du pareil au même, qu'il dise oui ou non à l'échelle du microcosme de l'académie on ne provoquera pas tant de variations que ça. Caprice l'astre mineur, à qui on demande "veux-tu filer droit ?" songe que dans tous les cas il se serait retrouvé sous les feux des projecteurs et qu'il a simplement eu le choix de choisir lesquels où se brûler les ailes. s'attirer les foudres des forces supérieurs ou bien de ceux qui gravitent à la même hauteur, la décision a vite été prise. et peut-être
peut-être qu'en empruntant cette trajectoire on aura le pouvoir
d'éviter de justesse les collisions.

c'est ce qu'il croyait hier encore et aujourd'hui
Caprice se dit plutôt qu'il est un brillant idiot.

évite plus que d'habitude la masse informe de visages chaos, leurs traits inconnus se froncent trop vite de détails insupportables et il préfère avancer plus droit encore, n'abaisse les regards qu'au moment où l'on se pose dans l'un des canapés du foyer pour des lectures scolaires. c'est bien plus important que l'agitation ambiante qui fait vibrer l'air, par delà les grands vides. Caprice a l'air impassible mais il devine - dans les coins de vision il n'y a rien,
personne ne s'assoit là où c'est libre car
c'est là où il est.

les espaces silencieux troublés tout à coup de claquements distinctifs au tempo reconnaissable entre mille. sans oreille absolue même il pourrait reconnaître à quelle note elle existe. et les mélodies de Juno transpercent la glace la plus solide - lorsqu'elle rejoint Caprice, celui-ci regarde dans les yeux
pour la première fois de la journée
(remarque des lueurs éclairant ceux de Juno
pour la première fois tout court).

... ce n'est pas mon rôle préféré je dois t'avouer.

et les iris se couchent tandis qu'il prend le temps de marquer la page où il s'était arrêté, songeur. savoir porter beaucoup de haine pour faire beaucoup de bien, c'était une jolie vérité comme celles que son Père se plaisait à dire tout-haut. Papa disait, ça ne fait rien de se détester avec Colline parfois, si c'est pour se rendre meilleur mutuellement. à croire qu'il avait raison et que le principe s'appliquait universellement.

je ne sais pas comment tu as fait hier, pour réagir comme il le fallait à chaque fois sans jamais manquer d'assurance.

pour dévisager tous ceux qui étaient là sans ciller tant ça vrillait d'écœurement dans leurs prunelles. Caprice laisse glisser, mais répondre, il ne se sent pas légitime. il pense trop fort qu'il se trompe et que ce sont eux qui ont raison.

je ne suis pas sûr qu'on ait fait le bon choix, Juno.

on aurait peut-être du fermer les yeux,
ce n'était pas si grave que ça.

Juno comment se fait-il qu'elles résonnent aussi juste, tes harmonies raisonnées ? oh, Caprice avait toujours aimé ta voix et la couleur qu'elle donnait aux mots choisis mais il ne pensait pas que tout cela ferait autant écho aujourd'hui. c'était comme entendre de nouvelles vérités pour la première fois car après tout, on avait grandi dans une cage dorée où perdre ce qui avait été collectionné était le pire des scénarios. tout bien à sa place comme il faut, toucher à un élément c'était risquer de perturber l'équilibre en entier. mais Juno tu dis
que même si l'on se plante
même si l'on tombe, au moins
on aura fait un pas.

mais si les autres choisissent sur place ou rien ? j'ai peur que leur dire que je les aime ne suffise pas et qu'ils me tournent le dos.

qu'ils refusent d'accompagner sur les sentiers qu'on pense être les bons. Caprice redoute tellement d'avancer tout droit et qu'il n'y ait personne le jour où l'on se retournera. et ces yeux qui voient si précis ne suffiront jamais à voir clair dans ces troubles-là, il va falloir se faire à l'idée.
Juno tu as sûrement raison, après tout
c'est toi qui possède l'intuition.

c'est peut-être ça le soucis. faire tout ça pour eux.

et rien que pour eux. on constate dans un souffle, volatile la réplique file on ne s'y accroche pas. on n'y peut rien, si ce n'est essayer de se défaire des liens.

le dos se laisse un peu plus aller contre le dossier du fauteuil où s'y abandonne la nuque et il lève les yeux au plafond une seconde, avant que les regards ne retombent sur Juno à ses cotés. le cœur se serre en songeant aux premiers accords - ils ne semblaient pas déplorer l'absence d'amour. on ne comprend pas, Juno, comment tu fais pour vivre sans.
probablement que ça s'apprend,
c'est effrayant d'y songer.

et ce serait indiscret pour le moment de questionner au passé, on est tout juste liés d'étoiles filantes encore,
mais c'est tant de mystères dans les lueurs de tes yeux. ce sont des détails que Caprice ne peut pas s'empêcher de remarquer.

tu n'as jamais eu envie d'avoir quelque chose à perdre, Juno ?

quelque chose
quelqu'un
est-ce que c'est déjà arrivé ?
est-ce que ça arrivera un jour ?

si tu n'y vois aucun avantage alors peut-être
que l'on s'imaginera bien sans.