Tu portes un regard blasé sur le monde. Biaisé un peu aussi. Il faut que ça bouge sinon tu t'ennuies vite et ton visage revêt des couleurs mornes, comme un petit lapin qu'on aurait laissé dans la solitude. D'ailleurs, tu ne supportes absolument pas ça, la solitude. Malgré tes apparences froides voire réfractaire au contact social, tu es une abeille affairée qui butine de cercle social en cercle social. Certes, tu aimes être seul des fois, pour te recentrer, te couper du perpétuel mouvement qui t'entoure et tu n'apprécies pas qu'on vienne te déranger dans ces instants de recueillement mais tu aimes le contact. Tu n'aurais pas terminé psychologue si tu ne l'avais pas aimé, de toute façon...

Tu as besoin d'un peu de fun dans ta vie, cette pointe de piment dans un plat trop insipide ou cette touche de jaune qui ajoute de la lumière dans un tableau trop sombre. Tu veux faire plein de choses, t'amuser comme un enfant dans une salle d'arcades ou t'amuser directement avec eux. Ce n'est pas pour rien si tu menais une double-vie (totalement assumée) avant de revenir à l'académie. S'il y a un PokéStop à l'entrée de l'académie, on t'y verra. Une arène de la team jaune dans le gymnase, tu seras dedans. S'il y a une compétition de Mario Kart ou de Smash Bros, on peut compter sur toi. Tu t'exprimes en gif et en memes et on dit de toi que tu peux être un gros troll. Tu ne vois cependant pas pourquoi.

Cependant, quand il s'agit de parler boulot, tu redeviens l'homme sérieux, ton expression stoïque figée dans le marbre et ton langage corporel parle pour toi. Regard analytique, prestance et un peu de douceur avec certains de tes patients pour les amener sur le chemin de la guérison, ou au moins du mieux-être. Au placard l'enfant en recherche de sensations fortes.

Tu ignores si c'est la culpabilité d'avoir laissé derrière toi une femme et un enfant (ou une enfant, tu ne sais même pas) mais ton côté paternel ressort énormément, malgré toute la distance que tu essaies de mettre entre toi et les autres. Peu importe l'âge, qu'ils aient trente ans de moins ou dix ans de plus, tu apportes un soin particulier à t'occuper des autres. Cuisine, remèdes de grand-mère, dad jokes, tout y passe.

Cette distance, parlons-en. C'est toi le psychologue mais tu te considères incapable d'aimer quelqu'un. Tu donnes de l'affection mais tu te sens vide. Impossible de t'accrocher et tu te demandes à chaque fois "pourquoi ça ne marche pas ?" Au fond de toi, tu as la réponse : tu es effrayé à l'idée de t'engager sur du long terme alors tu collectionnes (avec raison) les CDD amoureux, non reconductibles après dix-huit mois maximum. Même si amoureux reste un grand mot pour désigner ce qu'on appelle communément plan cul, friends with benefits ou coup d'un soir. Tu as essayé mais à chaque fois, ça s'est terminé en fiasco. Tu en devenais mauvais, lassé et cet état te poussait à l'infidélité.

Personne n'est parfait.

Et ça se dit psychologue, autrement dit celui qui analyse et conseille les autres sur leur psyché. Tu devrais peut-être... Commencer par te connaître toi-même, comme dirait Socrate. Mais c'est effrayant, de se découvrir de l'intérieur dans les moindres détails. Alors tu mets tes œillères bien confortables en pensant que tu ne verras rien puis tu souris aux autres en les poussant à penser à ce qui cloche. Ouvrir un tiroir de mémoire et de pensées, puis un autre en évitant ta propre introspection.

Tu t'intéresses aux autre pour ne pas te voir toi, tel que tu es.