screaming her lungs out ★
les gens qui aiment ne doutent de rien, ou ils doutent de tout.


Écouteurs dans les oreilles.
Affalé sur le lit et les bras tendus vers le plafond. Téléphone en main, tu regardes une vidéo sans vraiment la voir…
L’éclat dans ton regard change quand tu reçois le premier message de Juno. Au deuxième, tu te redresses ; tentant de comprendre ce qu’il se passe.
Elle veut te voir.
Ça faisait longtemps…
Rapidement tu proposes le premier lieu random de l’Académie qui te traverse l’esprit : la bâtisse abandonnée, il y a peu de chance que vous y croisiez grand monde.
Habituellement, tu serais probablement déjà parti en courant, mais là tu prends quelques secondes. L’impression que ta dernière véritable conversation avec Juno a presque six mois et aussi étrange que cela puisse paraître elle te hante toujours.
Tu as dis oui, sans penser à toi.
Un soupire t’échappe.
Peut-être que ça te feras du bien.
« Mais dis voir, Sasha, à quel moment tu vas commencer à t'affectionner toi-même ? »
Pas aujourd’hui Juno, désolé.
Tu te lèves enfin de ton lit, cherchant un sweat propre que tu enfiles juste après avoir mis du déo. De tes doigts, tu essayes d’arranger tes cheveux, mais au fond, c’est un perte de temps et enfin, tu glisses tes pieds dans tes baskets.
Mains dans les proches, tu quittes ta chambre sans un regard en arrière.

A la naissance, on t’as programmé pour être obligatoirement à la bourre, donc tu n’es pas vraiment surpris de constater que Juno est déjà là.
Son sourire, t’en fait esquisser un.

▬ Juno.

Il y a quelque chose d’étrange.
Tu ne saurais pas dire ce que c’est, ton alice reste bien silencieux, donc pas de danger à proximité et pourtant, il y a quelque truc dans l’air… ou est-ce Juno ?
Sa plaisanterie, t’arrache un rire.
C’est devenu rare, mais ça revient.
Doucement.

▬ Ah merci vraiment, en plus j’ai pas trop la côte en ce moment, alors cinq étoiles, c’est juste… waaaw !

Un poil cynique.
Tu te dénoue les épaules d’un mouvement souple pile quand elle te propose d’avancer. Acquiesçant, tu lui emboîtes le pas.
T’as pas choisi l’endroit le plus rassurant.
Cependant, t’aime bien entendre les débris craquer sous ton poids et au rythme de tes pas, ça donne un côté un peu mort-vivant à ce bâtiment.
Ton regard glisse sur elle.
Juno a le sourire.
Elle est belle, ça creuse des fossettes dans ses joues et faut reconnaître que ça te fait craquer.
Pourtant, elle a dit que ça allait pas.
Est-ce ça sourire pour cacher qu’on a mal au-dedans ?

▬ Tu sais, tu peux tout me dire Juno.

C’était un appel.
Ça fait un moment que t’as arrêté de demander aux gens s’ils allaient bien, parce que t’as pas envie qu’on te retourne la politesse Sasha, alors t’as trouvé des parades.
Tu te relèves, lentement.

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Le rire de Juno.
Il est un peu bizarre.
Ton regard glisse à nouveau vers elle.
Ta risette se creuse d’avantage.

▬ Oui je sais.

Pourtant Juno, avant le bal… tu t’es confiée non ?
Tu en viens à te demander si c’est pour ça qu’elle t’as appeler, pour que tu sois l’oreille attentive, l’épaule sur laquelle pleurer.
Déglutissant de travers à cette pensée.
T’es pas certain d’être le mieux placé pour ce rôle, pourtant, quand Juno reprend la parole, tu reste attentif, ralentissant même le pas.
Elle change soudainement de sujet.
Enfin, c’est l’impression que tu en as.
Fronçant légèrement les sourcils, tu lèves la tête vers le plafond, réfléchissant à ce fameux Zéphyr, le frère de Judas…

▬ Mouais, vaguement.

T’es pas certain Sasha.
Faut dire que t’as pas vraiment de mémoire pour les gens en général, pas juste les prénoms ou les visages, c’est un tout… du moins, sauf s’ils te marquent, là oui.
Il m’a…
Il t’as ?
Ton souffle se fait soudainement plus bruyant et ton cœur te semble battre un peu plus fort ; le sang chaud comme toujours.
Tu écoutes Sasha.
Et tu la regarde.
Mâchoires qui se contractent, froncement des sourcils… tu te refais sa tirade, essayant de comprendre, de l’aider.
Puis ça te frappe.
Les traits de ton visage prennent une allure légèrement morose et ton menton se baisse.

▬ Tu l’aimais ? Tu demande, ne voulant pas affirmer quoique ce soit dans un premier temps. Peut-être que tu ne t’en es même pas rendu compte, tu lui as donné une part de toi sans le savoir et sans qu’il le sache non plus, puis il est parti et…

Flashback d’Ace qui s’éloigne dans le couloir.
Pas un regard en arrière.
Ça te coupe en l’air.
Putain, casses-toi !
Inspiration et tu secoue la tête.

▬ Je sais ce que c’est. On s’en remet, c’est pas facile, mais crois-moi, on y survit.

Si j’arrive à remonter doucement, ça veut dire que toi aussi tu le peux Juno. C’est même certain, t’es cent fois plus forte que moi.

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Tu t’arrêtes toi aussi Sasha.
Le regard cherchant le siens.
Juno commence, « Je... » et puis plus rien.
Ce n’est pas facile.
Tu voudrais sourire, lui faire comprendre en plus des mots que ça va aller, mais tes lèvres s’y refusent. Ainsi, tu te contentes de sourire du regard Sasha, te doutant qu’elle saura le voir, elle.
Le silence coutumier s’installe.
Habitué, mais carrément lassé.
Ace était revenu, alors que ça faisait des semaines déjà que tu avais réussi à ne pas y penser… il y a encore du travail à faire, malgré tout tes efforts, il reste accroché.
C’est donc ça avoir quelqu’un dans la peau.
Tu pinces les lèvres, machinalement.
Juno fini par dire que tu as raison.
Cette fois-ci tu souris, vraiment.

▬ J’espère en tout cas.

Autant pour toi que pour moi.
Au fond, tu t’attendais à ce qu’elle poursuive, parce que t’étais un peu curieux quand même, mais comme toujours, le vent tourne et on s’intéresse à ta personne.
Tu grinces des dents dans une risette trop large Sasha.
Elle a beau sourire Juno, ça n’est pas rassurant.
Léger soupire.
Tu sors les mains de tes poches.
Étires tes doigts.

▬ Hum… ça va mieux. Juré. J-Je prends enfin soins de moi… Tu passes une main dans tes cheveux roux. Enfin, j’essaye.

Parce que c’est pas facile tout les jours.
Il y a des matins où j’en peux plus.
Doucement, tu te remets à marcher.
Les brindilles et le verres qui craquent sous tes pieds, le son qui résonne entre les murs qui semblent menacer de s’écrouler à tout instant.

▬ Un peu avant le bal, tu m’as demandé quand est-ce que je commencerais à m’affectionner, je sais pas si tu t’en souviens, mais sache que j’ai commencé. Tu te tournes vers elle, complètement. Merci Juno.

Risette sincère qui déchire tes lèvres.

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Tu voudrais rire.
Cela serait déplacé, alors tu te retiens.
Mais les sourcils haussés de Juno et son « Hein ? », c’était vraiment hilarant de voir à quel point elle n’avait pas l’habitude des remerciements.
Tu te contente d’un large sourire.
Le regard trahissant ton rire.
Finalement, elle les a froncés.
Tu aurais pu tourner les talons et reprendre la marche, mais tu es resté là à la regarder Sasha, elle semblait être prise en plein tourmente.
Au fond, tu connais un peu.
Et tu connais un peu Juno.
Ton sourire ce fait plus doux.
Moins rieur.
Elle t’intime de ne pas la remercier, mais tu te contente de hausser des épaules, elle les méritaient tes remerciements, enfin, tu le pensais et s’il fallait que tu le penses pour deux, alors go c’est parti ! Ça ne te fait pas peur.
Sans trop savoir ce que vous attendez l’un de l’autre, tu restes planté là un moment, jusqu’à ce qu’elle dise que tu étais important pour elle et que c’était normal.
Une vague te submerge Sasha.
Mais tu as déjà trop pleuré.
Parfois même devant les mauvaises personnes.
Ton regard se baisse et fixe le sol un instant.
Tes mains sont revenues dans tes poches, tu attends quelques secondes qui te semblent s’éterniser en minutes, le temps que la marée reparte d’où elle venait.
Tu voudrais le répéter, « merci », mais tu ne veux pas non plus que Juno t’engueule… entre les excuses et les remerciements, il ne faut pas trop en faire Sasha.
Relevant le regard.

▬ Toi aussi tu es importante pour moi.

C’était pas un scoop.
Mais tu dois bien avouer que les choses ont changés Sasha.
Juno était surtout une trop belle fille, sur qui tu bavais relativement tout en sachant qu’il ne se passerait rien. Tu t’es laissé piétiné sans rechigné, mais c’était plus facile à supporter que d’avouer ce que tu avais vraiment dans le fond de ton cœur… Juno pouvait bien t’utiliser, tu te servais aussi d’elle, d’une certaine façon.
Pourtant aujourd’hui, ça n’avait plus lieu d’être.
Tu la considérait et peut-être naïvement, tu espérais qu’elle te considérait elle aussi, un peu.
Soudainement, tu tends une main vers elle.

▬ Je te lâcherais pas et avec mon manque d’assurance cuisant, tu peux être sûre que j’aurais toujours besoin de toi.

T’as les pommettes un peu trop roses.
Cependant, tu penses chaque mots Sasha.
Il y a plus de chance que ça soit toi qui me laisse tomber Juno, un jour t’auras plus besoin de moi, je le sais, t’inquiètes pas… je t’en voudrais pas.

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Ton prénom résonne.
Le silence avait commencé à ce faire une place, mais elle l’a brisé et l’éclat dans ton regard s’est ranimé ; la main toujours tendue vers elle.
Un ange passa.
Juno-Bianca ricana.
A ses mots, tu compris que tu t’étais mal exprimé, ce qui n’est pas si surprenant venant de toi Sasha.
Elle te demande si on ne doit pas souhaiter le bonheur à ses amis et tu bondis sur sa question, bien quelle soit probablement rhétorique.

▬ Si bien sûr, je me suis juste exprimé comme un manche à balai Juno, je voulais pas dire ça.

Tu grimaces.
Idiot et désolé à la fois.
En s’exprimant une fois de plus, elle te met au sol, au sens figuré, mais t’as vraiment eu la sensation de chuter.
Le menton haut, Juno reprends la marche.
Naturellement, tu lui emboîtes le pas.
Un rire t’échappe à sa dernière phrase.

▬ Comment est-ce que tu peux oublier que tu es magnifique ? Il te suffit de croiser ton reflet ! Tu te stoppes croyant comprendre. Juno, même au-dedans tu es au courant que tu es belle n’est-ce pas ?

Moi en tout, je t’ai toujours trouvé radieuse, même quand t’étais odieuse… sûrement, parce que c’est juste une façade, ton armure à toi.
Tu souris plus léger Sasha.
Juno te fais te sentir bien.
C’est pas quelque chose que t’aurais dis au début de votre relation, mais aujourd’hui c’est différent, un peu comme toi… sans vraiment t’en rendre compte, t’es entrain de changer.

▬ Tu sais, j’ai envie de te voir, souvent… pour moi, t’es une amie, mais… Tu passes une main nerveusement dans ta tignasse rousse. J’ai toujours peur de te déranger. Un jour je m’affectionnerais, en tout cas je l’espères, mais ça ne veut pas dire que je ne resterais pas prêt de toi et que je n’aurais plus envie de toi voir. Ça n’arrivera jamais Juno.

Et tu lui sert, ton sourire le plus sincère.
Celui qui fait plisser tes yeux.
Qui fait batte ton cœur plus fort.

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Elle ricane à nouveau.
C’est le genre de son, qui n’est pas toujours annonciateur de bons signes, surtout avec Juno… mais le danger n’est pas là, ton alice reste toujours silencieux en sa présence.
Le sourire qui se fait moins intense.
Me déranger ?
Tu as acquiescé en même temps qu’elle.
Tu es sincère Sasha, mentir ne fait pas parti de tes attributions, tu n’es pas né avec ce bancale talent entre bien et mal.
Oui c’est un risque.
La suite te fais déglutir de travers.
Tu te tournes vers elle, le regard un peu tremblant, te demandant si elle se moque de toi ou non. La Juno-Bianca qui te fait face semble particulièrement apitoyée, peut-être même un peu trop.
Tu n’as pas envie de me voir pleurer ?
Bien sûr que non !
Tu fais « non » de la tête Sasha.
Tu fais parti de ces gens qui ne peuvent se retenir d’avoir la gorge serrée en voyant quelqu’un chialer, alors…
Son sourire te rassure.
OK, elle rigolait, un peu. Espérons.

▬ Jamais, j’ai promis Juno.

T’es un peu plus sérieux.
Pas du tout ton genre de rompre une promesse et encore moins de les formuler en l’air.
Quand tu aimes Sasha, ce n’est jamais à moitié et tu en as déjà payé le prix ; tu en portes encore le lourd fardeau.
Tu continues de marcher.
Mains dans les poches.
Le regard droit devant.
Et soudainement, ricanant toi aussi.

▬ En fait, tu me demandes d’être courageux ? D’aller au devant du risque et du danger…

Ta phrase se meurt.
Est-ce que tu es braves Sasha ?
Haussement d’épaules.
Tu réfléchis, tu fais la moue.
Peut-être que oui, peut-être que non.

▬ Je ne sais pas si je suis ce genre de personne.

Et pourtant, il faut bien du courage pour s’être relevé autant de fois, tu ne crois pas ? Il faut forcément du courage pour s’accrocher autant sans faiblir… t’es juste dans une mauvaise passe Sasha, c’est tout.