un bref sourire fit alors son apparition sur mon visage. pas le genre de sourire qu'on pouvait voir chez moi cachant l'intégralité de ce que je pense, ni le genre de sourire qui révèle automatiquement le mensonge auquel je suis pourtant si habitué.



Rire un peu idiot. Désemparé, bousculé, le cerveau qui hurle à mort à cause d'un sentiment de danger imminent... la sincérité, la confiance en l'autre, mon esprit me crie dans les oreilles, me dit que ça allait me blesser. Mais il fallait briser ça... Au moins pour une fois, Pour permettre aux autres fois d'être plus simple.



Si Nausicaa appartient à la lumière, celle qui permet de se guider et de vivre mais qui aveugle et brûle si on la regarde directement telle la vérité, je devais sans doute être des ténèbres, qui rassurent, qui ne blessent pas directement, jusqu'à ce qu'on perde le chemin, et que l'on finisse par tomber dans le ravin lorsque la terre se dérobe sous nos pieds. Alors oui, je fais partie des ténèbres, mais t'es la seule lumière que j'arrive à suivre.