Être présent sans l'être vraiment était l'une de tes spécialités, il faut bien le croire alors que tu contemplais ton repas sans vraiment le voir - à mille lieux de là, il y avait une myriade de pensées qui t'obstruait l'esprit à ne plus savoir quoi en faire et qui te dépitait plus que cela ne le devrait - mais c'était comme en être obsédé et ne pas réussir ou arriver à ignorer les poisons qui s'infiltraient dans ton esprit à vitesse grand V.

Et tu évites de soupirer - c'est que l'ont t'observes, tu le sais, une fois un coup d’œil lancé vers la réalité - être vigilant été devenu une nécessité.

Tu n'avais cependant pas anticipé sa prise de parole - alors, alors tu redresses le menton qui se trouvait précédemment sur le dos d'une main qui laissait une fourchette se balancer comme une épée de Damoclès au dessus d'un repas qui serait très certainement abandonné après quelques bouchées. Prunelles dans les siennes aux courbes semblables, tu plonges allègrement dedans - comme un automatisme masochiste, tu te complaisais dans ses yeux alors qu'elle te rappelait un peu plus lui, alors qu'elle te rappelais un peu plus elle.

Tu as toujours envie de t'excuser quand tu la regardes s'en est triste à en
mourir

— Je ne sais pas trop... pas si mal, je crois, mieux qu'hier. Et toi ? répliques-tu par une politesse automatique - non pas que tu n'en étais pas intéressé, au contraire, si tu allais bien c'est qu'en général ton entourage n'était pas accablé et le contraire s'appliquait de la même manière ; c'était comme craindre la réponse qui pourrait, d'une parole seulement, inverser la situation.

Ta réponse était honnête, tu avais du mal à savoir, en général, si tu allais bien, puisque l'important était de savoir comment les autres allaient - et si tu étais toujours poursuivit par ta conscience intarissable et tes travers égocentriques noyés derrières tes airs intéressés, tu avais tout de même l'impression de gérer aujourd'hui, alors c'était certain que tu allais mieux qu'hier - c'était l'une de tes expressions pour dire que chaque jour était un peu meilleur.

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c'était peut-être ça qui t'empêchait à toi aussi d'écrire ce genre de lettre

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L'absence de réponse te fais te replier sur toi-même combien même tu avais su déceler le haussement de ses épaules - tu étais observateur quand la moindre attitude avait le pouvoir de te faire flancher. Par égard pour elle, cependant, tu n'oses l'interpréter et tu restes muet, mais à nouveau, elle prend la parole.

Et alors elle te parle du bal, de son frère et de la robe qu'il lui avait doucement offert avant d'espérer ta venue - les dents qui vinrent mordiller l'intérieur de ta lèvre inférieure et tu finis par lui sourire.

— Alors je la verrai. et c'était comme lui avouer que tu avais déjà prévu de venir - c'était la première fois cette année que tu osais y mettre les pieds ; parce que Saada était Saada et qu'y aller avec elle, c'était comme revenir des années et des années en arrière et puis
ce n'était pas comme si tu aurais eu le cran de lui demander à lui
pas vrai ?

Toi qui avait appris à le connaître depuis, tu ne voulais pas lui imposer d'y aller - mais ça, c'était une excuse, Céleste, une excuse pour la peur au ventre de simplement imaginer lui proposer - et puis de toute façon, qu'avait-il à faire avec toi en pleine journée entouré de monde ? Vous deux, c'était toujours secret.

Ta langue te brûle de lui demander s'il était spécifiquement accompagné - mais ça en serait vicieux et sûrement mal amené.

— Vous y allez ensemble ?

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mais tu le fais quand même

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L'habitude tu l'avais et elle ne te dérangeait pas plus que ça, l'absence de réponse, par contre, était souvent plus douloureux que cela n'aurait dû l'être, combien même cela aurais dû, à ce niveau-là, t'être prévisible ; alors, quand elle répond, tu ne peux qu'en ressentir du plaisir avant même que les mots ne te percutent en plein dans les tripes pour les retourner allègrement.

— Ah. et tu ne prétendais pas être illisible, au contraire, lire en toi était bien souvent d'une facilité déconcertante et c'était bien là, l'une de tes plus grandes fragilités. Il y a, il y a les paupières qui s'abaissent et l'esprit qui s'échauffe et s'amuse de ton désarroi : qui était ce quelqu'un d'autre ? Une réciprocité, n'avait dans ton esprit, pas le moindre sens - l'imaginer serait dangereux, tu le sais et même en dehors de cela, Caprice n'avait rien à faire avec toi.

Tu étais trop toi.
Et il était trop lui.

Pourtant, ce que ça faisait mal - bordel.

— Ou peut-être que "quelqu'un d'autre" était déjà pris. Tu y vas avec qui ?
— ... et tu n'oses la regarder - tu fuis, tu ne te caches pas, après tout tu savais être aussi transparent que le don que l'ont t'avais octroyé à la naissance - tu fuis parce que justement, tu te sens plus vulnérable que jamais.

— ... Saada m'a proposé d'y aller amicalement, alors j'ai accepté. et tu es plein, plein d'une honte et de quelque chose de pire, tu crois, peut-être - car tu ne regrettais pas d'avoir accepté et paradoxalement, d'un autre point de vue, tu regrettais atrocement ; il y avait ce truc dans ta tête, cette conscience abominable qui se moquait de toi et tu t'en sentais dégoûté.

Tu poses ta fourchette et te laisse aller contre le dossier

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et brusquement tu te sens

profondément triste

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L'exagération de la tristesse aurait dû s'épanouir sous ta cage thoracique avec une vitesse fulgurante et une facilité affligeante - mais elle ne te laisse pas le temps de te complaire dans l'absurdité de tes émotions et, à sa prise de parole, tu relèves le regard pour te statufier dans le sien.

Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu ne prends pas directement la fuite en devenant brusquement invisible - tu avais cette mauvaise manie sous la gêne ou la honte - et peut-être que cela pouvait s'expliquer par sa présence ; tu n'arrivais jamais à fuir face à Miel qui te mettait tes vérités sous le nez.

— Ce n'est pas ce que j'ai sous-entendu ! et puis au delà de ça, ce n'était pas son Caprice - il ne t'appartenais pas.

Même si tu aimerais, pas vrai ? Mais l'idée est indécente d'autant plus sous les prunelles inquisitrices de ton interlocutrice : quoique tu fasses, il ne t'appartiendra jamais et ce n'était pas là la plainte d'un coeur brisé ; c'était un fait. De toute les âmes qui errent dans cette académie, Caprice était, à tes yeux tout du moins, le seul avec qui tu ne t'accorderai jamais.

Tu n'avais pas la prétention de le connaître vraiment, mais tu te connaissais toi et c'était suffisant.

Tu étais de ceux qui voulait arracher pour mieux posséder. À aimer trop fort au point que tout l'univers se base sur ton amour. Caprice n'avait pas à subir ça, tu voulais qu'il conserve sa liberté et, une fois entre tes mains, tu savais pertinemment que tu ne le laisserais pas t'échapper et ça t'effrayais.

Ô Miel, tu ne devrais pas lui donner un semblant de bénédiction ; c'est une mauvaise idée, d'autant plus quand tu lui assures qu'il serait protégé de la vu des Autres.

— … Je ne veux pas franchir la barrière… souffles-tu en la regardant - et par-là tu n'affirmais pas que tu ne le voulais pas lui, mais que tu n'avais pas comme ambition de passer entre elle et son frère ; si tu avais bien une limite à ta possessivité maladive, c'était bien celle-là.

Et puis, il y avait quelqu'un d'autre, n'est-ce pas ?

Tu aurais pu t'en faire vomir.

— … De toute façon il vaut mieux pour nous deux que ça ne se sache jamais. évidemment qu'elle avait saisi ce que tu sous-entendais, tu ne la prenais pas pour une idiote. C'était aussi une demande, mais tu n'osais pas la lui imposer, tu ne pouvais que lui conjurer de ne pas parler - « nous deux » désignait autant Caprice que Miel.

— On aurait trop à y perdre et je préfère me contenter de ce que j'ai. sans formuler que tu pouvais t'en contenter car ça serait mentir. Dans tout les cas, il y a quelqu'un d'autre, pas vrai ? et tu regrettes au moment où cette pensée traverse tes lèvres sans ton autorisation.

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y a l'amertume et la culpabilité

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Elle te demande si c'est de la jalousie et tu détournes le regard sans le nier. Tu n'avais aucune faculté à cacher ce que tu ressentais, c'était dedans à l'intérieur et sans trop savoir quoi en faire, ça débordait - c'était pour cette raison toute particulière que tu évitais minutieusement d'ouvrir la bouche. Tu n'étais pas toujours honnête dans tes paroles, mais tu l'étais toujours dans ton attitude et c'était quelque chose dont tu avais conscience - même quand tu disparaissais, c'était toujours une forme d'aveux sur ce que tu ressentais. Tu maudissais clairement cette transparence qui te rendait facilement manipulable et profondément fragile - mais tu avais appris à vivre avec.

Miel était différente - elle était importante pour toi à bien des égards sans même que tu ne le veuille vraiment ; aimer malgré toi, c'était bien l'un de tes problèmes. Alors les aveux, ce n'était pas réellement un soucis, tu donnais toujours trop de toi-même en croisant les doigts pour que ton interlocuteur ne l'utilise pas contre toi.

— Amusant, hein... pourtant de ton avis, tu semblais toujours tout dire, sans te rendre compte de tes formulations nébuleuses et sans aider à l'interprétation de tes doubles sens constant.

— Tu l'ignorais parce que à part toi, les gens qui ont conscience qu'on se fréquente se compte sur les doigts d'une main... on ne nous voit jamais ensemble et je n'ai aucune raison d'en parler... alors... tu hausses les épaules, toujours sans la regarder - c'était ta manière à toi de t'échapper. Tu ne nies pas ce qu'elle venait d'affirmer, tu ne dis pas non plus que tout ça, entre-vous, c'était compliqué ; au contraire, c'était très simple.

Et ça devait le rester.

— ... Tu vas lui dire ? finis-tu par lui demander en lui jetant un coup d’œil, effrayé par ses dernières paroles - l'idée même qu'elle lui dise te terrifiait, mais tu n'avais aucun moyen de l'arrêter si elle le décidait.

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et t'as le cœur qui bat si fort qu'il te fait mal

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À sa première question, tu as l'impression qu'elle se moque de toi et tu plisses les yeux - avant de te reformuler dans ta tête ce qu'elle t'avait dit précédemment : en aucun cas il n'était question qu'elle le dise de sa propre bouche, tu avais interprété ses paroles et peut-être t'étais tu trompé.

Elle te pose une question qui en vérité te déboussole - il était évident que Caprice n'était pas au courant ; si tu avais beau tout lui dire, son intérêt pour lui, bien qu'évidente, se devait de se faire discrète pour ne pas le submerger - tout comme tu n'avais pas avoué ton intérêt pour Saada, combien même tu n'avais pas de problème à l'affirmer à la première concernée et au maigre entourage que tu touchais.

— Ne dis rien. Je m'en fiche. et tu penches la tête, docile, lui signifiant que tu ne lui répondrais pas - en vérité ça t'arrangeais bien.

Tu l'observes reprendre son plateau et tu es légèrement perturbé par cette conversation qui se prolonge - peut-être était-ce en raison du sujet principal de votre conversation.

Une énième question fuse et elle a le don de te faire grimacer - tu ne sais pas comment lui répondre sans te sentir ridicule ; il fallait aussi savoir que tout cela, c'était nouveau pour toi, tu n'avais jamais ressentit aucune attirance romantique pour qui que ce soit et encore moins sexuel, alors tu te sentais dépassé par ses questions, car elles te mettaient continuellement devant les faits d'une réalité que tu apprenais à connaître.

— Je n'avais pas envie de lui imposer le bal... et puis s'il avait dit oui ou s'il avait dit non, dans tout les cas, je ne sais pas ce qui aurait été le pire. Soit il aurait accepté et la signification n'aurait absolument pas eu la même importance, on y serait allés en toute amitié et franchement, ça m'aurait fait chier... soit il aurait dit non et je crois que l'effort pour lui proposer m'aurait tué.

Tu joues de ta fourchette avec des morceaux de riz dans le fond de ton assiette, méditant directement sur tes propres paroles.

— Et puis, j'ai la flippe aussi. C'est effrayant de lui imposer quoique ce soit, qu'importe la réponse... et comme je te l'ai dit, je préfère qu'il ne sache pas ce que je ressens pour lui, ça vaut mieux, tu sais. et tu hausses les épaules en feignant une fausse nonchalance totalement visible, avant de te mordre la lèvre, légèrement mal à l'aise - c'était la première fois que tu parlais autant avec elle et tu te sentais complètement idiot à parler de l'intérêt que tu portais à son frère.

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et peut-être que tu te sens rougir

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À l'entendre parler, tu as l'impression qu'elle t'engueule de ton absurdité et, si tu sentais le désarroi pointer son nez, tu avais aussi la surprenante envie de rire - et c'est ce que tu fais, d'un pouffement seulement ; sa métaphore des canards était peut-être un peu trop pour toi.

Dramatique, tu l'étais ! Évidemment que tu l'étais - toute personne égocentré l'était. Or, tu n'en avais pas réellement conscience, c'était vrai ; tu le prends comme une critique, sans pouvoir trop rien y faire. Elle te dit enfin que la réciproque est vrai, mais tu ne le prends pas en compte - que c'est absurde - et si c'était le cas, votre dynamique biaiserait l'amour que vous vous portiez, c'était certain.

Tu es un abrutit Céleste, mais il faut de tout pour faire un monde.

— Ça semble si simple pour toi... souris-tu sans la moindre once de joie ; tu semblais plutôt envieux. Et ça l'es, j'en suis sûr. On rend toujours les choses plus compliqué. et finalement tu hausses les épaules une énième fois, mais en la regardant - tu ne pensais pas être capable de permettre à Miel de te comprendre, tout comme tu n'avais aucune prétention à la comprendre elle ; vous étiez sur deux longueurs d'ondes totalement différentes.

— Déjà, ça vaudrait mieux pour lui. Je ne pense pas que tu aimerais que je l'étouffe sous la possessivité, sous la jalousie, que j'en sois dépendant au point qu'il devrait me gérer parce que la moindre inconstance me ferait paniquer. pourtant tu n'as aucune idée de ce qu'elle pense elle, en vérité, tu te fichais bien de si tu te trompais ou non, tu n'arrivais jamais à la cerner et ce n'était pas ton but, au contraire. Il a une façon d'aimer les gens qui m'indiffère, mais je sais que si... s'il y avait un nous, ça me ferait péter les plombs. Je le voudrai de nuit comme de jour et je crois pas qu'il soit prêt pour ça. Sans compter que je n'ai aucun désir physique pour lui, alors t'imagines l'ennuie pour lui...

Ce que tu es bavard quand on t'en laisse l'occasion, Céleste ; pourtant avec Miel, tu as toujours envie de brusquement te taire, à peine certain que ça l’intéressait réellement ou qu'elle y voyait le moindre intérêt.

— Et puis pour moi aussi, parce que même si se faire jeter ça ne nous tue pas, d'une certaine façon je pense que je me noierai. Tu sais... ça fait mal... j'ai du mal à gérer ce genre de chose, je crois que je lui donne assez de moi comme ça et c'est épuisant, de se donner aux autres.

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et tu soupires avant de te taire
te sentant plus bête que jamais

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Tu l'observes manger et l'écoutes te répondre - elle t'énonce des faits que tu ne t'imagines pas contester ; la simple idée de l'arracher de sa sœur te refilais un haut-le-cœur. À la voir comme ça, tu as presque envie de lui proposer ton assiette et plus elle parle, plus elle te confirme qu'elle ne peut pas te comprendre - mais ce n'est pas bien grave en soi, de ton avis, personne ne comprenait jamais personne.

— C'est mignon les canards, c'est déjà ça et puis, c'est vachement bon. finis-tu par lâcher en retournant à ton plat pour y manger deux ou trois bouchées froides avant de totalement le délaisser - tu retombes dans le mutisme complet et à ton tour, tu prends ton téléphone pour te perdre dans les pixels ; si elle voulait reprendre la conversation, tu répondrais, mais tu n'avais plus la force de relancer quoi que ce soit quand tu venais autant à te dévoiler en à peine quelques minutes.

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mais c'est Miel alors tu te pardonnes
elle était ton point faible

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Sa prise de parole à le don de te faire à nouveau relever la tête pour l'écouter avec application et tu n'arrives pas à retenir le haussement de sourcil qui vint ponctuer sa question.

— Quoi ? mais elle reprend et il y a un silence de quelques secondes où tes paupières ne font que papillonner avant que tes épaules ne s'affaissent - tu ne sais pas trop pourquoi, mais ses mots ont le don de te faire esquisser l'ombre d'un sourire.

— Je ne t'en veux pas, il n'y a pas de raison que je t'en veuille. et tu te penches légèrement au dessus de la table, déposant ton menton dans le creux d'une de tes mains, tandis que tu l'observais en ayant en tête son changement d'attitude soudain - elle te déroutait si vite, qu'en plus de ne pas la suivre dans ses raisonnements, tu avais du mal à suivre le cheminement de ses pensées.

— Et je t'aime bien, pour pleins de raisons et parfois malgré moi. mais il n'y avait aucune rancune derrière. Tu n'as rien dit de mal, si c'est ce que tu crois. En tout cas, tu n'as dit que des choses vraies... c'est juste que même si je voulais adopter ta façon de voir les choses, c'est plus compliqué que ça. et tu ne sais pas quelle attitude adopter, lançant un coup d’œil au réfectoire avant de revenir sur elle.

— J'aime toujours parler avec toi, même si parfois je gère mal ce que tu me dis ou ton absence de réponse... et qu'en plus de ça, je suis un idiot, c'est pas toujours facile nous deux, mais c'est pas grave, t'es importante pour moi. finis-tu avant que tes joues s'échauffent au point de te faire du mal ; tu baisses la tête.

— Bref... je parle trop.

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c'est si compliqué

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La culpabilité devait se gausser de là où elle se trouvait - c'est-à-dire dans ta tête, c'est ce que tu nommais conscience - il y a le regard qui s'envole comme pour ne plus la regarder ; on dit que les yeux sont le miroir de l'âme et tu n'es pas bien sûr d'avoir la capacité de laisser Miel y jeter un coup d'oeil sur un reflet qu'elle pourrait railler de sa bouche aux dents assérées. Si ses mots pouvaient être des armes, il serait certain que tu serais couvert d'entailles à l'heure qu'il est - c'est que ça fait mal, vraiment mal et pire est ce sentiment d'idiotie stupide qui précédait la douleur de ses paroles sans saveur.

Et tu te fustiges, pourtant, pourtant, sa présence, tu te l'infliges - avec un masochisme que tu peinais à assumer - c'est qu'à travers sa bouche, c'est quelqu'un d'autre que tu entendais.

— Je serai-là. et c'est un sourire, une dernière fois, un sourire qui veut en dire plus que je ne peux l'écrire - et il y a cette transparence soudaine ; tu disparaîs sans un dernier regard, c'est pour signifier que la conversation s'arrêtait-là, que tu n'avais plus l'envie de parler - et à trop te dévoiler, tu te renfermes un peu plus à chaque fois que tu tirais sur l'effort de ce cadeau limité.

Et tu seras toujours-là, parce qu'être seul à midi quand le reste est entouré, empaqueté, que les rires et les conversations nous atteignent c'est

encore pire

sans elle, tu partirais, trop honteux de cette solitude qui t'accompagnais

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( les souvenirs des doigts gelés )

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