Mine de ton crayon qui caresse distraitement les pages vides d'annotations, tu esquissais des choses sans sens à la fois effrayantes et grotesques. Tu n'écoutais pas, aujourd'hui, Elior - à vrai dire, tu n'écoutais jamais, tu n'en voyais aucun intérêt. Tu n'étais pas arrivé depuis bien longtemps et pourtant, tu semblais déjà être un objet de décoration dans le fond de la classe, tout contre le mur. Un objet que personne ne regardait, que tout le monde évitait - tu faisais peur, Elior, pour un enfant et même aux yeux des grands.

L'air apathique, les questions sans réponses, le silence effrayant - et, soudainement, tu faisais braquer toute les paires d'yeux sur ta haine trop profonde et ta colère immonde, élevant de ta voix d'enfant des mots blessants et des sentiments mordants, dont le vocabulaire contrastait avec ton âge innocent.

Trainer avec toi, faisait porter le mauvais oeil - c'est ce que tu avais entendu, une fois et tu ne pouvais nier, qu'en plus d'être incontrôlable, cela te plaisait.

Et c'était bien la seule chose qui te plaisait - et alors, quand tu n'étais pas trop occupé à te putréfier en compagnie de tes camarades, quand tu ne te paraissais pas d'une rage maladive, quand tu n'usais pas aléatoirement de tes malheurs avec excitation, quand tu ne sursautais pas à chaque main sur ton épaule ou que tu ne t'habituais pas à la sueur familière qui s'écoulait sur ta nuque à l'angoisse de la proximité régulière du monde, tu pleurais silencieusement la perte de la seule personne que tu n'avais jamais aimé et qu'on t'avais, vicieusement, arraché.

Et tandis que tu t'apprêtais à inscrire du bout de tes doigts ce prénom adoré, un autre vint à le supplanter, avant même qu'il ne soit prononcé.

Tu sursautes à la présence du garçon qui t'étais singulier - et ta première pensée, fut qu'il était joli ; mais tu avais un peu oublié commencer discerner le beau du moins beau, Elior.

Silence et il te dit son prénom - enfin, tu te doutes que c'est son prénom, tu savais encore comment saluer en anglais et ce mot étais définitivement un prénom.

Tu aurais pu lui sourire et lui faire la réflexion qu'il ressemblait drôlement au tien, mais tu n'en as pas envie ; en l'observant, yeux dans les yeux avec la franchise des jeunes années, tu as l'impression que lui aussi, il est cassé.

— Elior. parce que tu étais poli.

Quoiqu'on en dise, quoiqu'on en pense, tu n'étais pas un mauvais garçon - et tu cherches silencieusement comment formuler une phrase correcte, avant de soupirer, te détourner pour revenir à tes tracés abstraits, vaincu par le non sens de ton existence.

— Je parle mal anglais. Désolé. fis-tu avec un accent particulier. Si t'es perdu je peux aider. Je le suis aussi. et ça s'apparentait plus à du sarcasme qu'autre chose en réalité, mais les mots et la force te manquait. Et si tu veux des amis, me parles pas, c'est mieux comme ça.

Tu hausses les épaules et te pointes toi-même du doigt du bout de la gomme de ton critérium, toujours sans le regarder.

— Moi. Malchance. Eux. et tu fais un tour circulaire avec ton crayon, sans bouger d'un iota. Gros cons. et t'es vulgaire, comme ton paternel.

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peut-être qu'il te prenait déjà pour un demeuré
mais il n'avait aucune importance
alors tu t'en fichais

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Et pour cause Elior, tu le contemples bêtement comme si tu avais en face de toi le plus idiot des idiots - il avait parlé dans un langage simple et tu avais très bien compris ce qu'il disait ; tu te montrais aimable et lui, il se foutait de ta gueule ? Tu sais pas vraiment si t'as envie de le tarter ou de répliquer avec sarcasme - et bien malgré toi, si ton air est circonspect, il y a tes lèvres qui esquissent timidement le fantôme d'un sourire ; c'est que le sien était communicatif.

Et puis, c'était le premier qui te parlait de cette manière-là, pas comme un retardé, ni avec des pincettes et encore moins avec une floppée de questionnements dont les yeux étaient parés de jugement.

Le silence s'élance jusqu'à ce que la maîtresse vous tourne le dos - et tu lui assènes un coup de coude, aussi brusque que taquin, tu n'en savais rien.

— Eux, gros cons, toi, roi des cons. On est pas potes, mon pote, tu prends trop la confiance, le club des rejetés refuse ton inscription pour comportement… tu cherches le mot condescendant qui était mot compliqué que tu connaissais, sans trouver d'équivalent en anglais ... d'abrutis, faudra revenir demander dans plusieurs années mon bon roi. chuchotes-tu tout bas avec un sérieux qui cachait l'amusement que l'ont voyait dans le ciel de tes yeux.

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c'était la première fois que tu parlais autant

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À présent tu ne savais pas vraiment comment appréhender sa personnalité qui te déroutais au point de te laisser aller à un véritable sourire, le premier depuis des années - et Elyas, lui, avec facilité, il l'avait esquissé sur tes propres lèvres comme si de rien était ; et tu sais pas trop pourquoi, mais le voir si exalté et si désintéressé, c'est ce qui te fis sourire - tout en affichant un air entre consternation et surprise face au culot et à sa confiance en lui sans pareil, comme s'il avait toujours été ici.

À côté de toi.

— Jamais. De. La. Vie. Je. Serai. Ton. Sujet. Tu te démerdes tout seul avec eux et je suis bien au dessus de vous tous, parles pas mal direct.

Tu ne ris pas, mais tu lui offres un roulement de tes orbites jusqu'au plafond, dénué de mépris ou de méchanceté - ce qui était plus que tu ne le pouvais.

— On verra rien du tout, tu peux toujours… courir …rêver. très peu au point sur les expressions, tu hallucinais face à la compréhension que tu avais quand tu l'écoutais - il ne parlait ni trop vite, ni trop lentement et choisissait des paroles de façon à ce que ce soit clair et simple ; et le plus plaisant c'est qu'il ne semblait pas le faire pour toi, mais juste naturellement, comme si c'était un autre pan de sa personnalité alambiquée.

— Moi, je ne choisi que le meilleur.

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si tu savais

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Tu clignes des paupières et l'observe un instant, consterné face au sérieux de la conversation - il voulait être ton ami, pire, il semblait le vouloir profondément, comme une nécessité, comme un objectif réel dans sa vie, alors même que ça ne faisait que quelques minutes qu'il te connaissait. À cela, tu ne pouvais lui en vouloir, tu avais aussi l'impression de le connaître sans pour autant le comprendre - et il faut croire que tu en avais envie, sans directement lui avouer.

— ...

Tu revins à poser tes prunelles sur ton cahier et tes avants-bras sur la table, sans plus le regarder. Pourquoi voulait-il autant ton intérêt, alors qu'il y avait des dizaines d'autres personnalités dans cette classe ? Et pourquoi arrivait-il si facilement à l'avoir, cet intérêt ? Comment faisait-il pour te faire parler et sourire ? Tu te sentais dépassé par ce qu'il te faisait ressentir - et c'était loin d'être la seule et première fois, tu le sentais.

— Tu n'as pas à t'améliorer.

Comme une mise en garde.

— Si tu es le meilleur, je le saurai et je pense déjà le savoir. rajoutes-tu en pivotant le menton dans sa direction, un faible rictus sur les lèvres, tu avais presque l'envie de le provoquer.

— Et si tu veux me rattraper, j'espère que t'es prêt à tomber et te relever.

En prévision de toutes ses fois où tu le maudiras, en prévision de ses idioties et de ses taquineries, en prévision du fait que vous vous écroulerez en ayant besoin de l'autre pour se redresser, en prévision de qui tu étais, du garçon étrange, bancal et anormal qu'il voulait.

— J'cours vite, tu sais.

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pour pouvoir te rattraper

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Si tu avais été capable de rire, tu aurais ris de façon éraillée mais magnifiée, sans une once de considération pour la présence d'autorité qui administrait le cours - à défaut tu roules des yeux face à son comportement, avant de revenir distraitement sur les lignes de ton cahier qui n'avait comme seul intérêt que de te protéger de sa présence qui te déconcertais.

Il te touche subitement la main et tu redresses le menton, dans l'envie absurde de retirer tes doigts pour l'éloigner de son contact - au moins, il ne t'avait pas touché l'épaule, mais tu sentais pourtant ton palpitant battre précipitamment d'une façon bien désagréable pour un enfant.

La provocation permet de te concentrer sur le sujet de la conversation et, s'il te faut quelques secondes de trop pour réagir, tu finis par souffler plein d'un dédain enfantin et doucement sarcastique.

— Arrête de parler de trucs qui existent pas. ta phrase mal conjuguée au verbe mal utilisé, ne t'embêtes pas plus que ça - tu aurais voulu lui dire ; arrête de parler de trucs qui ne se réaliseront pas. Parlons plutôt du truc que tu diras quand je gagnerai… et tu fais mine de réfléchir.

— Elior est mon maître tout puissant et je suis son esclave parce que je suis un abruti fini, même que j'lui donnerai mon dessert à midi. fis-tu d'une voix distinguée appuyée par les rimes placées - combien même tu n'avalais rien aux heures du repas  - et tu braques ton regard au sien, de cette façon presque perturbante.

Le fait qu'il la dise sans la comprendre la moins du monde était encore plus jouissif que l'idée qu'il n'avait aucune idée de ce que tu débitais - terrible, horrible, Elior.

— C'est une phrase compliquée. Mais je t'apprendrai, beaucoup de fois si tu as besoin.

Tu sais que tu vas gagner, Elior - après tout, tu l'avais mis en garde sur le fait de tomber, n'est-ce pas ? Gagner à la loyal, ce n'était pas ton genre.

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et peut-être que ça ne le sera jamais

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Et tu cours, tu cours avec exaltation, sourire aux lèvres et excitation - toi aussi, tu savais courir, Elior, tu courrais toujours pour l'atteindre elle et sa cage dorée. Mais courir le plus vite n'était pas le plus important quand tu avais ce don si exaltant. On t'avait dit, on t'avait dit de faire attention, on t'avait dit qu'il était limité, qu'il te prenait un peu plus de ta vie une fois utilisé - mais tu n'en avais que faire, Elior, un pouvoir comme le tien était fait pour être utilisé à outrance. Cet alice, il t'appartenait et c'était bien la seule chose sur Terre qui t'appartenait, cette chose était à toi et à personne d'autre.

Alors tu cours, tu cours et tu te permets même de fermer les paupières quelques secondes alors que tu ne contrôles pas ce pouvoir trop grand pour un enfant - mais tu le sens, tu le sens dans ton être, sur ta peau, sous ta peau, dans ta peau, dans tout ce qui fait de toi ce que tu es ; et c'est si agréable que tu sembles t'oublier, sans une pensée pour le capharnaüm que tu produisais.

Évidemment, tu arrives premier.

À l'entente de son insurrection, tu sembles si surpris que tu finis miraculeusement par rire - un rire silencieux, absent, mais qui fait bouger tes épaules et fermer les yeux ; c'est plus qu'espéré, tu avais l'impression de changer de qui tu étais.

Pourtant, tu l'avais prévenu. Malchanceux. Ce n'était pas seulement pour définir ta position au sein de la classe. Cependant, tu n'avais aucune idée de comment l'expliquer ou le formuler en anglais - on te l'avais dit, mais tu avais oublié ; malchanceux était le mot que l'ont t'attribuait le plus et que tu avais retenu.

— Grave pas ! J'ai juste été méga génial ! et tu le penses vraiment, sourire aux lèvres, tu ne le lâches pas des yeux avant de relever le menton, fièrement.

— Elyas. Le plus important c'est la fin des choses. Pas comment on le fait. et quelle terrible vérité de votre avenir que vous partagerez entre les barreaux dissimulés de cette académie.

— Maintenant, répète avec moi : Elior…

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et ton sourire ne te quitte plus

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Il fut rude de ne pas rire, tandis que tu te mordais violemment la lèvre - il avait quelque chose d'attendrissant, mais son accent horrible prêtait à la moquerie des enfants ; sauf qu'il ne disait rien pour le tien, ni pour tes mots ou tes phrases, du coup, tu te gardais de tout commentaire, Elior, même si ceux-ci te piquaient la langue.

— Si, ça veut dire quelque chose ! C'est français ! Et ça veut dire que t'es débile, que tu fais ce que je dis maintenant et qu'en plus tu m'donnes ton dessert à midi !

Et sans lui laisser le temps de répliquer, tu prends la marche pour l'amener à votre prochain cours.

— On a maths. C'est juste là et après c'est le déjeuner. et tu hésites un instant sur ta conduite, ralentissant le pas, avant de l'observer - tu avais autant envie de rester à ses côtés que t'échapper d'ici, de lui et de toutes ses choses qui n'étaient pas trop normaux à ton propos.

Tu ne portais aucune étoile, Elior.

— Écoute… vas en cours, j'vais pas y aller. Pas envie. C'est chiant. fis-tu, brusquement, cassant sûrement le rythme de votre relation - mais tu sembles pourtant étrangement toi-même sans l'être réellement ; tu ne savais plus qui tu étais, présentement.

— Désolé, je sais que c'est mieux quand je suis là, mais on se voit à midi, promis ! Vite, faut pas être en retard !

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et ce n'est pas aujourd'hui que tu le rattraperas

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Le fait qu'il accepte sans poser de question, fut un soulagement indescriptible et, d'un mouvement amical de la main, tu t'étais lâchement enfuis pour réapprendre à respirer.

Elyas était de trop pour toi, pour toi qui ne connaissait pas tout ça, qui ne te reconnaissait plus en sa compagnie - tu avais la désagréable impression de te trahir. Tu n'avais pas le droit de rire et sourire, Elior, pas quand tu avais abandonné ta mère et celle que tu aimais pour te protéger dans une école où tout le monde évitait de te regarder et où pourtant tout le monde chuchotait à tes côtés.

Ton visage eu le don de s'assombrir et tes poings se serrèrent si fort que tu espérais te faire saigner - mais tu n'avais pas d'ongles, à force de les ronger, comme tu n'avais pas de lèvres à force de les arracher ; alors tu fuis, tu fuis pour te cacher ou exploser, connaissant la répercussion de ton absence sans la considérer vraiment.

Tu avais besoin de te retrouver.


***

D'un mouvement souple, tu prends le dessert de tes doigts avant de t'asseoir brusquement et bruyamment à ses côtés, lui décochant un sourire que tu espérais vrai - où que tu espérais retrouver.

— Merci pour ton cadeau. tu ne savais pas dire générosité.

— Alors, je t'ai manqué ? et tu pousses ton plateau au maigre repas sans vraiment t'en intéresser - ce qui avait de bien, avec toi, c'est que personne de votre tranche d'âge n'oserai s'asseoir à votre table ; tu faisais fuir le monde, Elior, sauf lui, il faut croire.

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peut-être que viendrai l'idée de le garder juste pour toi

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Tu baisses un instant le regard, toute forme d'amusement feint disparu et tu laisses ta joue ronde s'affaisser contre ta paume en le regardant ; tu as du mal à le lâcher des yeux, tu avais déjà du mal à te dire que ce garçon était réel - tu avais l'impression de le connaître depuis longtemps et il avait le don de te sortir de ton apathie et de ta colère constante. Tu fais fis des regards abasourdis que tu sens dans ton dos - oui, tu étais capable de parler avec un autre être humain de façon totalement normal, il fallait le croire et oui, Elyas parlait fort, trop fort, peut-être, alors même qu'il était une nouvelle tête.

— Ok. Partons ce soir. abdiques-tu - tu avais déjà essayé de t'échapper et tu avais encore assez de cran pour récidiver - ça ne te faisait pas peur, si ce n'est que tu avais du mal à contrôler ton alice : tu devras faire attention pour ne pas vous porte inutilement la poisse.

— On va sortir d'ici. et ça à l'intonation d'un promesse. Et je t'aiderai ! peut-être éternellement.

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c'est promis

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Et il était parti et tu étais resté, regard dans le vague qui vint s'accrocher à la nourriture délaissée - il y a comme un souffle qui s'épuise et, dépité, tu te mis à manger, bouchée par bouchée, comme un prisonnier forcé ; tu n'étais plus un enfant depuis longtemps, tu avais plus des airs de survivants - l'innocence n'avait jamais eu la décence de t'effleurer à la naissance.

Et pour survivre, il fallait manger.


***

Alors tu penches la tête, circonspect, avec cette attitude de grand qu'on t'a obligé à assumer ; tu sais d'avance que cette escapade est menée à l'échec au moment où il prononce ces mots.

Par où on sort ? Mais on ne sort pas, Elyas.
Jamais.

— Toujours avoir un plan. et c'était la règle numéro un qui ferait l'une de tes spécialités pour l'épauler - toujours trouver la meilleure façon d'arriver au but en évitant les embûches, à t'en creuser les méninges.

— Mmmh. Le mur nous empêche de sortir… ce n'était pas réellement un mur, mais ce n'était pas bien grave. Quand on essaie de sortir, il éjecte et on est bons pour l'infirmerie.

Et ce n'était pas la voix du pessimisme qui s'élevait, tu réfléchissais vraiment ; qu'importe de savoir à l'avance que cela ne marcherait pas. Tu ne savais pas vraiment pourquoi tu faisais ça, Elior, mais son regard t'empêchait de le faire abdiquer - il semblait paré de la détermination la plus féroce.

Tu observes un instant le bracelet qui ose entourer son poignet.

— ... Mais allons-y quand même.

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et tu l'emmènes avec toi sans oser lui aggriper le bras

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Mordillement de lèvre qui laisse transparaître un malaise, tes prunelles faisant la navette entre sa proposition, ses poignets luminescent et les barreaux de votre cage attitrée et partagée - il y a comme un vice qui se glisse sous ta langue qui essaie tant bien que mal de s'échapper, qui t'empêche bien malgré toi de parler.

Il y a que la situation fait frétiller tes doigts sans que tu ne les contrôles : trop de possibilités, de combinaisons, pour faire tout déraper d'une seule pensée - c'était comme des fils sur lesquels tu avais la possibilité de tirer pour voir quelle malchance s'enchaînerai. La curiosité et ce sentiment tout puissant te poussait à accepter son idée, mais ton bon sens et ton inquiétude s'imaginait déjà les multiples scénarios possibles - c'est qu'on t'avais appris qu'il fallait toujours réfléchir aux conséquences.

Et si, et si les flammes - car tu avais saisi qu'il en était sûrement capable - étaient renvoyés vers vous par ce bouclier de malheur ? Et si ta poisse incontrôlable autant que son feu vainement salvateur, s'alliait pour créer quelque chose de si dangereux que vous ne pourrez en saisir l'ampleur  ? Son alice et le sien, pourtant, te donnait un sentiment de toute puissance totalement déplacé.

— ... J'sais pas, j'ai pas d'alice qui me permet de tester… tout ce que je sais c'est que tout ceux qui ont essayé ont fini à l'infirmerie… bruits de couloirs que tu avais bien voulu déceler, c'est qu'avec personne avec qui comploter tu n'en avais aucune idée.

Où plutôt si, tu pouvais imaginer la réaction en chaîne que cela produirait, mais tu étais tiraillé entre son intégrité et ton impulsivité ; tu n'avais absolument rien à perdre à essayer et même t'en retrouver blessé ne semblait pas une idée qui pouvait t'arrêter - peut-être même en trouverais-tu du plaisir…

— ... Si tu le fais, j'te préviens que je contrôle pas le mien et qu'on risque d'y passer… coup d'oeil et sourire presque mélancolique ... mais si tu veux le faire, on le fait.

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parce que tu le suivrais
qu'importe la finalité

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