✢ Poupée, poupée, pourquoi mens-tu tout le temps ✢
Tu as un si beau sourire. Mais il est vide de sens. Toujours si gracieuse, si délicate. Toujours si calme, si droite.
C'est si facile pour toi de donner de l'attention à ceux qui se tournent vers toi.
C'est si facile pour toi d'être un pion coloré en noir, caché sous le voile, un voile d'une blancheur immaculée.
Tout va bien. Tout va toujours bien.
On t'arrache un bras. On te brûle. On te coupe les cheveux. On te plie en deux. Mais tout va bien. Tu souris, encore et toujours. Il est si beau. Mais il ne veut rien dire.

✢ Poupée, poupée, tu as des yeux de verre ✢
Que refuses-tu donc de voir ? Qu'est-ce qu'on t'a empêché de voir ?
Tes yeux sont grands ouverts, ils voient tout, tout ce qu'on t'a permis de regarder. Le moindre geste, le moindre reflet dans les yeux des autres... Tu sens les choses. Tu vois derrière les masques, tu vois dans les coeurs, tu vois dans les esprits.
Mais qui voit en toi ? Il n'y a rien dans tes yeux. Ils brillent. Ils brillent quand tu apprends à connaitre les autres, quand tu apprends de nouvelles choses. Il n'y a que curiosité, pour le monde, pour les mystères, pour ce que les autres ont à partager. Mais il n'y a aucun autre sentiment, rien d'intense. Tu vois à travers les yeux des autres, et eux ne voient que leur reflets.

✢ Poupée, poupée, tu as le diable au corps ✢
Mais tu portes des vêtements bien amples, qui étouffent une chaleur elle-même étouffante. Bien des émotions n'ont pas le droit d'être exposées. Seules celles qui sont utiles à l'académie ont le droit d'exister. Pas de stresse. Pas d'amour. Pas de haine. Pas de compassion pour ceux qui dépassent les limites. Pas de peine mal placée.
Tu peux juste profiter de ce que tu as, de ce que tu as le droit d'avoir. Car c'est pour quelque chose de bien.

✢ Poupée, poupée, pourquoi avoir placé une bombe dans ton ventre alors que ton coeur est déjà entaillé ✢

À retenir: