Une semaine, après le festival sportif.
Les événements s'étaient enchaînés et suite à la débâcle de la course, Jason avait prit la décision de s'isoler des diverses activités de groupe et/ou club auxquels il se montrait d'habitude si ponctuel.
Lui qui n'était déjà en temps normal rien de plus qu'un fantôme se comportait de manière encore plus effacé qu'auparavant.
L'esprit ailleurs, on ne le croisait finalement dans les couloirs que depuis quelques jours, lorsqu'il se précipitait pour apporter des pâtisseries matinales à Juno-Bianca.
Si l'ivresse de l'amour l'avait finalement emporté, il valait mieux ça que le sentiment de culpabilité qu'il ressentait suite à l'arrestation de ses parents, il est vrai que Jason avait été bien peu présent pour ses amis.
Au final, des amis, il n'en avait pas des masses.
Ace, Kagerou, Alexandra.
Mais ils étaient importants.
S'il n'avait aucun doute quand au fait qu'il allait croisé Ace très prochainement et que le roi des glaces n'allait de toute façon sûrement pas lui en tenir rigueur, compte tenu de leur relation, il ne pouvait nier qu'il ressentait un manque en ce qui concerne la présence rassurante de Kagerou.
Ils n'avaient pas vraiment parlés depuis sa promotion en major et la crise de panique qui avait provoqué l'envoie de ses sms, n'est-ce pas ?

S'étant munis d'une boite de confiseries, il s'était dirigé après les cours en direction des dortoirs du lycée, à l'étage des simples.
Il n'y avait pas d'entraînement de baseball aujourd'hui, c'est donc sûrement ici qu'il pourrait le retrouver.
N'avait pas l'habitude d'annoncer son arrivé, ça le mettait franchement mal à l'aise, alors il se contentait de simplement se présenter à la porte avec l'espoir un peu naïf qu'il ouvre comme s'il était attendu.
Le dos de sa main frappait contre la porte, deux fois, pour déclarer son arrivée.
A peine eut-il ouvert la porte que Jason engageait la conversation avec un éclat de chaleur légendaire.

« ― Kagerou Nagase. »

Bon, d'accord, c'était peut-être pas l'explosion de joie à laquelle il devait s'attendre, mais c'était le mieux qu'il pouvait fournir pour le moment.
De toute façon, le fait qu'il se soit déplacer jusqu'à lui était déjà significatif.
Plaque à moitié la boite de confiserie contre le torse de son frère, pour éviter tout contact physique ressemblant de près ou de loin à une embrassade.
Il avait des choses à lui dires.

« ― J'ai amené des bonbons. »

Jason pénétrait dans la chambre de son ami, en inspectait les moindres recoins.
Il se souvenait de l'étage des une étoile, il avait séjourné ici lors de son arrivée dans l'académie.
Avait rapidement monté les échellons pour ne pas s'encombrer trop longtemps d'une vie si peu luxueuse.
Ne pouvait s'empêcher d'estimer que Kagerou, s'il y mettait un peu plus de volonté, pourrait rapidement gravir les étages.
Peu importe, il n'était pas ici pour lui offrir une lecture sur les bien êtres de l'élévation sociale, il était ici pour tenir un peu au courant son ami de ses agissements, dernièrement.
C'est vrai que sa vie avait été plutôt agitée dernièrement, à commencer par l'ouragan Juno-Bianca qui avait balayé toutes ses barrières et lui avait offert sa première fois, au passage.
Attrape une chaise pour déposer ses fesses dessus, entremêle ses doigts entre eux.
Le stresse.
Est-ce qu'il lui en voulait ?

« ― Je suis passé major etttt je crois que mes parents sont des geôles du gouvernement. Ou quelque chose comme ça. »

Remontait ses mains jusqu'à sa tête pour se gratter le cuir chevelu.
Le stresse provoquait une réaction très simple chez lui : il disait tout ce qu'il lui passait par la tête.
L'idée même de perdre sa proximité avec Kagerou en raison des derniers événements, plutôt que de simplement le tétaniser, lui faisait avouer toutes ses angoisses.

« ― Je crois que c'est de ma faute, en plus. J'ai appelé le directeur. Enfin, j'ai essayé. On m'en a empêché. Asmodée m'a frappé. Le bras. »

Le regard fuyant, son talon frappait le sol alors que sa jambe s'agitait.

« ― Et je crois que je suis en couple avec Juno-Bianca. Tu sais combien elle a de paires de chaussures ? »

Pas malin.

Etait-il vraiment heureux avec elle ?
Oui, certainement un peu mais, il ne pouvait cacher son angoisse à ce sujet.
Les mots fatidiques n'avaient jamais été prononcés et d'une manière ou d'une autre, il n'avait pas envie de délaisser Kagerou.
Ce dernier avait toujours été présent pour lui lors des moments de doute ou pour l'aider à ressentir un peu de chaleur humaine, avant même Juno-Bianca.
Il méritait d'avoir des nouvelles du corbeau, de connaitre son état de pensée et la manière dont sa vie se déroulait actuellement.
Partagé entre la culpabilité et la joie de cette nouvelle vie qui s'offrait à lui, Jason ne savait pas sur quel pied danser.
N'avait jamais eu besoin de s'en préoccuper, après tout.
Mais Kagerou ne manquait pas à son devoir et savais trouver les mots qui font plaisir, qui rassurent.
Ne s'exprimait pas lui non plus avec des grandes tirades, sa force était peut-être même de savoir véhiculer ses émotions en très peu de mots.
En cela, ils se rejoignaient.

Son ami était sûrement le seul à s'inquiéter de son absence.
Et cette pensée lui faisait étrangement du bien.
Le fait d'être important pour quelqu'un, ça avait au moins le mérite de nous rassurer, au risque de blesser son vis à vis.
Jason grattait sa joue avant de lui répondre, l'air ailleurs.

« ― Heureux, hein... »

Marque une courte pause avant de reprendre.

« ― Je suis désolé de t'avoir inquiété, Kagerou. C'était difficile pour moi, de gérer des... Émotions. J'ai pas l'habitude et j'ai tendance à me renfermer sur moi-même, dans ces moments. »

Il haussait les épaules, un peu plus décontracté.
Ça avait du mal à sortir mais la présence de son ami rendait toute la situation un peu plus facile à encaisser.
Son regard se baladait de nouveau dans les recoins de la pièce, convaincu qu'il serait désormais parfaitement incapable de vivre dans un espace aussi réduit.
Aspirait à mieux pour son frère.

« ― Tu sais que tu peux venir me voir n'importe quand, n'est-ce pas ? Alors n'hésite pas. Ça me fera plaisir. Et je peux faire du thé, en haut. »

Aucun mépris dans sa déclaration.
Lui communiquait juste que ça lui ferait plaisir de le recevoir, un jour ou l'autre.