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apocalypse now (henry)
Manolo Díaz
UNE ÉTOILE
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Manolo Díaz

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MessageSujet: apocalypse now (henry)   apocalypse now (henry) EmptySam 11 Avr - 16:39

A une certaine hauteur, l'esprit cesse de s'enfermer dans un crâne et s'élève si haut qu'il finit par contempler sa carcasse avec un détachement marqué. Ses propres désirs, ses propres émotions, s'observent comme des corps étrangers qui se fondent en un concept abstrait et très lointain.

Manolo envisageait que ses pieds bougeaient. Ils avançaient plus rapidement que la foule sans visage autour de lui, sous la couture minutieuse de la collaboration entre Raf simons et Adidas, qui formaient une paire atrocement exclusive et limitée. Sans l'aide de Leonard, Manolo n'aurait jamais pu y mettre les orteilles et les inaugurer en ce samedi banal.

Alors que leur noir fuligineux grâciait les pavés du centre ville Manolo ne les quittait pas des yeux. Elles n'étaient pas  opaque mais lustrée et par certains angles, la lumière animait l'encre dans un agréable châtoiement. Obnubilé par ce phénomène, Manolo marchait toujours sans jamais décrocher son regard du sol.

En s'habillant ce matin là, il avait figuré avec minutie la combinaison optimale pour s'accorder avec sa nouvelle paire. Le monochrome s'était imposé comme une évidence facile, et, trop arraché pour y songer d'avantage, il avait enfilé un hoodie palace puis une parka supreme et un large pantalon stussy, avant d'enfoncer sur son crâne un bonnet Acne en laine. Avant de sortir, il s'était cramé un blunt, 10g de valium et avait désormais la certitude qu'il planerait aussi bien qu'un airbus.

Il était arrivé devant le cinéma sans grand raisonnement logique et par impulsion, en saisissant une bribe de pensée à la volée. Machinalement, il mit sur son nez, des lunettes de soleils aux verres immenses et carrées, pour une allure futuriste et que la marée rouge de son regard ne le desserve pas.

Il contempla les affiches quelques longues secondes et s'arrêta sur celle de Sonic : Il se rappela de Flacco le seul de la bande de San Cristobal a avoir assez d'oseilles pour prêter ses consoles. Un enthousiasme profond et palpable sembla éclater autour de lui. Il baignait à l'intérieur de ce sentiment et d'un pas irrésistible acheta un ticket.

Le film commençait dans trente minutes et c'était assez de temps pour satisfaire les exigences requises par tout stonard qui se respecte. Les séances étaient ritualistiques et obéissaient aux désirs impérieux de la faim qui se creusent toujours plus à chaque seconde. Les benzos n'arrangeaient rien à la chose et Manolo se pressa à la supérette : pas question de renflouer les caisses de la buvette hors-de-prix. Tout juste y aurait-il exception pour le popcorn sucré-salé.

Après  une multitude d'achats compulsifs qu'il dissiumula sous ses diverses couches vestimentaires, Manolo remarqua qu'il lui restait une minute avant que les publicités ne commencent. Oh non ! Il ne pouvait pas se permettre de rater ça ! Mais il ne pouvait pas non plus faire l'impasse sur un popcorn format XXL.

Au final il arriva devant la porte de la salle deux minutes exactement après le début prévu de la séance. Le bras gauche chargé d'un carton épais de popcorn et le droit d'une bouteille de soda, il fit une entrée fracassante. Un grand coup de pied et il s'enfonça à l'intérieur.

Il ne remarqua pas les regards posés sur lui, déjà accaparé par l'écran lumineux qui lui paraissait mat derrière ses lunettes de soleil. Absent, il déambula en se figurant le meilleur endroit pour s'asseoir. Quand il avisa Henrietta Jones, tout fut d'une évidence limpide. Il se figea un instant puis scella le sort de la malheureuse d'un pas qui ne trompait pas. Il se fichait bien de ses frontières personnelles. Comme toutes choses, toutes personnes, Manolo l'envahirait sans qu'elle n'ait de mots à dire.

Avec lenteur et fatalité, il s'approcha de sa rangée, s'y aventura et à sa hauteur, parla d'une voix rauque et enthousiaste :

- Popopo Henry !! Mais quelle.. euh.. COINCIDENCEEUH!

Il siffla sur les sonorités, accentua ce mot en trois syllabes pour souligner son côté savant et l'improbabilité qu'il sorte de sa bouche. Il en était fier. Manolo enchaîna en enlevant sa parka et en déployant tout le stock de chips et gâteaux qu'il avait réussi à faire entrer.

- Kestufé la ?

Par dessus sa voix, le fond sonore d'une publicité rugissait mais Manolo n'y prêtait pas attention. Il prit place avec une gestuelle décontractée et sans doute trop décomplexée. Il fit passer une à une entre ses mains toute la bouffe qu'il avait autour de lui;

- Regarde tout ça. On va se mettre bien bien bien.

Il lui fit un clin d'oeil en oubliant qu'elle ne verrait rien derrière ses verres fumés.

- T'en fais pas c'est moi qui régale.

Henrietta Jones
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Henrietta Jones

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MessageSujet: Re: apocalypse now (henry)   apocalypse now (henry) EmptyVen 17 Avr - 1:52

Munie d’un gobelet en papier rempli de thé au lait où était inscrite une mystérieuse mention « Bob », Henry faisait la queue devant la salle. Elle aimait son thé amer, mais elle aimait aussi la crème et sa douceur dans une boisson. Elle avait préparé des carrés de chocolat noir prédécoupés dans un sopalin - le but étant de faire passer l’attente de la publicité avec, en silence, évidemment pas de se goinfrer pendant le film.

Contrairement à Manolo, le fait que Henrietta assiste à une projection de Sonic le film était le fruit d’une planification laborieuse et complexe. Elle avait ses rituels du samedi qui l’aidaient à se dépouiller de la lassitude hebdomadaire.

Armée de son habituel flegme, elle glissait dans les rues de Central Town comme une silhouette en arrière-plan, sans interactions ni directions précises apparentes. Comme d’habitude, au lieu d’être actrice de son planning, elle le vivait avec passivité, absorbait les clameurs et l’agitation, s’en éloignait comme une vague pour y revenir plus tard.

Elle avait fait la queue au coffee shop précisément quinze minutes avant le début de la séance. En temps normal, elle ne prenait jamais rien au cinéma, mais le temps grisâtre et le vent avaient eu raison d’elle - à croire qu’on ne s’habitue pas après dix-huit ans d’averses et de bourrasques versatiles.

Au moment où on lui avait demandé « un nom pour la boisson ? », sous la pression de la file d’attente gonflant dans son dos et du regard impatient du barista, elle avait soufflé « Bob » et le regard surpris de l’employé du café lui avait indiqué qu’elle aurait dû donner son prénom, et non pas baptiser son gobelet.

Le chocolat, lui, était un reste de Nancy qui avait dû l’oublier dans sa chambre quand elle était venue raconter sa vie, comme presque tous les soirs. Elle avait pensé qu’il fondrait si elle le laissait sur son bureau et l’avait emporté avec elle pour le consommer au plus vite.

Enfin, sa place de cinéma avait été réservée la veille sur internet au terme d’une longue réflexion sur les différents films l’affiche. Elle avait conclu qu’elle risquait d’éprouver plus d’empathie pour un hérisson bleu parlant modélisé par des ordinateurs que pour des vrais acteurs (tous aussi bons qu’ils soient, Henry leur dénichait forcément un défaut, une particularité, et les prenait en grippe comme si elle les avait connus dans la vraie vie).

Peut-être aussi qu’un film pour enfants était sa crème dans le thé amer.

Elle soufflait encore sur le sien quand elle remarqua Diaz s’approcher, incrédule et résignée. Après toutes ces années, elle pensait toujours qu’il se trompait en lui parlant et qu’il avait oublié qu’elle était ennuyeuse.

« Comme tous les premiers samedis du mois, je viens ici » dit-elle en chuchotant à moitié, alors que les publicités n’avaient même pas encore commencé, l'incitant ainsi à faire de même.
Ces visites mensuelles faisait partie de son plan pour se familiariser avec le monde extérieur. Elle n’oubliait pas que bientôt, il faudrait partir de l’académie et côtoyer des vrais gens ; aussi assimiler leur culture lui semblait être une étape indispensable à sa bonne intégration dans la société.

« Tu as ramené tout ça ? » et on pouvait percevoir l’étonnement persiflé, qui se muait bien vite en horreur quand elle comprit qu’il allait surtout manger tout ça. Il commençait déjà à faire crisser les emballages plastiques et les lumières s’éteignaient - il était trop tard, et le piège s’était refermé sur elle. Sa main se crispa sur l'accoudoir.


j'ai oublié de créditer mais le coup de la boisson Starbucks qui s'appelle bob j'ai vu ça sur tumblr. j'ai plus le post par contre

Manolo Díaz
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Manolo Díaz

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MessageSujet: Re: apocalypse now (henry)   apocalypse now (henry) EmptyLun 20 Avr - 20:39

C'était sans doute un peu idiot.

La main figurative qu'il s'évertuait à tendre vers Henrietta ne serait sans doute jamais prise ; Il le pensait souvent. Il y songea à nouveau quand il détailla son regard juste avant que les lumières ne s'éteignent, où  elle sembla accueillir tout son enthousiasme par un grand coup de froid. Ils n'étaient pas du tout sur la même vibe : C'est ce lui disait son cerveau intoxiqué et sa conscience surélevé mais Manolo comme de tout, n'en faisait pas grand cas.

Pour cela il aurait fallu qu'il porte en lui des espérances mais Manolo ne rêvait plus le soir. Ainsi, l'intense forçage qu'il faisait subir à Henrietta, n'avait pas de finalité si ce n'était de le divertir. Vaguement interpellé par un paysage alien, il souhaitait en appréhender la géométrie et la composition. C'était cette idée subconsciente qui l'agitait. De manière plus basique, ça le pliait simplement en deux.

- ouais guette un peu.

La salle était tombée dans l'ombre. Le premier spot publicitaire commençait et ça serait sans doute une pub de caisse ou de parfum mais Manolo n'y prêtait pas attention. Il avait accompagné sa déclaration d'un geste ample du poignet pour allumer la fonction torche de son téléphone.

- j'ai des Hunky Dorys, des Hula Hoops, des Skittles, pas de Doritos paske ils savent pas les faire piquants ici. Et un ptit fanta pour faire passer tout ça. Tu veux commencer par quoi ?

Il l'observait intensément par derrière ses lunettes sans songer à tout le raffut qu'il était en train de causer, trop heureux de pouvoir exposer à Henrietta toutes ses merveilles qui coûtait un bras à sa pauvre étoile.

Sans attendre une seconde de plus, il voulut déchirer sans ménagement un emballage de chips. Le plastique se froissa avec un bruit un peu grinçant mais résista à ses efforts alors Manolo opta pour la seconde option. Son poing se resserra fermement en faisant gonfler le paquet et de sa main libre, Manolo y fourra un grand coup. Quelques chips tombèrent sur ses genoux en même temps qu'un pop sonore.

- ah la pute !! putain j'ai les nerfs !!

Il contempla avec un semblant d'horreur son pantalon enseveli par des granules jaunâtres avant de décider qu'avaler une fournée de chips était plus urgent. Goulûment, il en mit le plus possible et referma sa mâchoire avec violence. Il eut à peine le temps d'avaler qu'il avait déjà recommencé. La foncedalle le taraudait et demandait à être satisfaite.

- désolé j'ai trop les crocs

Il remarqua pour la première fois son gobelet. Il l'observa avec une curiosité non dissimulée la bouche entrouverte et lâcha alors la poignée de chips pour l'éclairer de son téléphone. En reconnaissant la marque, sa bouche devint une fente hilare.

- tu bois du café au ciné. putain Henrietta c'est grave là.

Un autre détail le fit froncer des sourcils.

- c'est qui Bob ?


Henrietta Jones
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MessageSujet: Re: apocalypse now (henry)   apocalypse now (henry) EmptyVen 24 Avr - 1:06

Manolo était protégé par ses verres fumés et son état second. Il ne pouvait pas percevoir l’intensité du regard d’Henrietta qui dans le noir de la salle semblait vouloir l’incendier sur place.

La terre de la misophonie est un enfer vivant. On est contraint à subir son sort sans avoir aucun empire sur ce supplice permanent. Ça grouille de bruits de mastication, de succion, d’ongles qui se font ronger, de doigts qui tapotent. Sisyphe et Tantale peuvent s’arrêter pour applaudir ces martyrs du quotidien qui traversent les sept cercles des vacarmes en silence. Contraints par les conventions sociales, ils acceptent leurs tourments sans broncher.

Or des conventions sociales avec Manolo, il n’y en a pas. C’est bien la seule chose qu’elle ait apprise à son contact pendant des années. Pourquoi le mec défoncé parlait à la gamine amère ? Aucun scénario habituel ne pouvait vraiment l’expliquer. Et c’est qu’Henry ne s’étonnait même plus. Il débarquait, s’asseyait à côté d’elle pour regarder Sonic pendant une heure et demie. La logique et la rationalité ne figurent pas à ce tableau-là.

Ses sourcils se froncent, ses muscles se raidissent.
Elle attend qu’une publicité particulièrement bruyante survienne pour répondre à sa question et se penche vers lui pour lui parler à l’oreille :

« Au café. On m’a demandé un prénom. C’était Bob du coup. »

La publicité est finie, elle a eu le temps d’expliquer les grandes lignes de son histoire en couvrant sa voix par les bruits d’explosion du prochain film avec The Rock.
Elle espère lui faire comprendre qu’elle ne veut pas déranger les autres spectateurs (un groupe de collégiens à l’autre bout de la salle) et qu’elle n’est pas là pour la conversation. Cependant, elle connaît assez de notes de la partition de Manolo pour savoir qu’il n’en respecterait aucune.

Le tapage de ses paquets de chips est infernal.
Ses écoutilles filtrent tout, sauf le chahut des chips qui croustillent en rythme. Elle a l'impression d'être assourdie par le raffut buccal du mexicain.

La plupart des gens atteints de misophonie ont assez de respect envers leur cercle social pour se maintenir à distance et ne rien dire. Ce n’est pas le cas de Henrietta.

Elle saisit brusquement le poignet de Manolo qui allait déjà chercher une nouvelle fournée de Dorys. Le but n’était pas tellement de le contraindre à s’immobiliser. C’était de rendre son intention explicite.

« Manolo. Tu ne peux pas venir au cinéma pour faire ça. »

Manolo Díaz
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MessageSujet: Re: apocalypse now (henry)   apocalypse now (henry) EmptyDim 26 Avr - 10:13

Manolo était un excellent public.

Même la banale histoire d'un nom sur un gobelet dans un café starbuck, était suffisante pour le faire réagir. Il babilla quelque chose qui ressemblait à une plaisanterie, Henrietta ne saurait jamais, puisque sa bouche remplie de chips qui se trouvaient dans le processus de se faire écraser, ne formula qu'une suite de sons  atroces, goulus et croustillants à souhaits.

Convaincu que ce bref échange était le signal d'une complicité toute neuve, un enthousiasme vif agita ses yeux et ses lèvres. Il s'étira en un sourire et s'apprêta à se répandre en commentaires élogieux sur le physique monstrueux de Dwayne Johnson mais n'en eut pas l'occasion. Avant qu'il puisse à nouveau faire subir un supplice certain aux tympas d'Henrietta, avec l'indifférence dévastatrice d'un mec arraché à à peine 15h de l'après-midi, elle l'arrêta net.

Manolo tu ne peux pas venir au cinéma pour faire ça.

L'impératif se déclinait également dans la main d'Henrietta qui emprisonnait fermement son poignet. C'était sans doute le premier contact physique qu'elle ait jamais incité, mais à l'endroit exact où leurs peaux se rencontraient, ils étaient aux antipodes.

Un kilométrage impossible les séparait. Dans une vie plus normale, jamais ils n'auraient dû se fréquenter. Les gens de leurs milieux ne se mélangeaient pas car ils empruntaient des trajectoires parralèles.

Mais le destin avait voulu ici que les lignes dévient. Pourtant, alors qu'elles entraient en collision et qu'elles se rencontraient physiquement, l'ampleur de ce qui les séparait restait toujours aussi vaste.

Cette distance, Manolo la considérait avec une indifférence glacée. S'il piétinait allègrement le savoir-vivre, les conventions et les manières si chères à Henrietta, ce n'était pas par accident. Il retira cependant sa main avec la honte et la précipitation d'un enfant pris sur le fait. C'était comme ça qu'il comptait l'attendrir ; A force de bêtise et d'innocence.

La brusquerie se pardonne mieux sous le jour de la maladresse, plutôt que lorsqu'elle est le fruit d'un cynisme profond.

- Faire quoi ? Je suis juste en train de grailler et c'est les pubs. tranquille.

Il s'équipait d'une franchise désarmante et enleva même ses lunettes pour écarquiller les yeux, alors qu'il l'observait avec rondeur en chuchotant tout bas. Dans ses pensées, Manolo riait de bon coeur car il ne prenait rien au sérieux. La droiture linéaire d'Henrietta, la rigidité de sa structure faciale, menaçaient de le faire rire. Il retint un gloussement en enfonçant sa gueule dans le revers de sa manche, mimant de s'essuyer la bouche.

- T'inquiète y a sonneper là. Détends toi.

Il aspirait à la voir un jour sortir de son milieu naturel où la désinvolture ne semblait pas exister. C'était tripant d'y songer et d'imaginer une meuf guindée comme elle évoluer sans retenue. Il attendait le jour où elle serait déchirée comme la renaissance du christ.
En attendant il se contentrait de la tirer par le bras dans l'espoir qu'elle bascule vers son chemin à lui.

Pour se donner en exemple, il se laissa avachir profondément sur son siège et balança ses Adidas sur la tête de celui d'en face. Il les bougea un peu pour qu'elles s'exhibent à la lueur du contre-jour.

- Tiens d'ailleurs, guette un peu mes pompes. Prooooopre hein.

Le film était sur le point de commencer tous commes les saillies verbeuses de Manolo n'en était qu'à leurs genèses.

- Tu veux du popcorn ?

Il secoua la boite sous son nez. Elle empestait sans doute le beurre.
Il n'en serait jamais désolé.


Henrietta Jones
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MessageSujet: Re: apocalypse now (henry)   apocalypse now (henry) EmptyMer 29 Avr - 22:35

La racine ne prend pas, Henrietta est une terre aride pour ce que veut semer Manolo. Ses digues en béton armé résisteront contre ses vagues insolentes. Et quand son imperméabilité au chaos s’use, elle fuit.
A l’instant, elle repense à toutes ces fois où elle s’est dérobée aux pitreries du mexicain, à défaut de pouvoir y répondre. Elle ne veut pas lui offrir ce qu’il désire voir en elle, ce qui est contenu enveloppé sous d’épaisses couches de flegme.

« Ce n’est pas pour les autres. » Elle n’a jamais eu de considération pour ses pairs. « C’est pour moi. » Chaque mot est articulé avec une colère froide, presque imperceptible parmi le bouquet d’indifférence qu’elle offre d’habitude. Sa voix est si basse qu’il ne l’a probablement pas entendue.

Elle se demande pourquoi elle ne se lève pas immédiatement pour partir. C’est ce qu’elle aurait fait dans d’autres circonstances, sans une ombre d’hésitation. Elle ne s’était jamais souciée de Manolo qui l’empêche de lire ou de se concentrer sur ses devoirs, parce qu’elle sait qu’il est infroissable. Mais elle sait qu’il y a toujours un arrière-goût s’insatisfaction quand elle coupe court à ses scènes. Ou plutôt ce goût acre entre le dépit et la honte, car elle s’est toujours donné pour principe d’être directe et honnête.
Elle lui prend un pop-corn en le dévisageant.

Le film a commencé. Elle se dit que c’est suffisamment ridicule qu’elle soit allée voir Sonic Le Film, mais que si en plus sa séance se soldait par un échec et un retrait des troupes, elle ne pourrait jamais plus vivre avec elle-même.

Il est impossible de se concentrer sur le film avec les bruits de mastication. Elle reporte son attention sur son voisin tandis qu’elle mord dans son unique pop-corn avec une lenteur comique.

Le visage de Manolo est illuminé, pas seulement par le projecteur numérique sur la toile : il a l’air époustouflé par tout ce qu’il se passe sur l’écran. Quand Sonic lance une plaisanterie avec verve, il éclate de rire ; elle n’a jamais vu quelqu’un d’aussi heureux. Quand il enfourne une poignée de chips dans sa bouche, il la mâche avec passion et rage.
C’est peut-être pour ça qu’elle ne partait pas. C’est que Manolo était une expérience extraordinaire de la vie, il était d’une réalité alternative qu’elle considérait comme de la science-fiction.

Quand l’observation la lasse et les pensées tarissent, le vacarme revient dans ses tympans plus fort que jamais et elle éprouve de nouveau la sourde furie qui bat dans ses tempes. Sa maîtrise des émotions s’affaiblit. Elle sent qu’elle va craquer.

« Fais-moi une faveur. Arrête ça. » Elle réfléchit à un moyen qui pourrait l’inciter à calmer sa gloutonnerie assommante. « Je te la retournerai plus tard. S’il te plait. »

C'est un ultimatum.

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