Sujet: (end) vertige ☆ gabi&robin (bal) Mar 29 Oct - 23:03
— vertigeGABRIELLE & ROBIN (BAL)
Robin avait repoussé le moment fatidique encore et encore jusqu’à ce que le bal ne démarre ; pétrifié de trac à l’idée de faire une bourde ou de se prendre un râteau. Pourtant, il s’était déjà déclaré à Gabrielle dans le passé, et la moitié de l’école au moins devait être au courant de son crush pour les beaux yeux bleus de la demoiselle. Mais cette fois c’était différent ; il ne voulait pas juste lui dire qu’il l’aimait à la va-vite comme il l’avait fait la dernière fois que ça lui avait échappé, il voulait faire les choses bien, tout comme il faut. Et le seul cadre qui à ses yeux d’amoureux transi était à la hauteur de sa belle, c’était bien la dernière danse du bal de clôture. Il espérait certainement que la magie étrange qui entourait l’évènement lui filerait un petit coup de main pour une fois.
À l’écart des autres, plus près de la rivière argentée, Robin attendait sa douce à qui il avait réussi à demander un moment en privé à grand recours de sms puisqu’il n’avait pas osé l’interrompre en pleine discussion avec ses amis. Coincé son costume un peu froissé, et ses mèches rebelles plaquées sur le crâne parce qu’il avait un peu abusé du gel, Robin avait l’impression d’être encore plus gauche que d’habitude. Il n’arrivait pas à tenir en place, si bien qu’il avait cueillit toutes les petites fleurs qu’il avait pu repérer sur la berge en l’attendant –il pourrait prétexter que c’était pour plus de romantisme, mais en vérité c’était simplement pour occuper son corps trop nerveux pour rester tranquille.
Et puis enfin, après une attendre sûrement pas si longue mais qui lui avait parue interminable elle était enfin arrivée.
« Ouah… »
Elle était superbe dans sa robe illuminée par le clair de lune et les néons colorés qui décoraient les lieux. Robin se racla la gorge, soudain droit comme un piquet, et cacha les fleurs dans son dos dans un réflexe idiot.
« Gabrielle !! Euh, salut ! »
On avait mieux fait comme entrée en matière mais ça pouvait encore aller…
« Merci d’être venue… »
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Gabrielle S. O'Brien
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Sujet: Re: (end) vertige ☆ gabi&robin (bal) Jeu 28 Nov - 12:51
vertige (bal) robin x gabrielle
robin tu sais entre tes lèvres au creux de ton sourire à la naissance de tes paupières tout semblait si simple - et quand bien même les orages les tempêtes de ton innocence tu avais tout balayé de son monde ténébreux, réchauffé les nuits solitaires où la honte et le dégoût lui donnaient le tournis, l'image d'elle-même fracassée dans le reflet de son miroir et sa seule douleur en compagnie ; mais sur ton destrier en papier blanc tu lui envoyais des mots d'amour non dissimulé et les tentatives hasardeuses de t'immiscer dans son univers de décrépitude lui redonnait un peu cette vitalité dont elle se faisait déesse, pour masquer la laideur de ses viscères
des rosées imaginaires pavées sur son passage, Gabrielle parée de blanc et bleu d'un ciel sans nuage elle avait checké une dernière fois vos messages échangés, d'une banalité certaine et avec toute la lourdeur des aveux qu'on lui avait confiés à ton sujet, elle s'était élancée, impériale, pour venir à ta hauteur - et lever les yeux vers ton visage, pour affronter la hauteur que tu ne lui imposais jamais.
« bonsoir, Robin. »
ses lèvres avaient fleuri doucement dans un sourire nu de tout vice - il n'y en avait pas entre vous deux, et ça c'était bien grâce à toi, en fin de compte.
« c'est normal, une promesse est une promesse »
sa main vient estomper les rougeurs fantasmées sur son visage maquillé, et elle baisse un peu les yeux ; elle allait rompre toute cette inconscience et elle s'en mordait les lèvres ; pas comme d'habitude malgré tout.
« il fallait que je te parle de toute façon.... oh, c'est des fleurs que t'as derrière toi ? » comme l'aveu qui ne sort pas, sa voix s'était rallumée au dernier moment tandis qu'elle fixait les pétales devinées dans ton dos - et elle éclate de rire « c'est trop chou! t'es vraiment un amour, Robin »
le silence pesant revenait sans cesse, quand bien même il ne s'exprimait pas, il formait une chape de plomb au-dessus de vos deux têtes ; alors elle t'offre son bras hâtivement.
Robin comprenait beaucoup mieux ce qui se disait dans les chansons d’amour depuis qu’il s’était plongé dans les yeux de Gabrielle pour ne plus jamais remonter à la surface de cette immensité bleue. Les détonations dans le cœur, les yeux qui font comme des revolvers qu’on décharge dans la poitrine au moindre battement de cil et les mots pourtant simples qui fondent dans l’oreille et provoquent des frissons qu’on ne saurait nommer –tout ça, il ne l’avait jamais connu avant celle qui aujourd’hui lui semblait briller plus fort que toutes les autres lumières qui éclairaient la nuit. Au diable néons, étoiles et lune d’argent pour l’amoureux transi. C’était peut-être parce qu’elle l’éblouissait trop que Robin ne décela pas encore l’ombre qui venait troubler son regard derrière ses grands cils noirs.
« Il fallait que je te parle de toute façon... oh, c'est des fleurs que t'as derrière toi ? — Hein ? Ah ! Oui…, il avoua presque penaud de gêne en lui tendant la poignée de marguerites qu’il cachait derrière son dos. — C'est trop chou! t'es vraiment un amour, Robin. »
Si elle comptait l’achever, elle était bien partie ; ça cognait si fort dans sa cage thoracique qu’il s’en sentirait presque nauséeux. Ça faisait une nouvelle expression de chanson qu’elle lui faisait comprendre –maladie d’amour et autres papillons avalés tout crus.
« Euh, bah non c’est rien du tout en plus c’est même pas des roses et tout, commençait-il à bafouiller sans plus savoir où se mettre, terrassé par l’impression d’être en train de se liquéfier sur place –ironique pour un type qui maîtrise l’eau. — Tu me fais l'honneur d'une danse ? »
Toujours, avec la grâce qui était sienne, Gabrielle arrivait à stopper ses confusions internes en mettant tout simplement fin au cours de ses pensées. Le visage de Robin prit une teinte tout à fait rouge et les lèvres pincées pour s’éviter de rire comme un détraqué sous la joie incommensurable qu’une question si simple lui procurait, il ne parvint même pas à articuler une réponse compréhensible, si bien qu’il hocha vigoureusement la tête pour lui faire comprendre que oui, il la voulait cette danse, et tellement plus si seulement elle voulait bien le lui donner. Être son indispensable, et enfin son monde serait parfait.
Maladroit, il laissa la jeune fille guider les premiers pas et lui indiquer où il devait poser ses mains ; non pas qu’il ne savait pas où les mettre pour danser mais plutôt qu’il osait à peine la toucher de peur de se réveiller d’un rêve au moindre contact. Mais Gabrielle sentait bon le parfum de fille et la liberté, et au fil des pas Robin reprenait petit à petit consistance ; elle lui donnait des ailes comme elle nouait son estomac au moindre regard.
« Gabrielle je— »
C’était plus difficile à dire maintenant que tout le décor autour de lui semblait avoir été posé là dans l’attente de sa déclaration, comme si cette fois plus que les autres, il fallait réussir son coup, au risque de n’avoir plus jamais de nouvelle chance. Il déglutit, difficilement, et détourna peut-être un peu le regard de peur de ne pas réussir à parler s’il se laissait encore happer par ses yeux.
« J-Je t’aime. »
Il l’avait dit les yeux fermés, comme on ferme les yeux lors d’une piqûre pour que ça passer sans avoir à regarder. Et maintenant que le plus dur était fait, le reste suivit plus naturellement.
« Je veux pas que tu penses que je dis ça en l’air comme la dernière fois parce que je le pensais déjà avant et je le pense plus fort aujourd’hui. »
C’était son cœur tout entier qu’il laissait à sa merci, parce que Robin, trop tendre, Robin, donnait toujours tout de lui-même pour les élus de son amour, parce qu’il compensait ce qu’il avait manqué en inondant les autres, peut-être au point de perdre pied. Mais qu’importe, pour ses beaux yeux, il voulait bien risquer de se noyer.
« E-Est-ce que tu veux bien être ma cavalière pour la Dernière Danse s'il te plaît ? »
Et pour le reste de nos vie, si c’est pas trop demander– sans pression, hein.
toute petite Gabrielle s'était imaginée princesse de conte de fées : vivant sur les hauteurs des collines verdoyantes dans un château presque enchanté - et bien là parce que les fées n'existaient pas elle avait renoncé à l'idée - entouré de tout ceux qu'elle avait aimé et puis le seul qu'elle aimerait plus que tout - son prince charmant son univers son monde entier dans des iris bleues et des bras réconfortants, puissants, guerriers, l'amour triomphant après maintes et maintes péripéties la peur l'angoisse le doute et puis l'absolution ; la princesse secourue son âme serait sauvée.
le temps avait fané ses idéaux chevaleresques et délirants la vie lui avait appris qu'un jour il fallait devenir grande et son aîné s'était occupé du reste pour fracasser entre des murs blancs et une demeure familiale ses ambitions d'épanouissement sans nuances. alors elle s'était jeté dans les bras de ceux qui le voulaient bien pour piétiner un peu plus son corps ravagé, tue les promesses d'avenir sur des sommiers sans lendemain et mis sous clé les sentiments débordants d'amour qu'elle avait à offrir - pour de vrai.
et puis ces mots, tout ça cet amour que tu lui offres sans retenue, elle ne l'avait pas vu venir : pas si fort pas comme ça pas sans cris sans pleurs simplement juste le souffle doux d'une déclaration sincère. Un instant, dans tes yeux elle cherchait le vice et le mensonge - et quand il n'y avait rien de plus que des promesses en coeurs et des tendresses au bord des cils, Gabrielle perd pied - trébuche aussi pour de vrai et se rattrape à ton bras sans relever la tête.
elle ne peut plus te regarder Gabrielle.
« Robin... »
dans ton prénom murmure l'espace d'un instant, elle décelait elle-même les espoirs qu'elle pouvait faire naître - et tout ça n'avait rien d'un mensonge son coeur tambourine et lui hurle toute la vérité de tes mots alors ça fait mal elle se mord les lèvres plus fort que jamais, ça saigne presque et elle hésite - parce qu'au fond, les sentiments n'étaient pas le vrai problème.
ses mains agrippent tes doigts, ses yeux se perdent sur ta peau et la sienne - l'une absolue l'autre sacrilège - elle serre un peu plus ta main et voit déjà la chute arriver si vite que ça lui fait peur sa respiration s'accélère mais après tout elle n'a pas le droit ça n'est pas elle qui souffrira le plus à la fin de cette danse mais bien toi et c'est bien ça qui fait le plus mal toi qui n'a jamais fait de mal à personne
« je suis désolée... »
et puis déjà elle entend ton coeur s'écraser à ses pieds dans toute sa prétention et elle ne veut pas écouter une seconde de plus le bruit affolant de ce qu'elle t'infligeait sans vraiment le vouloir. alors elle affronte tes yeux, ces yeux plein d'amour pour elle, elle qui peine à s'aimer même un peu.
« j'ai déjà fait une promesse, pour la dernière danse »une promesse est une promesse - elle tourne vos deux regards vers le tout nouveau major et elle voit d'ici son avenir avec lui, alors elle frémit, mais elle ne tremble pas plus - elle ne s'en octroiera pas le droit face à toi « je ne peux pas le trahir, pas maintenant »pas avec toi.
et si ? parce que Gabrielle savait, depuis plusieurs jours - on lui avait dit pourtant alors elle s'en veut un peu plus de t'avoir tendu la main comme si de rien n'était comme si ça ne te faisait rien comme si t'allais l'aimer sans rien demander en retour
tu m'offres ton amour pour moi - et le mien aussi
comme si jamais tu n'allais la quitter l'abandonner et arrêter de l'aimer - pour toujours
« je te demande pardon, j'aurai pas dû te proposer quoi que ce soit alors que je savais... »
et ses mots sortent plus vite que ce qu'elle n'aurait voulu elle panique elle se fige et elle n'ose plus vraiment te regarder cette fois - elle savait et elle n'a rien dit et d'en bas elle guette ta réaction la colère la tristesse quelque chose mais elle te suppliait en silence de ne pas rester indifférent et de prouver qu'à tes yeux elle existait encore égoïste
Robin n’avait pas décollé les yeux du sol en parlant, et dans l’attente de sa réponse son souffle s’était pendu au bout de ses lèvres, fébrile, le cœur tambourinant dans sa poitrine. C’était comme si toute sa vie se jouait sur cet instant précis, sur la forme que prendront les lèvres de Gabrielle quand elle formulera les mots fatals et la fièvre l’assommait tant est si bien qu’il se demanda un instant s’il n’était pas réellement tombé malade, abasourdi de constater l’étendue des effets qu’elle pouvait avoir sur lui. Mais la réponse ne venait pas encore, et Robin, au bord de l’asphyxie, se risqua finalement à croiser son regard et il y avait dans ses yeux quelque chose d’étrange et insondable qu’il n’avait peut-être encore jamais vu auparavant. Quand Gabrielle trébucha et se rattrapa à lui, il sursauta si bien qu’il songea un instant avoir frôlé la crise cardiaque. Si près d’elle, il pouvait sentir le parfum de ses cheveux, la chaleur qui émanait d’elle malgré la fournaise qui s’embrasait sous son costume mal ajusté, et il se sentait pris d’élans presque primitifs, viscéraux –il la voulait plus près encore, au creux de ses bras et déposer des milliards de baisers d’amour tendre sur ce visage qui le hantait si bien. Mais Robin n’en ferait rien tant qu’elle ne lui aura pas dit oui, et tandis qu’il se consumait sur place dans son ardeur adolescente, le soleil semblait s’être couché dans dans les yeux de Gabrielle pour faire place au froid timide de la nuit. Et son cœur déjà semblait s’alourdir et tirer vers le bas.
« Robin… elle glissa sa main dans la sienne et il s’y accrocha peut-être un peu trop fort, comme un naufragé à sa bouée –c’était ridicule pourtant, il n’allait mourir quoiqu’elle puisse lui avouer, et pourtant c’était tout comme pour celui qui, désespérément, désirait avant tout être aimé. Je suis désolée… »
Ah. C’était couru d’avance, pas vrai ? Quoi ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Évidemment.
« J'ai déjà fait une promesse, pour la dernière danse… Je ne peux pas le trahir, pas maintenant. »
C’est qu’une foutue danse, ça veut rien dire. Une promesse est une promesse. Il avait toujours une chance après le festival, hein ? Mais c’est pas n’importe quelle danse, et si c’était pas important, elle le dirait clairement. Je– Et puis Robin, regarde les choses en face… Non… Tu n’es que Robin, et elle est Gabrielle. Stop ! Pourquoi voudrait-elle de toi ?
Il avait perdu un peu de sa contenance –si tant était qu’il en avait– il est vrai. L’agitation qui faisait trembler son corps s’était calmée aussitôt et ses épaules s’étaient affaissées, lui donnant un air penaud, et un peu sonné, comme s’il venait de se prendre un coup dans le ventre, un air béat et vaguement triste se dessina sur son visage. Il tenta d’articuler un mot mais pas un son ne sortit de sa gorge. Ça mettait du temps à monter tout en haut.
« Je te demande pardon, j'aurai pas dû te proposer quoi que ce soit alors que je savais... — Je… Hein ? »
L’occasion de retarder encore un peu le moment où il allait devoir affronter ses émotions se présenta sous forme d’une question qui lui vint aussitôt.
« Que tu savais quoi ? »
Qu’on lui laisse encore un peu le répit du déni avant de faire face aux conséquences de ses amours éparpillées.
elle espérait que ta gentillesse prendrait le pas sur le reste - les doutes les questions les réponses elle se sent mal elle a le vertige quand ton regard se pose sur elle et qu'elle n'y trouve plus autant d'amour d'un coup - pas cet amour sans conditions qui existait jusqu'alors.
ses lèvres se pincent elle ne sait pas vraiment quoi te répondre et ses yeux fixent le sol comme si une idée miraculeuse allait naître dans son esprit embrumé. elle retire ses mains des tiennes brusquement comme si tout contact allait putréfier les restes de relation entre vous et une rage sourde qui venait d'un inconnu lointain fit battre son coeur, sa langue claque contre son palais et puis tu étais toujours là à attendre.
« On m'a dit que tu étais amoureux de moi. Pour de vrai, j'veux dire. »
pour de vrai tu l'avais chéris plus que le reste, placée sur un piédestal alors qu'elle n'en méritait pas tant et de sa hauteur elle avait joué sans vraiment le vouloir - elle avait maltraité ton coeur et elle continuait encore.
« c'est ça, que je voulais te dire ce soir. »
et puis l'ignoble vérité pour toi faisait surface sous les couches de tendresses et les sourires amoureux elle devait bien te l'avouer te dire pour qui son coeur battait alors que son corps entier tremblait de briser le tien.
« Ace m'a dit aussi que vous étiez amis. »aussi. a u s s i« et lui et moi.... on est proches, en fait. Je voulais t'en parler moi-même. » et puis elle s'embrouille, devient confuse, les idées se bousculent et elle ne sait plus trop ce qu'elle doit te dire ou pas ; c'est comme si ton amour lui sommait de crier la vérité simple, pure, laide s'il en était. même si elle ne te devait rien, même si il n'y avait pas de sentiments - tout le monde le dit - et même si tout ça au fond, c'est un amour d'enfant.
« ne gâche pas une amitié pour moi, s'il te plaît, ça n'en vaut pas la peine. »
elle avait pas le droit de te dire ça, Gabrielle - ça en valait la peine si tu l'avais décidé ainsi mais dans sa lâcheté elle devait te le dire pour pouvoir se justifier si jamais on lui demandait ; elle se ferait passer pour une victime sous des airs de coupable assumés. théâtrale gabrielle le silence et le froid entre vous l'angoisse alors elle flanche.
« On m'a dit que tu étais amoureux de moi. Pour de vrai, j'veux dire. »
Robin prit un air un peu circonspect, mais ne dit rien et la laissa continuer. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle semblait en faire tout un plat car il lui semblait que l’école entière était au courant de ses sentiments pour elle, et il ne voyait pas l’intérêt qu’elle avait à s’excuser. Elle avait retiré ses mains des siennes et le froid soudain l’avait un peu ébranlé ; dans sa poitrine son cœur semblait suspendu dans sa chute, quelque part entre la poitrine et l’estomac, immobilisé hors du temps et de l’espace dans une non-réalisation totale. Et tandis que Gabrielle continuait de parler, Robin, sans le vouloir avait peut-être un peu glissé hors de sa réalité pour se protéger.
« Ace m'a dit aussi que vous étiez amis. Et lui et moi.... on est proches, en fait. Je voulais t'en parler moi-même. »
L’adolescent fronça les sourcils à la mention de son ami, interrogateur –que venait-il faire là-dedans ? Que voulait-elle dire par– Ah. Robin songea à la discussion qu’il avait eu avec lui l’autre fois, et enfin les pièces du puzzle semblaient s’emboîter entre elles. La douleur revint doucereuse, fugace et lancinante, et peut-être y avait-il aussi un peu de colère. Merde, quoi.
« Dis quelque chose, s'il te plaît… »
La supplice l’avait tiré de sa perdition de l’esprit et il avait posé les yeux sur Gabrielle. Son regard lui collait toujours des frissons et lui tordait l’estomac dans une chaleur moite, mais c’était désormais mêlé d’un froid terrible qui venait goutte à goutte tiédir ses émois. Mais Robin, il ne voulait pas la voir triste ; alors il enfila son sourire –peut-être un peu moins enjoué que d’ordinaire, mais il fallait dire qu’il n’avait pas vraiment envie de sourire à cet instant dans le fond– et fit l’effort surhumain de contrôler les tremblements de sa voix.
« C’est avec Ace que tu as promis ? »
Il ne savait pas quoi penser de tout ça, il y réfléchirait plus tard quand il n’aura plus que ça à faire.
« Moi je préfère que tu sois venue, même pour me dire non. J’aurais pensé qu’en fait tu me détestes sinon. »
Et dieu qu’il n’aurait pas supporté l’idée même qu’elle puisse le haïr, lui qui fuyait les rancœurs comme on fuit pour sa vie ; il avait mis tant de lui dans cet amour et le chérissait tant qu’il préférait mille fois le voir s’éteindre tout doucement plutôt qu’il se consume dans les flammes d’une colère qu’il ne comprenait pas. Son sourire se fit peut-être un peu plus triste alors qu’il leva une main pour replacer une mèche des cheveux de Gabrielle derrière son oreille –le seul geste qu’il s’était autorisé à avoir sans lui demander avant– et dans sa douleur qu’il s’efforçait de garder digne devant elle, Robin avait des airs de grand.
« Désolé si je t’ai embêté, haha. Tu devrais le rejoindre si tu as promis. »
Moi je crois que je n’ai plus très envie de danser.
elle n'en a plus le droit, Gabrielle : ce droit de te dire à quel point tu comptes, comment tu l'as sauvée par ton amour sans détour et sans failles, complètement gratuit, alors qu'elle, si obscène si abjecte continue de torturer tes émotions sous couvert d'ignorance.
alors elle ne te dira pas tout ce qu'elle pense, Gabrielle.
Elle ne te dira pas qu'au contact de ta main contre son visage, elle a senti ses doigts trembler Elle ne te dira pas qu'elle attend, en silence, vos rencontres faussement hasardeuses, durant lesquelles tu la regarderas comme personne d'autre ne l'a fait avant toi. Elle ne te dira pas à quel point ça lui fait mal, d'abandonner si vite et qu'au fond, elle voudrait que tu la retiennes un peu, juste pour voir. Elle ne te dira pas que malgré son choix déjà scellé, une part d'elle aurait aimé que ce soit différent.
« T'as raison. ».
Tu lui souris et elle sait que la décision est la bonne, elle ne peut plus rien t'imposer, ce serait te cracher à la gueule, elle n'a pas le droit de pleurnicher non plus, alors que toi tu fais tout pour qu'elle soit heureuse, elle le sait, ce soir plus que les autres jours, et elle se sent un peu conne aussi.
Sans son acharnement, ça aurait pu être une jolie petite histoire d'amour, le prince charmant aurait été surprenant, mais il aurait bien délivrer la princesse du château et du dragon.
« J'espère qu'on pourra rester amis. ».
Alors pour tout ça, elle ne t'avouera jamais qu'une part d'elle t'aime aussi en secret.
Sa main qui glisse presque entre tes doigts revient près de sa hanche, son visage se ferme et elle n'aurait jamais cru se sentir aussi triste - tristement seule et abandonnée, alors qu'elle savait tout ça.
Elle espère surtout qu'un jour, tu lui pardonnes tout ça, toute sa faiblesse, tous ces détours pour tout gâcher.
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