Au début sa disparition passa inaperçue. Elle ne s’était pas connectée un jour sur pokémon. Intrigué, j’avais supposé qu’elle avait peut-être était collée expliquant son absence, ce qui ne serait pas surprenant. Aries était un être insondable mais surtout une trouble-faite .

Depuis que je lui avais donné le code, elle se faisait moins présente dans le monde réel. Sans doute avait-elle eu ce qu’elle désirait et elle n’avait plus besoin de moi. J’étais un fantôme dispensable et cela m’allait. Si j’avais su, j’aurais céder bien avant, ainsi j’avais mon ‘’amitié’’ à distance sans la risquer de la revoir tomber à terre. Bien que cela fut étrange de ne pas la voir, je n’y pensais plus, reprenant ma chasse de shineys comme à mon habitude.

Un jour, puis deux, puis la semaine. Aucune trace de la méduse. Qu’elle ne soit pas en cours était une chose, mais l’imaginer loin de sa console était quelque chose de difficile à appréhender. Quelque part, aux tréfonds de mes entrailles, l'inquiétude grandissait. Je commençais à me demander ce qu’elle devenait. Etait-elle malade ? Impossible, même aux tréfonds de son lit elle se serait connecté, rien que pour quémander des pokémons qu’elle pourrait de toute façon avoir avec un peu de patience. Mais n’était plus là, pas une trace de son pseudo. Etait-elle en mission? Avait-elle été enlevée par des extraterrestres  ou pire était-elle morte?L’image de l’adolescente gisante s’incrustait sur la rétine mais je la chassais derechef. Aries était trop stupide pour mourir, elle était protégée par sa nonchalance. C’était ce que je me répétais, comme pour rassurer une partie de mon être. Pourquoi cela me touchait-il autant ? Je l’ignorais.

Cela ne fut qu’à la fin de la deuxième semaine que je craquais.

A chaque fois que j’allumais la console, j’espérais un signe de vie, la preuve qu’elle n’avait juste décidé de m’ignorer pour une quelconque raison. Je n’avais de toute manière pas beaucoup de valeur. Mais rien, nada. Alors j’imaginais le pire. Même si Aries était un monstre d’égoïste, il me fallait une confirmation. Une preuve que les chrysanthèmes de jonchaient pas son sillage. A peine habillé d’un tee-shirt à manche longue et de mes gants, je sortis chambre. Je sortis en trombe de ma chambre. C’était un matin de week-end, et si on pouvait se demander pourquoi j’étais si peu vêtu pour un mois de décembre, je n’avais pas l’intention de sortir. Je montais les étages en trombe, cherchant d’un œil fébrile sa chambre.

C’était la première fois que je cherchais la demeure d’une personne de mon âge en y pensant.

Une fois la chambre trouvée, je restais un instant là, me demandant ce que je foutais là. Que gagnerais-je à savoir ? Mais les angoisses étaient bien trop infiltrées pour les  ignorer. Si elle était là, je pourrais de nouveau dormir tranquille, sinon… Je respirais  un bon coup avant d’entrer. Elle était là devant moi. Tant d’inquiétude, tant de scenarii funèbres pour … La colère montait en même temps que mes larmes et alors que je me rapprochais d’elle je vociférais :

«  ARIES ! Pourquoi t'as disparu sans te connec…. »

Ma voix s’éteignit alors que je réalisais l’erreur. Juste à côté d’elle, tout mon énergie se fit harper par la honte. Me voilà accroupie, recroquevillée et les bras cachant ma tête pour cacher mes larmes.

« Putain… »

J’avais eu tellement peur pour elle. C’était risible, Aries était immortelle. J’avais grillé ma couverture pour des suppositions idiotes. J’asséchais les gouttes le plus rapidement possible espérant qu’elle ne les remarquerait jamais.Il ne restait plus qu'à prier que sa stupidité me sauverait de ma nullité.

Adieu ma tranquillité. Je l’aurais préféré morte en cet instant. Mais juste un instant.




@Aries C. Amaro

Ses mots me percèrent le cœur. J’aurais aimé rétorqué quelque chose, un trait d’esprit qui pourrait me sauver de la situation, mais j’étais moi-même devant l’incompréhension de mes propres sentiments. J’avais sans doute trop joué avec le feu. En trois mois de relation virtuelle, je m’étais sans doute trop habitué à ces poussières de sociabilité.

La prochaine fois, je tuerai cet attachement dans l’œuf avant de faire ce genre de conneries.

Elle mit un deuxième coup de couteau, ce qui enfin un coup d’électrochocs. J’asséchai toute humidité  et me redressais vivement. Je la fixais d’un regard indescriptible mais foncièrement agacé. J’étais en effet pitoyable, juste d’avoir cru un instant qu’elle aurait pu lui arriver malheur.

« Tu n’as aucune preuve. »

Que j’avais pleuré. Seul un léger gonflement au niveau de mes paupières me trahissait. Mais je nierais en bloc. Je la savais vivante, je n’avais besoin de rien de plus. Elle qui mâchait son bonbon avec énergie, j’aimerais l’étouffer avec. Toutefois cet interlude me permit de faire plus attention à la chambre. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas mis les pieds dans le grenier, j’avais presque oublié à quel il y faisait frais et le mobilier était rudimentaire.

Je croisais les biens, encore un peu perturbé pendant la situation.  Mon regard s’était posé sur la carte et l’excuse qu’elle avait prononcée. Même s’il ne semblait y avoir aucun malice dans ses mots, cela sonnait faux vu son passif. Si cela avait été vrai, elle aurait probablement fini par harceler toutes les personnes pour trouver un remplacement pour une durée indéterminée. C’était là toute la puissance de son égoïsme.

« Tu ne vivrais pas une heure dans ces conditions… »

Sa dernière question me surpris, relevant les yeux avec un peu trop de cérémonie pour être innocent. Merde j’avais oublié qu’elle avait une mémoire sélective. Que lui raconter ? Je n’avais vraiment pas envie de lui avouer que cela faisait des mois qu’on échangeait nos pokémons. Est-ce que l’excuse de l’ami passerait ? Elle croirait que je l’espionne et je ne sais pas si c’était un meilleur plan. Je préférai être pitoyable qu’elle s’imagine que je m’intéressais à sa vie. Je répondis donc par une autre question par du passif agressif :

« Et toi comment t’as pu te procurer cette carte ? T’imagine rien de sordide, mais ne pas venir en classe fait brailler plus d’un… »

Un doux mensonge, ce n’était même pas cela qui m’avait inquiété un instant. La présence d’Aries avait toujours été fluctuante, et je ne m’intéressais pas vraiment à ce genre de détail en cours.

J’avais perdu, je le savais, malgré tout je tentais de sauver les pots cassés. Car je ne savais vraiment pas ce que l’adolescente ferait de cette faille.


@Aries C. Amaro

Je n’arrivais pas à savoir ce qui était le plus gênant entre débouler dans la chambre d’une camarade car la croyant morte ou vouloir rétorquer que ce serait horrible d’avoir son fantôme qui m’épierait matin et soir. Rien que la pensée d’avoir sa face inconsciente h24 me donnait envie de l’étouffer. Je n’avais peut-être pas de fierté, mais je ne voulais pas envenimer davantage ma situation. Moins elle cherchait plus j’avais de chance de m’en sortir sans qu’elle comprenne qu’elle me voyait de l’autre côté de l’écran.

Sa réponse à ma question fut… Encore plus désespérante que je ne l’aurais imaginé. Que sortir d’une telle expression à part la lassitude ? Je n’avais plus rien à en tirer, de toute façon mon interrogation n’était que pour la forme. J’avais espéré une oscillation, mais Aries fut plus un tremblement de terre. A la chute de la chaise, je faillis moi-même partir en arrière. Elle n’en avait vraiment rien à faire, tout ce qui existait dans la tête vide de la Méduse à cet instant c’était elle et la carte shiney tant espérée. Elle ne pouvait pas en trouver à l’intérieur, j’en avais la presque la certitude. Probablement qu’elle était en mission. Je ne pus réprimer un haussement de lèvre presque imperceptible.

Je pouvais partir en paix.

Sur le point de tourner les talons, elle sembla raccrocher les wagons. Je haussé le sourcil, renchérissant :

« Hein quoi ? Tu veux jouer à ce petit jeu ? Profite de ta carte rare, j’ai suffisamment perdu mon temps comme ça… »

Ce n’était qu’un ressenti, mais il me semblait que si elle creusait ne serait qu’un petit peu plus, mon secret serait découvert. Pouvait-elle percevoir, cette peur dans mes yeux ? Probablement pas, c’était ce que je priais. Je lui tournais le dos, levant la main pour un adieu expéditif.

« Je m’en vais avant que tout l’étage se rameute pour le tapage matinal. Au lieu de baver va te co pour l’évent shiney…. »

Un pas, deux pas, avant de se rendre compte de l’erreur. Je tournais la tête en ralenti comme dans les moments tragiques. J’aurais dû continuer ma route. J’aurais dû ne rien dire. J’aurais dû ne jamais vérifier si elle était vivante. Je n’aurais jamais dû m’inquiéter. Je n’aurais jamais dû me faire passer pour un autre. Je n’aurais jamais dû céder.

Je n’aurais jamais dû oublier que j’étais un monstre qui ne pouvait espérer échanger avec des humains.



@Aries C. Amaro Encore désolée pour le retard...

L’erreur coûtait cher, bien plus qu’un orgueil blessé, plus qu’une matinée gâchée par un être qui n’avait que d’yeux pour des cartes en carton. J’avais l’habitude de la personnalité excentrique de la méduse, n’ayant aucune considération pour autrui. Je ne serais même pas surpris qu’elle prenne tous les êtres vivants de distributeurs de billet ou bien de bouffe gratuite. C’était sans doute l’unique raison pour laquelle sa présence avait été tolérée plus que de raison. Si je n’étais qu’un pion sur son échiquier, alors il n’y aurait pas de compassion, d’envie de compréhension tant que je n’avais rien de tangible à offrir. De ses caprices, j’avais eu quelques conversations en échange  vitale dans cette existence solitaire.

Mais si j’avais vraiment quelque chose de spécifique que je pouvais lui apporter qu’adviendrait-il de moi ?

Je me pris le chausson en pleine tête, mais étrangement, j’eus moins mail que je l’eu imaginé.   Mon effroi devint perplexité le temps qu’elle me barre la route. J’ignorais que les Rondoudous aurait été si délicat. Sur quelle boutique les avait-elle trouvés ? Où pourrais-je les commander ? Tout compte fait partager les mêmes chaussons était proche d’une vision horrifique, mais peut-être il y aurait d’autres modèles. Je me saisis du chausson, fuyant cette réalité bien plus sombre qu’une histoire  de commandes.

Sa question me glaça le sang.

Et pourtant, ma peur s’intensifia. Je reculais instinctivement d’un pas, les mains faisant une barrière invisible devant moi. Malgré tout, ma voix resta limpide quand je déclarais :

« Si tu t’approches trop, tu vas le regretter. Soit tu finis en fraise séché soit tu n’auras plus qu’un statut pour t’échanger des shineys. »

Tout sauf ces éventualités. Alerte, devant la menace, il n’y avait plus rien à sauver. Mon cœur battait trop fort, si elle insistait trop, le parasite se délecterait de sa chair humide. Je n’avais pas envie de ça, même si actuellement j’aurais aimé ne plus jamais à elle. Je pris une mine blasée, alors que tout mon corps voulait s’extirper de ce lieu. Ce fut ma faiblesse qui me mena au repère de la Gorgogne. Je lâchais dans le plus grand des calmes :

« Je ne l’ai déjà dit que je n’avais aucun lien avec Nintendo.  Et oui j’ai un ami fantôme fan de Pokémon qui prend le contrôle de mon corps… »

L’ironie était palpable, mais je tentais cette pirouette pour m’extirper. Je crois que je ne tenais vraiment pas à payer ma dette dans ce monde-là.  Avant qu’elle m’écorche sur place, je baissais les yeux et continuai :

« …J’aurais préféré  que ce soit le cas mais hélas c’est bien avec moi que t’as joué. A force des années à m’ harceler, j’espérais que comme ça tu me laisserais tranquille…»

Et cela avait marché un temps, mais tout était terminé. Le charme était brisé. L’amitié factice entre écran n’était plus. Tous ce qui restait n’était qu’un garçon tellement écorché et une fille sans cœur dans une même pièce. Tout ça pour une foutue inquiétude inconsidérée et une carte rare.

Achevez-moi.


@Aries C. Amaro

J’attendais sa réaction comme une sentence de mort. Le problème avec la Méduse, c’était qu’elle avait tous les défauts des animaux : imprévisible et sans aucune notion de retenue. Je me serais senti plus en sécurité avec un lion qu’avec Aries entre elle et sa console. Elle était proche, trop proche. Mais le plus important c’était pour une fois dans sa courte existence, elle semblait réfléchir. Ou douter ? Je n’étais pas franchement compétent à la lecture d’émotion, encore plus avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

De ce sketch tirant bien trop dans le dramatique pour ce que c’était, elle posait cette question fatidique. Amis ? Je tirais la tronche malgré que ma non-vie était en jeu. Etions-nous amis ? Juste l’imaginer avait quelque chose de sordide. Je ne pouvais pas être ami avec elle, je ne pouvais l’être avec personne. Mais même si je n’en avais aucunement pas la volonté, n’était-ce pas ce que nous étions, à nous chamailler pour une histoire de disparition ?

«  Je n’irais pas jusque-là.  Collaborateurs tout au plus…. »

Plutôt crever que de laisser une brèche. Mais ce n’était pas l’important pour elle, l’affaire de l’héricendre chromatique lui était resté en travers de la gorge. Maintenant que la mascarade était détruite, la pression diminua. Je croisais les bras, les yeux mi-clos. J’ajoutais avec un ton sec :

« Parce les chromatique que tu me proposais je les avais tous. J’ai passé bien une semaine à le farmer et j’en avais pas d’autres. Tu peux me piller mon argent –ne crois pas que je te vois pas-,  mais pas mes pokémons. »

J’avais commencé bien avant de la rencontrer et elle ne détruirait pas mes efforts de collectionnite.  A éviter tout contact humain, on se retrouvait bien trop investie dans une ode au voyage et à l’aventure. Sans la peur d’être découvert, il semblait plus simple de protéger ce qui était mien, même si c’était virtuel. Je posais le chausson encore en main et je me redressais de toute ma hauteur. Je le faisais rarement devant elle, mais je pouvais ainsi toiser le haut de son crâne. Je ne comprenais pas Aries, je ne la comprendrais probablement jamais. Mais quelque part, je l’enviais de n’avoir aucune limite. Alors je m’y tentais, ne serais-je qu’une fois :

« Tu les as eu où, tes chaussons ? »

Je regrettais aussitôt. La franchise ne m’allait pas du tout. Je déviais le regard, gêné de mes propres actions. Je ne pourrais pas être une Aries, j’en avais la confirmation.


@Aries C. Amaro

Il semblait que qu’elle garderait la provenance de ses chaussons secrets. Je n’avais pas les tripes pour être si détachée de ses réponses. Dans cette chambre vétuste, je culpabilisais de ma propre insolence. Elle me tournait autour, tes un charognard. Il semblait qu’elle tenait vraiment à ce chromatique. Si elle n’en disait rien, j’arrivais aisément à deviner, parce que tout ce qui avait un rapport de près ou de loin à Pokémon était sacré pour l’adolescente. Cette passion commune avait sans doute rusher ma perte. Toutefois, je ne me sentais pas menacé par la lycéenne. Parce qu’à force d’être dans son sillage, il n’y avait plus vraiment chose que je craignais.


Elle s’avança et je reculais instinctivement. Je me heurtais au bureau, la fuite est impossible. Pourtant, je restais droit, et si la peur s’immisçait dans les os, je restais de marbre. Les chances de gagner contre Aries étaient proche du néant, je le savais, mais il y avait eu trop d’émotion pour que j’en sois encore troublé. S’il restait mes réflexes archaïques, je pariais sur ses instincts conservateurs. Je continuais de la toiser, penchant légèrement la tête. Je l’imitais, croisant les bras sur mon torse.


Parce qu’il n’y avait plus rien à perdre de toute manière.


« Et pour quelle raison je coopérerais ?»


Elle avait beau me terrifier, elle avait besoin de moi vivant et elle dans un état suffisant pour profiter de la prise. Ces échanges n’avaient jamais été vitaux, j’avais traversé les différentes licences avec le minimum d’interaction pour compléter le Pokédex et ma liste préférentielle de chromatiques. Dire que je n’avais pas trouvé ça agréable d’être un minimum utile serait faux, mais je n’avais jamais eu l’espoir que cela ne dure indéfiniment. C’était l’avantage de ma mauvaise personnalité.

« Mon offre pour le Kaiminus chromatique est toujours d’actualité. »

Je clignais des yeux, sachant que si elle s’approchait davantage, l’envie de passer sur le bureau serait fort probable. Mes mains se posèrent sur la surface, faisant attention à ne pas effleurer ses cartes rares. Je ne voulais pas envenimer encore plus la situation.


Le pire étant que même si elle acceptait, je finirais probablement par tenter de l’avoir avec d’incessant reset. Car cela n’avait pas la même valeur  de réussir ce tour de force par soi-même. C’était ce qui différait entre la sans cœur et le monstre.

@Aries C. Amaro

La méduse avait raison. Le choix, je ne l’avais jamais eu avec elle. Si je refusais, elle reviendrait à la charge. Un instant, il me sembla qu’Aries me paraissait humaine à travers mes yeux. Tout au long de ces années, je n’avais pas eu la chance – ou la malchance- de voir cette tête de chien battu. C’était étrange comme constatation. Cela me troublait presque, et un instant, la grimace parcourut mon visage. Mais rapidement, je revins à la réalité. La lycéenne n’avait pas de cœur, je ne devais pas l’oublier.

Ce fut sans doute la raison de l’échec de ma négociation.

Un clin d’œil et je repris cette attitude mécanique. Qu’allait-elle me faire si je refusais ? Les armes qu’elles avaient, à par son suicide, n’avait plus aucun impact. Tant d’énergie pour une suite de zéro et de un. Mais je ne pouvais pas vraiment lui jeter la pierre. Si je perdais mes sauvegardes, j’aurais sans doute voulu m’enterrer une deuxième fois. Un soupir, et j’éludais calmement :

« Tu tiens tant que ça à voir ma chambre ? Je n’ai pas d’aussi beaux chaussons à te montrer…»

Je n’avais surtout pas envie qu’elle fouille et découvre mes dessins. Il y avait déjà peu de choses que je voudrais partager, mais c’était ma boîte de Pandore. J’aurais aimé davantage respirer, j’étais coincé à cause de ce satané bureau. Je penchais légèrement la tête et je continuais :

« Mon Héricendre contre ton Airmure. Cela ne devrait pas être trop compliqué pour toi non ?»

Car je savais qu’elle en avait deux durant nos brèves échanges virtuelles. Je remerciais que ma mémoire n’avait pas défailli avec cette promiscuité. J’étais même surpris d’un tel sang-froid. Peut-être m’étais-je habituée au coup de pression de l’italien. Cela en était presque désolant. Je n’avais pas le droit de côtoyer les humains, mais un autre monstre ne me mettait pas autant de sueurs froides.  Je fronçais les sourcils, les yeux mi-clos.

« Si tu acceptes, tu n’as pas besoin de m’accompagner. Je suis un homme de parole et tu n’aurais pas à perdre de temps avec quelqu’un de pitoyable alors que tu pourrais regarder tes cartes…»

J’avais expressément utilisé les mots qu’elle avait prononcés auparavant à mon égard, et y repenser me faisait mal. On ne me reverrait plus courir aux abois pour cette faiblesse humaine. Elle n’était pas morte, c’était tout ce qui comptait, mais si je ne saisissais pas vraiment en quoi c’était une bonne nouvelle. C’était juste ainsi, le sort de la méduse me souciait, même si elle était immortelle. J’étais sans doute resté trop longtemps seul pour avoir de bonnes relations avec des gens normalement constitué.

« Tu peux reculer s’il te plait ? J’ai mal au dos. »

S’appuyer ainsi n’avait rien d’agréable, encore moins avec mon absence de musculature.


@Aries C. Amaro