Ça devait être une journée comme les autres.
Ça devait être une journée où tu aurais simplement enseigné ta matière, où tu aurais simplement ton rôle d’enseignant et où simplement t’aurais passé au moins la moitié de ton temps libre à dormir. En somme, une journée tout à fait normal.

Sauf que voilà, les anciennes préoccupations reviennent rapidement,
Surtout quand il s’agit d’un élève.

Les évènements qui ont secoué l’Académie, ça date et pourtant, tu les as toujours en tête.
Plus que l’évènement en lui-même, c’est les conséquences qui t’ont davantage secoué.
Comment peut-on donner des sanctions aussi différentes ? Entre ceux qui ont gagné des étoiles et ceux qui ont perdu… le fossé est grand et pourtant, tous dans la même merde de base. Tu as longuement réfléchi a la question à défaut de pouvoir gueuler haut et fort ton désarroi, parce que pour toi qui trouve le système actuel nécessaire mais pas parfait, c’était là une grande imperfection remis au gout du jour : le système des étoiles.

Tu venais a peine de t’en remettre, finalement, pourquoi se casser autant la tête ? Ce qui était fait, était fait.

Sauf que voilà, aujourd’hui précisément, autre chose venait titiller cette hargne qui s’était finalement rendormis au fond de toi.

Le retour d’un élève.
Il avait pris son temps, il s’était encore renfoncé dans les ténèbres, alors que toi, tu avais espéré pour lui un échappatoire, tu avais recommencé a reprendre espoir avec Elior, il avait même eu l’occasion de visiter une fois ton jardin, car au fond, tu avais eu envie qu’il s’en sorte.

Mais voilà, perdre 2 étoiles, c’est dur.
C’est humiliant.
Alors, il s’est absenté, il s’est volatilisé et tout l’espoir que tu avais pour lui aussi.

Mais voilà, aujourd’hui, il était venu en cours.
Tout n’était peut-être pas perdu.

Ton cours était le dernier, tu ne pouvais pas rater cette occasion.
Oui, au lieu de te morfondre, de t’outrager de cette école, tu devais agir, faire quelque chose.

Ca ne te ressemblais clairement pas Constantin de t’inquiéter autant pour un élève, mais il faut croire que avec tout ce qui lui était arrivé, un petit coup de pouce n’était pas un acte de favoritisme – car il en a déjà bien bavé.

Si ca peut sembler très réfléchit comme action, il faut croire que pour le coup, tu as fonctionné au feeling.

« Elior. »

Comme pour confirmer que celui qui se tenait devant toi était bien lui.
Il était bien là.
Et a ce moment précis, tu devais la jouer fin.
T’aime pas les casses tête, mais t’es pas bête au point de remuer le couteau dans la plaie.

« J’ai un truc à te montrer, regarde ma dernière création ! »

Ni une, ni deux, tu sortais de dessous de ton bureau une rose arc-en-ciel.
Ça pourrait l’intéresser, lui changer les idées.
Tu l’espères, vraiment.

« Tu en penses quoi ? »

Tu avais aussi besoin d’être rassuré.

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Ce rire.
Ça te fait du bien de l’entendre.
Tu es rassuré, au fond de toi, c’est comme si un poids c’était enlevé.

Elior est donc plus solide que tu le penses – tant mieux. Tu es rassuré, et en le voyant rire ainsi, tu ne peux pas t’empêcher de sourire, bien qu’un peu surpris par cette soudaine réaction. T’es pas du genre à te formaliser de ce petit détail, alors, quand tu lui montre ta rose, tu le vois dans son regard, une étincelle.

C’est cette étincelle qui t’a donné envie de lui montrer plus que tes cours pour approfondir ses connaissances en matière de science de la vie et de la terre.

« Merci bien, je suis aussi assez fier du résultat, c’est la première fois que je fais naître une pareille plante. »

Inutile de remuer le passé, il faut juste se tourner vers l’avenir.
Alors, tu penches un peu la tête pour voir comment il réagit face à cette fleur arc-en-ciel. Tu le regardes et tu capte de l’intérêt. C’est ça, c’est cette curiosité qui te redonne espoir a son sujet. Alors sans hésiter tu lui réponds un léger sourire sur les lèvres :

« Eh bien, je ne sais pas encore, à vrai dire pour ne rien te cacher, elle a montré ses pétales qu’hier, du coup je ne sais même pas si elle est éphémère ou capable de vivre 100 ans, je ne sais pas non plus si son parfum a d’autre vertu ou si ses pétales sont comestibles. »

Oui c’est déjà arrivé ça, se retrouver avec une plante avec une forte odeur de pâtisserie et se rendre compte qu’en mangeant une de ses pétales c’était comme manger une part de mille-feuille.

« Enfin bref, je pensais te demander de l’observer avec moi et d’en prendre soin, je te sais particulièrement intéressé par ce genre de création alors je pense que ca pourrait être intéressant de s’en occuper ensemble. Tu es d’accord ? »

Parce qu’au fond, tu veux lui donner une raison de venir te voir, comme avant. Tu veux être rassuré de son évolution, alors, toute les excuses sont bonnes.

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T’essaie de t’accrocher à ce simple espoir qu’au fond, en lui confiant cette plante, peut-être qu’il reviendra plus souvent te voir. Peut être que tout n’est pas perdu.
C’est beau d’être optimiste, mais au fond, tu devrais en prendre conscience : le mal est déjà fait.
Il ne s’agira donc pas d’oublier mais simplement d’aller de l’avant avec ces malheurs qui ont touché ce pauvre élève.
Tu veux être là pour lui maintenant, même si c’est déjà trop tard. Alors, quand tu l’entends prononcer un merci presque robotique, ton cœur se serre.

Tu aurais dû t’y préparer Constantin.
C’était tellement prévisible.
Quelque chose a été brisé, et ce n’est pas simplement en discutant autour d’une plante que tout cela va s’arranger.

C’est dans ces moment que tu te maudis de n’être qu’un prof trop flemmard, trop peureux, trop prudent pour réagir comme ses convictions le guide.

Et alors, la, Elior réouvre la bouche, comme s’il l’avait entendu, ce doute qui t’envahis un peu plus, il tente de se montrer le plus correct possible, ça se voit, ça se sent.
Tu vas devoir être patient.

« On verra bien, c’est bien ça qui est génial avec ces plantes, c’est qu’au fond, elles peuvent nous réserver de belles surprises. Crois-moi l’excitation de se demander en quoi elle va bien pouvoir évoluer, c’est vraiment un chouette sentiment. »

T’essaie de montrer qu’au fond, tu ne veux que lui remonter le moral, tu veux simplement lui faire vivre de meilleure expérience.

« Bref, tu l’auras compris, moi mon truc, c’est de m’évader à travers ce que peuvent me dévoiler mes plantes, et toi Elior, as-tu aussi un truc qui te permet de t’échapper de la réalité ? »

Oui parce que si tu avais aussi ce truc, tu pourrais toi aussi, mieux encaisser les coups durs. Au fond, voilà pourquoi toi, Constantin, un simple prof de SVT tu as choisi de retrouver ton élève autour d’une plante.

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