ton havre de paix : le quartier des SPÉ ; c'était ton endroit ton refuge le lieu où tu venais croupir le reste de ta journée en silence, loin des fils loin des ennuis
également ton repaire à fanfictions, postée près de la fenêtre tu guettais l'inspiration les couples à l'abandon - les improbables les populaires les problématiques, tout, pourvu que tu puisses remplir la rubrique de ce maudit papier tout pourvu
qu'on ne vienne pas te déranger
et t'as appris que lorsqu'on demande du répit, c'est le moment où viennent pointer les ennuis ;
droit et l'air fier trop fier, à l'entrebâillement de la porte, Azrael te toise de toute sa hauteur et
— Merde.

tu marques un temps d'arrêt les yeux qui se dirigent naturellement vers son petit doigt - oui oui le fil est toujours là - c'était pourtant peu demander d'avoir une idylle parfaite, avec un prince charmant bourré de qualités, non ?
non, Siobhan, toi, tu as récupéré le bel enfoiré qu'on adule malgré les pêchés qu'il traîne comme une parure et t'as du mal à sourire en le voyant là, le salop, heureux de t'avoir coincé
tu regardes la fenêtre trop haute pour en sauter, refermes le cahier abritant tes secrets et ranges ça dans ton sac bien gardé ;

— Je vois pas ce qui te fait dire ça, Tremblay, tes arguments pour une telle accusation ?
(la vérité sûrement
ça suffit amplement)
pupilles ambrés rivés sur la porte précieusement gardée - tu restes assise en entendant qu'il se déplace, prête à courir le plus vite possible de tes poumons essoufflés rien qu'à cette idée.

...

faites du sport, qu'ils lui disaient.

et tu lui expliques comment, Sio, que le problème ce n'est pas lui c'est ce fil qui se rapproche à chaque pas qu'il prend vers toi qui mène tout droit au petit doigt et même au coeur
tu lui expliques comment que le problème, si, en fait, c'est bien lui, que le destin a choisi et que tu ne veux pas ça, que tu te sais un caractère discutable mais qu'Azrael est encore pire dans l'échelle de la fourberie
maman ne t'a pas donné le manuel pour ce genre de situations, tu te retrouves juste face à tes démons : accepter que l'être que tu as tant désiré se tient à quelques mètres et ce n'est pas celui que tu voulais
(même si le cœur ment
accélère vivement les battements
cesse, maintenant.)
— « Tu crois ». Ca se trouve, tu ne t'en souviens juste pas.
(elle non plus cela dit vu qu'elle t'a fui avec tant d'ardeur que tu n'en as jamais eu l'occasion)
tu n'as rien à rétorquer sur les accusations en revanche, c'est vrai que de toutes les excuses que t'aurais pu inventer, le curling sur gazon était la pire ; tu n'as jamais su gérer la panique, tant pis, tu as d'autres qualités.

— T'as rien fait mais tu te demandes quand même si tu m'as blessé ? Syndrome du bourreau, ou ça se passe comment ?
t'essayes vraiment de répliquer mais si ton cœur voulait bien se calmer, ça aiderait - présentement tu n'entends que lui à travers tes maigres tentatives de répondre au beau brun ; un geste désespéré, tes yeux fuyant au sol ne trompent absolument pas personne et certainement pas un roi de la duperie tel que lui

(mais l'espoir fait vivre, maman l'a dit,
juste avant de t'envoyer ici
rétrospectivement, c'était peut-être plus une mise en garde qu'un mot d'esprit.)

au final on préférait entendre le coeur battre plutôt que couler - ça ne se fait pas Azra, de la mettre devant le fait accompli comme ça, ça ne se dit pas ces choses-là - parce que voilà ce qui arrive quand on ne peut plus le fuir, le bel ange descendu des cieux pour venir te tourmenter, Siobhan, tu perds pied et ta bouche s'ouvre sans pouvoir parler -
— Euh ??? Non.
maigre répartie tu as fait mieux ressaisis-toi maintenant, l'amour c'est censé être ton terrain de jeu pas une bataille ;
— Excuse-moi de te faire redescendre de ton piédestal, mais on n'est pas toutes à tes pieds, Tremblay.
avec un peu de sincérité Siobhan, tu peux le faire tu peux le berner ;
sauf que ce serait plus crédible si votre fil n'était pas lié et que le jour où tu l'as vu - pourquoi pourquoi tes yeux se sont posés dessus- t'as senti les sentiments qui s'emballent sans pouvoir les contrôler
maudite idylle dans laquelle tu as grandie, persuadée que le lien du destin était est toujours le bon
vraiment maman, merci du cadeau empoisonné.

— Non, pour ta gouverne... j'opère un répli stratégique -
(on se refuse à dire qu'on fuit)
— En ta présence parce que tu es intimidant. Et que tes exploits te suivent un peu partout. Et t'es pote avec Noah.
tu fais la liste, une par une les choses qui auraient pu expliquer ton comportement alambiqué de le fuir à toutes jambes dès lors que vous vous croisez - et ça sonne faux même dans ta tête mais t'es censé répondre quoi à ça ?
(oui j'ai le cœur qui bat fort pour toi
oui t'es mon âme sœur et ça me fait fuir parce que je sais quel bel enfoiré t'es
oui Azrael, Siobhan Boyle a un crush navrant sur toi.)
c'était pourtant pas cher demandé,
rester tranquille dans ton havre de paix.

c'est trop, admettre qu'on a pas d'arme à conviction qu'on le considère suffisamment séduisant pour s'imaginer le nombre de femmes le pensant également ; mais c'est surtout trop tard parce qu'il a compris le compliment camouflé et le rictus aux lèvres te désarçonne, merde Siobhan, qu'est-ce que tu fous
— Je parle de ta réputation de casanova.
tu parles surtout de ce que tu ne sais pas, le bouche à oreilles sans preuves concrètes mais tant pis - tu t'es lancée sur le fil funambule on continue au mieux c'est l'histoire de ta vie, un peu

— Bon, ok, tu veux savoir pourquoi je te fuis ?

pour détourner l'attention du réel problème il va te falloir broder mais ça ira, ça au moins, ça te connaît, à force de magouiller sur le dos des gens qui n'ont rien demandé, de détourner les réclamations des clients insatisfaits ;
(allez Siobhan,
fais comme maman, à t'enliser dans des mensonges trop grands)

— C'est parce que j'avais peur que tu me demandes qui est ton âme sœur.
ça pourrait être crédible, à ta mine qui s'assombrit, on pourrait croire que tu détiens un secret énorme, lourd à porter - comme si son fil menait à quelqu'un de particulier, quelqu'un et vite il te faut trouver - Melchior, Agatha, non, ce n'est pas assez, quelqu'un de terrible peut-être qui le compromettrait - tu cherches, vite, fais la liste des pires de l'académie
(tout le monde sauf elle,
attirer ton attention sur quelqu'un qui le méritera)
par exemple
n o a h.
le duo infernal - est-ce que ça, ça suffirait ?
— Je sais ce qui vous lie, je voulais pas influencer votre amitié...
(par pitié
mords à l'hameçon.)

« elle ? »
comment ça « elle » comment ça il a déjà une femme dans sa vie - comment ça tu laisse la jalousie s'insinuer Siobhan, il n'est rien pour toi rien hormis un lien à vos petits doigts la promesse de quelque chose fort et beau,
si tu te décidais à l'accepter ;
— Euh... « Elle » ?
tu laisses les mots en suspens, histoire de le faire douter ; le faire redescendre de son piédestal par tous les moyens (par jalousie tu le sais) par pur esprit de compétition.

— C'est fou, d'abord tu m'accuses de fuir, ce que j'ai peut-être, éventuellement, possiblement, fait, certes et maintenant tu m'accuses de mentir ?

tu arques les sourcils, peins l'air outré à tes traits de jolie poupée - vraiment une rengaine répétée et jouée face à tes clients
voilà ce qu'il devait être, un simple client, quelqu'un incapable de faire battre ton cœur de pierre, cœur qu'on a laissé au fil du destin pour la personne qu'il aura décidé de t'amener
sauf que
c'est de lui dont il s'agit et ça t'embrouille l'esprit, comment tu faisais avant de le réaliser ? comment tu le regardais, ce démon à la plastique séduisante qui ment comme il respire - tu ne te leurres pas là-dessus, il est de la même graine que toi ;

— Oui, je mens, souvent, bel esprit d'analyse, je n'en attendais pas moins d'un serial menteur. En revanche, je dis la vérité quand je dis connaître ton âme sœur. On ne pense juste sûrement pas à la même personne.
non lui n'y pense même pas, c'est ça qui te tue, il vient juste chasser une proie qui le fuit au moindre pas - toi, en revanche,
tu ne vois que ça, ce fil rouge ce traître qui tient tes sentiments en otage.

on met de côté le cœur parce que ça fait beaucoup en une discussion, les battements qui manquent les sentiments négatifs qui s'y glissent - on laisse ça aux amoureux, tu sais, ceux que tu fuis en ces lieux ;
puis la pensée ne reste pas longtemps sur le « dommage », bien que cinglant, elle file vers l'insulte camouflée l’ego brusqué -
— Sache-le, je sais faire un geste commercial pour les gens que j'ai injustement froissés.
car t'as beau essayer de garder cette façade de la marchande intransigeante, t'es portes ouvertes aux démunis qui te touchent avec justesse, la corde sensible qui vivre à leur tristesse ;
Azrael n'en fait pas partie mais tu ne sais pas sur quel pied danser avec lui, te compromettre trop ou pas assez - client difficile, sûrement le pire jusqu'ici
— Ce n'est donc pas pour toi, mais bien ma réputation qui en pâtirait.
mensonges sur mensonges, on marche dans les traces de ta mère - en viendrait presque à comprendre pourquoi elle agit de cette façon avec le recul, peut-être bien que c'était pour se protéger
(ça semble si évident,
à présent)

— Mais t'es sûûûr de vouloir savoir ? Non parce que vraiment, tu pourras plus le regarder de la même façon après ça, tu sauras que vous êtes liés par un truc qui vous dépasse, tu vas peut-être même tomber amoureux ?
on avait dit de taire le cœur mais voilà qu'il revient te blesser avec tes propres mots, débile Siobhan, ça semble réel soudainement, le rappel qu'un fil se défait au fil du temps.

— Noah.
tu ne peux pas t'en empêcher, tu le dis tout bas, prière qu'il ne l'entende pas, que tu ne le guides pas dans une mascarade qui l'éloigne de toi
effrayée par tes propres contrevérités.

ça t'étonne encore de réussir à manipuler certaines personnes quand il s'agit de ton honnêteté qui t'a expédié au sein des murs de l'académie
que tu te sois lancé dans le commerce des amours factices alors que tu es incapable de berner la seule personne avec qui il serait important d'y arriver
tu ris nerveusement à la blague d'Azrael en te disant que c'est une bonne idée, de finir sur ça, une blague à tes dépends, il a eu ce qu'il voulait, il peut faire demi-tour, retourner aux côtés du cancer incarné

ou venir directement se planter devant toi, à un pas même pas ; ça te coupe le souffle, tu écarquilles tes pupilles ambrées - mais pourquoi - et peut-être que si tu avais un instinct de survie, tu aurais réagi avant qu'il ne glisse sa main sous ton menton, le regard naturellement attiré vers le sien ;
en attendant tu ouvres tes lèvres joliment colorées sans qu'un son ne sorte
tes pensées, elles, fusent sans s'arrêter
(c'est qu'on ne sait pas si on doit en rire
ou en pleurer
de cette proximité qui lui rappelle ô combien vous êtes liés)

— Alors, premièrement.
tu saisis sa main pour l'écarter de ton menton, le regard courroucé - en réalité paniqué mais c'est le moment de dévoiler tous tes talents d'actrice ;
— On ne touche pas la marchandise gratuitement.
pas du tout même parce qu'un corps ne se monnaye pas - sauf celui de Noah et cette pensée t'arrache un sourire - et surtout, qu'au fond de toi, tu estimerais presque qu'il en aura un jour le droit
(mais
pas comme ça)

— Ensuite, euh... C'est juste que c'est une information capitale. Qui vaut chère. Et tu dis ne pas vouloir payer, alors...
c'est que tu commences à être vraiment à court d'excuses et tes yeux retournent brièvement chercher la fenêtre - une chute de trois étages, qui sait, peut-être que tu y survivrais ? non car actuellement,

c'est ton seul plan b.

MAIS PUTAIN
qui résonne dans toutes les parois de son corps alors qu'elle le voit racler la chaise au sol pour mieux venir la toiser, bras croisés - évidemment il n'est pas dupe évidemment il est intrigué évidemment tu es incapable de détourner son attention de tes mensonges éhontés
et tu pourrais réfléchir de façon plus productive, sortir quelque chose de cinglant pour le dissuader de revenir à jamais, t'étiquetter à ses yeux comme avec Ulysse, la connasse de service mais
non
la part de toi qui veut le voir rester continue ses énormités alors tu passes une main sur ta bouche comme si ce que tu allais dire était douloureux, t'as le visage qui s'assombrit, sérieuse Siobhan, tu dis :

— Ok, la vérité, c'est que je suis allergique à la beauté.

et si tu ne claques pas le front ouvertement, ton ego hurle au scandale - même face à maman, tu n'as jamais eu recours à un mensonge aussi bancal ;
mais foutue pour foutue, tu t'enlises

— Du coup c'est juste un réflexe, quand je vois quelqu'un de beau, je fuis.
faux, Theodora te regarderait de haut en bas, les yeux froids, « tu es désespérante Siobhan » ;
— Donc si tu pouvais juste...
et tu prends ton courage à deux mains, viens ébouriffer ses cheveux jusqu'à donner l'impression qu'un oiseau vient de lui faire la fête - ça ne change absolument rien, cet air négligé, au contraire, ça fait battre ton coeur mais tu ne réfléchis même plus à ce que tu fais.
— Te rendre plus moche. Voilà.
(peut-être que tu feras l'effort d'écrire à tes parents
le récit de ce moment
ne serait-ce que pour les empêcher de regretter
de t'avoir bazardé.)

terriblement séduisant oui, de son sourire plus grand que jamais ; ça t'arrache un rire - enfin - en voyant sa dégaine, trop fier pour quelqu'un qui a dorénavant une moustache torsadée et des lunettes rose fluo ; tu ne te vexes même pas qu'il ait fouillé tes affaires - dieu merci pas le carnet - sans demander, tu te contentes d'observer son visage et de rire de plus belle à chaque trait découvert

— Merde, dire qu'Agatha est passé à côté de la plus belle Princesse des Fleurs.

tu glousses encore un peu quand tes mains vont fouiller les poches et que tu en sors un rouge à lèvres couleur carmin « si tu me permets » qui glisse tout bas, et tu viens prendre le visage d'Azrael entre tes doigts, délicatement, au plus près et tu t'empêches de penser à autre chose qu'appliquer minutieusement le maquillage ;
pas même votre proximité

— Alors attends... Oh putain...

tu t'esclaffes à nouveau en voyant le tableau et poses même une main sur la sienne par réflexe, t'en oublierais presque pourquoi tu le fuis, à le voir ainsi

— J'ai des clientes qui payeraient des centaines de rabbits pour te voir comme ça, dis-moi que j'ai le droit de te prendre en photo.

en reviens aux affaires, maintenant que le stress est mis de côté ; franchement, Azrael Tremblay, pimpé au marqueur fluorescent et qui porte le rouge à lèvres, même toi,
tu aurais payé pour en profiter.
(même toi
tu hésites à garder ce moment secret)

le rire se meurt en un petit sourire - un regard succinct à vos mains qui se délient, tu n'avais même pas réalisé jusqu'à ce que sa chaleur vienne à manquer ; le visage, lui, fait au mieux pour ne pas rougir car Azrael a lu dans tes pensées - un moment pour vous deux seulement - et tu réalises qu'il sort ce discours à beaucoup d'autres sûrement
mais ça te va
ça rendra le détachement émotionnel plus légitime ;
— Deal, même moi je ne voudrais pas qu'ils aient ce genre de dossier sur moi.

et tu regardes le feutre pointé dans ta direction - rire nerveux - c'aurait été trop facile de t'en tirer à si bon compte, tu hésites mais tu sais déjà, en réalité
que tu veux faire durer ce moment (pour une éternité) quelques instants encore, à découvrir l'être que tu fuis alors qu'il n'a rien demandé
en profiter jusqu'à ce qu'il se soit lassé et retourne ailleurs chasser,
et alors que tu t'apprêtes à acquiescer, il y a ta conscience qui crie au compliment que tu avais jusqu'ici raté, perdue dans tes pensées - est-ce qu'il venait de dire ce que tu crois avoir compris ?
qu'à ses yeux, toi, Siobhan, tu es jolie ?

— C'est vrai, ce serait injuste.

tu rapproches légèrement ton visage et fermes tes yeux ; si on te voyait, Siobhan la vénale,
se faire gribouiller sans même que ce soit un marché.

— Fais ton oeuvre, bourreau. Mais interdiction pour les photos, ok ?

et tu souris, sereine dans cet instant - heureuse, également.

tu n'as pas la moindre idée de ce qu'il dessine, si ce n'est les chatouilles au nez aux yeux aux sourcils - sérieusement Siobhan, qu'est-ce que tu fais

— Mmmh peut-être moins terrible que les rumeurs, mais terriblement cruel de m'avoir barbouillé ainsi.

tu sors ton portable pour découvrir ton reflet sur l'écran noir, retiens un rictus en voyant ton visage littéralement souillé ; faites que personne ne franchisse cette porte, autrement il te faudra prévoir un meurtre.

— Tu serais surpris de savoir que je l'apprécie énormément, en réalité.
comment pourrais-tu faire autrement ? les traits crispés de l'hypocrisie qui ne doivent pas déborder, jamais s'énerver, pauvre Noah qui vient te confronter en toute cordialité alors que tu t'amuses à le tourmenter ; et tu continues, tu tires sur la corde, parce que tu sais qu'il ne peut pas rompre cette image parfaite même s'il meurt d'envie de t'étrangler
non Azrael, ce n'est pas à cause de lui qu'elle te fuit
loin de là -
— C'est vrai qu'à côté, j'en connais un qui profite bien.
et tu lui rends le sourire en coin, signe que tu le remercies de t'inclure dans son monde ; de te reconnaître une similarité une occasion peut-être de te rapprocher

— Tu veux pas que je redirige ces filles vers toi ?
(non Siobhan
tu ne veux pas)

tu souris à moitié, la balance de l'argent qui se remplit mais celle de ton coeur en déficit ; tu n'auras qu'à éviter d'imaginer les filles à ses bras, celles ravies d'être son heureuse élue
et tu les consoleras, elles aussi, te réjouira de savoir au fond que ce n'est pas le cas
(en t'interdisant de penser au jour où ton tour viendra
et à ce moment là
qui te consolera ?)

— Hein ?

yeux écarquillés tu le fixes à la recherche d'une blague, le moment où ses lèvres se fendraient en un rire de t'avoir surprise mais rien ; Azrael te propose sérieusement un repas, rien que lui et toi un date comme tu n'en as pratiquement jamais fait
et c'est le sang qui monte aux joues, incontrôlable, la façon qui s'effondre - tu n'as pas l'habitude d'être celle qui reçoit de l'attention ;

— E-euh, ouais, ok ? Ok. Une robe, d'accord. Vendu.

tu pinces les lèvres et regardes tes pieds, à la recherche de ton éloquence sûrement, qui a décidé de t'abandonner pendant ce moment crucial  - la sonnerie qui retentit dans le couloir sauvée, tu ranges tes affaires précipitamment et t'élances sur tes pieds
en quelques secondes tu es au pas de la porte et tu te retournes vers lui une dernière fois ;

— On s'envoie un sms, ok ?

et c'est seulement une fois le bâtiment quitté que tu réalises
ne pas avoir son numéro enregistré.

Bien joué, Siobhan.