les yeux fermés dans les virages C'est plus des morceaux, c'est des miracles qui vide son verre, videra son cœur Chaque jour de plus j'suis tiraillé, mais c'est pire ailleurs ✚ colline
piquer la chemise d'étoile filante, on était d'accord ! devenir un symbole à mépriser si c'était équilibrer les univers, volontiers ! rejoindre la section NOVA et recevoir en récompense les sifflements avilissant et les œillades répugnées et les comportements infâmes, être jeté à la la foule d'élèves qui grouille, serpente exécrable. elle crache au visage mais ça ne fait rien on y passera la main, on se fiche de ce qu'ils peuvent bien penser le jour c'est ce qu'on doit être et ça lui va.
ça lui va, qu'on se dit face au miroir de la salle de bain, trempé nauséabond des boissons lancées à la figure, tous les mots sales collant à la peau poisseuse, ça lui va bien à Caprice ah, Caprice regarde-toi qu'Il lui dirait si Papa le voyait.
à déboutonner d'urgence les doigts griffent les clavicules saillantes, se débarrassent du coton souillé Caprice froisse la chemise dans le poing et jette rageusement dans un coin de la pièce. l'insigne comme un carillon, tinte fièrement à l'impact contre le carrelage. debout là il voudrait hurler, tremble de scandale à vouloir briser des choses il s'implore - hurle, Caprice ! vas-y c'est le moment, à l'abri des regards il faut s'époumoner ! tout ce que tu aurais voulu vomir à leurs grimaces à tordre atrocement ! hurle, putain, HURLE !
mais rien. rien, rien que le silence et la pensée honteuse qu'on voudrait bien rentrer chez soi.
ce n'était pas arrivé depuis qu'on avait passé les grilles et à même le sol contre la paroi glaciale de la grande baignoire Caprice se recroqueville comme un enfant, pathétique les bras autour des genoux et la tête en dedans, il ne pleure même pas il se dit juste je veux rentrer chez moi
Quand même tu dirais Que tu me trahirais Si c’était ton caprice, Qu’est-ce que me ferait Ce terrible secret Si c’était mon caprice
tiraillé comme à l’époque face à ses yeux banquises, se laisse-t-on bercer par le grand froid ou est-ce qu’on ose et brise ? durant l’enfance déjà c’était des guerres intestines, glissées sous la peau par le Père ils avaient digéré et changé en raison d’être. à la cafétéria Colline avait songé que Caprice faisait la même tête qu’avant, lorsqu’on se criait dessus dès le petit déjeuner et que son frère, qui maniait mieux les mots et trouvait toujours celui qui faisait mal, avait déjà fini un nombre incalculable de fois éclaboussé de jus d’orange ou de lait froid.
Colline comprend mieux, les airs désemparé de Noël, Miel et Teddy ces matins là. il est vrai que c’est moins amusant côté spectateur et ces représentations sont plutôt minables vues de l’extérieur. misérable, c’était un adjectif qui aurait convenu à la suite de Caprice.
et comme à l’époque quand il sortait de table sans un mot Colline s’était levé pour suivre Caprice car on n’avait pas eu le dernier. facile de le trouver, ils ont beau être grands désormais c’est la même routine toujours Caprice s’éclipse et quel que soit l’âge il s’enferme encore et encore dans sa chambre.
pas un bruit derrière la porte, car il n’est pas le type à fracasser des objets la patience épuisée ; ça c’est Colline qui toque une fois deux fois avant de tendre l’oreille. ... Caprice t’es là ? pas de réponse alors il fait les mêmes gestes qu’à la maison, tourne la poignée et évidemment, que c’est ouvert que la chambre est impeccable que ça sent toujours bon ; une touche d’agrume aujourd’hui. Cap…? tu fais comme quand on avait six ans ? contrarié tu te caches sous le lit ou bien te recroquevilles dans un placard dans le noir au milieu des beaux manteaux de Papa tu pleures sûrement. soupir, pas de larmes on t’en prie, Colline est trop sur les nerfs pour supporter. l’accès à la salle de bain entrebaillé, il n’y entend pas l’eau couler pourtant, s’avance et puis ouvre un peu plus. se retient de dire, “trouvé, Caprice”. ... qu’est-ce que tu fais, tu vas choper la mort si tu restes là. comme à l’époque.
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comme à l'époque dans l'obscurité des replis sur soi Caprice souffle des prières silencieuses, supplie les cieux, n'entre pas, va-t'en n'entre pas, immobile, malgré que les épaules trop pointues tressaillent en entendant les pas, seulement couvertes de débardeur blanc. et il reste là comme à l'époque.
... dégage.
résonne et éclabousse le carrelage. ça gronde dans les poumons l'air tremble et on casse un peu plus le dos, plante un peu plus les os, des genoux plaqués contre le plexus - Caprice ne veut pas y retourner, jamais plutôt crever de froid ici.
Colline tu demandes qu'est-ce que tu fais c'est la grande question tu sais on ne sait pas, on ne sait plus, on a su un temps quand on était enfant et que Papa pointait du doigt les gens à aimer et les gens à détester, ceux à qui l'on offre et ceux à qui l'on prend, mais depuis on n'a aucune idée de ce qu'on fait on a toujours eu tout ce qu'on voulait ça ne vaut rien on a toujours offert tout ce qu'on avait ça ne vaut rien alors à quoi bon "faire" Caprice reste là.
Quand même tu dirais Que tu me trahirais Si c’était ton caprice, Qu’est-ce que me ferait Ce terrible secret Si c’était mon caprice
ça sonne moins bien qu'avant. moins fort peut-être. Caprice, dis "dégage" avec plus de cœur, tu veux ! Colline ne trouve pas ça très convainquant. ça manque de mordant, à tous les coups avec l'insigne qu'ils t'ont remis ils t'ont limé les dents. tu as de la chance que Colline soit à fleur de peau depuis l'incident, on l'atteint vite. t'es vraiment gonflé de mal parler alors que j'suis de corvée à cause de toi. la langue claque sur le palais où c'est amer et les bras croisés Colline toise ce qui reste du frère, exaspéré de ne pas avoir accès aux regards pour y jeter du noir. lève-toi. sans dire s'il-te-plaît parce qu'il n'a pas la patience jamais le temps Caprice tu sais, ça ; alors ne fais pas perdre l'heure à Colline, t'as pas le choix.
tu ne le veux pas le choix de toute manière, pas vrai ? toujours le premier à dire "si tu veux" ça fait pousser des soupirs de deux kilomètres à Colline qui, comme d'habitude doit faire le premier pas. il va pour ouvrir les grandes eaux, tourne les robinets et fait couler jusqu'à ce que la température arrive et puis, une fois que tout cela brise suffisamment le silence pesant il insiste. tend la main pour serrer le bras de Caprice de prise ferme et tire, allez, Caprice, debout ! lève-toi ! Colline essaye de t'aider à moitié à contre-cœur car on ne sait pas te détester en entier ; c'est ce qu'il faut faire.
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la vérité renversée, Colline inverse les images décidément il n'y a pas d'âge pour dire c'est n'est pas moi qui ai commencé.
toi t'es vraiment gonflé de mal parler tout court.
alors que Caprice ne faisait que ce qu'on attendait de lui. et ce n'est pas qu'une question de crasse qu'on balaie ou qu'on se prend dans la face - ça ce n'est que la dernière manifestation en date de quelque chose de plus moribond encore. Colline, pourquoi se lever ? Colline, pourquoi se laver ? tu dis debout et fais couler l'eau mais tais-toi et éteint tout, Caprice répond
non.
à demi-voix. tu veux plus fort ? tu viens chercher, saisis son bras et le contact l'électrise aussitôt car la peau est sale et qu'elle colle sûrement sous tes doigts. alors Caprice répète plus fort.
non !
l'épaule le lance tandis que tu soulèves, brise tout ce dont on s'entourait assis là, il ne peut plus ramener les jambes à lui et verrouiller pour que rien ne l'atteigne, ça griffe lorsqu'il résiste et dans une plainte il repousse une dernière fois plus fort le geste brusque pour se défaire de l'emprise il se fiche de faire mal et fusille même du regard.
dégage ou je te fais passer la serpillère jusqu'à la fin de tes jours.
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voilà, l'équation simplifiée, on comprend mieux. Caprice sur un piédestal depuis toujours, et dès que Colline se risque à prendre de la hauteur quitte à ce que ses mots volent bas, on le remet à sa place et c'est comme ça. juste les formulations qui changent, pour varier les plaisirs. à douze ans il voulait clamer qu'il était le préféré et Caprice a rétorqué que c'était faux vu qu'on allait l'abandonner bientôt. à dix-sept il affirme qu'il vaut mieux que lui et son insigne de balance et l'autre s'arrange pour lui filer le sol à laver comme sanction. rien ne se perd tout se transforme. comme ça et pas autrement, jusqu'à la fin des jours de Colline. debout surplombant Caprice, le poignet foulé par la lutte de courte-durée il le regarde et méprise. ... ok, très bien. peut-être qu'on se déchiffre mal, peut-être qu'à l'époque comme aujourd'hui tout ça signifie qu'on se fait du soucis pour eux tous, Colline compris. mais c'est difficile de savoir, Caprice tu regardes si peu les autres dans les yeux. allez ; va pour la serpillère. j'ai pas l'intention de partir alors autant m'y mettre dès maintenant. soufflé désinvolte, l'habitude des punitions. à la maison il les collectionnait, plus à ça près. sans un mot de plus Colline se détourne, s'empare du pommeau de douche qui déballe des trombes d'eau depuis tout à l'heure il y passe les doigts, vérifie , soigneux ! ça ira, c'est tout l'inverse de froid, alors vif il éclabousse Caprice, roi du silence, fini de jouer ; debout, on a dit.
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quelle plus belle preuve d'affection que l'humiliation en famille, c'est presque attristant qu'on n'ait pas de public pour applaudir. s'insurger de voir Caprice qui tressaille et se fige, tous les muscles tendus les épaules se haussent dans un sursaut et les ongles se plantent dans les genoux, tremblant une fois qu'on l'a trempé comme il faut les fragrances d'agrume diluées filent des hauts-le-cœur - tu veux qu'on se regarde dans les yeux Colline ? les entrailles se tordent furieuses et les yeux se lèvent sur le carrelage blanc qu'on voit rouge, vue barrée par les cheveux dégoulinants d'eau trouble, la gorge se serre de crier dégage mais ça tu ne comprends pas jamais tu comprends, tu penses qu'on est bien là-haut - si tu savais. et Caprice se relève vif, comme électrisé tout à coup d'un bond on est debout, les œillades collapsars fusillent et même pas on crie - non, on saisit les épaules de Colline et toute son insolence on pousse, brusque, fait cogner l'arrière des genoux contre le rebord de la baignoire pour que le frère y tombe dans un bruit sourd et des éclaboussures
et le souffle est court comme si l'on avait braillé la colère mais là encore on hausse à peine la voix.
pourquoi- pourquoi tu fais toujours ça ?
jamais tu la fermes, jamais tu te tiens tranquille, à chaque fois, à chaque fois tu viens m'emmerder quand j'ai envie de voir personne !
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résonne la porcelaine des os en heurtant violemment les parois de la baignoire, forcé de s'y asseoir, dans la chute l'arrière du crâne heurte le carrelage et Colline geint misérable, le dos épousant le silo blanc. p- h'tain... trempé il se redresse, les jambes à moitié hors de la vasque il pose les pieds sur le rebord pour se hisser tant bien que mal tout ça pour relever la tête vers Caprice puérils caprices tout comme avant les retrouvailles imbibées d'eau claire Colline trempé serre les dents. je sais pas ? peut-être parce qu'à force ça me gave de te voir jouer au petit roi et puis chialer dès qu'on te remet à ta place parce que tu l'as trop ouvert ?! Colline dit ça (crache plutôt) il ne sait pas, ça fait des années qu'on ne te voit plus pleurer et il n'a pas eu le temps de voir avant que tu finisses trempé ; plus moyen de vérifier désormais mais pas besoin, il se souvient visualise très bien à quoi ressemble ce Caprice-là il le revoit pousser des plaintes atroces en bas des escaliers et puis sangloter en silence dans l'obscurité des salles de cinéma ; ah non c'est vrai celui-là n'existe pas
(plus)
toi tu cherches, t'as beau faire genre que non, même à la maison, t'as toujours cherché et malgré tout ça finit toujours bien pour toi
alors viens pas te plaindre.
Caprice c'était quand les larmes la dernière fois ?
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les escaliers ou tes répliques, Colline tu sais faire mal comme il faut - toujours le cœur rate des marches et dans la gorge ça dégringole, retourne l'estomac et coupe tous les souffles, ça brise la voix aux premiers mots.
tu - ... c'est comme ça que tu vois les choses ?
tu sembles si sûr de toi dans tes descriptions de Caprice qui se demande si c'est bien lui qui a la meilleure vision à force. l'impression de voir clair dans ce qu'il fait tant on voit flou ce qu'on est au moins il sait croyait savoir que les actions c'était les bonnes et que la cause elle était juste. et il lui semblait que c'était net désormais, vos images à toi et lui, de vrais sourires sur les photos de famille - toi tu affirmes le contraire et accuse la photographie falsifiée, encore aujourd'hui
tu crois- toi tu crois que c'est encore une question de gagner, tu penses qu'on est encore en train de faire la course pour finir premier mais pas du tout, pas du tout.
qu'on souffle plus qu'on ne dit les dents qui claquent et détrempé Caprice reste immobile tandis que l'atmosphère se refroidit, retour des airs glacials.
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et le revoilà le grand froid, de retour, le Caprice qu'il exècre. celui qui s'habille du blizzard et balaie tous les incendies. ça sent la triste bruine mais Colline s'en fiche, pousse des soupirs agacés pour raviver les braises. allez c'est ça, j'ai tout faux. qu'on ait douze ou dix-sept ans, dans les halls d'hôtel ou les réfectoires, Colline est toujours sur le point de te croire mais il faut que tu détournes le regard au dernier moment. que tu le maudisses tandis que Papa rassemble tes morceaux, que tu le punisses tandis que la foule de badauds t'observe. systématiquement sous le projecteur du regard des gens, tu lèves le menton les airs hautains, alors ne vient pas parler de fausses croyances car Colline ne croit que ce qu'il voit. arrête Caprice, joue pas les martyrs j'accroche pas. c'est sans velléité, le corps trop fracassés encore pour envenimer les mots le ressentiment il l'utilise pour se hisser hors de la baignoire, se relever c'est trop encore et une fois en dehors il reste assis sur le rebord. épaules basses et dos voûté, gouttent trempés, et les avant-bras posé sur les genoux Colline relève une œillade méprisante sœur de celles que tu abordes si souvent dehors, Caprice. si c'est pas pour prouver que t'es le meilleur c'est pour quoi alors ?
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les martyrs ? jamais de la vie. la nuit Caprice sourit toujours et dans les yeux ça s'arrête jamais de briller. et c'est juste qu'on se voit plus souvent la journée Colline c'est rien que ça, souviens-toi les soirs de cauchemar quand on se faufilait pour se cacher dans les placards et qu'on s'avouait que tout ça faisait peur qu'on n'était pas sûr d'avoir fait comme il faut, ce jour-là et puis les rires, qui finissaient toujours par avoir raison des pleurs. tu ne te souviens pas ? à moitié la guerre, et l'autre moitié alors ? sous le soleil et embrumée des fragrances de sucre chaud, les après-midi passées à se courir après dans l'immensité des hôtels particuliers, à compter jusqu'à cent et puis à partir chercher l'autre, on finissait toujours par se retrouver - et les caprices en bas des escaliers ou au beau milieu des couloirs c'est pareil, Colline c'est pour qu'on ne vous sépare pas (que Papa ne parte pas sans toi que Juno ne punisse pas plus encore) et que toujours, on se retrouve alors Caprice se dit que ça ne fait rien si l'on s'égare en chemin. l'errance semble infinie mais c'est pour se rejoindre, c'est pour quoi ? c'est pour ça, Colline "ça" ne te traverse même pas l'esprit. on se demande alors pour quoi
je sais pas.
pour vous pour toi - non ? on ne sait plus trop là tout de suite.
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tu sais pas ? raffale de grands vides sur la cendre grise les incendies de Colline sont fatigués. ils expirent tout l'air qu'il a dans les poumons et font tomber les épaules plus bas encore, ployer la tête qui se noie dans les paumes. mieux vaut se plonger dans le noir plutôt que voir les airs égarés de Caprice, tout sauf ça. ... tu te fous de ma gueule. les doigts passent sur les yeux, une fois, deux fois, et puis ramènent les cheveux trempés en arrière ; il fait trop clair dans cette salle de bain, à mépriser jusqu'au carrelage blanc. c'est peut-être pour ça que tu te bats, Caprice. et Colline ne comprend pas, ce que tu pourrais trouver à ces petits privilèges futiles, mesquins ça te ressemble bien et en même temps c'est si loin de celui dont on se souvient.
qui c'est, qui se tient debout là ? Colline le toise plus qu'il ne le dévisage, finit par se lever, détaille à la même hauteur, fait face et croise les bras. sucer les profs pour finir triple étoilé, faire les yeux doux à tout l'monde quitte à rendre personne heureux, et puis retourner ta veste et tous nous niquer au nom de NOVA, tu fais tout ça et tu sais pas pourquoi ? il t'a vu faire, Colline, il n'est pas aveugle et contrairement à toi, tes expressions il les reconnaîtrait entre mille. cinq ans, plus encore toute une vie et tu ne sais pas trois mots liquoreux qui font mal sur les plaies à vif il n'y a ni escalier ni baignoire derrière toi alors lorsque Colline vient bousculer les épaules c'est pour filer des secousses, c'était comme dire debout plus fort, le ton de voix furieux des silences. putain mais réveille-toi Caprice ! les "je ne sais pas" Colline les hait.
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secousse, les paumes heurtent les épaules et poussent dans des gouffres immenses on se revoit tomber tomber tomber cogner toutes les marches et puis échouer sur le pallier oscille tout juste un pas derrière soi on n'y foule pas le vide rien que le cœur qui chute - et Colline qui crie décharge - Caprice hurle.
mais TOI réveille-toi !!
tout le chaos en dedans fait vibrer la carcasse, macabre, celle qui se traîne la peau sur les os trouve la force de rendre brutal, Caprice qui repousse les assauts de Colline alors qu'on avait toujours répondu avec des mots avant aujourd'hui il cogne du plat des deux mains contre le torse pour faire reculer et foudroie du regard.
tu comprends pas, tu comprends rien !
toujours tout de travers. toi Colline les incendies, entretenus des ouragans de Caprice, tu te dis clairvoyant mais qu'il est aveugle le frère ! on voudrait t'arracher les prismes déformés hérités de Papa tu ne vois qu'au travers, arracher tes jolis yeux, qui font que tu t'appelles Colline tu t'en sers si mal et ils observent si peu on a l'impression que tu ne vois rien, jamais, tout ce qu'on a fait. la gorge se serre au moment de songer à l'inventaire et Caprice a le vertige la liste est longue on voudrait te dire on voudrait t'expliquer on n'arrive pas on n'est pas si doué que ça avec les mots, Colline.
... tout ce que je voulais, c'était- que ça se passe bien pour nous ici. les étoiles, c'était pour la bonne image, puis NOVA, je pensais, ça pouvait nous éviter des problèmes, et je sais pas- je sais pas pourquoi y a rien qui marche.
la réplique exhaustive on effleure la surface encore, il vaut mieux Colline, on préfère, ne pas trop se défaire des apparences mais déjà ça tombe en miette, craquelé d'impuissance à cogner inutilement les parois Caprice a mal de constater qu'on ne fait que s'esquinter, lui et puis tout ceux qui se risquent à approcher. sanglot étranglé, dans la noyade perce encore un peu de fureur.
tu m'étonnes que Miel elle écrive des lettres et que Teddy elle s'entaille, que Céleste il se rende invisible des semaines puis que Percy il soit furieux à s'en faire saigner les mains et toi, toi le pire de TOUS tu crèves à coup d'Alice tout ça pour pas souffrir cinq minutes de trop et j'en ai marre Colline j'en ai ASSEZ je fais QUOI, MOI ?
enfin, on a hurlé et maintenant Colline qu'est-ce qu'on fait ?
on ne peut que fondre en larmes pour de bon pour la première fois depuis cet après-midi au cinéma (qui n'existe plus grâce à toi)
je suis sensé faire quoi moi, pour que ça aille mieux.
je sais pas, je sais pas.
comme à l'époque lorsqu'on avait douze en bas des marches et qu'on répétait inlassablement j'ai mal j'ai mal, il ne tient plus droit, Caprice, cache ses yeux dans le creux des mains, honteux et coupable d'avoir brisé en mille morceaux l'unique certitude, la seule famille qu'on n'ait jamais eu tu en fais partie Colline - mais tu comprends rien et Caprice non plus. on a hurlé et ça ne passe pas cette envie de rentrer.
ça va plus depuis qu'on est tous là à cause de moi- si je t'avais pas mis en colère Colline on aurait pas raté l'avion, on serait encore à la maison.
tombée en ruine et Caprice la pleure, consterné de constater qu'on ne parvient pas à reconstruire quoi que ce soit ici.
Colline Devray
UNE ÉTOILE
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Sujet: Re: crève (cœur) {{ colline Mer 11 Mar - 23:46
Quand même tu dirais Que tu me trahirais Si c’était ton caprice, Qu’est-ce que me ferait Ce terrible secret Si c’était mon caprice
un lâche qui assiste sans agir aux spectacles de Caprice qui volait en éclats, c'était ça et rien que ça qu'était Colline depuis toujours. hier c'était en haut des marches surplombant du premier pallier qu'il était resté figé, tout comme dans les couloirs de béton froid des sorties de cinéma. ignorer les pleurs sans jamais parvenir à saboter leur retour ; la preuve qu'ils se moquent des paradoxes ils reviennent au galop, les gouttes de pluie font la course sur les joues de Caprice. et c'est si mystérieux le pays des larmes, on ne sait jamais s'il faut si aventurer, s'il ne vaudrait pas mieux camper aux frontières. mais Caprice avoue que c'est les terres que l'on occupe depuis que l'on est tous ici à cause de lui.
comme si le fait de s'être cassé les os avait brisé les murs de la maison mais Caprice, ce n'était pas un accident. consciemment Colline a provoqué la chute d'une impulsion, toi tu n'es rien que l'étincelle et c'est lui, c'est lui les incendies. lui qui a rongé les mansardes et consumé les toiles, réduit en cendres l'hôtel particulier que l'on appelait "chez nous" et il pensait que tu faisais payer depuis une éternité il le croyait mais voilà que tu sanglotes d'être incapable de racheter ton âme jetée aux flammes. mais Caprice... t'es pas responsable de tout ça, t'as pas à corriger quoi que ce soit... rappelle-toi tu avais dis que l'on s'endormait au creux de belles contrefaçons et voilà que tu regrettes la pâle copie de foyer accueillant ; les seuls bras grands ouverts qu'on n'ait jamais connu tu meurs de ne plus pouvoir y retourner mais se sont-ils refermés un jour pour de bon autour de nous ? probablement inévitables, ces chutes-là que tu mettes Colline en colère ou non.
Colline en colère en tout temps, au passé comme au présent, ça n'a plus lieu d'être. c'est une malédiction à réduire en miettes et il faut rassembler les morceaux. tenir les lambeaux de toi ; il refuse de rester immobile, fait un pas et vient entourer les épaules frêles du frère de ses bras. et il te tient, il est là, sa tempe contre la tienne comme pour chasser les idées noires. Caprice rappelle-toi. ça pouvait pas durer toute la vie - tu te souviens ? c'est ce que t'avais dis. qu'un jour ou l'autre les voyages ça se terminerait parce que dans tous les cas, ce qu'il faisait Papa c'était pas... c'est pas sensé fonctionner comme ça une famille. du coup on n'a jamais su et l'on ne saura peut-être jamais ce que c'est pour de bon. mais regarde Caprice, on porte toujours le même nom.
et qui de toi ou lui, le responsable des temps rompus ? si ce n'avait pas été ce matin-là au sommet des volées de marches, on aurait raté un autre avion ailleurs. forcément que quelque part les effondrements nous attendaient. et peut-être peut-être que tu aurais eu raison et que Colline aurait été le premier à rester derrière. les enfants abandonnés au compte-goutte plutôt que tous à la fois. au moins on était deux à être tombé bien bas hier, au moins on était tous là aujourd'hui à cause de nous. on saura jamais à qui la faute. pour ça il faudrait demander à Papa et encore ; vous a-t-il départagé une seule fois ? on s'en fout. de comment s'appelle le responsable des ruines tant qu'on les habite ensemble.
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Sujet: Re: crève (cœur) {{ colline
crève (cœur) {{ colline
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