fendre les eaux du Styx - la foule d'élève éclaboussant les couloirs - échapper à tout prix à l'emprise des bras putrides  - eux tous
potentiellement porteur de parasites, de bactéries, de la chose invisible qui ronge sous les airs bien vivants c'est un leurre. à l'annonce ce matin des nouvelles règles du jeu les regards ricochent, forment des échos inquiets on se dit alors tout de murmures dans les couloirs qu'on franchira les difficultés même surmontées de barbelés tant que c'est ensemble
et Ange s'était vu
laisser des dépouilles en charpie dans les ronces métalliques pour enjamber sans s'abîmer
- mais comment -
depuis l'on était songeur.

il aurait voulu se laisser un peu porter par les atmosphères anxiogènes et s'y mêler, s'en inhiber et boire à la source des troubles des autres, se plaindre au diapason et dire qu'on se fait du soucis tout en glissant des vérités à ceux qui l'insupportent au milieu des appréciables, rien que pour guetter les réactions
c'est bien maintenant j'ai une excuse pour plus jamais avoir à faire la bise à ta sale gueule en première heure.
et ils auraient sûrement rit car Ange aurait rit aussi.

mais comme instinctivement le cœur affamé emprunte des sentiers qu'on a foulé mille fois, sans un regard il s'éclipse et s'éloigne des fourmillements des gens pour se faufiler où la vermine grouille - avec iel en attendant d'avoir formé les ailes on se plaît à ramper dans la terre. avoir les mains et les pieds sales à marcher hors des chemins battus.
et le sol pour royaume Zion, c'est à son niveau qu'Ange cherche lorsqu'il passe finalement la porte de ta chambre comme chez lui, rentre et ferme car on ne veut de personne d'autre chez vous.

yo partner.

la même désinvolture il abandonne son sac et ses pompes à l'entrée sans soin avant de traverser la petite chambre, expie des soupirs désabusés au fil des pas

tout le monde en parle, forcément.

nous avons à y perdre.
et s'allongeant côté ventre sur les nuages du lit en travers des draps blancs, Ange s'empare de la frêle cheville à portée pour repousser un peu avant de venir croiser les bras au bord du matelas,
te regarde de là-haut toi en contrebas - c'est rien qu'une question de confort, indissociables il dévisage Zion sans une once de surplomb.

je te le dis direct : tu perds bêtement ton don, je te ruine avant qu'on te foute dehors - parce qu'un alice comme le tien, c'est unique, alors que quelqu'un pour te permettre de l'exploiter ça se retrouve.

les deux scénarios en cas de perte d'un élément de l'équation le desservent,
et les iris bondissent d'une prunelle de Zion à l'autre guettant la moindre lueur sur laquelle se calquer, avant qu'Ange ne vienne poser son menton sur ses avant-bras, se feint d'une risette -
c'est une drôle de situation ce qui se passe Zion tu ne trouves pas?

tu te ronges les sangs, le sang?

coquille vide, portée à l'oreille et on y entend le mistral - c'est ça que tu veux dire Zion ? se passant de toute mimésis elle s'esquisse naturellement, la moue désabusée - Ange en entier morceaux manquants compris, la désinvolture de Zion accueille à bras ouverts. et au fur et à mesure qu'on voit toute cette effervescence s'agiter sous nos yeux elles reviennent les risettes. irradiant de jeunesse impudique qui se targue de pouvoir dire des grands mots tels que jamais de la vie et d'avoir l'audace de tracer des frontières à vif entre nous et les autres.

de la vermine - on serait comme vacciné tu penses.

il aime bien l'idée, elle électrise sans efforts les zygomatiques et fait presque gronder des rires au fond de la gorge. et à la même hauteur on reprend tes airs moqueurs, Zion, car les véridiques de Ange sont à peine éveillés par l'envie de piquer.

je compte quand même sur toi si jamais ça arrive - tu seras le seul à avoir les tripes. il faudra me réapprendre à grimacer comme tout le monde.

les larmes de crocodile et tout le reste. et Ange n'a pas peur non plus. maintenant que c'est assuré qu'i.el restera à portée. c'est une des caractéristiques qu'il préfère chez Zion, car c'est agréable d'être auprès de quelqu'un avec qui aucun masque n'est efficace. absence totale de tentation ou bien d'attente qu'Ange soit quoi que ce soit d'autre que lui même. débarrassé d'éléments perturbateurs pouvant troubler l'ondée des songes c'est se prélasser dans nos maux que de se dévisager à la même hauteur
et Ange toise l'assurance, couvrant à demi le ciel des yeux du voile des cils, sur les avant-bras il pose une joue.
mais parmi les personnes qu'il préfère il y en a qui deviennent faibles parfois et nécessitent que l'on maquille le malsain qu'on porte en elleux. que l'on se drape de compréhension ou de compassion, d'humanité lorsqu'elles en ont besoin.
qui ne portent pas en elles ce vaccin qu'ielles chérissent tant,
et Ange imagine déjà leurs entrailles se tordre, à défaut des siennes il conçoit qu'on puisse avoir peur,
bien que ce soit stupide.

ça tombe bien qu'on soit immunisé, ça m'embêterait de pas pouvoir geindre en chœur quand ça arrivera aux autres.

le souffle rieur, car on se sait capable de rire aux éclats, ou bien rester de glace et ce serait pire encore - ils tourneraient tous les talons - et il ne resterait plus que nous
même si ça lui convient tout autant.

les images d'iel de coté, le haut et le bas bousculés car il a posé la tête à l'horizontale sur les bras, Ange observe Zion vivant.e d'agitation iel s'éparpille pour elleux deux. évoque les cœurs qui s'émousseraient même sans sourires aiguisés - iel pense ? au primaire, ça plaisait pas aux autres enfants. des années passées à perfectionner les masques, avant l'expérience Ange se souvient. des œillades fuyantes ou bien écœurées qui ont du mal à s'attarder dans ses yeux, des gens sensés aimer qui ne prenaient jamais la main et puis de détails plus mondains. les déjeuners qu'on passait seul, sur un banc dehors le plateau sur les genoux - car même au réfectoire on ne voulait pas qu'il comble les chaises libres de ses grands vides. alors on a accumulé, collectionné les éclats des autres quitte à briser un peu pour avoir de plus grands morceaux, sélectionné les plus beaux. assemble et forme Ange, doué de rires paisibles et de pleurs crédibles. même sans, on l'aimerait ? il n'est pas sûr.

mais ça ne fait rien, iel regorge toujours d'idée et cette source là ne se tarit jamais. on trouvera de belles instabilités pour s'éprendre d'Ange. tu parles de ces personnes qui écrivent des lettres d'amour enflammées aux serial killers en prison ? j'en ai entendu parler. dévisage une seconde, avant de ponctuer. tu regardes vraiment des trucs glauques Zion. tu devrais montrer à Ange, ça l'intéressera peut-être. et les iris s'égarent quelque part sur le sol comme ses pensées à lui. cherche les enchaînements logiques de l'esprit, iel en est arrivé là et Ange y reste. pourquoi, les meurtriers, à la surface de ses songes ? Ange sans sentiments peut-être, sûrement, mais dangereux manque à l'équation. il lui semble. il s'interroge le temps du silence. interrompus d'autres surgissements d'iel. ... je sais pas, on me l'a jamais dit. mon père peut-être. absent des calculs lui aussi.

peut-être que si on connaissait cet inconnu on saurait expliquer le résultat qu'on est. et si c'était lui qui possédait les morceaux manquants ? que c'est égoïste d'avoir mis au monde incomplet. depuis on attire visiblement les individus débordant d'instinct maternel malsain. c'est ce que disent les vidéos regardées par Zion.
le regard un peu lointain, revient à iel - toujours. toi qui mates des documentaires morbides, tu crois que je remplis les critères Zion ? pose sincèrement la question, ce n'est pas pour vérifier quelle expression émergera la première à la surface des traits blancs. j'ai l'intention de tuer personne tu sais - même si on gâche nos plans. c'est une couleur qu'il aime bien tu sais, il n'y a jamais vu rouge. rien que toi par exemple. ça m'embêterait qu'il t'arrive quelque chose.

il est agréable d'être indolent auprès d'iel car l'absence de ligne claire ne dérange jamais. Zion n'est pas de celleux qui clament "c'est bien !" ou "c'est mal !", plutôt du genre à se moquer des définitions, à ne jamais les apprendre iel répond j'en sais rien sans se soucier d'être effronté. ainsi les chemins de pensée vont chaotiques et l'on peut se perdre dans leurs recoins sombres, qu'on trouve tout autant à visiter que les autres et dans lesquels Ange allume la lumière comme on ferait chez soi. ça aurait aucun intérêt. je ne dis pas que je me réjouis que tout le monde vive parce qu'il y en a certains, rien qu'à les entendre respirer fort je suis déjà fatigué. mais régler ça comme ça c'est vraiment une idée de merde, vu les chances quasi nulles de pas se faire serrer. les yeux levés en direction du plafond sans songer au fait que le ciel les observe derrière, Ange a beau avoir un nom originaire de tout là-haut il se fiche de ce que les éponymes peuvent bien penser de ses paroles trop sincères. tant qu'on ne se ment pas, on est dans le bien. et la vérité qu'il préfère c'est celle qu'il est auprès de Zion.

alors quand le regard revient à iel qui conclue qu'on n'aura sûrement jamais besoin de se tâcher les mains, Ange acquiesce l'œillade claire. seulement en cas d'extrême nécessité. et l'on ne sera pas aussi stupide que ceux sur qui sont réalisés les documentaires qu'iel aime écouter. c'est donc pour ça qu'il ne faut pas s'en faire, même si c'est à Zion qu'on s'en prend. cool le sang, on fait comme ça. et Ange qui ne s'inquiétait déjà pas vraiment, ne se fait plus aucun soucis.

tombe le rideau des cils sur les prunelles insouciantes lorsque Zion passe les doigts dans les cheveux que rien ne discipline. et il n'a jamais été aussi peu urgent de s'interroger sur l'origine des bains de sang. plutôt sur ce qu'il faudrait faire de ses mèches à iel. j'aime bien les cheveux courts sur toi. sans se donner la peine de vérifier car on est bien comme ça. mais on sent bien que c'est aussi crucial que de demander si l'on est un potentiel meurtrier alors Ange rouvre les yeux. renverse une épaule et puis l'autre pour plutôt s'allonger sur le dos en travers du lit, les airs insolents en évidence désormais. après, j'aime bien à ma manière alors c'est peut-être la pire des coupes pour ta figure. et le sourire sincèrement amusé sous-entend que c'est une manière qu'on trouve légitime.

une main laissée sur le ventre, l'autre se lève pour pincer une mèche à iel tombant sur son front, le pouce et l'index lissant les cheveux il était vrai qu'ils avait poussé déjà. il y a des gens qui se moquent de tes tifs, Zion ? pour qui la métamorphose ? on lâche ce qu'on tient, et l'arrière du crâne presque au bord du matelas, Ange tend un peu le cou pour mieux s'y prélasser. ou tu ferais ça pour toi. rien que pour changer de tête parce que tu en as marre de te traîner celle là. est-ce qu'il n'y a que ton regard que tu veux ravir, Zion.