Oh, le retour à la normale était des plus perturbants pour l'infirmière. Après cette panique, ces coups de feu, l'incendie et tous ces mystères.. Guenièvre était perdue. Que ce passait-il donc dans cette Académie auquel la jeune femme avait longtemps cru ? Certes, elle connaissait les failles de ce système élitiste mais elle pensait que c'était simplement ça : un système élitiste. Pas un système si dangereux et désormais, elle ne pouvait que penser à la classe de dangereux. Que faisait-il dans ces missions ? Etaient-ils confronté à d'horribles événements ? Bien sûr que oui, mais à quel niveau ? A quel point leur vie était-elle devenue dangereuse ? Toutes ces pensées torturaient le pauvre cerveau de Guenièvre. Elle qui était si douce, si compatissante, était-elle trop tolérante envers un intolérable que l'Académie cachait ? Ou était-ce le monde, là, dehors, qui était intolérable ? La jeune femme n'arrivait toujours pas à savoir.
Et dans ces tourments solitaires, elle se perdait, beaucoup trop. Un soupir, le corps se releva du fauteuil moelleux de son salon. Pourquoi se morfondre ? Guenièvre pouvait très bien rejoindre quelqu'un. Un message tapé en vitesse sur le précieux portable, l'infirmière contactait cette professeure qui commençait à devenir une amie pour la prévenir de son arrivée imminente chez elle, comme cela arrivait ces derniers temps. Il fallait dire que Guenièvre était une bien jeune infirmière et la charmante Mona avait été dès le début très sympathique à son égard. Aussi silencieuse qu'elle soit, la jeune femme appréciait la compagnie et celle de Mona était fort plaisante, assez pour qu'elle veuille passer du temps avec elle avec qui elle avait été à l'aise dès le premier mot échangé.

La blouse d'infirmière fut remplacée par une veste sur la robe fourreau, une bouteille de qualité fut prise dans l'armoire et perchée sur ses escarpins, Guenièvre alla rejoindre les appartements de Mona, espérant ne pas trop déranger.

Un petit sourire aux lèvres, elle toqua à la porte. Et pour seul salut, elle tendit la bouteille et eut un de ses sourires qui voulaient tout dire, le regard un peu désespéré, les commissures hésitantes, tout criait "j'ai besoin d'un verre avec toi avant de devenir folle".


 

 
Pas besoin de mot pour comprendre. Guenièvre vit de suite les yeux cernés de la jolie professeure. L'infirmière n'était pas la seule à être perturbée. Un sourire vain couvrit ses lèvres, répondant à la douceur des mots de Mona. Quelle joie de pouvoir se réfugier chez elle. Vite elle fut débarrassée de ses affaires et avec, la douleur solitaire s'en alla. Elle allait pouvoir échanger en toute sécurité. Parce que dans sa naïveté, Guenièvre avait accordé sa confiance à la brune, et elle estimait que sa naïveté ne la trompait pas cette fois.

Les pas menèrent jusqu'au canapé où l'infirmière s'empressa de se laisser choir, accueillant le verre de vin avec un merci. Une grande gorgée déjà vint la nourrir et un soupir ne put que quitter ses lèvres aux mots de Mona. Son regard désemparé ne pouvait que faire comprendre les difficultés du moment. La professeure ne parlait pas le langage des signes si bien qu'il lui fallut sortir son téléphone pour laisser la voix mécanique parler.

"Rien d'exceptionnel depuis la fameuse nuit.. J'ai juste du mal à m'y faire. Je me sens plus autant droite dans mes bottes, je sais plus quoi croire. Et puis je culpabilise, est-ce que c'est à ce genre de danger que la classe des dangereux est exposée pendant que nous sommes dans notre petite bulle ?"

Un autre soupir, elle prit une autre gorgée de vin, plus raisonnable que la première avant que sa main douce ne vienne prendre celle de Mona. Un soutien léger, mais celui d'un coeur entier, plein d'inquiétude.

"Et toi Mona ? Tu as l'air fatigué.."