Léonor hait deux choses très simples. Les fêtes de la nativité sans sa soeur et les petits cons prétentieux habillés de blanc. Et, dieu que les gens du lycée possède des encéphales bien pleines d’un vide nébuleux. Alors, elle farfouille, dans ce lycée trop grand, avec la prétentieux et l’excitation sur ses lippes charnues. Petite marmotte, son nez farfouille les étagères, les fenêtres.

Elle se l’avouait pas, elle était curieuse, elle était excitée. Pleine d’envie, dans son petit traineau remplie de décoration, oui, elle était l’incarnation du petit ange. Mais loin des préoccupations bien sages qui étaient de décorer le dortoir, elle attendait son démon, son ami, son frère d’un autre père et d’une autre mère. Zachary, ou Zach en version ecremée et un peu wesh.

A vrai dire, elle le redoutait autant qu’elle le cherchait. Car le monde était malicieux, le monde lui avait donné un alice aléatoire en ce jour maudit par les démons islamiques les plus pernicieux. Elle, entre tout ce qui existait, ELLLE, avait eu l’alice de rapetissment. Dieu cherchait visiblement à lui donner une raison de plus pour ne pas croire en lui.

Une voix, un sursaut, un hoquet puis Zach lui parut si grand devant elle. Foutu, foutu, FOUTU monde. Quelle ironie, lui demander son nouvel alice alors qu’elle ne faisait la démonstration devant lui.

Reprendant le contrôle de son corps, Léonor prit un air méfiant, une lueur d’ironie dans ses yeux de saphir :

-Tu es grave méchant, faire peur à une petite fille si fragile et mignonne que moi, et si tu t’avises à dire, la moindre blague sur mon nouvel alice…

Joignant l’acte à la parole, elle lui mit un petit coup de pied dans le creux du genou

-Je te fais ça, mais genre en grave pire. PUIS POURQUOI C EST TOUJOURS TOI QUI A DE LA CHANCE. Moi aussi je veux la super vitesse!!!!

Se reprenant, elle eut un large sourire. L’orage était passée, mais elle était sur les gardes. Léonor n’oubliait jamais. Et surtout une offense.

-AHAHAHA Zach, le crèche est encore plus loin, si tu veux arriver à l’heure pour la sieste, faut y aller maintenant.

Bonne reprise de ce rappel de son petit âge, mais bientôt se disait elle, elle sera une belle jeune femme et lui sera un vieux croûton à sa treizième pilule de doliprane. Voyant le tas d’affaires, Léonor eut un petit couinement :

-Toi aussi tu dois décorer ?! Faisons le ensemble !

Excitation enfantine, car malgré ses airs de grande, elle aimait encore manger de la boue.

Elle allait le détruire. Sur le visage de Zach, ce monstre d’ironie sous ses airs comme elle.

Démon, démon, démon. Elle allait le tuer et elle plaiderait coupable sans aucune honte. Elle n’avait jamais vu avoir un contact avec lui. Ses joues étaient pleines de sa honte et de ses petits airs de princesses furieuses. Pourtant Zach n’arrêtait pas et

((petit sourire satisfait en voyant sa douleur))

elle réplique mordant un peu, avec ses dents de caniche :

-Tu peux parler, tu peux courir autant que tu veux mais si je rentre dans ton oreille et que je fous le bordel dedans, tu pourras rien changer!!

La proposition de Zach fut accueilli par un regard glacial. Elle allait le tuer, elle allait tuer APRES la décoration. Son coeur battait si fort qu’elle voulait courir, et bien malgré elle

(elle était excitée comme une bébé puce)

Il commençait déjà à décorer et elle ne voulait pas être en reste. Attrapant une boule de noel, elle saisit à deux mains la ceinture de Zach avant de passer la boule dedans. Rendant Zach un peu plus fabulous selon son goût sevère

-A défaut de pouvoir accrocher des boules sur les poignets de portes, tu auras une boule de noel avec un vieillard obèse dessus. Est ce que c’est une prémonition pour ton toi futur Zach ?

Reprimant un rire, les plaisanteries allaient continuer longtemps, elle avait peur. Drapant une guirlande autour de son cou, tel une diva à en devenir. Elle reprit une autre guirlande avant de l’enrouler autour des poignets de fenêtres.

-Sinon Zach, j’ai une idée…

Tournant son visage avec une mimique qu’ils connaissaient bien.

-Est ce que ça te dirait de me lancer sur l’arche en face ? Genre tu cours, tu me jettes, je me rapetis et hop, j’atteris sans douleur sur l’arche. Tu auras qu’à m’envoyer des boules et on décore en haut. C’est fou comme on est mal payé pour notre génie…

Soupirant, prenant un air faussement affecté mais intérieurement, elle trépignait. Ca commençait à sentir bon.

Elle s’agace, elle grince, elle sert les poings. Léonor est un chaton sans crocs, un djinn sans pouvoir. Une nuisance au pire, une ridicule force de la nature au pire. Mais ce n’était pas sérieux, elle ne jouait pas pour faire mal.

Elle jouait pour se sentir aimée, pour se sentir soutenue, pour avoir une nuance véritable dans ce monde. Mais, ce n’était jamais assez pour elle. Puis le monde semblait s’amuser d’elle, alors comme dirait l’adage

((si la vie te donne des citrons, lance les sur Zach)).

Ce n’était peut-être pas le vrai Adage, mais ça sonnait bien dans son esprit. Car il semble vouloir la tenter, la hanter, comme si, il savait un peu ce qui sonnait dans son esprit. Comme si il avait toujours existé. Et que cette scène pourrait avoir lieu dans d’autres pays, dans d’autres langues. Et rien ne changerait, c’était naturel. Peut-être pour ça que c’était si rassurant d’une certaine façon.

(L’image de lancer des citrons sur Zach.)

Voyant la danse des muscles autour du faciès de Zach, elle eut un brin de questionnement “et si Léonor était allée trop loin ?”. Rapidement chassé par l’agacement et la fierté, car Zach était Zach, Léonor était Léonor. Les chiens ne léchaient pas les blessures des chats. Même si

Elle ne se l’avouait pas
Mais Zach pourrait avoir sa salive si ça lui permettait de guérir.

Mais elle n’eut pas le temps de trop lui taper encore une fois le genou, parce qu’il dit quelque chose qui la mit profondément heureuse. Il acceptait son plan, l’arche était à elle! Enflamment enfantin, elle ne lui jetta qu’un regard de biais pour la réflexion sur les boules de noel. Ce n’était pas sa faute si le connard barbu du ciel lui avait donné cette taille ridicule. Et, elle n’aimait pas particulièrement la décoration. Ce n’était qu’une excuse. Une excuse pour s’amuser, une excuse pour rester avec Zach. Une excuse pour avoir ce temps pour rire, pour dédramatiser la bêtise et l’absurdité du monde. Parce que bientôt, Zach ne serai plus là. Ce grand dadais ridicule.

Croisant les bras, elle défia du regard cet homme qui allait la jeter tel un ballon minuscule. Elle avait pas peur, non.

-Sûre de moi duh. Tu as pas intêret à te louper sinon, je viendrai te hanter cette nuit dans ton sommeil.

Mais en toute sincérité, elle avait confiance en lui. Oh, son coeur s’emballait, sa respiration devait lourde. Ce n’était pas de l’angoisse, car elle n’avait pas eu peur de redevenir aussi petite que l’égo de Zach. c’était de l’excitation. Ca serai son premier vol! Téméraire, stupide, irrationnelle. Zach fait sortir le pire ou le meilleur ça dépend du point de vue.

Et il la lança.
Et elle vola.

Souvenirs flous, vents furieux qui s'écrasaient contre son visage. Agrippant son boa de fortune, elle voltigeait. Les vent la faisait danser, pirouettes dans les airs. Une aventure horrible mais terriblement excitantes. L’adrénaline pulsait à ses oreilles, son souffle était retenu dans ses poumons microscopique. Elle regrettait brusquement tout les choix qui l’avait emmené à cette décision. Ces ridicules moments, bordel pourquoi ? Puis choc mou sur son corps. Quelque chose de dur.

Elle ouvre les yeux, du bois. Léonor avait réussi, premier pas sur l’arche. Zach avait bien réussi à lancer, c’était un soulagement monstreux. Ca signifiait donc qu’elle lui avait confié sa vie. Les faits sont là, les faits sont implacables mêmes.

Zach semblait être un géant vu d’en haut, créatures difformes. Le monde était effrayant pour la première fois de sa vie, elle n’était pas celle qui écrasait le monde, mais celle qui se faisait écraser. Reprenant promptement une taille plus grande, la taille d’un bras humain, elle gesticulait fièrement.

Car oui, elle était fière. Léonor avait réussi, léonor était en haut.

-JE VAIS BIEN !! Ma jupe s’est gonflée, et hop, ça m’a fait un parachute incroyable. Je suis une VRAIE guerrière. Mais merci pour le lancement, soldat Zachary Jasmin O’Sullivan.

Écartant les bras tel Jésus sur sa croix, elle s’époumona :

-Envoie les boules et tout ce que tu veux! Les profs là, ils seront trop contents de voir qu’on a bien bossé. Comme à l’entraînement de l’alice au prisonnier, donne tout. Enfin tout ce que tu as quoi.

Rictus d’une minimoys, mais dieu, qu’elle s’amusait.

Gigotement, petit rire quand Zach montra sa surprise à propos de son nom complet. Qui lui avait dit ? Oh, elle ne le savait pas. Elle en avait pas grand chose à faire après tout, n’est ce pas ?

Sourire méfiant, Léonor s’amusait à la limite du vide. C’était affriolant, une exaltation des sens. Dieu comme elle aimait Noel maintenant. Mais, pour répondre à sa question, Léo jouait avec le bout de son doigt de son boa, tel sa mère quand elle faisait jouer son père :

-Peut-être que j’ai une Alice caché qui est de te connaître par coeur ? Peut-être que je t’espionne ? Peut-être que je suis la fée du noël passé et que je connais ton passé ?

Elle ricane mais approuve d’un air solennel ce que lui dit Zach. Certes, elle ne craignait pas grand chose avec sa petite taille si elle venait à tomber de haut. Une pensée brusque se fraya dans son petit esprit, Zach en cowboy. La guirlande comme un lasso, chapeau et santiages.

La pensée fut un peu hilarante, il est vrai, mais un léger bruit la tira de ses torpeurs du très lointain ouest. Une boule qui était lancée ! Enfin, enfin, se concentra, prenant la position observée pendant les entraînes. Et hop, la boule rouge terne atterrit dans sa main avec un petit bruit mat. Grand sourire de victoire, qu’elle offrit sans concession à Zach :

-Je veux trop venir! Genre, je me sens trop prête à foutre tout les PSY en prison là. Plus, je parie que nous deux ensemble, on va tout déchirer. T’as vu comme j’ai rattrapé la boule genre, Usain Bolt mais du rattrapage.

Parade éternelle, elle se retourna. Et accrocha la boule sur l’un des arcs en fer de l’arche. Admirant son oeuvre, Léonor eut une autre idée. Sincèrement, son étoile reflétait pas son GÉNIE interplanétaire.

-Zach !! Prends une guirlande, accroche des boules dessus et envoie moi ça. Puis après, on va utiliser ton alice pour décorer le couloir en 3 minutes chrono. Et si tu te foires, je te chatouille!

La journée s’arrêtait jamais.