Le calme plat qui suivait les activités du club, aujourd’hui le rangement était à ton nom. Tout autant accompagné de celui pour qui la cordialité était de mise en tant normal. Pourtant, c’est le silence réel qui planait dans ce gymnase immense. Ne laissant comme son audible que les couinements des baskets sur le parquet. Hormis pour lui, dont le silence ne paraissait qu’être un mon utopique pour lequel l’entrée lui était atteignable. Du moins, parce que son choix avait été fait pour ne jamais s’en dérober en territoire inconnu. Et c’était ce que tu étais après tout. Malgré vos longues années dans l’académie, pour laquelle tes pensées étaient quotidiennement sondées.

Ça pouvait paraître déraisonnable, lorsque l’un dans la réserve rangeait les ballons tandis que l’autre, toujours dans le gymnaste ramassait les plots. Déraisonnable d’y prêter attention bien avant que tu viennes le rejoindre dans la réserve, bien avant que tu ne laisses parler ta voix véritable.

Des mots si indélicats pour une personne telle que toi Orion. Toi qu’il a toujours placé en haute estime parmi ce qu’il peut entendre par moments. Parmi ce lourd secret qui semble être la source du problème depuis décembre, n’est-ce-pas. Et pourtant.

« Je ne -. »

Vois pas de quoi tu veux parler. Durant une fraction de seconde, William en avait eu le culot. Le culot d’affirmer qu’il ne comprenait pas, le culot d’affirmer qu’il n’en avait pas la moindre idée. Les mots pourtant qui existaient, prenant place dans ton esprit comme une mise en garde. Comme une frappe qu’il, en vérité, attendait depuis quatre mois déjà. Alors ses yeux tombent, le monde devient intégralement noir durant quelques secondes. Un monde qui jamais, ne pourra être silencieux de par son mode de vie et c’est une grande inspiration que William prend lorsqu’il se retourne finalement vers Orion.

Ses mains vides de toutes balles, la silhouette droite vers le président des conseils. Vers un homme qui de fait, n’aurait pas grand-chose à se reprocher si ses pensées n’étaient pas aussi fissurées. William, qui n’avait pour une fois rien enclenché, aurait passé outre ces mots bien plus rude qu’auparavant à ses yeux.

« C’est pourtant ce que tu demandes, non ? »

Ou alors, pour la première fois de toute sa vie, William n’avait pas réussi à décrypter des pensées. Peut-être bien que ce flot de peur et d’énervement qui l’accable à chaque instant, d’un croisement de couloir jusqu’aux salutations habituelles, avaient réussi à brouiller sa lecture. Mais en vérité, ce n’était même pas envisageables.

« Je conçois que ce soit un vrai problème. Pas pour lui, mais bien pour toi Orion. Mais si ce n’est pas d’être rassuré, de savoir que tu n’as aucune raison d’être inquiété, alors, de quoi as-tu réellement besoin ? »

Parce qu’Orion est le genre d’homme pour lequel on éprouve facilement du respect. Mais cette fois, ce sont des pensées qui ne le reflète aucunement. Et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il accepte de se mettre de côté, pour simplement te confronter. Car c’est de ça dont tu sembles avoir besoin aujourd’hui.  

Et elles reviennent encore, ces pensées parasites, bien qu’en vérité, elles ne l’ont jamais vraiment quittées. William, qui reste silencieux auprès de ses ballons, vit cette confrontation sur deux fronts bien distincts. Alors, il s’imagine. Non pas que William ait déjà vécu pareille situation, son esprit rarement lu car il évite de lui-même ses quelques semblables présents dans l’académie. Sa relation avec Ava-Marsaidh n’avait aucun secret et n’était en rien interdite comme celle qui lui faisait face aujourd’hui.

Pourtant, William comprenait. Bien qu’il n’en irait pas jusqu’à le dire à vive voix, il lui était capable de comprendre le ressenti et ces peurs incessantes qui grouillaient dans l’esprit de ce garçon que l’on présentait comme intouchable. Comme n’ayant aucune faille. Et pourtant. Pourtant, depuis janvier, ce n’était pas un unique mal qui se présentait, caché dans cette tête à l’apparence si parfaite. Alors, on reprend sa respiration tandis que les yeux se ferment durant quelques instants.

« Je suis désolé si c’est l’impression que je t’ai donné. »

Car il était bien trop respectueux pour agir par pitié. Car personne n’est parfait, plus encore, ceux qui sont persuadés de l’être. Alors comme souvent, on se couvre et on explique que l’on est navré. Non pas un jeu d’acteur qui pourrait être périlleux, mais bien une réalité qui tombe à point nommé.

« Je le sais très bien. »

Le calme plat, le ton si neutre à contrario de la froideur qu’exprimait Orion. Évidemment qu’il le savait, qu’il l’avait entendu à de nombreuses reprises. Mais là était le problème, Orion. Autrefois, vous auriez pu vous connaître, devenir ami, car vous êtes semblable sur certains points. Mais, ce sont bien vos différences qui vous ont séparés, pour finalement vous confronter dans l’ignorance. Parce qu’autrement ça aurait été si facile.

« Tout comme j’imagine que tu as conscience que le problème n’est pas ici. »

Entre vous deux. Dans votre face-à-face ridicule dans la réserve du gymnase.

« Mais bien ici, de son menton, il indique la tête d’Orion et là tandis que de son doigt, c’est sa propre tête qu’il pointe. Alors que j’avais quatre mois pour briser cette confiance inexistante. Que veux-tu faire exactement ? »

Alors Orion, penses-tu vraiment que tes peurs à l’égard de Willaim ont raison d’être ?

Un secret ? Le visage neutre, les lèvres cousues. Il reste là, silencieux donnant l’impression qu’il réfléchit, qu’au fond, William s’entête à chercher un secret qu’il pourrait partager. Quelques choses qui, sans doute arriveraient à apaiser Orion pendant quelque temps, du moins, jusqu’à son prochain faux pas silencieux. Et là était le problème, n’est-il pas ? Car tes habitudes, William, ne changeront pas d’ici là. Alors, le sourcil s’élève, tirant un peu sur ce visage carré.

« Même de cette façon, nous ne serons jamais à égalité. Tu en as quand même conscience ? »

Parce qu’il avait cette impression qu’Orion y croyait dur comme fer. Alors, en tant normal William aurait suivit ces propos. Il aurait pris quelques minutes, une vingtaine tout au plus pour trouver un secret, bien qu’il n’en possédait aucun d’équivalent -du moins, qui le concernait. Car ses propres énigmes lui paraissaient être insignifiantes en comparaison à celle qu’il découvrait lorsqu’il vaguait de pensée à pensée. Pourtant, Orion n’était pas le genre de personne qu’on aurait pu duper, car autant l’instant présent pouvait s’avérer être suffisant, jamais le futur garderait cette route de parité.

« Alors es-tu sûr que cela sera suffisant pour te satisfaire ? »

Quand bien même, on s’imagine déjà chercher. Rien de concret ne lui rien à l’esprit, alors une main monte jusqu’à sa tête pour gratter le haut de son front.