Ivre
de folie.Aucune lumière – il n'a rien allumé.
Dans la nuit, tout a tremblé.
Pendant qu'en bas, on festoyait,
près des étoiles, on saccageait.
Frapper – les murs (heurter le cœur)
déchirer – les portraits (tirer un trait)
l'âme au bord des lèvres et les larmes acides, le souffle court, la tête lui tourne et il se sent quelquefois vaciller
(inspire, inspire,
inspire putain)
il ne sourit plus – plus rien n'est grave
plus rien ne le retientil défaille, étouffe les sanglots quand il mord son poing serré
(calme-toi, calme-toi,
calme-toi)
à l'aveugle sous le lit la bouteille saisie et qu'on inaugure, la tête qu'on renverse et il se sent quelquefois chanceler
ivre.
et la nuit s'étire et
le silence
le
t e r r i f i e
il s'extirpe pour tituber dans les couloirs, l'heure du couvre feu depuis longtemps dépassée et on s'espère seul noctambule dans les
minutes
obscures
les yeux plissés quand la lumière de la salle d'eau déchire ses rétines claires, il trébuche une dernière fois et s'appuie au rebord des éviers, la tête baissée, les inspirations lourdes.
son propre visage, quand il l'ose l'affronter –
délabré.
Il ne s'était jamais connu capable d'une telle douleur – il ignorait comme on pouvait avoir mal, si mal qu'on pourrait en déchiffrer toutes les sutures du dedans sur ses traits
déchirées.
un souffle tremblant,
Est-ce qu'on s'est menti,
tout ce temps ?
un hoquet dans le vide,
Je jouais avec toi.
les regards qui tentent de s'esquiver,
Je veux que tu m'aimes pour toujours
et ne demande rien en retour.
le reflet qui, chaque fois, rappelle,
je ferai en sorte de te manquer.
la pâleur, tel un macchabée,
Je suppose que ça fait partie du théâtre
dans lequel il croit jouer.
les poings se serrent,
Ça fait mal de se regarder en face.
et le miroir
vole en
é c l a t s .la douleur déchire, transperce
une seconde
transcende et il s'écroule presque – une main le retient en équilibre au bord des éviers, un genou au sol, la main qui a heurté (blessée) ramenée contre son cœur
et la chemise
(blanche)
se macule de
s a n g
(et, d'un coup, d'un seul
ça n'est plus
assez)
des pas, une voix – dans le silence et ses respirations irrégulières,
ses halètements de bête sauvage acculée
ç'aurait pu être
n'importe qui«
Dégage. »
mais il relève la tête et c'est
l u ile cœur n'écoute plus la raison – il se jette tout entier sur lui, à corps perdu
la silhouette trouble, l'équilibre précaire
les poings serrés et c'est
tout ce qui lui restequand il frappe
tout ce qu'il peut toucher.
caenispour tous les autres
tu vas payeret par pitié frappe, frappe toi aussi
frappe fort (
ça ne sera jamais assez)
maudis mon nom, caenis
brûle mes déraisonsanéantis l'implosion
et par pitié,
par pitié, caenis
ravagequ'à l'aube il ne reste plus rien
plus rien de ce cœur qui n'entend plus raison,
plus rien de cette rage qui n'entend plus modération,
plus rien de cette violence qui n'entend plus satisfaction,
plus rien de chandresh dwight
l'idiot épris d'illusions
plus rien de la moindre seconde
de souvenir dans le crâne.