dès le tout début… ils ont arrêté de la voir, alors elle a arrêté de se voir aussi :
ils l’ont transformée en fantôme. erreur sur la trame, elle n’aurait jamais dû naître. presque comme les premiers mots qu’on lui ai jamais dit. pas tout de suite placée en orphelinat, y a d’abord eu ses non-parents.
l’odeur de la pluie sur sa peau, l’froid qui retourne ses os, les gravillons dans les talons, les tissus qui d’viennent lambeaux, les muscles qui s’usent à apprendre à marcher, courir tourner en rond, sauf quand la faim broie ses entrailles parce qu’ils ont zappé de la nourir, paralyse, puis twist l’esprit des jours durant. ça a commencé trop tôt. abandonnée dans un coin assez vite, et oubliée tout encore plus vite.
y a jamais eu de fleurs violettes sur sa peau, parce qu’elle était invisible, impalpable, ils l’ont laissé vivre toute seule, ou peut-être bien mourir. ce désamour, elle n’y pouvait déjà rien.
ça a empiré quand elle a cherché de l’attention de la mauvaise façon.
l’os qui craque (pas le sien) entre les pleurs d’l’enfant à bout (les siens)
les regards apeurés jetés sur la gamine qui s’accroche, avec ses mains qui secouent trop fort, brisent si vite
tout et tout le reste autour d’eux
et surtout pour hurler son injustice et des pourquoi
bris de verre sur ses cris de larmes, en lames qui s’écrient
mais enfin
enfin, elle est vue
enfin reconnue
enfin là
mais vite balancée à orphelinat
freak indésirable en plus d’être indésirée///
et puis grâce à lui
elle les a rencontrés
d’abord caprice et colline
puis miel et tous les autres
météores sur sa trajectoire
aussi bancales qu’elle
l’foyer ambulant, fumant, brillant
complices par défaut dans un microcosme rutilant, bien au chaud du cadre doré, surveillé, fallait pas dépasser
premier faux-semblant de sécurité
elle y a été bien, caractère qui éclot, déjà tordu mais finalement si peu pour eux tous réunis
ces témoins des premières fois d’sa vie où elle a eu envie de protéger un être humain
il l’a remarqué
et il en a abusé
ou est-ce qu’il a manoeuvré pour tout provoquer, tout créer ? pour remplir cette coquille évidée qui ne demandait qu’à être utile, à défaut d’être aimée
les menaces à repousser, les mécréants à écarter, il suffisait de tous les surprendre, briser un ou deux trucs, faire mal, blesser, et la peur faisait le reste
marionnette obéissante, gamine puissante, entre arme et garde
avec ses poussières balancées sous le tapis, ses crasses derrière le rideau
après que tous les autres aient joué leur rôle, elle opérait dans les ombres, s’éloignant de plus en plus de la vie luxuriante et glamour
et elle a été une des premières suspicieuses
que leur papa-sauveur n’était pas si normal et encore moins héroïque
que la famille n'était que pièces sur un échiquier prolifique
mais la chute de caprice a tout fait éclater
parfois elle lui en veut au point de vouloir lui dévisser la tête (pourquoi nous)
parfois elle n’y croit pas, ils ont fait erreur, ont eu tout faux (reviens, nous laisse pas)
pourquoi la seule vraie maison qu’elle ait eue s’est écroulée
pourquoi elle le hait
pourquoi il lui manque
///
aujourd’hui, tout se mélange…
l’humour douteux, la dynamite au bout des lèvres, l’regard-gamin qui fixe et darde les gens, odieuse qui cacherait (presque) sa poudre à canon, les fascinations et théories fumeuses du présent, les folies et paris foireux d’l’instant, les cadeaux-dérobés qu’elle dépose aux sales gosses de la famille quand personne regarde, les besoins de vérités, d’s’envoler, les envies de faire la fête (like a queen) ou d’faire la guerre (like before), ça s’fracasse en elle à plein temps maintenant. ça fait partie du jeu, du bruit, des distractions qu’elle aimerait balancer plus souvent d’un rire soudain brûlant, d’une voix trop sûre, les crocs dehors. ça serait comme continuer à dire que tout va bien en mordant. son bordel prend d’la place dans sa poitrine avec ses avis tranchés, ses bagarres et ses tantrums. et y a du vrai dans ses faux. mais y a aussi ce malaise tapis dans l’fond des entrailles. la force qu’elle y met, c’est peut être trop pour ses os. et, elle elle le sait.
parce que la noyade survient toujours comme le kraken de l’enfance
quand elle sait plus où elle est, quand elle se souvient de ce qu’elle a fait pour lui, pour eux et qu’elle ne sait pas qui elle est
ni même si elle est réelle, si
mangée par les doutes, les pensées qui vont trop vite, les poumons qu’elle aimerait extirper, la peau qu’elle aimerait s’arracher et qu’elle tranche pour retrouver à la réalité punitive, l’contrôle qu’elle n’a jamais vraiment eu
car tout devient trop
et pas assez
les doigts qui grattent le bitume, l’épiderme
elle sait plus comment s’raccrocher
alors elle fuit, s’replie
entre la douleur-silence et les maux-carences
elle s’efface avant de refaire surface
un jour trop présente, trop confiante
le lendemain totalement absente, en insuffisance
alors elle (vous) épuise,
puis (s’)épuise