La cacophonie du silence. (Kièl)

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La cacophonie du silence. ★ What you saw hurt him. And so he hurt you back.
Des arbres, des arbres, des arbres, un lapin, des arbres. Merde... Tu t'en sortirais pas. Les images que les ultrasons rapportaient à ton cerveau étaient floues, sombres, les formes se distinguaient mal, les contours s'amenuisaient au fur et à mesure que tu essayais de voir encore plus loin. T'avais vraiment été con. T'avais juste voulu te promener, toi la forêt 'maudite' ça te faisait plus marrer qu'autre chose, et t'avais juste été surpris par la douceur de l'après midi, assez chaude pour te forcer à enlever ta veste, à l'aplatir contre un arbre un peu en retrait du sentier, puis à poser tes fesses dessus. Est-ce que c'était vraiment de ta faute s'il avait fallu que les cernes gourmandes sous tes yeux aient raison de ton bon sens pour te forcer à fermer les yeux, à respirer profondément les senteurs agréables du sous bois, à entendre sans les écouter les chants des oiseaux diurnes, bruyant dans une cacophonie qui ne te dérangeait pas pour une fois, reposant un peu cet alice qui puisait lourdement dans tes ressources. Et c'était Morphée qui était venu te cueillir comme une marguerite, plongeant ton esprit dans un coma lourd et reposant.

Bien entendu, quand la conscience t'était revenue, tes yeux paresseux avaient menti en s'ouvrant, comme d'habitude, tes oreilles avaient capté une myriade de bruits agaçants, comme d'habitude, et ton nez s'était accommodé de la senteur de la mousse, grimpant contre le tronc de l'arbre auquel tu t'étais adossé, comme d'hab... Ah, non, pas ça... Ca t'avait donc lancé dans une sorte de panique, forçant les vagues d'ultrasons à s'extirper du plus profond de toi pour essayer de voir encore plus loin, toujours, désespéré à l'idée de ne jamais retrouver le fichu sentier, tu ne te rappelais même pas t'en être autant éloigné, dans ton appréciation béate d'une journée plus chaude.

« PUTAIN DE MERDE ! FAIT CHIER ! Y'A QUELQU'UN ?! »

Un téléphone, bien sûr, aurait pu t'être utile, mais toi, le tien, te servait si peu, cette brique infâme dans le fond de ta poche, s'était déchargée sans crier gare après quelques jours sans être rechargée, et maintenant, tu étais seul, perdu, incapable de prendre la bonne décision pour pouvoir rentrer à l'académie sain et sauf. Finalement, tu tentes de calmer ton souffle, tâchant d'endiguer les vagues de paniques qui agitaient maladroitement le moindre de tes membres, rendant tes pas hésitants et fébriles. Doucement tu y parviens, recentrant ta concentration, soufflant longuement pour évacuer le stress perturbateur avant de finalement lancer une nouvelle vague d'ultrasons, plus précis, plus vaste, renvoyant une image claire des environs directs, puis de plus en plus vague.

« LA ! » Tu l'as ! Ton corps pivote et tu te mets donc en marche sans la moindre hésitation, allant d'un pas décidé vers l'image du sentier que tu as captée bien assez clairement dans les méandres de ton esprit.

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la cacophonie du silence

Douceur en hiver. Le froid sec et le soleil lumineux ont ce petit quelque chose qui donne envie de se perdre dans des balades sans but. Et la forêt offre un terrain de jeu idéal. Maudite certes, mais bienvenue lors de telles journées. Kièl a de toute façon appris à la connaitre par cœur. A force de se promener entre les arbres, à grimper à toutes les branches, à en deviner toutes les odeurs. Ici, le calme est d’or, la nature reprend ses droits et personne ne vient déranger sa quiétude. Le caracal est roi en son royaume.

Ses pattes s’enfoncent lentement dans la mousse qui tapisse le sol. Puis ses griffes s’accrochent sur l’écorce d’un tronc. Et dans un mouvement silencieux, le voilà qui se camoufle dans la cime. A la quête d’un endroit tranquille, pour s’y reposer et veiller sur les lieux. Là-haut, ses yeux peuvent parcourir l’endroit sans être vu. Idéal.

Ses paupières se font finalement lourdes et la brise qui souffle entre les feuilles le berce.

Avant que l’impensable ne se produise. Qu’on vienne arracher ses tympans. Torturer son ouïe sensible.

Et l’animal se réveille en sursaut. La surprise et la douleur sont trop violentes. Le voilà qui chute. Atterrissant de justesse sans se faire le moindre mal. Mais le félin est en colère. Furieux. Ses oreilles se plaquent en arrière pour les préserver. Maigre protection alors que ce bruit terrible lui donne l’impression d’être écorché de l’intérieur. Alors un grognement sourd se fait entendre au fond de sa gorge. Le prédateur n’a qu’une idée en tête : que cela cesse.

C’est une chasse qui commence. Trouver le perturbateur. Et lui faire regretter d’être né. Planter ses crocs et le vider de son sang. L’esprit de Kièl flotte en arrière plan, sachant pertinemment d’où vient cette souffrance. Mais le contrôle est perdu, seul le caracal guide ses pas.

Entre les buissons. Dans la pénombre. Il se fit à son odorat. Sa proie est toute proche… Et instinctivement, il se met à bondir, courir. Vers la source de ses maux. Et dans un grondement plein de rage, il saute derrière lui. Sa mâchoire se referme brutalement sur son mollet. Incapable de contrôler cette violence qui le guide, qui le soumet à vouloir que cela cesse. Et qui lui fait tout risquer. Juste pour retrouver sa tranquillité. Et faire taire Egon, une bonne fois pour toute. Tant pis pour la subtilité, tant pis pour les stratagèmes pour lui pourrir la vie…

Halloween

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La cacophonie du silence. ★ What you saw hurt him. And so he hurt you back.
Tu aurais pu t'en tirer calmement, t'éloigner, maintenant que tu avais retrouvé un semblant de sentier, et rentrer à l'académie sain et sauf, laissé intact par la fameuse forêt maudite, mais tu ne faisais jamais rien sans te faire remarquer apparemment. Peut être que tu l'aurais 'vu', si tu n'avais pas été aussi fatigué, peut être que tu l'aurais entendu, si ton sang ne battait pas aussi fort dans tes tempes, affluant comme une cascade pour irriguer tes cellules stressées, peut être que tu l'aurais senti si ton instinct avait été un poil plus aiguisé. Mais Egon, toi, tu étais tellement concentré sur l'idée de te démerder seul qu'aucun de tes sens n'avait plus fonctionné au moment même où tu avais poussé jusque dans tes réserves pour ne devoir demander d'aide à personne, alors non, le pas de ce chasseur, discret et prédateur, ses respirations discrètes, le bruit sourd qui résonnait au fond de sa gorge animale, tu ne les avais pas entendus. Quand tu entends son rugissement sourd, il est déjà trop tard, tu n'as pas le temps de te retourner, il est plus agile, plus rapide, plus féroce et plus déterminé que toi, et la douleur te fait pousser un hurlement de douleur.

Tes jambes se dérobent, ton mollet coincé entre les mâchoires du félin, et ton poids s'effondre violemment sur tes genoux, mais la douleur du muscle tendre percé par les crocs acérés est telle que la douleur de la chute ne parvient même pas à ton cerveau. La panique te force à essayer de voir, de pousser des ondes pour obtenir une image, mais tu as clairement épuisé tes ressources et tu es complètement aveugle quand tu tends une main maladroite et affolée vers ta jambe blessée.

« Ah putain ! Lâche moi sale clébard ! Ca fait putain de mal ! »

Tu ignores, toi, que c'est un autre élève qui a cette emprise sur ton membre, que c'est lui qui goûte actuellement à ton hémoglobine, celle que tu sens filtrer contre ta jambe, glissant en des filets rougeoyants, suintant à travers ton pantalon. Ta main se referme sur une oreille et tu tires de toutes tes forces, essayant tant bien que mal de faire lâcher prise à l'assaillant, ignorant (et te foutant clairement de ce détail) que l'animal n'avait rien d'un canidé. L'appendice délicat étroitement serré entre tes doigts, ta jambe valide se met à gigoter, essayant aveuglément d'atteindre les pattes ou le corps du caracal, un flot de grognements de douleur continuant à pleuvoir d'entre tes lèvres serrées. S'il ne te lâchait pas bientôt, tu n'aurais plus la moindre chance de remonter jusqu'au bâtiment principal sans avoir besoin d'aide.

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la cacophonie du silence

Ce cri. Il est plaisant dans ses oreilles. Il lui apporte la satisfaction d’avoir obtenu ce qu’il voulait, celle de le faire souffrir comme lui il souffre. Enfin, dans une certaine mesure… Car ce cri lui rappelle aussi la terrible erreur qu’il vient de commettre. Blesser un élève n’est pas sans conséquence. Encore moins lorsque celui-ci n’a absolument rien demandé. Plaider la légitime défense ? Insensé. La perte de contrôle de son alice ? Tout aussi risqué. Et ses crocs sont toujours plantés dans la chair alors qu’une multitude de pensées contradictoires s’entrechoquent dans son esprit.

Il ignore même l’invective d’Egon. Le lâcher ? Oui. Mais non. Ce qui est fait est fait. Alors pourquoi lui donner le plaisir de le libérer si rapidement… Ce qui est surprenant, c’est l’insulte qui accompagne sa requête. Sale clébard. Il n’a pourtant rien d’un chien et Kièl s’en vexerait presque. Mais cela confirme de plus en plus les soupçons qu’il porte à l’encontre de l’étudiant. Des yeux malades.

Mais il n’a pas le temps de se pencher plus longtemps sur ce détail. L’autre vient de lui tirer l’oreille. Et il grogne en réponse, resserre un peu plus sa prise. Immobiliser sa proie et qu’elle abandonne d’elle-même la bataille. Sans savoir dans quel but exactement. Mais il s’est fourvoyé en pensant que cela serait aussi simple. Egon n’est pas un garçon faible incapable de répliquer, il n’a pas simplement qu’une grande gueule et un alice sorti tout droit des enfers.

Et le pied qu’il se prend brutalement dans le ventre lui fait lâcher sa prise. Le caracal couine sous la douleur et la surprise. Instinctivement, il a fait un bond en arrière pour pouvoir se protéger d’éventuels nouveaux coups. Et il fêle désormais en direction de celui qu’il a libéré bien trop facilement à son goût. Mais l’odeur du sang qui vient titiller ses narines lui rappelle l’irréparable qu’il vient de commettre. Son regard se fixe sur cette tâche qui s’agrandit sur son jean, ressentant un mélange de satisfaction et d’inquiétude. Et maintenant ?

Kièl hésite à fuir. Mais le caracal ne bouge pas. Il ne désire pas quitter des yeux sa victime, prêt à bondir à nouveau si cela est nécessaire. A plonger encore ses crocs pour lui faire regretter d’avoir troubler sa tranquillité. Il espère au moins que cette mésaventure ne le poussera plus à venir en ses lieux… Si tenté que lui-même puisse à nouveau s’y rendre. Triste constatation d’un sang-froid qu’il a bêtement perdu. Egon est définitivement devenu le réceptacle de toute sa haine.

Et il grogne une nouvelle fois. Montre à nouveau ses canines comme pour lui signifier ce qu’il ressent. Les griffes plantées nerveusement au sol, tout son corps en tension. Il suffirait d’un craquement d’allumette pour provoquer l’incendie.

Halloween

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