Tu n'avais pas du tout prévu ça. Pas du tout. Ce n'était qu'un accident, un simple accident. Voilà pourquoi tu t'efforces de garder le contrôle malgré ta nature impulsive. Blesser quelqu'un, c'est vraiment la dernière chose que tu souhaites, surtout lorsque cette personne t'est proche.

Tu n'arrives pas à dormir, Alyson. Tu n'arrives pas à dormir car tu es rongée par la culpabilité. Parce que tu n'as rien fait. Tu n'as rien fait alors que tu étais responsable de la situation. Tu n'avais pas trouvé le courage de te rendre au chevet de ton amie, d'envoyer un message, de demander à quelqu'un de prendre des nouvelles pour toi. Rien.

Mais maintenant, tu ne peux plus faire marche arrière. Tu ne peux pas fuir indéfiniment les responsabilités, surtout quand il s'agit des tiennes. Alors, dans un soupire servant à te donner du courage, tu toques doucement à la porte de la chambre de Jessi. Très doucement, comme si tu avais peur de faire du mal à cette porte.

Tu ne sais pas ce qui t'a pris... La nervosité ? L'impatience ? La crainte de la faire se lever ? Tu as juste ouvert la porte, t'es précipitée. Un peu trop vite. Un peu trop brusquement. Et boum. T'as à peine eu le temps de comprendre ce qu'il venait de se passer que tu entends déjà des plaintes.

▬ Non d'un chien !
▬ Bon sang !

Tu te frottes légèrement le visage, fixant désormais la brune qui faisait de même.

▬ Ça ne serait pas arrivé si tu étais venue m'ouvrir plus vite.

Mais quelle idiote tu fais. Idiote, idiote, idiote. Vu la situation, ce n'est pas à toi d'exprimer le moindre reproche ! Tu t'en rends bien compte. Tu t'en veux encore plus. T'es rouge de honte.

▬ Désolée. Euh... Tu... Tu vas mieux ?

Le message était passé, subtile, te touchant le cœur, provocant davantage de battements à la minute. La sensation était vraiment désagréable. Tu en as une sainte horreur. Tu veux en finir au plus vite. Vite, vite vite. Tu vas chercher de l'air, aussi discrètement que possible, tente de reprendre le contrôle. Encore et toujours.

Tu t'en doutais déjà Alyson. Tu savais parfaitement que Jessi n'allait pas t'en vouloir pour "si peu". Si peu à ses yeux. Si grave aux tiens. Ce n'est pas pour rien si tu es dans la classe dangereuse, Alyson, et tu le sais bien. Tu le sais parfaitement, et tu refuses de reproduire les même erreurs que par le passé, surtout avec une fille comme Jessi. Pas avec elle, elle qui t'a accordé sa confiance. T'as l'impression de l'avoir piétiné, bien malgré toi.

Tu l'observes l'espace d'un instant. Tu la reconnais bien là, essayant de t'apaiser, de faire ce qu'elle peut avec le peu d'options qu'elle possède. Car c'est ancré en toi, Alyson ; cette peur profonde, ce sentiment de ne jamais faire ce qu'il faut. Ça ne disparaît pas avec deux ou trois mots.

▬ Oui. C'est déjà ça.

Tu lâches un petit rire. Bref. Nerveux. T'as baissé les yeux, incapable de les lever alors que la douce voix de Jessi sonnait telle une mélodie. Car il n'y avait rien d'agressif dans sa question. Juste une sorte de provocation. Une "gentille" provocation.

▬ Pourquoi es-tu ici si tard Alyson ? Tu es venue juste pour t'excuser ?
▬ Demande celle qui est aussi debout. Enfin, était.

Tu parviens à relever la tête, haussant un sourcils.

▬ Oui. Je pense ? Il fallait que je le fasse. Pour quelle autre raison je serais venue ?!