Papa, maman.. Les premiers mots d'une époque si floue. Aisling ne se souvient de presque rien, si ce n'est de ces silhouettes, des gouttes de pluie qui faisaient la courses sur la vitre de la voiture. Elle ne sait même plus laquelle à gagner, bien que l'intensité de ce combat acharné contre le vent qui soufflait sur la route reste emprunt dans sa mémoire. On est bientôt arrivés ma chérie. La douceur de ces mots réchauffe parfois son coeur aujourd'hui. Une excursion, Aisling pensait que ce serait une balade. Mais treize ans plus tard, la promenade n'est toujours pas finie. Un sentiment de trahison quand ses deux personnes qu'elle appelait parent n'était pas revenues la chercher au bout du troisième jour. Sentiment qui s'est estompé au fur et à mesure, trop à penser, trop à découvrir ici. C'était peut-être mieux comme ça, elle apprenait sûrement des choses qu'elle n'aurait pas vu ailleurs, même si au fond, elle se demandait bien ce que ça faisait que d'avoir des parents.

Aisling n'a pas toujours été la petite boule d'énergie positive qu'elle est aujourd'hui. Son arrivée à l'académie n'a pas été très reposante, pour elle comme pour ses camarades. Un sommeil déjà bien troublé et un Alice qui se manifestait parfois sans qu'elle ne puisse le contrôler. La peur de s'assoupir et d'entrer par mégarde dans les rêves des autres sans le savoir. Elle en a fait des frayeurs, à elle comme aux autres. Mélangeant ses propres cauchemars né de fatigue avec les rêves doux qui se laissaient filer, parfois sujette à des terreurs nocturnes. Les somnifères étaient la seule alternative, assommant tout le corps de la petite Aisling.

Enfant parfois turbulente, difficile à gérer et trop sujette à divers caprice. Incompréhension frustrante sur sa nature, ses rêves et sa présence ici. Le sentiment d'abandon de ses géniteurs avait filé à coup à sa self-confidence, secouée par tous ce qui se passait autour d'elle. Les autres enfants ne l'aimaient pas forcément, et elle ne cherchait pas à se faire aimer. Elle voulait qu'on la laisse tranquille. Mais plus le temps passait, et plus toutes ces émotions s'estompaient doucement, laissant le coeur d'Aisling recevoir un peu de lumière.

Elle a appris à se servir de son Alice, c'est à partir de là qu'elle a pu commencer à souffler. À pouvoir se sentir à l'aise avec elle-même. Un sourire ne dessinait au fur et à mesure sur son visage, elle arrivait à vivre pleinement. Ne venant plus faire peur à ses camarades en pleine nuit, c'est maintenant avec son énergie atomique qu'elle vient les agresser. Mais c'est beaucoup plus facile comme ça pour se faire des amis. Si son pouvoir ne se déclare plus sans crier gare, il lui reste encore un peu de chemin pour pouvoir en utiliser tout le potentiel. Souffler un peu, soulagée, elle peut maintenant siester sans crainte. Même si ses cernes de trois kilomètres ne sont pas des plus esthétiques, elle arrive pas se regarder dans le miroir et d'aimer ce qu'elle y voit. T'façon, la fatigue en rajoute à mon charme. Une confiance en elle qui se construit encore un peu aujourd'hui, elle a plus de plaisir à croquer la vie à pleine dent. Là où certaines voient l'académie comme une prison, Aisling compte bien en faire des années auxquelles elle pourra penser tout en riant bruyamment.