(end) get lucky

get lucky
Elyas & Elior

Le soleil ne l'aveuglait pas le moins du monde, mais comment lui dire que le rictus qui était né au creux de ses joues l'avait rendu plus fragile que ça n'aurait du ? Il avait gardé ça près de lui, au fond là où il faisait chaud et l'avait précieusement mis à l'abri de toute moquerie.

Il avait rangé son téléphone dans la poche de sa veste de sport, dont il fermait la fermeture éclair avec précaution. Il avait resserré ses baskets et remonté son training au-dessus de ses genoux. Il n'y avait aucune limite à la prudence lorsqu'il s'agissait de défier Elior.

Ainsi l'heure sonna et ses muscles déjà échauffés se lancèrent sans attendre. Il était sûr qu'il serait derrière. L'arrêt de bus était loin et il s'agissait de ne pas perdre en endurance ; mais Elior n'avait qu'un sprint à faire pour le rattraper et être à portée de son vaudou de malheur. Alors Elyas ne ménagea aucun efforts, dans l'espoir que son aura maléfique ne l'atteigne pas. S'il n'était pas contre l'idée de se faire mettre au sol, il décida qu'il lui fallait pourtant le mériter.

Et puis dans son dos il sentit une ombre planer ; quelques courants électriques glissant sur ses vertèbres et un vent froid lui prendre la nuque. Un rire nerveux se perdit dans son souffle. C'était l'heure du véritable défi, visiblement.

Il évita la première peau de banane, le mouchoir, l'écureuil volant, il avait même pensé à la branche qui tombait de son arbre juste à son passage, mais il n'avait pas prévu en revanche...

Que les vaches seraient de sortie.
Les vaches... ?

« Mais QUOI !? »

Elyas croyait rêver. Il s'était arrêté, forcé de céder le passage aux trois vaches qui étaient de sortie avec un des élèves en charge de prendre soin des animaux de la ferme. Comme par hasard, à ce moment précis, sur cette route où ils n'allaient pas, parce qu'évidemment la route habituelle était utilisée par le club de dessins. Il était à quelques mètres à peine de l'arrêt de bus et le bruit de la course de Elior le ramena brusquement à la réalité. Il tourna la tête vivement dans sa direction avant de se remettre à courir, détalant comme un lapin apeuré, lâchant un cri plein de féminité.

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course poursuite

septembre // elyas

Les affaires discrètement rangées depuis longtemps, le corps tendu comme prêt à déguerpir, tu ne fais pas attention à ce que pouvait bien dire Mr. Lambeth qui n'avait pas eu le déplaisir de te griller à envoyer des sms pendant la dernière demi-heure de son cours - et quand bien-même tu restais un excellent élève à ses yeux, il lui arrivait qu'il soit encore témoin de tes agissements étranges ; particulièrement quand Elyas n'était pas loin.

Prunelles rivées sur la porte comme si tu la fusillais du regard avec le souhait inconsidérée qu'elle disparaisse pour te permettre de gagner quelques secondes, tu tiens la lanière de ton sac comme si tu t'accrochais à ta vie. Et enfin, le supplice prend fin et la fin des cours s'annonce - tu te relèves si vite que tu te prends le coin de table dans la hanche et tu t'élance vers le couloirs sans même dire au revoir à Eulalie ou à n'importe qui - tant pis.

Il y avait des priorités dans la vie.
Comme dégommer ton meilleur ami.

Alors tu cours, tu cours si vite alors que tu l’aperçois courir tout aussi vite - et tu penses, tu penses à mille et une choses qui pourrait le ralentir ; tu souhaites avec fougue qu'il glisse sur quelque chose, qu'il se prenne un objet en pleine tête ou même un animal et pourquoi pas un arbre entier qui s'écroule sur son sourire horripilant.

Tu l'observes de loin esquiver toute tes tentatives - peut-être que tu t'es modéré sur l'arbre tout de même - et tu peux pas empêcher un sourire effrayant de se former sur tes lèvres ; ton élève devenait compétent à force de servir du punching-ball ambulant quand il se faisait trop agaçant.

Tu serais presque fier de lui.

Sans t'arrêter de courir, tu observes la route que tu reconnais et ce moment de lucidité te donner une excellente idée - tu souhaites que sa route soit malencontreusement ralentit par un torrent de vaches - un torrent ! - et quand tu vois de tes propres yeux ton malheur souhaité s’exhausser, tu as bien du mal à ne pas rire ; même si on reverra pour le torrent.

Tu te trouves de plus en plus ingénieux !

Alors tu en profites, tu ne perds pas une seconde, tu tapes ton meilleur sprint bien gardé pour ce moment précieux où tu aurais réussit à l'arrêter et tu te vois déjà avaler les mètres qui seront suffisant pour lui foutre ton pied au cul.

Malheureusement, le manque de vache - ou bien ton manque de maîtrise - lui permet de reprendre sa course et tu grinces des dents en voyant l'arrêt de bus si proche ; en dernier recours, tu pourrais presque souhaiter que la foudre s’abatte malencontreusement sur lui - mais, mais, tu te retiens, tu ne voulais pas le tuer de tes propres mains.

(même s'il le mériterait)

Tant pis pour le bus, tu n'arriveras jamais en premier - maintenant, ce qui comptait, c'était de lui briser la colonne vertébrale pour avoir l'audace de te narguer un vendredi après-midi, quand tu n'avais qu'une envie : SORTIR de cours.

Une fois arrivé, tu sens avant même qu'il te le montre, son sourire satisfait et suffisant et c'est avec toute la détermination du monde que tu continues de courir avant de te dépêtrer de la lanière de ton sac pour porter celui-ci sur ton épaule de tes deux mains avant de lui lancer dans la gueule avec toute la force de ta frustration.

— T'es CHIANT. Putain de merde.

et ça vient du cœur

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Elyas & Elior

Le souffle se perdait au bord des lèvres, la tension grimpait dans ses muscles et son regard à l'affût de la moindre anomalie ; Elyas avait vaincu, et il s'exclama d'un son trop bref qui se perdit dans sa respiration trop courte. Dans un mouvement brute il releva son dos courbé par l'effort et se retourna vers son ami qui s'approchait d'un pas qui le figea sur place. Trop peu prompt à la réaction, il ne vit venir que trop tard le projectile inattendu et de pleine face se le prit, dans un bruit lourd qui l'assomma, le fit perdre son équilibre. La douleur lui arracha un grognement alors que le bas de son dos s'écrasait contre le sol terreux. En se frottant le front il récupéra le sac de Elior de l'autre main.

« Espèce de con, va ! »

Un rire se déploya dans sa gorge, peut-être un peu parce qu'il était sonné, aussi parce que ces moments-là lui permettaient d'oublier les autres, et que ça le rendait tremblant d'euphorie.

Il attrapa le bras de Elior et le tira sauvagement, un pied contre sa cheville pour le faire tomber lui aussi. Hors de question qu'il reste si bas alors qu'il était si haut. Et en le voyant prendre le sol à son tour, son rire s'accentua, toujours assis à côté - proche. Il ne pensait plus à rien ; il était juste heureux.

« Tiens comme ça t'auras bouffé la terre toi aussi on est quitte. »

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septembre // elyas

Un pas devant l'autre et tu t'approches pour le surplomber de toute la hauteur, alors que son éclat de joie ne peut que te faire sourire bien malgré toi - malheureusement, il profite de la proximité pour te faire tomber à ton tour et tu bénies les réflexes de ton corps qui permettent à tes bras de réceptionner ta chute, alors que ton nez chatouille la terre de justesse.

Tu pivotes pour te mettre en position assise, juste à ses côtés et tu vins récupérer ton sac qui se trouvait à sa droite, juste avant de le bousculer avec, au niveau de son torse. Une fois, deux fois, trois fois, à chaque espace entre les mots que tu prononces :

— Tu. Peux. Pas. T'empêcher. De. Me. Narguer.

Puis tu lâches l'affaire, le souffle encore un peu court - Elyas était définitivement celui qui courait le plus vite de vous deux et ça t'enrageais - et tu t'écroules sur le sol, sans prendre en considération la terre sur tes habits.

— J'ai faillit faire tomber la foudre sur toi, mais j'me suis dit que ça serait compliqué de cacher le corps, après.

et puis, de nul part, tu te mets à rire

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Elyas & Elior

Ces instants-là, Elyas les récoltait avec patience et tendresse, il les inscrivait quelque part, il en faisait des diamants qu'il mettait dans un coffret que lui seul pouvait chérir. Ces moments étaient très loin de tout le reste, à l'abri des maladies ; ils étaient ses impérissables souvenirs dont il ne ratait aucune miette, comme avide de chaque détail ; au rire dissonant qui faiblissait au bord de ses lèvres entre-ouvertes, à son regard océan qui passait de plein à vide en un instant, aux subtiles rides qui se formaient près de ses joues et sous ses yeux lorsqu'il ne regardait plus rien. Il avait accueilli chaque mot et les avait laissé le bercer doucement.

Il avait fermé les yeux, et le vent léger qui se levait dans ses cheveux lui donnait l'impression d'être loin.

« Ahaha, peut-être que tu aurais du le faire. »

Il s'était appuyé sur ses deux mains au sol derrière lui et avait levé la tête. Il fit mine de réfléchir, et prit un air très sérieux, complètement absurde.

« C'est un genre d'investissement tu vois ? Si tu m'assassines maintenant, tu auras plus à me courir après, et c'est tout ça que tu auras économisé sur la limite de ton don. »

Il plissa les yeux. Tout en plaisantant, il soulevait un problème qui restait à la fois muet et mordant.

« Sans déconner Elior, tu devrais penser à me battre à la loyale, une fois. J'ai pas envie que tu clamses en me courant après. »

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septembre // elyas

L'inspiration qui revient et ton sourire ne s'évanouit pas quand il prend la parole - tu laisses ton visage se tourner vers lui, pour avoir l'opportunité de le regarder. Il le dit d'une telle manière, que le ton est léger et pourtant, emplit d'un sérieux qui se veut inquiet.

Pourtant, pourtant, ton sourire reste bel et bien là et tes prunelles pétillent de quelque chose d'indescriptible - tu te sens tellement bien, là, comme ça, à ses côtés, que tu aimerais que le temps s'arrête pour l'éternité.

— J'préfère m'épuiser que t'assassiner pour de vrai.

Et cette phrase qui s'envole de façon frivole, porte pourtant le poids de ce qu'il représente pour toi. Ah, Elior - tu es si paradoxal, parfois, que ça en devient presque déprimant tant tu complexifies les choses. Cette félicité qui te prend et qui te rend si insouciant, se transforme parfois en anxiété terrible et en colère malhabile quand tu te focalises sur d'autres aspects de ce qui fait de toi ce que tu es.

— Et puis j'préfère te donner l'illusion que c'est déloyal les fois où je te bats, pour pas piquer ton égo ! ris-tu bêtement, en sachant pertinemment que c'était faux - sans cela, tu ne faisais pas le poids.

contre lui, mais contre le monde aussi

get lucky
Elyas & Elior

Sa fierté était comme à l'abri de toutes les balles ; car les balles venaient de lui - il faisait au moins semblant d'être vexé, pour la forme, et puis il oubliait.

« Mon ego ! »

Il ricana, pédant, et leva les yeux au ciel dans des mimiques abruties qui lui allaient bien.

« Tout de suite les grands mots ! »

Il songea qu'étalés par terre comme ils l'étaient, en plein milieu de la route devant l'arrêt de bus, ils devaient avoir l'air fins.

« Allez lève-toi gros tas. »

Il se parlait autant à lui-même qu'il parlait à Elior.

Enfin de retour sur ses jambes, il épousseta ses vêtements, et adressa un regard à son ami, qui voulait à la fois tout et rien dire. C'était comme si des mots se battaient pour prendre place sur ses lèvres, mais qu'aucun d'eux n'était parvenu à se frayer un chemin. Il y avait au fond de lui un tas de choses qu'il aurait voulu dire mais sur lesquels il fermait lui-même les yeux, incapable de le définir - ou de l'accepter.

« Tu t'entends bien avec Gabrielle, pas vrai ? »

Il haussa les épaules et attrapa son sac, alors que le bus arrivait à l'arrêt. Il ne lui laissa pas le temps de répondre, comme si ça n'avait pas été important, et lui fit un signe de tête.

« J'ai envie de crêpes, tu viens ? »

Ou peut-être qu'il n'avait pas envie d'entendre.

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septembre // elyas

Un soupire qui se meurt dans la gorge et le regard perdu vers le ciel, tu prends un instant avant de te redresser tant bien que mal, tout en t'époussetant pour retirer un maximum de terre sur tes vêtements - secouant tes cheveux par la même occasion.

Le menton qui se relève et tu plonges dans ses orbes, d'une telle façon que cela te déstabilise - tu ne sais pas bien ce que tu y trouves dans les reflets de son âme, mais pour une raison inconnue, ça fait détaller ton cœur au point d'en être légèrement désemparé.

Puis, la question fuse.

Tu t'entends bien avec Gabrielle, pas vrai ?

(( aïe ))

Et bêtement tu te demandes, pourquoi chez-lui, cette question te fait si mal. On te la pose souvent, cette question, parfois par curiosité, par taquinerie, mais aussi parfois de façon intéressée - et tu sais reconnaître quand ça l'est. Alors, alors, tu n'as même pas le temps de répondre qu'il change de sujet alors qu'il entre dans le bus - et bizarrement, tu lui en est reconnaissant ; sans ça, tu n'aurais pas su comment réarranger tes pensées.

Et puis ton cœur aussi.

Pourquoi ça fait si mal ?

quel petit mot
(le déni)
pourtant il renferme
tout les non-dits

Tu laisses tes doigts enlacer la barre de fer pour te maintenir à ses côtés et tu relèves le menton avec courage, pour pouvoir l'observer et le regarder. Tu lui offres un haussement d'épaule et par, tu ne sais quel miracle, un très léger sourire - sourire alors que tu n'as que l'envie de mourir ; ça te ressemble bien, ça, Elior.

— C'est ma meilleure amie, alors encore heureux, oui, qu'on s'entendent bien. Et ce que tu sous-entends, ce ne sont que des rumeurs... Alors t'inquiètes pas... tu peux... enfin, fait ce que tu veux. et ton rire se fait déchirant.

tu n'as pas envie de lui donner ta bénédiction

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Elyas & Elior

Certains moments le silence le prenait à la gorge et le rendait muet, désemparé. Il sentit quelque part au fond de lui que quelque chose n'allait pas, sans bien définir quoi. Alors toujours sourd à son propre intérieur, Elyas avançait à l'aveugle et ravageait sans constater les dégâts. Il les ressentait sans les conscientiser, les subissait sans savoir ce qui l'attaquait.

« Hein ? »

Il haussa les sourcils et un rire se dégagea de sa gorge, toussant au passage le malaise qui était resté coincé là.

« Attends, te méprends pas. »

Il frotta un de ses yeux sans conviction, détournant le regard pour voir défiler le paysage doucement. En laissant retomber son bras le long de son corps, alors que l'autre tenait encore la barre métallique, il sembla songeur.

« Gabrielle est une fille magnifique, mais je préfère nettement l'insulter que lui faire la cour. »

Il ricana de son rire habituel, un regard lancé à Elior du coin de l’œil, plein d'une malice joyeuse qui le caractérisait bien.

« Je t'ai dit, c'est pour un ami. »

Il pouvait entendre sa remarque cinglante grincer dans ses oreilles, en écho à son message, et il balaya toute chance qu'il lui réponde en le poussant d'une main, dans l'espoir qu'il perde suffisamment son équilibre pour tituber, mais pas assez pour tomber.

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course poursuite

septembre // elyas

Quelques pas en arrière et les orbites qui s'écarquillent de surprise, tu reprends très vite pied avant de le pousser à ton tour dans un Eh ! qui signifiait ta rébellion face à l'agression.

— Arrête de croire que t'as des amis, Elyas ! reprends-tu à ton tour ; faisant toi aussi référence à vos messages échangés un peu plus tôt avant la fin du cours.

Ce que tu ne dis pas, Elior, c'est que le soulagement s'est déversé dans ton corps comme un flot qui aurait ravagé toute tes idées. Il y a bien des choses que tu aurais acceptés - mais Gabrielle et Elyas ensemble était sûrement un de tes pires cauchemars - ils comptaient beaucoup trop pour toi, pour réussir à trouver un équilibre dans tout ça. Tu ne diras pas non plus que le soulagement est dû à autre chose et contrairement à ce que l'ont pourrait croire, tu ne te feras pas non plus l'espoir de prendre sa question à l'envers - de ce fait pour toi - après tout, après l'espoir vient souvent le désespoir, pas vrai, Elior ?

— Alors, personne dans la ligne de mire du roi du terrain ? te moques-tu comme par provocation.

— Après tout, ça se comprend, t'es trop concentré à te regarder toi-même !

et tu pourrais presque ne pas lui en vouloir

get lucky
Elyas & Elior

Son regard s'était fait sombre, voilé d'ombres malades qui lui rappelaient des échanges qu'il préférait oublier, des sentiments qui tempêtaient en son cœur d'habitude désert - et depuis un an, il avait l'impression qu'ils se donnaient tous le mot pour le lui malmener. Elyas ne parlait que peu de sentiments ; la dernière qui avait eu ce privilège portait le nom de Meredith et avait assassiné sa confiance en même temps que leur relation, de la pire des manières qui soit : sans rien faire. Tout en étant foncièrement incapable de lui en vouloir, il était brûlant de rage, et depuis chacune de ses émotions fragiles avait été ravalée par orgueil, par peur, par frustration, ou un peu des trois. Il ne savait plus tant s'il l'avait aimée ou s'il comblait un vide béant à l'intérieur de lui ; mais une chose était sûre maintenant qu'elle avait disparu de son horizon il la regrettait.

« Hm ? »

Il haussa les épaules, feignant de répondre comme s'il n'y prêtait pas attention. En vérité il était incapable de mettre des mots sur ce qui l'habitait. Peut-être qu'il ne savait pas.

« En même temps je suis trop beau. C'est difficile de rivaliser. »

Il ricana un peu un regard furtif lancé à son ami avant de replonger dans le paysage, comme si ce décor maussade avait changé depuis la dernière fois.

« Il y a pas vraiment quelqu'un.. »

Les mots étaient difficiles à poser, difficiles à concrétiser dans l'air pour leur donner un sens.

« Mais récemment, c'est vrai, je me sentais.. »

Il leva la tête, pensif, et l'aveu vint sans aucune forme de gêne, ou de honte.

« Seul. »

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course poursuite

septembre // elyas

Tu aurais dû te taire. Oh, pour une fois, Elior, tu aurais dû te taire. Tu ne sais absolument pas ce qu'est le sentiment qui te prend les tripes et tu penses que la raison est, qu'il est indescriptible. Ce n'est pas une douleur lancinante ni une déception affligeante, c'est quelque chose que tu ne saurais nommer vraiment, tant tu ressens diverses choses en même temps. Or, ce que tu arrives à discerner avec une étrange exactitude, c'est

de la tristesse.

Tu n'es pas triste pour toi, tu l'es pour lui. Tu ressens aussi une énorme émotion de satisfaction au fait qu'il te confit quelque chose de si intime, prouvant une énième fois votre confiance et la solidité de votre relation. Or, en même temps, il y a tout ces autres sentiments parasites qui se débattent dans ta poitrine que tu ne sais pas trop quoi en faire - il suffit, d'être aussi paradoxal, Elior, un jour tu ne le supporteras plus.

Elyas est ton meilleur ami et il le sera toujours.

Alors tu hoches la tête, lui signifiant que tu pouvais décemment imaginer - sans avoir l'audace de le comprendre - et tu humidifies tes lèvres avant de t'élancer.

— Tu fais ce qui te plaît. Et si ça t'aide à te sentir moins seul, alors tant mieux. et tu le penses vraiment.

— Et puis c'est vrai, que t'es plutôt pas mal ! et tu lui tires la langue comme un enfant, avant de t’esclaffer légèrement - tu n'avais pas envie que la discussion lui soit douloureuse et d'autant plus par ta faute.

et cette course poursuite semble interminable

get lucky
Elyas & Elior

La voix de Elior avait étrangement résonné en lui, avait fait écho quelque part dans les creux de son existence. Il y avait toutes ces béances à l'intérieur qui hurlaient le mal de celui qui se battait toujours plus fort pour vivre. La sensation lui parût agréable d'abord, et puis dissonante. Alors comme à chaque fois ils s'étaient mis à rire, et ils surenchérissaient de bêtises car c'était plus facile à porter.

« J'avais pas besoin de ton autorisation, de toutes façons. »

Alors pourquoi l'avait-il attendue ?
Il leva la tête au compliment même pas camouflé, la satisfaction peinte sur son visage.

Et dans un mouvement brusque du bus, les rires s'étaient faits plus forts lorsqu'il perdit son équilibre et le poussa encore - mais cette fois sans le vouloir.

« T'as vraiment eu peur que je te vole Gabrielle ? »

Il pousse encore et encore sur son épaule, doucement, du bout des doigts, en rigolant.

« Elior elior elior elior elior »

Sa voix se fait plus douce.

« Tu me mentirais pas, à moi, hein ? »

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course poursuite

septembre // elyas

Le rapprochement brutal fait à nouveau élancer ton palpitant dans une course effrénée et tu l'observes sans pouvoir détacher ton regard de son air pourtant si moqueur - ton déni, aussi immense soit-il, te protégeait de la vision de ses lèvres.

— Crétin, comme si j'étais capable de te mentir... grommelles-tu plus que tu ne marmonnes - s'il y avait bien quelque chose de vraie, c'était cette vérité ; il t'était tout bonnement impossible de lui mentir.

— Et arrête avec Gabrielle !

Vos chamailleries ont quelque chose d'attendrissant.

— De toute façon, tu peux pas me la voler, vu que vous êtes tout les deux à moi. répliques-tu avec aplomb en lui lançant un sourire coquin et empreint de provocation, comme pour voir s'il osait dire le contraire - tu ne t'étais jamais caché de ta possessivité avec Gabrielle et elle était bien plus voyante qu'avec Elyas et pourtant, avec lui, elle était presque étouffante par ta seule présence.

et tu détestes partager

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Elyas & Elior

Elyas avait perdu son sourire, pendant quelques secondes à peine, pendant lesquelles il eut l'impression d'entendre vraiment ce qu'il lui disait. Et puis balayées par un vent de joie et d'euphorie, les idées avaient disparues pour ne plus laisser la place qu'à ses rires.

Il avait levé une main sur le haut de la tête de Elior, froissant ses cheveux légèrement au passage, et souligna sa position des quinze centimètres qu'il avait en plus de lui. Il n'était pas rare qu'il le chambre sur sa taille, mais cette fois c'était un peu différent.

« Vu d'ici, je dirais plutôt que c'est toi, Elior.. »

Ils étaient sans doute trop proches.

« Qui m'appartiens ? »

Il avait terminé sa phrase sans aucun rire pour la ponctuer et quelque chose d'étrangement sérieux avait flotté dans son regard ; quelque chose qui lui ressemblait peu. Toutes les joies s'étaient faites discrètes sans pour autant disparaître, et le calme dont il faisait preuve tout à coup pouvait presque être effrayant tant il était précis.

« Hein, Elior ? »

Il parlait de plus en plus bas et on aurait dit que le monde autour n'existait plus. Il n'y avait plus qu'eux ; et la distance qui se faisait de plus en plus étroite.

« Est-ce que tu- »

Et à nouveau le bus freine brusquement et Elyas se retrouve à tituber. Un rire vient fendre ses lèvres et il se précipite aux portes qui s'ouvraient enfin.

« Le dernier au stand de crêpes paie la tournée. »

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course poursuite

septembre // elyas

Qui m'appartient ?

Bien sûr que tu lui appartiens - c'est ce que tu maintiens. Cependant, là, maintenant, cette appartenance ne semble pas être la même, il y a quelque chose d'intime entre vous soudainement, qui t'ébranle. Il se joue de toi, tu sais qu'il se joue de toi, pourtant, pourtant - Ah, ton cœur est si faible, Elior.

Tu sembles subitement livide alors qu'il se rapproche inexorablement de toi - entends-tu ton palpitant battre le tempo comme un forcené ? C'est qu'il cri vouloir s'enfuir et briser sa cage ( thoracique ) où tu le gardes prisonnier de tes pêchés.

Tu sens la moiteur de ta main se faire ressentir sur la barre de fer et plus que ça, c'est tout ton corps qui chauffe - pourtant, tu es toujours aussi blanc qu'un linge alors que tu écoutes et bois ses paroles comme un assoiffé en manque d'amour.

Puis
tout s'arrête.

Est-ce que tu... tu quoi ? M'appartient ? Sûrement que s'il avait continuité sur sa lancée, tu aurais docilement hoché la tête avant d'approuver avec un peu trop de dépendance sur le bout de la langue.

Alors, alors, tu l'observes partir comme un ahuris, tandis que ton visage s'enflamme jusqu'à la racine des cheveux — Crétin... que tu lâches avec hargne avant de lui courir après sans oser poser les yeux sur ce qui se passe dans tes sentiments étriqués ; vous courrez, comme pour fuir quelque chose que vous n'êtes pas encore prêt d'assumer.

— ELYAS ! Tu TRICHES ! Reviens ici, connard !

et vous vous aimez

» (end) out of breath — EliorっElyas
» (end) les hérissons — EliorっElyas
» (fb) remember me under the sun — EliorっElyas
» (nc-16)(end) au matin du premier jour — EliorっElyas
» l'espace de ses bras — EliorっElyas (dernière danse)