Ce matin là. Il faisait froid. Vraiment très froid.

Il y a l'épiderme qui se dresse lorsqu’elle sort, difficilement, des couvertures. Un regard à Ange, qui dort encore. Un coup d’oeil à l’heure. Il est beaucoup trop tôt. Elle ne dort pas très bien Crush en ce moment. Il y a plein de chose, prenant beaucoup de place, dans sa tête. Des choses qui bousculent un peu trop fort le petit univers. Attrape une veste dans l’armoire qui n’est pas la sienne, se met en route dans le short a fleur qui lui sert de pyjama.  Elle a laissé un bisous sur la joue de l’endormi. Et elle est parti, sans un bruit. Plein de chose a faire, on est le 23, et rien n’est fini. Bien sur, on approche du but. Mais elle voudrait que ce soit parfait Crush. Ils ont durement travaillé, au club. Elle veut qu’ils puissent être fier d’eux. Elle aussi, elle voudrait bien l'être.
Elle voudrait bien qu’ils soient fière d’elle.

Ca manque. Ca manque plus fortement. Ca manque malgrés le cadeau fait avec Felix, ça manque même si on marche la tête droite. Ca manque. C’est comme ça. Elle n’y peut rien. Elle est plus sensible Crush, en proie à des émotions qu’elle repasse en boucle. Alternant entre euphorie et tristesse.

Pousse la porte de la chambre attribuée pour se préparer à aller en cuisine terminer les préparatifs. C’est un peu la bazar ici. Il y a tellement d’objets éparpillés. La grande majorité qui ne lui appartiens pas.
Et sur le bureau. quelque chose qui n’est pas là avant.
C’est emballé précieusement.
Déchiré dans la hâte.

Il fait froid aujourd’hui. Beaucoup moins pourtant, tout à coup.
Ils ont de l’avance.
Lorsqu’elle regarde par la fenêtre, elle comprend un peu mieux pourquoi.
Elle risque d’en avoir besoin aujourd’hui.
L’écharpe enfilé en triple tour, le sirop pour la toux en prévision, comme une invitation à aller dehors.
Elle termine de se préparer.
Ils sont déjà plusieurs dehors, malgrés l’heure.

Elle peut bien prendre un peu de temps.
La cuisine se sera pour toute a l’heure.
Promis, elle n’oublie pas. Juste quelques heures.
Prendre l’air.
Mettre un peu au clair les idées.

Uniforme surplombé de la veste emprunté. Nez enfoui dans l'écharpe. On sent l’amour nous envelopper, bien plus que le froid. Et ca bien que l’on s’enfonce grandement dans la neige.

C’est déjà une belle journée.

Vagabonde. Vagabonde jusqu’à tomber sur toi.
Ca fait longtemps Dante, alors elle a le droit.
On peut recharger l’amour. Elle a fait les stocks pour ça.

Se fait furtive entres deux buissons blancs. Et passe à l’attaque, boule de neige en plein sur le manteau.
« TOUCHEEEEEE! »

Rabat le corps derrière l’amas de neige. Avant les représailles. Avant que tu ne repères sa position.
Touché, touché. Le prochain tire sera en plein cœur.

Dante, ca fait longtemps. Est ce qu’elle t’a manqué un peu ? C'était long. Elle aime pas Crush se priver comme ça, elle voudrait pouvoir voir les gens comme elle l’entend. Mais elle ne le peux pas. Elle a fait des choix. Alors ça marche comme ça. On compose avec cette jauge invisible. Analyse la fréquence des coups de coeur. Réduit les apparitions, pour que rien ne déborde, pour que vous ne changiez pas, totalement, à cause d’elle. Pour qu’elle ne change pas, totalement, pour les autres. Elle est passé maitresse dans cette catégorie. On connaît bien l’Alice. Le bon et le mauvais qui peut en sortir. Une partie de nous, sujet à controverse. Une partie de nous, que l’on dépose sur les lèvres, sans jamais s’attarder. Une partie de nous, ou l’on calcule les quantités.

Un soupçon de Crush.
Pas plus.

Est ce que ton amour est vide Dante. Et ton coeur ? Est ce qu’il va bien ?
Il y a des sourires sur ton visage.
Elle est rassurée.
Ca dessine le sien.

Faut croire que sa cachette n’est pas assez efficace. Ou bien c’est toi qui est trop fort. Le rire qui s’amorce avant même que tu ne sois a porter. Qui s’enflamme lorsque tu déverses ta vengeance. Ca se faufile dans l'écharpe. Laisse un frison s’évader. Et déjà tu es reparti. Trouve toi une bonne cachette, toi aussi.

« Salauuuuud, t’vas voir ! »

Les doigts qui rougissent à mesure que l’on amasse la neige. On pensera a la morsure plus tard. Il y a l’euphorie qui fait tout oublier. Joints les deux mains, compacte la poudreuse pour augmenter l’aérodynamisme. Recommence l’action, plusieurs fois. Un coup d’oeil, rapide, on pas envie de se laisser avoir. Elle sait a qui elle a affaire. T’es pas du genre a tout lacher, pas vrai Dante. Toi tu t’accroches, souvent. Souvent au coeur.

Arc le bras pour essayer de prendre le plus d’élan possible. Et tire, loupé. Recommence, pour ne pas s’avouer vaincu.

« ALORS ON SE PLANQUE DANTE ? T’AS PEUR ? JE SENS D’ICI QUE TU TREMBLES! »

Ca crie pour donner les informations, ça crie et ça hurle de joie. Ca crie, comme elle est heureuse d'être tombée sur toi.