you're just a sad song with nothing to say ☽ liu

J'ai oublié quelque chose dans la salle du club de danse Fiona. Tu peux y aller pour moi Fiona. Et des excuses, de la fainéantise camouflée, mais elle ne relève point. Les cris, les demandes, les supplications, comme une mélodie à ses oreilles, qui lui donnent de l'importance, de la reconnaissance, un beau rôle à jouer, elle sourit, elle accepte, le poids de leur gratitude est sa madeleine de Proust.

Elle s'attend au vide de la fin de journée, elle avance calmement, envoie quelques messages dans le même temps, remplir le trajet, remplir le silence, remplir l'existence de mots insignifiants et de sourires en parenthèses. Elle voit la lumière, elle voit la musique, s'échapper du dessous de la porte, elle pousse doucement, à pas de loup, elle ne veut pas déranger, elle saluera discrètement, elle sera cordiale et polie comme toujours et partira dans un sourire avec son bagage. Alors elle rentre, elle ne se fait pas voir, de Liu qui meut des inepties de beauté loin de la réalité où elle s'ancre. Elle reste immobile.
Elle regarde.
Et elle se dit que c'est laid.
C'est trop désordonné, il n'y a pas de chorégraphie, pas d'ordre dans les mouvements. Ce sont des gestes trop libres, trop désarticulés, il n'y a pas d'harmonie dans les pas, pas de sens dans les arabesques, c'est brouillon, oui c'est brouillon, d'une douceur sauvage, d'un calme effréné.
C'est laid, elle se dit, Fiona.
C'est laid, c'est laid, c'est laid.
Laid et voyant.
Voyant ça ne lui va pas du tout.
Ce n'est pas lui.
Ce n'est pas Liu.
Liu l'invisible qui hoche timidement la tête face à ses salutations, Liu l'insipide qui reste seul sur sa chaise sans jamais vouloir lui parler, c'est une ombre plate semblable au trou béant dans sa poitrine, un meuble dans le décor.
Liu ce n'est pas beau comme ça.
C'est laid, elle se répète, pour s'en convaincre, parce que d'une part ça la blesse.
Blessée d'avoir tort.
Blessée de remords.
Blessée de savoir qu'elle est la seule page blanche de cette histoire.

Et elle pleure. En silence, en étouffant le moindre gémissement, sans dire un mot car elle a peur d'entendre sa voix trembler, sans faire un geste de peur d'interrompre, sans détourner le regard de peur d'arrêter d'y croire.

Et quand la musique s'arrête, comme la fin brutale d'un rêve, elle se trouve là idiote, à s'essuyer avec sa manche, elle ne trouve rien à dire mais veut dissiper la gêne, alors elle articule les premiers mots que son esprit veut bien lui donner.

▬ Pardon.

If I'm so wrong, so wrong, so wrong.
How can you listen all night long, night long, night long?
Now will it matter long after I'm gone?
Because you never learn a goddamned thing.

FT. LIU ZHU
AVRIL & CLUB DE DANSE

you're just a sad song with nothing to say

entre ciel et terre Messages : 180 Classe : E

Tell me, give me a simple lie, I guess we're running away
I bet you're running away Overzone (overzone)

elle était un recueil où l'on n'avait jamais osé trop poser les yeux, tremblant à l'idée d'en souiller la prose. Fiona, à la jolie calligraphie, aux doigts fins qui arrangent les désordres des autres, l'on s'était dit qu'il ne valait mieux pas approcher tant le monde entier s'appliquait à enjoliver son nom d'ornements aimants. Fiona s'il te plaît, Fiona merci, Fiona, délicate aimable, la belle gratitude - on tacherait ta grâce.

car au cœur des tords tu avais raison - la page blanche en commun, simplement que Liu avec le temps, s'était fait brouillon sans majuscules ni points.

à la ligne, les espaces à remplir - ils avait comblé les vides, résolu à sa place les inconnues des équations, scandés les solutions. ils étaient passés par là et ils ne sont plus ici mais ils ont signé pour lui. sans poésie aucune, à la vulgarité folle plutôt. la peau a beau être claire c'était gravé dans ses os - les mots immondes, les tournures de phrase moribondes, le tout appris par cœur comme des fables. et oui c'était laid,
et oui c'était lui. Liu difforme,
on redessine.

rature repasse réécrit chaotique c'est à l'abri des regards car ça s'éparpille dans tous les sens sans dessus dessous mains pieds bras et jambes arabesques courbes esquissées et puis brisées. ça vit dans le vacarme ça meurt dans le silence, derrière des portes fermées. la porte fermée. on ne l'a pas vu s'entrouvrir. les yeux dans les yeux du reflet c'était comme danser les paupières closes, plus rien n'existe jusqu'à ce qu'on les rouvre.

et c'était dans les miroir d'abords - tes images troubles, comme un mirage - on fait volte-face et tu es toujours là.
Fiona tu es là.
tu n'aurais pas dû voir ça
pardon.

pensé tout bas - tu dis tout haut - Liu les bras ballants se demande depuis quand tu lis dans les pensées. depuis quand tu pleures ? c'est des lectures qu'on a toujours survolé - les feuilles gondolées, c'est vraiment toi ?

Fiona ?

c'est étrange, pas vrai ? qu'on te prononce sans hésitation alors qu'on ne s'est jamais adressé la moindre parole. et Liu cherche un instant du regard ce qui aurait pu provoquer les larmes dans la salle au miroir mais il n'y a que lui il n'y a que toi, il pense lui, forcément sa faute.

qu'est-ce qu'il y a...
qu'est-ce qui ne va pas ?

en deux temps au fil des pas, doucement et puis se hâte, pour s'arrêter devant toi. sans se risquer à franchir la ligne encore, laisse comme une frontière entre vous, planté là Liu, les regards qui répètent en écho, pardon pardon pardon.

» any song anyway {{ anaël
» second song ❅ gwendoline
» Archie ∇ Drink a beer, sing a song Make a friend, can't we all get along
» totally spies theme song || feat. Cosmos et Freddie