L’odeur du café vint délicatement caresser les narines du jeune garçon, cette dernière stimula son appétit et fut donc sortir sa petite tête de sa tanière qu’il s’était créé sous sa couette. Un rayon de soleil éclaira délicatement le visage du bambin fraîchement réveillé. Des petits oiseaux vinrent se poser sur le rebord de la fenêtre afin de performer une fois de plus la mélodie matinale. « Bonjour pioupious » murmura l’enfant.

Le doudou attrapé, il était temps de descendre et d’aller déguster le petit-déjeuner tant désiré. Accompagné de sa démarche déséquilibré, Evan se dirigea vers la salle de vie où sa grande famille semblait déjà être au complet. Il aperçu du coin de l’œil ses deux partenaires du crime Loukas et Adamant déjà installés devant la télé. Son regard vint par la suite se poser sur ses parents qu’il vit apparaître un peu plus loin.

Le petit brun se jeta alors dans les jambes de sa génitrice. « La petite marmotte est réveillée ? » déclara la mère tout en couvrant son petit de baisers. Une large main se posa par la suite sur la tête du jeune garçon et vint ébouriffer ses cheveux. « Tu devrais aller rejoindre tes copains, bonhomme ! » affirma le père. Un doux sourire se dessina sur le minois de l’enfant, il se mit alors à courir dans l’autre sens pour rejoindre ses deux meilleurs amis. 

« Coucou Bou ! Coucou Dada ! » cria le petit dans son plus beau pyjama abeille. Les deux autres petits se relevèrent suite à l’apparition de la troisième triforce. Adamant semblait déjà avoir préparé une fois de plus le plan de la journée. « Aujourd’hui, c’est giga méga tourbillon dans la piscine !!! » Les deux autres lutins exprimèrent alors leurs joies et leurs accords à travers des cris, le seul moyen de communiquer à cet âge pourrait-on croire. « Evy, viens voir maman. Il faut que tu te prépares si tu veux aller à la piscine ! » déclara sa mère tout en lui faisant signe de la main. Les sourcils d’Evan se froncèrent et une petite colère commença à éclater. « Non mais mon chat, je ne te demande pas ton avis de toute façon. Si tu veux y aller, tu passes par moi avant. » rétorqua t-elle tout en lui faisant un petit clin d’œil. L’enfant avait perdu, il se rapprocha petit à petit de sa mère tout en traînant des pieds pour insister sur son mécontentement. 

Le jeune garçon avait donc reçu la protection ultime, il sortit de la maison pour rejoindre ses deux amis qui s’amusaient déjà dans la petite piscine. Recouvert de crème solaire, équipé de ses lunettes de soleil, d’un énorme gilet de sauvetage qui venait presque manger son visage et de deux beaux brassards bleus, Evan semblait prêt. Adamant n’hésita pas une seconde à rire de la dégaine de la petite marmotte alors que Loukas, lui, n’avait fait que lui demander de les rejoindre. 

Chacun avait sa place, Evan devait être au milieu de la pataugeoire pendant que les deux autres matelots tournaient autour de lui à pleine vitesse afin de créer un méga giga tourbillon.

Un été comme un autre, pourrait-on croire. Tout semblait rentrer dans le schéma habituel, des séparations remplis de larmes et de cris, des promesses qui étaient faites. Tous les trois juraient de se retrouver l’été suivant afin de partir pour de nouvelles aventures.

Et pourtant, ce fut le dernier été qu’ils passèrent ensemble tous les trois. 

Quelques mois après la belle saison, une tragédie s’abattue sur la famille. On vint annoncer une sombre nouvelle aux deux enfants expliquant qu’Ada ne reviendrait pas. L’incompréhension fut la première réaction d’Evan puisqu’il était encore bien trop jeune pour comprendre la notion de la mort. « Peut-être qu’il ne veut plus jouer avec nous » supposa bêtement le benjamin de la troupe. 

Plus tard, la culpabilité fut la seule compagne du jeune garçon. Le petit pirate s’était peut-être lassé de ses deux amis, se disait-il. Peut-être n’avait-il pas aimé qu’Evan s’endorme pendant une partie de cache-cache l’été dernier. Ou alors en voulait-il à Evan d’être bête et trop maladroit ? La fois où Evan avait questionné sur l’origine du coton, persuadé que cela provenait des moutons était-elle la fois de trop ? Adamant n’aimait peut-être pas que son cousin soit effrayé au moindre bruit. Peut-être qu’Evan n’était pas un bon camarade de jeu tout simplement… 

Les moments de pur bonheur semblaient déjà si loin. 

Suite à ce tragique événement, les deux lutins restant vinrent eux aussi à se séparer petit à petit. Evan était au côté de la solitude. C’était terminé la période où ces doux sourires se dessinaient sur le visage du boutchou, il était désormais seul, sans repères. Et pourtant, un petit camarade vit le jour peu de temps après le quatrième automne du jeune garçon, un petit chien sortit tout droit de l’imagination d’Evan. Un compagnon pouvant comblé l’absence de ses proches, quelqu’un à qui se confier malgré le manque de réponse. 

Puis, il fut venu une période où Loukas réapparu dans la vie du petit germanique. Vivant ensemble pendant un moment, ils réussirent à redévelopper un lien qui semblait perdu aux yeux d’Evan. Heureux d’avoir retrouvé une de ses moitiés, le jeune garçon paraissait de nouveau vivant. Il s’amusait avec son meilleur ami et son nouveau familier, ce dernier semblait d’ailleurs avoir une certaine accroche avec Loukas oubliant Evan à chaque fois que le rouquin était présent. 

« On se reverra à Noël, c’est promis. » murmura son ami d’enfance avant de quitter la demeure familiale. 

Une promesse une fois de plus brisée… Evan se retrouva seul à Noël. 

Les années passèrent et Evan resta seul, non pas qu’il ne voulait pas se rapprocher des autres, il n’y arrivait juste pas. Ses seules amies étaient dorénavant les étoiles. Depuis que ses parents lui avaient expliqué qu’Adamant ne reviendrait pas, qu’il avait rejoint le ciel, Evan s’intéressa à l’astronomie dans l'espoir de pouvoir retrouver son cousin perdu dans la nuit étoilée. Il observait fréquemment cette si belle vision que l’obscurité révélait. Un élan de nostalgie l’envahissait. C’était d'ailleurs la dernière fois qu’il verrait ce paysage à travers la fenêtre de sa chambre puisqu’il avait entendu plus tôt dans la soirée une conversation téléphonique entre son père et un inconnu. Une académie précise était mentionné, celle-ci permettrait à Evan de vivre dans de meilleures conditions disait-il. Peut-être était-ce une bonne chose ? De toute façon, rien ne retenait l’enfant ici. Il ne voulait juste pas qu’on lui promette d’être heureux là-bas, c'est fini les promesses.