Tu avais le soupir vivant, celui qui s’échappait sans même en avoir conscience. Ce genre de soupir qui durait une éternité pour revivre lorsque le souffle n’y était plus. Affalée sur ta chaise de cours, une de tes mains élevées, qui jouait machinalement avec l’une de tes mèches bicolores. Quant à ton regard, il ne faisait qu’une unique ronde, une lassitude totale, lui qui regardait le plafond pour parfaire les coins de la salle de classe. L’idée aurait pu germer, du moins, c’était sans doute l’impression que tu étais capable de donner, celle que le cours t’ennuyait au plus haut point. Impatiente de sortir, que cette heure sonne enfin son aboutissement pour que tu puisses voguer à tes occupations. Du moins, c’est ainsi que les choses pouvaient être perçu, car la vérité était bien différente. Bien moins parfaite.

L’envie implacable de retourner sur ta console de jeu pour continuer ton aventure dans le meilleur monde virtuel que l’univers était capable de te donner. Mais ce désir ne pouvait être satisfait, c’est ainsi que tes soupirs exprimaient ton mécontentement. Plutôt de la journée, Aries avait été convoqué sans la moindre raison – de ton humble avis, tu avais eu beau en chercher la raison pour une millième de seconde, rien ne t’était venu pour valider une telle punition. Étrangement et contre toute attente, malgré ton tempérament et tes choix de vie, il ne t’était même pas venue à l’idée que tu puisses sécher cette convocation. Simplement retourner dans ton dortoir de misère, jouant ainsi la parfaite ignorante. Celle que tu étais à longueur de journée.

Alors tu avais bien cet énervement, et non pas ce quelconque stress que tout autres personnes censées auraient pu ressentir à être convoqué par le professeur O’Connell. À croire, si on en suivait les rumeurs, qu’il pouvait s’agir là d’un véritable démon. Quant à toi, tu n’en voyais même pas une griffe à vrai dire. Et les aiguilles avançaient comme l’arrivée d’une vulgaire tragédie, lorsque finalement, le cours prit fin, indiquant l’inratable rencontre. Le peu de tes affaires en mains, tu avais flâné d’une grande lenteur dans les couloirs, t’arrêtant à chaque fenêtre pour observer l’horizon comme s’il s’agissait dorénavant d’un mets intouchable. Peut-être même que tu avais réussi à te perdre sur le chemin pour te rendre en salle des professeurs, cette salle qui pourtant se trouvait à quelques pas de ta salle de cours. Car c’était bien une vingtaine de minutes et quelques escaliers autant descendant que montant que tu avais fini par emprunter.

Et finalement face à cette porte qui sonnerait ton destin, bien que tu ne le savais pas encore -tout comme celle qui t’y attendait. Sans même prendre là peine d’y frapper quelques poings, tu ouvres la porte pour t’aventurer dans ce lieu hostile. Un dernier soupir pour la route lorsque ton regard croise celui de ta professeure d’anglais.

« Vous vouliez ? »

Totalement détachée, avec pour simple désir de ressortir d’ici.  

@LUCKY O'CONNELL

L’arcade sourcilière qui s’élève malgré ton visage qui reste neutre de toute expression. A peine avais-tu mis les pieds dans la salle des professeurs que la professeure exposait déjà son être désobligeant. A croire que si tu avais été convoquée, ce n'était pas en lien direct avec ta personne et tes résultats scolaires, mais plutôt une convocation pour un duel quelconque. Comme si Aries, tu étais capable de ressentir une certaine animosité qui t’étais entièrement adressée. Toi qui en tant normal ne percevait pas la moindre once de danger, tu sentais que la personne en face de toi pouvait s’avérer compliqué à gérer… Et pourtant.

« Quitte a choisir, je préférais rester debout. »

L’existence même qui se voulait être dissidente. Par pur principe de rébellion.

« Ça permet de muscler un peu les mollets vous comprenez. »

Peut-être que oui, peut-être que non. Mais en vérité, il y avait bien plus de possibilité que la discussion s’achève au plus vite si tu restais debout. Du moins, c’est ce que tu t’imaginais bien naïvement, comme si un professeur pouvait éprouver de la pitié ou même la moindre once de sympathie à te voir faire le pitre, préférant rester debout plutôt que de s’asseoir au côté de ton interlocuteur. Gagnant de la hauteur, t’obligeant donc à baisser légèrement ton regard pour observer. L’idiotie n’avait bien aucune limite. Et t’as main vient rejoindre ta chevelure bicolore pour la recoiffer de tes doigts. Attendant la raison de cette convocation, -bien qu’elle pouvait facilement être devinable.


@LUCKY O'CONNELL

Tu avais haussé des sourcils comme unique réaction à son acceptation. Jamais tu n’aurais imaginé qu’elle te laisserait rester debout, toi qui avais bien trop l’habitude du professeur qui tentait d’affirmer son autorité, t’obligeant ainsi à t’asseoir comme il l’avait d’ordinaire prévu. La stupéfaction fut d’autant plus lisible lorsque la professeur sortit une cigarette qu’elle plaça entre ses deux lèvres. Comme si l’ensemble de ses dires et de ses gestes étaient capables de te mettre à l’outrance, faussement incomprise et choquée, car l’envie y était. La simple idée qu’un adulte puisse fumer dans la salle des professeurs, qui plus ait en compagnie d’une dite mineure aurait pu être un acte de haut crime. Si seulement, tu en avais quelque chose à faire, mais non. Alors tu ne faisais que garder cette mine faussement horrifiée.

« Ah oui, on en est là quoi. »

Des mots qui répondaient tout autant à tes pensées ennuyeuses, qu’à la réponse du professeur. Toi qui t’étais imaginée une simple engueulade habituelle, celle qui durerait quelques minutes, à l’égard de tes absences ou résultats médiocre. Mais après tout, Aries, tu n’avais pas pensé à ce facteur, celui de la nouveauté. La professeur O’Connell qui n’était pas là depuis bien longtemps, qui venait même d’arriver si tes souvenirs étaient bon -oui car tu ne t’en intéressais pas réellement. Et cette nouveauté pouvait bien changer la donne. Celle qui rendrait la convocation beaucoup plus rude et pas typiquement barbante, car la franchise était d’ordinaire bien plus dosée. Alors il y avait eu ce reniflement long et bruyant d’ingratitude. S’en suivit d’un léger silence, comme si tu n’avais pas compris que c’était à ton tour, Aries. Que tous ces mots t’étais adressés à toi et a personne d’autre, c’était d’ailleurs pour ça que tu avais regardé derrière toi un court instant. Renforçant l’idée que tu ne t’en sentais pas concernée.

« Ouais ? »

Un haussement d’épaule. Les mots justes auraient été que tu acceptais ta débilité, que tu avais compris que tu n’étais pas capable d’étudier, alors tu ne voyais pas le sens dans toute cette histoire. Pourquoi perdre autant de temps, si on savait que ça ne servirait à rien ? Du moins, si seulement tu étais capable d’en avoir toi-même conscience.

« J’aime pas perdre mon temps quand j’ai des choses à faire en fait. »

Parce qu’il est évident qu’attraper tous les pokémon étaient bien plus important que toute éducation.


@LUCKY O'CONNELL