Sujet: (end) amen — EvgenyっMilena Mer 18 Déc - 2:16
amen milena & evgeny
Le tissu de sa longue jupe noire frottait contre ses jambes laiteuses, ses pieds nus contre le sol froid, son chemisier blanc à moitié déboutonné et froissé au col. Elle avait remonté la manche de son bras et détaillait encore la cicatrice qui peinait à se refermer. Un M majuscule dont l'écho était allé se perdre sur le bras de Cassidy.
En fermant les yeux, Milena pouvait ressentir ; ressentir un peu la douleur - sa vie - son cœur battre au fond de sa poitrine. En y pensant très fort elle pouvait sentir le sang parcourir ses veines, les poids sur ses paupières, les tensions dans ses muscles, elle pouvait entendre les voix de Milena.
Je vous hais. Je vous hais, je vous hais tous.
C'était acide en elle et brûlait tout.
Je vous hais. Je vous hais.
Elle pouvait observer, comme spectatrice affable et froide, le spectacle déchirant de son propre intérieur en décomposition. Et la colère prenait sa gorge sans jamais crier, fébrile mais son corps jamais ne trembla, elle était morte de vivre trop intensément.
Affolement, la tête lui tournait, mais aucune sensation réelle, aucune saveur, tout était fade et piquant à la fois. C'était assister à des massacres sans sourciller, c'était tourner le dos à l'ampleur des dégâts. Et entre Milena qui avait érigé des indifférences vertigineuses et Milena qui luttait pour ressentir, il y avait le chaos.
Elle avait disjoncté, comme elle faisait toujours. Parce que Milena n'avait jamais eu de limites, on ne lui avait pas appris.
Elle avait attrapé une paire de ciseaux. Et ça avait coulé le long de ses bras, elle avait terminé son nom. M I L E N A en lettres majuscules qui scandait son identité, qui clamait haut et fort, je suis là ! J'existe ! Je vis ! Je vis !
Je vous hais.
Elle a enfoncé, charcuté plus fort, elle a ouvert des plaies en grognant et tout allait très vite. Et quand elle se rendit compte, que sa démence était calmée, son regard las sur ses mains ensanglantées, elle perdit son souffle.
Elle avait attrapé son téléphone, et la tête commençait à lui tourner plus fort. Elle perdit son équilibre, ses jambes lâchèrent son corps, le dos glissa contre le mur. Et pianotant lentement sur son écran, elle avait appelé au secours le seul nom qui ne résonnait pas avec
Je vous hais.
Evgeny Skvortsova
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il ne se souvenait même plus de ce qu’il faisait au début - balayé effacé aussitôt la notification entendue milena avait besoin de lui il avait lu le message (court et concis y’a pas de temps à perdre) et s’était levé sans répondre il prend rarement le temps de répondre à ce genre de messages parce qu’après tout ça ne ferait que retarder son arrivée et il ne peut pas le permettre quand sa présence est demandée dans ces situations il ne répond que pour s’excuser lorsqu’il ne peut vraiment pas se libérer (c’est à dire quasiment jamais car il n’y a pas une situation qui soit plus importante que de protéger milena)
il est déjà pressé il ne sait pas trop ce qui a bien pu se passer mais à l’entente d’une notification supplémentaire il y a cette appréhension qui commence à grimper le long de ses entrailles il hésite à s’en débarrasser pour l’instant (et y’a un nouveau message qui arrive c’est) vraiment urgent alors il accélère elle a dit vite et il rêverait d’avoir la possibilité de se téléporter mais il se contentera de grimper les marches des escaliers jusqu’au grenier quatre par quatre il monterait six par six si il le pouvait encore plus vite si il le pouvait mais il fait de son possible de son mieux (et à ses yeux c’est jamais assez) il connaît par coeur la porte y’a pas une hésitation un pas rapide et déterminé malgré ses poumons en feu c’est pas très grave tant qu’il arrive à respirer
mais c’est tout de suite plus compliqué lorsqu’il ouvre la porte de la chambre et il a à peine le temps de sentir le sang avant d’avoir la respiration coupée
c’est pas bon c’est pas bon c’est pas bon du tout c’est comme les catastrophes qu’il ne pouvait s’empêcher d’imaginer (il n’est pas pessimiste evgeny juste réaliste et c’est dommage si dommage qu’il la connaisse si bien après toutes ces années) y’a la panique qui le fige pendant un instant mais elle s’évanouit tout aussi vite et il s’avance toujours aussi déterminé mais beaucoup plus vide c’est pas grave s’il n’y a rien dedans ça ne compte pas autant que milena à ce moment
qu’est-ce qu’il s’est passé ?
il n’y a pas de temps à perdre (il en a déjà perdu bien assez à venir ici il sait pourtant si bien de ne jamais vraiment trop s’éloigner) il attrape son bras doucement et observe la blessure (profonde et sans aucun doute elle se l’est elle-même infligée) et heureusement il est calme (vidé) et malheureusement il est habitué
il a envie de demander “pourquoi” mais il n’y a pas le temps pour ça
c’est trop important. je vais t’emmener à l'hôpital, d’accord ? ils sauront s’en occuper correctement.
toujours demander l’autorisation c’était par habitude parce que normalement c’est pas à lui de décider mais cette fois il n’y avait pas le choix elle était en danger et c’était son rôle de la protéger
il ne quittera pas ses côtés tant qu’elle ne sera pas en sécurité (fixera la porte depuis le couloir si les médecins ne le laissent pas entrer) et à défaut d’avoir pu la protéger il aimerait tant pouvoir la venger même si il n’a pas la moindre idée de ce qui a pu cette fois provoquer ce résultat.
Elle avait écrit sur sa peau la souffrance qu'elle ne disait pas. Ça ressemblait à un appel au secours et pourtant quand il lui demanda elle ne savait pas, Milena. "Qu'est ce qu'il s'est passé ?", de sa voix monotone et affable, produit de son ataraxie. "J'ai pris des ciseaux et je me suis plantée", ça ressemblait à une mauvaise blague. Alors elle n'avait rien dit, n'avait même pas regardé ses yeux, son orgueil abdiquant avec peine sous la détresse qu'elle avait gravée sur son bras, immortalisée pour qu'elle devienne indéniable, que son indifférence soit insuffisante à la faire disparaître. Les lumières s'éteignirent, dans un hochement de tête et son corps abandonné aux soins de Evgeny, aveuglément ; car Milena savait qu'avec lui c'était toujours les yeux fermés, c'était pour ça qu'il était là, pour ça qu'il était né- sa naissance un jour de tempête où pour la première fois il fut nommé Evgeny.
Quand les lumières se rallumèrent les odeurs étaient malades et son corps entravé. Une perfusion l'approvisionnait de tout ce qu'elle s'était privée en s'ouvrant le bras, celui-ci recouvert d'un bandage épais. Les alices de guérison avaient été efficaces, car sous tout le tissu il n'y avait plus une goutte de sang qui pouvait s'échapper d'elle, mais le temps d'arriver à l'hôpital elle avait déjà perdu trop de sang.
Une migraine plombait son crâne. Ses muscles egourdis avaient peiné à la relever dans le fond du lit inconfortable et austère de l'hôpital. Sous ses yeux s'étaient creusés des sillons de noir et de mauve comme des nébuleuses, et son regard encore peu réveillé se déposa sur la figure qui, sans surprise, était restée là.
« Ne pose pas de questions. Je répondrai, mais pour l'instant je n'ai pas la réponse que tu attends.»
Sa main opposée se déposa sur le bandage à son bras. Il n'y avait aucune amertume au fond de ses yeux las, aucune tension sur son visage fatigué. Milena ne s'était pas sentie plus vivante que la veille, finalement. Retour au point de départ.
« Mon pauvre Iev. Je ne fais que te tourmenter. »
Milena n'était bénie d'aucune compassion, mais elle aimait le mélo-drame cynique ; puis Evgeny savait bien qu'elle ne le plaignait ou ne se culpabilisait pour rien au monde- en tous cas rien d'aussi absurde. Elle ne lui devait rien, c'est lui qui lui devait tout, et c'est pour ça qu'il était là.
« Va me chercher à boire.»
Evgeny Skvortsova
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ça lui avait paru comme une éternité il aurait pu compter les secondes les minutes les heures peut-être tant le temps lui sembler couler au ralenti une seconde après l'autre il n'avait pas peur (il n'en était pas capable) mais il se savait inquiet d'échouer à son devoir ou de perdre milena qui sait (il sait c'est une relation étrange de l'importance sans attachement il donnerait sa vie contre la sienne mais il ne le ferait pas simplement pour elle) et les secondes interminables avant que la porte ne se rouvre enfin
il écoute les médecins sans rien dire se contente de les fixer comme il sait si bien le faire il n'a compris que son état est stabilisé et vous pouvez entrer le reste n'avait pas de réelle importance alors il est entré ; elle était toujours inconsciente mais ça n'était pas grave il attendrait il était là pour ça
encore une fois il ne saurait dire combien de temps s'était écoulé - il aurait pu compter les secondes mais la notion du temps lui avait depuis longtemps échappé quand elle a commencé à bouger il s'est redressé, alerte n'a pas osé l'aider pas la toucher il s'est contenté de l'observer (elle était encore si faible) ((il s'en voulait d'avoir échoué))
il l'écoute dans son silence habituel - ça n'est pas son tour par sa place de parler il se contente de hocher la tête il sera patient il l'a toujours été il aurait presque envie de dire que ça n'est pas grave qu'il soit tourmenté mais ils savent tout les deux parfaitement que c'est le rôle pour lequel il est né que les choses ne peuvent pas se passer autrement que evgeny donne son tout pour qu'elle n'ait besoin de rien
il se lève en silence pour aller récupérer de l'eau ne laisse rien le distraire le dévier de sa mission il est bien entrainé evgeny c'est tout ce qu'il a toujours fait et c'est rassurant dans un sens de faire quelque chose qui est pour lui si naturel dans une situation pareille c'est pas bon mais ça pourrait être pire
il revient à ses côtés avec une petite bouteille d'eau et un verre qu'il lui sert laisse sur la table de chevet et se rassoit sans un mot.
Le verre d'eau entre les mains, elle n'en avait pas avalé une gorgée. Parfois Milena donnait des ordres à Evgeny seulement pour asseoir sa dominance - sa possession - c'était ainsi qu'ils avaient toujours fonctionné, et même avec le rappel incessant de son entière dévotion, Evgeny n'était pas plus prisonnier que n'importe qui. Elle avait regardé les reflets cristallin de la lumière qui se faisait prisme aux contours du verre.
Milena ne ressentait aucun besoin de se confier aux autres, aucun besoin d'être reconnue et de clamer qui elle était. Elle se fichait bien que les petits gens sachent ou non qui elle était, ils pouvaient bien faire les interprétations qu'ils voulaient, lui faire porter le costume qui leur plaisait. Elle n'avait pas appelé à l'aide les autres ; elle s'était appelée à l'aide elle-même - et lui. Seulement eux, il n'y avait de place pour personne d'autre dans son déséquilibre.
« Ce n'est pas que je veux mourir, tu le sais, n'est-ce pas ? »
Elle déposa le verre sur la table de chevet, sans y avoir touché finalement. Elle regardait Evgeny de son regard impassible, observait sans attention particulière.
« Il n'a envoyé aucune lettre. La dernière date de Noël il y a deux ans. Toutes les enveloppes que je reçois viennent de Oksana. Tu sais comment elle est, elle se fiche pas mal de moi, elle espère seulement que je lui réponde et que je lui dise que tu vas bien. Alors évidemment je ne parle jamais de toi. Comme si tu n'existais pas. Je suis sûre qu'elle doit m'en vouloir. Elle me diabolise depuis toujours alors elle sait forcément que je fais exprès. »
Elle avait regardé son bras, d'un air absent.
« Ça, ça n'a fait mal qu'à moi. »
Elle pencha la tête.
« Tu vois ce que je veux dire ? Sans mon alice, je pourrais souffrir autant que je veux, ça ne peinerait personne. »
Il n'y avait aucune tristesse dans ses yeux ou dans sa voix. Elle parlait machinalement comme si elle récitait un discours appris par cœur.
« Je ne te demande pas de faire semblant, Iev. Je ne te demande pas de dire ce que tu penses que je veux entendre, car tu te tromperais de toutes façons. Alors réponds juste à la question. »
Elle tourna ses yeux et les planta droit dans les siens.
« Est-ce que tu souffres de mon existence ? Ou te rend-elle indifférent ? »
Evgeny Skvortsova
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ce n'est pas que je veux mourir, tu le sais, n'est-ce pas ? oui il le sait un savoir inné parce que l’idée ne l’avait même jamais effleuré elle est en constant déséquilibre milena mais elle ne va pas tomber - elle ne veut pas tomber et si jamais elle trébuche evgeny est là en filet de sécurité (il doit l’être mais clairement evgeny est un filet troué incapable de réellement la protéger)
y’a le vide qui se rempli un peu à la mention d’oksana (evgeny n’aime pas ça) (elle n’est qu’une servante elle aussi mais il ne la mérite pas) il ne comprend pas pourquoi elle voudrait savoir comment il va parce qu'après tout il n’y a pas besoin de comme si pas besoin de faux semblants evgeny n’existe pas vraiment sinon il réagirait, sûrement oui si il existait il devrait s'indigner de se savoir volontairement ignoré de se savoir de la sorte traité oksana elle existe c’est pour ça qu’elle peut se permettre de diaboliser evgeny lui il se contente d’écouter
et ce dont elle parle maintenant est vraiment intéressant peut-être un peu malaisant et il ne comprend pas réellement pourquoi et comment elle peut penser de cette façon et peut-être qu’elle a tort peut-être qu’elle a raison ça n’est pas vraiment la place d’evgeny de donner son opinion sauf lorsqu’elle lui en pose la question
il ne sait pas quoi répondre evgeny ça n’a normalement pas d’importance ce à quoi lui pense alors il les réprime ses pensées ses avis et peu importe si oui ou non ça lui convient evgeny n’est pas ici pour être quelqu’un
alors
si il pouvait être honnête qu’est-ce qu’il dirait ? si il pouvait exister est-ce qu’il en souffrirait ? de cette vie de toutes ces situations qu’elle crée et dans lesquelles il se jette sans hésiter est-ce qu’il en souffrirait de marcher sur un fil toujours en (dés)équilibre au moindre faux pas de lui ou elle c’est toujours lui qui en crève parce qu’il n’y a pas de filet dans la vraie vie pas d’autre chance c’est toujours la dernière danse
si il pouvait exister est-ce qu’il serait attaché de force ou est-ce qu’il se serait accroché
“je ne sais pas” il avait envie de dire parce que c’était la vérité (c’était la facilité) il n’était pas habitué à savoir et à peine habitué à suggérer il ne savait pas vraiment comment démêler un semblant de sentiments quand à l’intérieur il n’y avait qu’un trou béant
non ? ton existence défini la mienne, je ne peux pas y être indifférent. il n’en était pas sûr mais. je ne suis pas là contre mon gré. j’ai choisi d’être ici autant qu’on l’y a forcé (il s’accroche de lui-même à la chaîne par laquelle il est attaché) alors j’en souffre pas. je suis. reconnaissant ? il hausse les épaules probablement pas la plus classique des réactions.
y’a un rapport étrange aux autres quand on avance dans la vie les yeux fermés à reculons.
Milena avait attendu une réponse dans ce genre-là, avec ces mots-là, cette intonation-là, cette dévotion froide et toujours pareille. Elle avait soupiré, mécontente, frustrée ; et la frustration n'était jamais bon signe avec Milena Skvortsova. Elle avait froncé les sourcils dans une mine contrariée, les mâchoires serrées, amère.
Comment avait-il fait ? Cassidy, comment avait-il fait, pour la faire rire ? Pour la faire ressentir ? Elle regarda à nouveau son bras. Était-elle morte de l'intérieur ? Comment l'avait-il fait vivre ? Elle avait regardé Evgeny. Lui aussi, à une époque, il l'avait fait. Pourquoi était-elle morte à ses côtés, désormais ?
« Bien. »
Elle avait activé son alice, et extirpa son bras sans ménagement de sa perfusion, détachant les bandages d'une main malhabile - un peu sauvage. Elle n'avait que faire, la douleur était pour Evgeny. Et un filet de sang glissa le long de son bras. Ça lui était égal ; tout ça était pour lui. Elle avait désactivé son alice une fois le plus gros de la douleur passé, se leva rapidement de son lit, feintant une fausse assurance alors que son pas titubait encore.
« Iev tu es inutile. »
Milena attaquait toujours où ça faisait mal. Et ça lui était égal. Milena ne vivait que pour elle-même - ou pour personne - vivait-elle, même ?
Elle s'était levée et avait quitté la pièce, pieds nus et toujours habillée de sa longue jupe noire, de son chemisier blanc froissé. L'énergie lui manquait, mais les odeurs de l'hôpital la rendaient plus malade que n'importe quoi d'autre et elle était trop butée pour rester impuissante et immobile.
Elle marchait d'un pas saoul et idiot, mais rapide, dans les couloirs de l'hôpital, s'assurant chaque fois qu'aucun médecin ne la voie, et manquant de tomber au sol au moins deux fois.
Evgeny Skvortsova
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y’avait cette impression qui lui tordait doucement les entrailles comme un mauvais pressentiment il avait échoué (ça n’était pas bien difficile à deviner) c’était un test et il l’avait raté ça devenait une habitude et il se demandait si ça l’avait toujours été
mais il n’avait pas le temps de se poser ce genre de questions il n’avait pas le temps à grand chose d’autre que la regarder avec un mélange de prudence et de confusion fais pas ça il avait envie de dire il aurait pu dire si la douleur qui naissait soudainement dans son bras ne lui permettait pas de comprendre exactement pourquoi elle faisait ça ça fait mal il avait envie de l’arrêter mais ça fait mal c’était déjà trop tard c’était sa punition de dire sa vérité ? de ne pas exister ? il a envie de crier mais tu es un homme un homme ne saurait être faible et la douleur ne lui fait rien normalement d’autre que des cicatrices physiques parce qu’il n’y a rien à blesser à l’intérieur ça fend l’air du dedans et il en ressort exactement pareil qu’avant et
pourtant
la douleur se calme au dehors et il la regarde se lever elle n’est évidement toujours pas en état et il devrait l’arrêter elle se met (encore une fois) en danger mais evgeny n’a pas envie
aujourd’hui la douleur et les mots tranchants ont fendu un petit quelque chose au milieu du dedans (c’était peut-être déposé là par oksana la seule personne en ses dix-huit ans de vie qui avait jamais réellement eu de l’affection pour lui) et d’un coup soudain le vide était parti ses entrailles se sont enflammées et il était rempli de ce sentiment irrationnel qui lui dit t’as pas mérité d’être puni laisse la se démerder et va vivre ta vie t’as pas besoin d’ataraxie
il est dépassé evgeny débordé comme chaque fois que son alice n’est pas activé et même si il pourrait le déclencher cette fois il ne le fera pas parce que quelqu’un d’énervé ne réfléchit jamais assez et putain qu’est-ce qu’il déteste
exister.
y’a un moment qui passe pendant qu'il se frotte vaguement le bras comme si la douleur allait s'effacer et il se concentre sur respirer parce que c’est comme ça que les gens normaux (ceux qui vivent ceux qui existent) font pour se calmer et finalement il se lève, un peu brusquement (ça bouscule la chaise qu’il remet en place machinalement)
parcours les couloirs à la recherche de milena - il a pas la notion du temps mais elle peut pas s'être tant que ça éloignée) son pas est rapide et déterminé y’a pas une hésitation (ça fait partie de son existence de devoir la protéger)
milena. t’es pas en état. il la rejoint en quelques enjambées et l’attrape par le bras je te ramène à la chambre. tu dois te reposer. il n’a pas demandé l’autorisation cette fois il a oublié
(de toute manière elle n’était pas censée avoir le choix mais cette fois là evgeny aurait presque envie de laisser tomber)
C'était sans espoir, Milena avait le cœur enterré et sa raison l'a pleuré si fort qu'elle s'en est suicidée. Déstructurée, Milena était en deuil de quelque chose en elle ; quelque chose d'essentiel pour ne pas perdre la tête.
Elle n'était pas triste, pas en colère, pas heureuse ou malheureuse. Elle était dévastée, un champs de bataille régnait en son système isolé, et il n'y avait plus personne pour se battre. Il n'y avait plus que le cri des loups qui résonnait contre les montagnes ; il n'y avait plus que Milena qui hurlait sans plus savoir pourquoi, il n'y avait plus que son corps affalé là dans le noir. Il n'y avait plus rien qui ait du sens.
Alors quand il l'attrapa, Milena hurla, de toutes ses forces, hystérique.
« Lâche moi, IEV, LÂCHE-MOI »
Elle ne parlait plus, elle aboyait. Elle flinguait avec ses yeux et le repoussait comme elle pouvait.
« Tu m'aurais tuée, s'il l'avait demandé, pas vrai ? »
Un rire déchira sa gorge, elle lui avait fait lâcher prise. Peut-être que la fatigue avait fait céder les dernières armures de décence qu'elle avait encore pour garder la tête haute.
« Tu m'aurais jetée dans une fosse, tu m'aurais violée, si ça avaient été tes ordres, n'est-ce pas ?! »
Sa voix était devenue sèche, glaciale, grave au fond de sa gorge obstruée.
« Ne me touche plus. Jamais. »
Parfois Milena oubliait que ce n'était pas à elle qu'allait la loyauté de Evgeny. Et quand elle se le rappelait, ça lui donnait des vertiges. Son regard était noir.
« Tu lui enverras une lettre. Tu lui diras que tu as échoué. »
Elle avait posé son épaule contre le mur le plus proche, incapable de tenir debout plus longtemps sans appui.
« Je te relève de tes fonctions, Iev. Tu es viré. »
Evgeny Skvortsova
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il a envie de la lâcher quand elle le lui demande par obéissance ou par envie de laisser tomber il n’est pas sûr mais y’a une petite partie au fond de lui qui se force à être raisonnable qui lui dit que la lâcher c’est la mettre en danger et peu importe son propre état milena en danger reste inacceptable mais la question qu’elle lui pose le déstabilise juste assez pour le faire perdre prise
pendant un moment y’a la colère qui est balayée par l’incompréhension pourquoi est-ce qu’elle lui pose de telles questions (et pourquoi ne saurait-il donner en réponse une affirmation) et puis finalement la colère revient parce que de quel droit ose-t’elle penser qu’il puisse ordonner de telles actions (et pourquoi lui demande-t’elle de déterminer où tombe sa loyauté et sa dévotion) elle compte plus que tout aux yeux de m. skvortsova c’est évident sinon evgeny ne serait pas là à subir la colère de milena à la regarder agir comme si elle n’était pas affectée par son propre état (à oublier que normalement ses paroles ne l’atteignent pas)
et y’a une petite part de lui qui soudain s’est brisée à l’idée qu’il puisse être viré à l’idée qu’on puisse lui dire d’arrêter de la suivre de la protéger (à l’idée qu’on puisse le faire arrêter d’exister et y’a son instinct de survie qui voudrait se rebeller) mais encore une fois la colère prend le dessus et il se laisse déborder
tu peux pas me virer. c'est dit avec un venin qui ne lui ressemblait pas (il y avait à ce moment précis beaucoup trop de vie en evgeny) c'est pas toi qui m'a demandé de te protéger.
mais si elle le vire alors il n'a plus à obéir à ses colères à ses caprices et à ses requêtes de ne pas être aidée alors il la rattrape en voyant qu'elle était en train de flancher - que malgré son appui contre le mur ça ne l'empêchait pas de glisser il la rattrape malgré son ne me touche plus jamais et il n’a pas l’intention de la lâcher
donc je te ramène à ta chambre pour que tu puisse te reposer. et quand ça ira mieux tu pourras faire une lettre sur pourquoi j'ai échoué. sur pourquoi il devrait me tuer c’est dit d’un ton ferme comme si maintenant c’était lui qui avait repris les commandes lui qui pouvait n’en fait qu’à sa tête (et pourtant quand sa tête lui dit protège-là c’est pas la voix de m. skvortsova)
alors même si oui il a échoué il va au moins s'assurer qu'elle n'en meurt pas - la traîner dans cette chambre quoi qu'il arrive pour essayer de sauver ce qu'il reste des pots cassés et peut-être plus tard (si ça n'est pas trop tard) qui sait qu'il essayera même de les réparer.
Milena Skvortsova
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Sujet: Re: (end) amen — EvgenyっMilena Sam 4 Jan - 17:54
amen milena & evgeny
Le corps se débattit mais la force n'y était plus. Si déjà en pleine possession de ses moyens, elle rivalisait à peine avec Evgeny, le combat en son état était désespéré, et bientôt la conscience s'évapora pour laisser son corps mourir entre ses bras.
Au réveil suivant Evgeny n'était plus là et Milena, bien qu'elle n'ait plus si mal ni au bras ni nulle part, sentait la douleur du goufre - de la béance qu'il laissait par une absence à laquelle elle n'avait pas été habituée.
Elle avait écrit une lettre, ce jour-là. Rien qui s'adresse à son père, rien qui raconte ses déboires. Mais elle avait glissé le nom de Evgeny pour Oksana, lui disant qu'il allait bien, et qu'elle était désolée de n'avoir donné aucunes nouvelles de lui.
C'était sa manière de se faire pardonner, d'être Milena encore une fois.
Et comme toujours, ses mots n'étaient pas parvenus à son père, s'étaient arrêtés à Oksana qui s'était contentée de jeter le papier dans la cheminée, pendant que Milena espérait qu'elle avait un peu réparé ce qu'elle avait cassé.