Tu es né lors d’un après-midi hivernal. Il ne devait pas être plus de 14 ou 15 heures, car la rotation des sages-femmes venait d’être effectués. Le personnel reprenait tout juste le travail après leur pose déjeuner tandis que d’autre s’en allait prendre la leurs alors que toi, tu te décidais enfin à montrer le bout de ton nez. Le calendrier indiquait alors la date du 22 Décembre 2002.

Un heureux événement qui, neuf mois plus tôt, n’avait franchement pas été calculé. Oui, malheureusement, tu ne faisais pas partie de cette “caste” des enfants désiré. Il serait tout de même malhonnête de dire que tu n’étais pas le fruit de l’amour entre deux êtres. Mais honnêtement, ton géniteur et ta génitrice se seraient bien passés de toi. Et ça, la vie n’allait pas tarder à t’en informer.

Ne vois pas en eux de mauvais parents incapables d’aimer leurs fils, loin de là ! Mais issue d’une classe sociale peu favorable, ayant les poches aussi vide que leur estomac lors des fins de moi, il était compliqué pour eux de concevoir la vie à trois, surtout avec un enfant en bas âge. L’accumulation de ces petits travails ne leur laissaient que très peu de temps et de moyen pour s’occuper de toi. Tu n'étais pas encore âgé de ta première année lorsque la protection de l’enfance te confie à ta première famille d'accueil.

C’est ainsi que tu grandie à Venise et ses alentours. En migrant de familles en familles pour diverses raisons. Tu passa même deux année de ta vie non loin de Naples. Tu n’avais que six ans, mais tu te souviens encore parfaitement de ta visite de Pompéi ! Il y faisait extrêmement chaud où vous aviez beaucoup marché ce jour-là. Tu avais trouvé en toi une force inouïe pour tenir la cadence de cette visite, une force alimentée par cette fascination pour l’histoire que tu t'étais trouvé !

Tu fut d’ailleurs plus que déçus lorsque tu compris que cette visite des ruines ensevelies avait été organisée par ta famille d’accueil dans le seul but de t’offrir un petit cadeau de départ avant ton retour vers le nord du pays de De Vinci. De retour dans la banlieue de Venise. Tu allais devoir te remettre à prendre tes marques dans une nouvelle famille. Celle-ci était déjà bien plus nombreuse et composée d’autres enfants dans le même cas que toi. Tu te rappelles de Diego et Valentina les jumeaux, mais surtout de Mario, le plus âgé d’entre vous.

Ce fut dans cette grande maison que tu soufflas ta septième bougie. Pour fêter cela, tu reçus un beau cadeau de la part de ta nouvelle famille. Un panda-roux en peluche. Tu avais été ravi ! Ce panda-roux, tu l’adorais ! Cependant, Mario, qui vivait dans cette famille depuis bien plus longtemps que toi, devenait peu à peu jaloux de l’attention porté à ce nouvel enfant. Déjà qu’il devait partager sa chambre avec les jumeaux. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour décider qu’il ne t’aimait pas !

Mario avait 11 ans, soit quatre ans de plus que toi. Il était intimidant avec ces deux têtes en plus. Et ça, il le savait. Tu étais une proie facile pour le jeune garçon. Il n'eut aucune difficulté à te voler le panda-roux des mains, et ce, seulement quelques jours après que tu l’ai reçu ! Il avait bien compris que tu accordais beaucoup d’importance à cette peluche. Et autant dire qu’il prenait un malin plaisir à courir jusqu'à la cuisine en sachant que tu te ruais derrière lui pleurant tout les larmes de ton corps !

Incapable de contester quoi que ce soit, tu te décomposas lorsque tu le vis, saisir le chalumeau et brûler ton panda-roux, le sourire aux lèvres. Tes genoux, alors fébrile, tombèrent sous le poids de ton corps tandis que le temps semblait s’arrêter autour de toi. Ton panda-roux n’était déjà plus que des cendres se mélangeant sur le carrelage avec les larmes qui coulaient en continue de tes yeux. Lorsque tu recommenças à bouger, tu plongeas tes mains dans les cendres encore chaude, mais aucunement brûlante. C’est alors que l’impensable se produisit après quelques secondes. Les quelques cendres, encore sèches, épargnées par tes larmes, se mire a virevolté formant un petit nuage de poussière réadoptant petit à petit la silhouette de ton fidèle ami le panda-roux. Alors que tu retrouvais ton sourire, ce fut Mario qui perdit le siens ! Courant dans toute la maison hurlant à qui veut l’entendre “Gabriel è un mostro!” Facilement traduisible par “Gabriel est un monstre !”

Les jours qui suivirent, tout ça passa très vite aux yeux d’un enfant de sept ans. Le lendemain tu n’alla pas à l’école. Rapidement, on t’annonça que tu allais encore devoir changer de famille. Cela était triste à avouer, mais tu y étais déjà bien habitué. Certes, tu étais déçu, mais cela ne t’affecta pas plus que les autres fois. Et puis, il faut bien l'admettre, tu étais comptant de partir loin de Mario!

Tes tuteurs avaient rapidement compris la nature des événements décrits par Mario aussi bien pétrifié qu'horrifier par ce qui était en réalité ton Alice. Une voiture vint te chercher, avec toutes tes affaires, cette fois-ci des messieurs en costume te firent prendre l’avion. C’était la première fois que tu prenais l’avion ! Tu avais peur ! Et tu ne comprenais vraiment pas, pourquoi ta nouvelle famille se trouvait aussi loin, en Irlande.

Le temps passa et tu compris énormément de chose, sur la vie, la vérité et cette nouvelle famille ou plutôt, cette école. Tu ne vivais pas spécialement, mal le fait d’être constamment enfermé entre ces grilles. Jusqu'à maintenant, tu n’avais été que spectateur de ta propre vie, toujours baladé à droite, à gauche.
Alors dans le fond, ces grilles, c’était comme si elles te disaient que cette fois, c’était bon, tu avais trouvé un endroit fixe où tu allais pouvoir vivre sans avoir à dire au revoir a tout ce que tu pouvais connaître deux mois plus tard. Ces grilles, tu les trouvais rassurantes en fin de compte. Tu ne t’étais jamais senti autant chez toi qu’après une demi-année à l’académie Alice. Il y avait beaucoup d’enfants, et tu le ressentais au plus profond de toi, chacun d’entre eux partageait avec toi au moins un point commun. Cela te faisait grandement plaisir.

Tu t’y fis hâtivement des amis. Des enfants qui était dans ta classe, pour la plupart intriguée par ton anglais approximatif. Mais des amis tout de même. Central Town, elle, ne te dépaysagais pas. Pas mal de bâtiments ici, te rappellais ton Italie natale. Même si aujourd’hui, tu parles aussi bien l’anglais que n’importe qui, ton accent ayant été complètement évincé, tu as parfaitement réussi à t’intégrer à la masse. Comme si tu avais toujours vécu ici, dans l’académie.

Te sentant en sécurité, en étant entouré. Vivre sur un campus te ravissait réellement. Au fond de toi, tout ce que tu voulais, c’était vivre normalement. Et aussi étrange que cela puisse paraître, c’était parmi les gens différents que tu allais pouvoir être le plus normal des enfants.

Les années passèrent, tu t'étais parfaitement intégré aux autres enfants de l'académie. Tu te lassais porté par cette philosophie intérieur que tu poussais à vivre chaque jour à 100% pour être sûr que le jour où tu t’en irais, tu n’es aucun regret sur les années que tu as passé ici, que tu n’es pas le sentiment d’avoir perdue des années de ta vie où tu aurais pu te forger d’incroyables souvenirs. Et les plus incroyables de ces souvenirs, tu commençais à les fabriquer l’année de tes 14 ans, lorsque tu rencontras dans ta classe une nouvelle camarade, Lilith.

Lilith, avait le même âge que toi, peut être un peu plus vieille de deux ou trois moi. Cela ne faisait que deux ans qu’elle avait rejoint l’académie. Elle était un peu réservée, mais pourtant, ce fut naturellement que tu fis sa connaissance. Au fil des jours, des semaines et des mois, vous deveniez de plus en plus proches, de plus en plus complices. Au point où tes amis, avec qui tu avais déjà passé l'équivalent de la moitié de ta vie ! Commençaient à se poser des questions, voir même, à t’en vouloir de disparaître si souvent pour passé du temps avec celle que tu décrivais par sa chevelure bleutée.
Guère de temps plus tard, ce fut officiel. Lilith et toi étiez devenues l’un de ces jeunes couples d'adolescent qui fleurissaient chaque année sur le campus. Tu te fis naturellement charrier par tes plus anciens amis, mais dans le fond la plupart d'entre eux étaient sincèrement heureux pour toi. Car même si Gabriel était déjà synonyme de joie de vivre et bonne humeur, tu n’avais jamais été aussi épanouie qu'avec elle.

Tu avais été bercé avec des romans et autres séries à l’eau de rose. Vous aviez beau être jeune et insouciant, avec Lilith tout se passais bien, tu aimais même souvent vous comparer à tes héros de fictions. Au bout d’un an, tu te voyais déjà faire ta vie avec elle. Rêve renforcé par cette soirée en amoureux où tous les deux vous aviez effectuez l’échange de vos Cristaux d’Alice. Le tien était orangé aux premiers abords, mais on pouvait y apercevoir un magnifique dégradé de violet à rose en son cœur. Des couleurs rappellent un magnifique couché de soleil en l’instant le plus idyllique d’un crépuscule.

Elle était devenue tout pour toi. Vous faisiez tout ensemble et continuez de tout faire à deux. Au tel point où tes amis parlaient sans cesse de toi au pluriel. Mais… Parce qu'il y a toujours un mais. Même si entre vous deux cela fonctionnait vous étiez ce genre de couple complémentaire. Certes, vous aviez des points commun, des hobbies que vous partagiez. Mais “Qui se ressemble s’assemble” n’était clairement pas votre diction à tous les deux. Vous étiez même drastiquement opposé sur bien des sujets.

Si toi, tu voulais être couvé, toujours accompagné pour pouvoir progresser. Lilith était de celles qui avance d’elle-même, elle avait ce besoin de voler de ses propres ailes, besoin que tu ne ressentais pas. Et ce fut en majeur partie pour ce genre de différences qu’au cours d’une soirée Netflix & Chill, une discussion qui ne manqua pas de te lacérer le cœur vint s'interposer entre vous. Si dans votre couple, il n’y avait encore jamais eu de sérieux problèmes, Lilith songeait à l’avenir. Et à bien en discuter ni elle, ni toi était certain que cette relation serait capable de toujours tenir le radeau en dehors de l’eau, en partie à cause de ces différences. .

Lilith semblait avoir pris une lourde décision. À en lire les larmes qui coulaient de ses yeux mauves, cela ne lui faisait pas plus plaisir qu'à toi. Pourtant, ce fut d’un accord commun que le duo de Gabriel et Lilith pris fin après plus de deux ans d'existence. Après cette soirée, tu restas longtemps, en boule, dans ton lit. Tu avais ce sentiment que cette relation, c’était plus Lilith qui y avait mis fin. Qu’en réalité, même si vous étiez différents, l’avenir avec elle te semblait pleinement envisageable. Tu te laissais aller dans ta tristesse. Tu ne le savais pas encore, mais tu allais rentrer dans une spirale qui te ferait souffrir bien plus que tu aurais dû !

Les jours qui suivirent, tu étais amorphe, un vrai légume. Constamment plongé de tes pensées, le monde extérieur ne semblait être qu’un écho. Tu étais méconnaissable. Tu te confortais dans l’idée que c’était Lilith qui avait décidé de mettre un terme à votre couple. En d’autres termes, qu’elle avait été égoïste. Petit à petit, le déni laissa sa place à la tristesse qui à son tour, avait fini par laisser sa place à la colère. Tu valsais sans cesse entre les pensées te disant que de toutes manières, tu étais mieux sans elle ! Que tu allais pouvoir aller dans des soirées, la musique à fond avec des verres bien trop alcoolisés pour ton âge, sans qu’elle ait son mot à dire. Puis, lorsque tu posais tes yeux sur une tablette de chocolat noir, tu n’avais qu’une envie. Regagner de ton dortoir et songer à “la suite” sous ta couette.

Aujourd’hui, presque un an est passé depuis ta rupture avec Lilith. Tu penses certes toujours à elle, mais en apparence, tu t’es endurci. Tu ne laisses plus paraître le fait qu’elle te manque. Tu prends même un malin plaisir à la détester, puis-qu’après tout. C’est bien là, la seule façon que tu as trouvé pour rendre son absence moins douloureuse…