Midi.
La sonnerie retentit.
C'est l'heure de la pause déjeuner au réfectoire.
Des garçons de ton fan club s'empressent de te rejoindre dans les couloirs.
Ils veulent être les premiers pour avoir la chance de manger avec toi.
À la même table que toi.
Mais toi, tu ne manges pas.
Du moins, tu n'en as pas très envie.
Enfin, si, un petit peu quand même.
Mais tu essaies de ne pas y penser.
« Manger, c'est pour les gros. »
Tu te mets sans cesse cette idée en tête.
Cela te coupe aussitôt l'appétit.
Cependant, ils te suivent.
Ils ne te lâchent pas d'une semelle.
Ils te lèchent les bottes.
Et n'ont pas l'air décider à te lâcher les baskets.
Mais tu ne portes ni de bottes, ni de baskets.
Surtout pas de baskets.
C'est bien trop masculin.
Toi, tu es une princesse.
Bien sûr, tu n'es pas encore en âge de porter des escarpins.
Donc tu te contentes de petites ballerines.
Parfois, elles possèdent un talon.
Mais il ne dépasse guère les cinq centimètres.
Oups, on s'égare du sujet.
Bref, reprenons.
Rapidement, tu réfléchis.
Tu cherches une idée.
La ruse et le mensonge sont tes plus fidèles alliés.
Mais tout de même, il serait mieux d'avoir de vrais amis.
BINGO !
Tu as trouvé.
Tu sais comment tu vas t'en débarrasser.
Ce n'est pas aujourd'hui qu'ils te feront manger.
C'est un mensonge simple, mais qui va sans doute fonctionner.
«
Allez-y sans moi, je vous rejoindrais.
Il faut que je retourne aux dortoirs, j'y ai oublié quelque chose.
Mais réservez-moi la meilleure place ! »
Tu t'éloignes.
Tu marches de plus en plus vite.
Tu trottines.
Puis, passant les portes du bâtiment, tu disparais.
Encore une fois, aujourd'hui, il ne fait pas très chaud.
Mais tu n'as pas froid pour autant.
Normal, avec toutes ces couches de vêtements.
Ainsi, tu fais mines de prendre la direction des dortoirs.
Mais tu contournes le bâtiment.
Voilà une bonne chose de faite !
Maintenant seule, tu vas pouvoir faire ce pourquoi tu es née :
T'entraîner.
C'est le seul moment où tu te sens forte, invulnérable.
Et personne ne pourra te priver de ce petit plaisir quotidien.
Encore moins la pause déjeuner.
Tu marches calmement.
Tu cherches soigneusement.
Cet endroit qui sera parfait.
Où personne ne pourra te trouver.
Il faut qu'il soit suffisamment éloigné.
Pour éviter que l'on te surprenne en plein entraînement.
Toi qui répète sans arrêt que la maîtrise de ton alice est innée.
Tu serais gênée si l'on apprenait que tu mens.
Enfin, tu arrives dans cet endroit tant redouté.
Ce n'est pas les rumeurs qu'il manque à son sujet.
La Forêt Maudite serait hantée.
Mais toi, tu n'es plus un bébé.
Ces bêtises, ce n'est plus de ton âge.
De toute façon, tu es bien trop brave.
Du moins, tu espères l'être suffisamment.
Pour ne pas t'enfuir au moindre bruit inquiétant.
Une fois à l'abri, dans une partie reculée de la vaste forêt.
Tu inspires.
Puis tu expires.
Avant de retirer ton sublime mantelet.
Il tombe au sol.
Tu t'étires.
Prête à passer aux choses sérieuses.
Tu fermes les yeux.
De ce fait, tu te concentres intensivement.
Puis, d'un mouvement de mains élégant.
Des morceaux de cristaux apparaissent comme par enchantement.
Tout autour de toi, ils t'encerclent et brillent au firmament.
Et c'est par l'unique force de ta pensée.
Que tu les fais se déplacer.
Ils foncent maintenant à toute allure.
Dans cette forêt des plus obscures.
Ta cible est le tronc d'un arbre imposant.
Mais est-ce celle qui fera les frais de ton entraînement ?
Tu entends un bruit.
Un craquement ?
Peut-être bien que oui.
Peut-être bien que nan.
Quoiqu'il en soit, ta concentration est perdue.
La course folle des cristaux est interrompue.
Tu les contrôles toujours, mais maladroitement.
Tu les diriges vers ce bruit.
Qui t'a soudainement surpris.
FICHE PAR FALLEN SWALLOW