Au milieu des poudres et des pinceaux, Camélia se sent en paix, faire de son visage et celui des autres une oeuvre d’art la rend heureuse et enflamme sa créativité. Aller toujours plus loin, toujours plus haut dans ce qu’elle peut faire et ce qu’elle veut faire. Ses mains n’aiment pas être sans but et doivent toujours faire quelque chose pour s’occuper. Toujours prête à aider ses proches, toujours disposée à commettre les actes les plus terribles si ça signifie aider ceux qu’elle aime. Sans le soutien des autres, sans mains à mettre dans la sienne, elle n’arrivera à rien. À trois, Camélia se sent forte, mais sans eux qui sait si elle serait capable de se relever si elle venait à trébucher. Son coeur est sa faiblesse, son amour son talon d’Achille et le meilleur moyen de la faire tomber. Son âme romantique est faible pour les tragédies et histoire d’amour romanesques peut la rend vulnérable aux passions qu’elle garde secrètes dans son coeur, à l’abri des regards et qu’elle ne chuchote qu’à son journal intime et à son violon.

Elle fait la fière, joue aux grandes dame avec ses recueils de poésie, mais c’est pour mieux cacher à quel point ses sentiments veulent exploser. Elle peut faire comme si les gestes lui passaient dix pieds au-dessus de la tête, mais en fait c’est tout le contraire. Tout garder pour elle, régler ses problèmes toute seule pour ne pas inquiéter et pouvoir aider les autres à la place c’est bien mieux que d’extérioriser ce qui ne va pas. C’est dur de dire le négatif quand on sait que les autres ont déjà des problèmes à eux. Les mots d’amour, Camélia préfère les lire que les dire, ses mots de tendresses sonnent durs et froids, invitant au dépassement et à regarder en avant plutôt que de s’attarder sur le présent.

Toutes ces couleurs qu’elle voit et ce monde qui semble briller de mille feux à presque chaque instants peut facilement la submerger et préfère rester dans sa zone de confort, là où le calme règne et qu’elle s’entend penser, mais il faut avouer que parfois on a pas le choix d’en sortir surtout avec une paire de surexcités sur les bras. Peu importe l’avalanche de couleur, peu importe le bruit et au diable ce qu’il se passe, tant que l’un des trois s’en sorte avec toute sa tête, autant que ce soit elle. Se priver de petits plaisirs pour s’assurer du bien-être des autres ne la dérange pas, jouer les rabat-joie pour s’assurer de la sécurité du groupe lui fait se sentir bien mieux que de se laisser porter par le courant. Elle a tendance a être quelque peu surprotectrice avec sa fratrie et elle a beau ne pas être aussi grande ou forte qu’eux, mais elle sait qu’un bon coup dans le plexus solaire peut régler des problèmes dans les pires des cas.

Il n’est pas rare pour elle de juger quelqu’un par la couleur de sa voix et de ses mouvements et la première impression est définitivement un passage qui passe ou ça casse dans son cas. Trop de kruör dans le timbre de la voix, pas assez de vëks dans ses mouvements ou un sillage empreint d’un khël trop brillant sont des facteurs auquel Camélia fait particulièrement attention et qui font partie des raisons qu’elle a du mal à expliquer quand elle n’aime pas quelqu’un. Comment décrire des couleurs que l’on est la seule du groupe d’amie à voir? “Le vëks c’est du rouge, mais pas vraiment à la fois...”, “le khël c’est plus une teinte qu’une couleur en vrai…” et tant d’autres vaines tentatives soldées par des échecs qu’elle a abandonné l’idée d’expliquer aux autres, à quoi bon? De toute façon, Camélia ne sait jamais vraiment si son alice est une bénédiction ou une malédiction.

J'ai pas vraiment voulu faire ça, mais Camomille a insisté pour qu'on le fasse, donc on a du s'échanger des lettres par rapport à avant et comment on a vécu jusqu'à maintenant...ou un truc comme ça.

Camélia joue l’hiver sous les airs de plomb, mime le grand froid alors qu’on sait bien que sous les os, les parterres du cœur fleurissent de bourgeons - Camélia c’est le printemps. au calme de tes ondées, des arcs-en-ciel, j’aime rejoindre dans les silences au creux desquels on ne voit que la couleur des pages que tu tournes - celle des ouvrages chargés de mots doux - souvent on s’assoit tous les deux et le seul geste que je fais c’est poser ma tête sur ton épaule pour lire des poèmes avec toi. toujours de la beauté entre tes doigts, même lorsque tu les utilises pour me parler, les tons sont harmonieux, se marient bien entre eux - j’y tiens comme la prunelle de mes yeux. l’idée que quelqu’un entache ton nuancier ça nous rend dingue avec Camomille, tu sais ? pour ça qu’on sort les griffes quand des prétendants aux couleurs qu’on n’aime pas s’approchent de toi, pour ça qu’on leur demande toujours s’ils aiment le violon, et pour peu qu’ils disent “non” on les cogne. celui qui laissera des cendres dans tes paumes, on se salira les mains pour lui faire regretter les faux départs de feu, et j’espère qu’on pourra encore tenir la tienne, même si l’on s’est montré cruel. toi tu vois, toi tu sais, mieux que les autres, brillante évidente, aux pigments les plus purs, c’est sûr que t’en feras des chefs-d’œuvres. et les ratés, le trait à coté, la peinture qui ne te plaît pas - ne garde pas ça pour toi, s’il te plaît, je t’ai dis, je ne m’en fais pas
forcément, qu’avec un peu de patience
on aimera le résultat.

un peu comme les teintes de toi dans l’avion -
à l’aller, elles étaient tristes
au retour, elles seront splendides.

— from coby w/ love

Il fait toujours ça, écrire des mots comme ça au lieu de dire directement les choses comme ça. Le mec il sait que ça va me faire pleurer donc il fait tout ça. Il a toujours été là, être des triplets a fait en sorte qu'on est très liés, ça aide beaucoup et je crois pas que j'aurais été aussi loin sans eux. Quand on nous as annoncé qu'on partirait à l'académie... disons que j'ai été celle qui l'a prise le moins bien. J'aime pas le changement ou quand les choses vont pas comme prévu et c'était tellement soudain que j'ai pas eu le temps de me préparer. Au tour de la lettre de Camomille...

Ne touchez pas à ma sœur.
Je me rappel que je disais toujours cela lorsque l’on t’approchait.
Que l’on regardait dans sa direction.
Que l’on t’apportait beaucoup trop l’importance.
Alors que l’on était à l’extérieur.
Je devais ressemblé à un petite monstre et je m’en excuse
Mais rien au monde n’aurait pu et n’aura jamais le droit de te faire mal, petite sœur.
De la fois où l’on t’avait perdu dans le Ikea et qu’on finit en larme de joie lorsque l’on te retrouva dans le coin des lits, endormit sous la couette d’un lit king.
De la fois où l’on dut t’amener au urgence car je t’avais enfoncé un raisin dans le nez.
Pardonne moi pour tout ce que j’ai pu bien te faire.
Parce que, au fond, Camélia.
J’ai toujours été jalouse de toi.
De ta beauté. De ton visage trop parfait.
Arrête de dire que l’on a le même, je suis sûre que tu as pris toute la beauté des trois.
Tu es tellement ce que j’aspire à devenir.
Par sa confiance. Ton aisance dans toute les situations alors que je craque et que je cris.
Je te prend comme modèle chaque jour lorsque l’on est ensemble.
Que ce soit entrain de faire les magasins, lorsque tu me demande qu’elle couleur t’irait le mieux sur les lèvres.
J’espère que tu compte tout autant sur moi que je le suis pour toi.
Et je te jure sur la tête de notre poisson rouge décédé, par ma faute, que rien.
Oh grand jamais.
Rien ne te fera jamais de mal.
Je te le promet.

De ta soeur qui va aller se cacher maintenant


On aura toujours besoin des autres, c'est comme ça qu'on a toujours fonctionné et c'est comme ça qu'on fonctionnera. Je comprends maintenant pourquoi Camomille voulait qu'on fasse cet exercice. Parfois, on se rend compte de la valeur de ce que l'on a après les avoir perdu, mais là je me rends compte de la chance que j'ai d'avoir la chance de les avoir. On est prêt pour ce que la vie à en réserve pour nous, parce qu'ensemble on est invincibles.