purgatoire ⛥ miss forster

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NO ONE BITES BACK AS HARD ON THEIR ANGER, NONE OF MY PAIN AND WOE CAN SHOW THROUGHBut my dreams they aren't as empty as my conscience seems to be. I have hours, only lonely. My love is vengeance, that's never free. ( Limp Bizkit → Behind blue eyes )

@Sinead A. Forster

Chiotte de vie.
Chiotte d’académie.
Chiotte de classe.

C’est d’un pas lourd qu’Arielle traversait le couloir, couloir qui l’amenait, de sûr, en enfers ou un de ses équivalents. C’était un très long corridor, dont les murs blancs apparaissaient comme gris pour Arielle qui les connaissait par cœur et qu’elle noircissait maintenant de son regard charbonneux. Si à chacun de ses passages, elle y avait laissé une traînée noire, les murs seraient maintenant entièrement sombres.

Elle arrive devant la salle de classe, la porte est entrouverte, un oubli ou une invitation ? Arielle l’entrouvre déjà et aperçoit les chaises vides et son tableau nu. Elle y pénètre et va de suite s’adosser au bureau du professeur absent, abandonnant son sac noir (lui aussi) à ses pieds. Elle n’avait aucune envie de s’appesantir, elle prendra sa punition ou subira sa colle puis elle se barrera aussi vite qu’elle était venue ici.

Sanctionnée d’ailleurs pourquoi ? Arielle en avait marre que chaque matin on lui invente une nouvelle tare pour plus la fliquer et la garder à la fin des cours. Elle avait pas choisi d’entrer dans l’académie, elle avait encore moins signé les règles appliquées ici, elle avait cinq ans à l’époque, putain.

Ce sera quoi cette fois-ci alors ? Une corvée à la con ? Un isolement ? Une perte d’étoile ? Ha !
Arielle était déjà au fond du trou, n’était pas né celui qui la fera creuser plus profond où elle n’est déjà.
Même celle qui lui servait de professeur principale, d’ailleurs qu’est-ce qu’elle foutait pendant ce temps ? Elle pensait qu’Arielle avait son temps ? Ou bien était-elle occupée avec un autre élève ?

Bras croisés, Arielle expira un profond soupir en baissant la tête. Elle avait pressé son pied, jambe pliée en arrière, contre le bureau. Cela se voulait discret, pas provoquant pour un sou, juste Arielle ne comptait pas, et n’allait surtout pas, s’asseoir et attendre sagement que sa prof rapplique. D’un œil dédaigneux, elle foudroya du regard les chaises qui avaient supportés tous ces culs d’ados sages et dociles. Elle ne comptait pas les rejoindre.
En fait, c’était même déjà décidé. Si dans 15min, la prof n’arrivait pas, Arielle se barrerait, bêtement et simplement. Elle était suffisamment patiente l’année dernière, cela ne sera plus le cas en ce début de nouvelle année. Arielle n’aura qu’à dire qu’elle a attendu et qu’elle n’a vu personne, ce qui est la vérité. Elle en avait marre de ce mépris à peine dissimulé chez les profs envers les sans-étoiles.

Cela l’aurait bien arrangé si ça s’était passé ainsi. Hélas, les bruits de pas de Mme Forster montèrent à ses oreilles, et Arielle se retrouvait maintenant obligée, condamnée, à rester dans cette classe, à attendre son jugement, la nuque baissée.
Sans changer pour la moins du monde sa position, elle se contenta juste d’hausser un sourcil en voyant la professeure arrivée dans la salle. Elle comprit rapidement son mécontentement à la voir dans cette tenue et Arielle reposa son pied à terre, se tournant maintenant face au bureau.

« B’jour. »

Les yeux baissés vers la surface ébène du bureau, Arielle ne ferait preuve d’aucune résistance, enfin pour l’instant. L’expérience lui a appris que cela ne ferait que dégénérer sa situation, déjà pas terrible, il faut se l’avouer. Elle n’était pas fière, ce n’était pas la première fois qu’elle croisait le regard de sa prof.

Et cessons les grands discours commençant par « J’espère que tu sais pourquoi tu es là », Arielle ne sait pas, elle ne sait plus. Elle a tout simplement oublié.:copyright:️ 2981 12289 0

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p u r g a t o i r e

Dehors le ciel était gris. La rentrée de Septembre apportait souvent avec ce ciel son lot de problèmes, et si Sinead n'en avait pas l'habitude elle en aurait lâché un énième soupir. Sa classe était remplie toute entière de fortes têtes, et parmi elles il y avait la tienne, Arielle. Forte tête et enfant blessée qui vrillait on ne savait où, qui l'inquiétait vraiment plus que de raison. Alors, pour bien commencer l'année, Sinead avait décidé à l'improviste d'une convocation, une discussion entre elle et toi de ces choses qui fâchent toujours un adolescent -surtout paumé comme tu l'étais. La tâche s'annonçait compliquée, mais elle n'était pas prête à abandonner avant d'avoir (re)commencé.

La tête haute, adossée au bureau et ses pas à elle claquaient le sol du couloir d'un entrain dont on ne se serait pas douté. Ses sourcils s'étaient froncés lorsqu'elle t'avait vu ainsi posée -bizarrement tu t'étais bien vite retirée, détournée de sa personne avant de pouvoir voir l'infime esquisse, encourageante esquisse, qu'elle t'adressa. Sinead n'avait aucun doute sur le fait que tu ne sois pas la plus irrécupérable ici. Il y aurait seulement un peu plus de travail à faire avec toi qu'avec d'autres, pas vrai ?

Rien qui ne serait de tout repos, en tout cas.

« Bonjour, répondit-elle en prenant place de l'autre côté du bureau. Assieds-toi si tu veux, ou reste debout c'est toi qui vois. »

Un mince sourire vint de nouveau étirer ses lippes, amusé.
Et un poil embêté.

« Mais relève la tête. T'as rien fais, que je sache, qui nécessite que tu la baisses comme ça. Ou alors c'est ce que vous apprennent mes collègues ? »

La question était plus une plaisanterie qu'une réelle interrogation, cependant plus elle y pensait plus elle savait à quel point certains de ses confrères n'hésitaient pas à rabaisser ou à engueuler chaque élève à tout va pour tout et rien. Sinead avait beau être stricte elle n'aimait pas ces comportements et elle, on la regardait dans les yeux quand on parlait. Ou qu'elle parlait.

Et puis.
Et puis les mots étaient sortis un peu tous seuls, bruts et plus honnêtes qu'il n'y paraissait.

« J'aimerai t'aider, Arielle. Le truc c'est que je connais pas le problème et je suis pas certaine que tu en ais envie. »

Pourquoi ?

« Je dois m'attendre aux mêmes notes et au même comportement que l'année dernière ? »

@Arielle Taylor-Lambert

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NO ONE BITES BACK AS HARD ON THEIR ANGER, NONE OF MY PAIN AND WOE CAN SHOW THROUGHBut my dreams they aren't as empty as my conscience seems to be. I have hours, only lonely. My love is vengeance, that's never free. ( Limp Bizkit → Behind blue eyes )

@Sinead A. Forster

Et Arielle n’avait pas bougé, malgré la gentille invitation de ton aînée. Les mains posées au bord du bureau pour se donner une contenance dont son propre corps était incapable de faire. Elle gardait la tête baissée, un air intimidé qui ne lui allait pas, mais qui ne voulait pas dire qu’elle avait changé d’avis. Alors ce ne sera pas une punition ? Juste un de ces avertissements qu’on donne en début d’année pour se donner bonne conscience en tant que professeur : c’est qu’elle l’aura prévenu comme ça. Arielle aura encore moins d’excuse, on perdra moins de temps en blabla et on passera plus vite aux sanctions, dans un sens ça lui convenait aussi très bien.
Les mèches noires couvrant son large front, ses yeux bleus dévisageaient le reflet trouble dans l’ébène du bois. Silencieuse, soumise, Arielle attend que le temps passe et qu’on l’autorise à prendre congés.

« Mais relève la tête. T'as rien fais qui nécessite que tu la baisses comme ça. Ou alors c'est ce que vous apprennent mes collègues ? »
« Mh. »

Un hochement mou de la tête, Arielle la relève sans grande conviction, avec les yeux mornes d’un poisson derrière un aquarium. Avec les professeurs, ça pouvait être tout et son contraire, on pouvait autant détester son insolence dans le regard que sa résignation par l’inclinaison de son échine. Cela n’avait que très peu d’importance, depuis toutes ses années, Arielle aimait se convaincre de mieux connaître le corps professoral que lui-même se connaissait vraiment. Si certains se développent un syndrome de l’infirmière, d’autres se complaisent dans la toute-puissance de l’uniforme. Mme Forster, sans volonté particulière de l’offenser, n’était pas une adulte plus spéciale que les autres. Hormis que c’était sa professeure principale et que de ce fait, une petite voix culpabilisante avait dû réveillée sa conscience. Avec un peu de chance, elle avait peut-être même troublé quelques jours de ses vacances.

« J'aimerai t'aider, Arielle. Le truc c'est que je connais pas le problème et je suis pas certaine que tu en ais envie. »

Je veux juste qu’on me laisse tranquille.
Arielle rebaisse les yeux et regarde ses ongles peints en noir, elle remarque l’irrégularité d’un et se met en tête de l’affiner en mordillant le bout dur sous ses dents.

« Je dois m'attendre aux mêmes notes et au même comportement que l'année dernière ? »

Croc
De son autre main, elle affine le coin cassé en le frottant contre son ongle le plus pointu. Arielle relève finalement la tête, sans trop savoir si la prof essaye de faire de la psychologie à deux sous ou si elle essaye de la faire se sentir responsable de ses trop nombreux secrets.

« Non, M’dame. »

Ce sera sans doute pire.
Mais c’est comme ça, quand je touche le fond, je prends une pelle et j'essaye de creuser plus loin.

« Mais vous savez, c’est pas comme si on me laissait le choix. »

Personne n’a jamais eu le choix.

« Ca m’amuse pas d’être comme ça. »

Vous savez, d’être avec vous.:copyright:️ 2981 12289 0

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p u r g a t o i r e

« Ah non ? »

L'ironie n'était pas méchante, c'est seulement que la réponse lui parut si évidente sur le coup qu'elle n'a pas pu s'en empêcher. Le point positif de tes aveux, c'est que tu avais au moins conscience que quelque chose n'allait pas. Ça m’amuse pas d’être comme ça. Sinead non plus ça ne l'amusait pas de te voir comme ça. Alors ça pas du tout.

« Pourquoi tu restes comme ça alors ? et dans les mots rien de plus qu'une réelle interrogation. Ne me répond pas qu'on ne te laisse pas le choix. »

Car ça n'était pas là la seule raison. Si ça n'était qu'une histoire de choix il y a bien longtemps que tu te serais envolée, n'est-ce pas ? Vous étiez tous coincés dans cette académie, certes. Seulement grandir et s'ouvrir au monde ne dépendait pas des autres, uniquement de toi et de toi seule, Arielle.

« Qu'est-ce que tu aimerais être ou même faire ? »

Elle était prête à t'encourager, Sin, à te montrer que l'on pouvait survivre bien mieux qu'elle avait elle-même survécu, à l'extérieur. Si seulement tu lui confiais tes volontés elle se jurait de s'en porter garante et de faire de son mieux pour que tu puisses parvenir à les atteindre. En tant que professeur. En tant que personne aussi, car Sinead avant d'enseigner les mathématiques restait une femme tout ce qu'il y avait de plus humaine. Malgré ses sautes d'humeur et l'inexpressivité courante de son visage, elle s'inquiétait réellement pour chacun d'entre vous. C'est juste qu'elle ne savait ni comment le montrer, ni tellement comment le gérer. Elle faisait de son mieux, à toute heure de la journée, pour oublier ses regrets afin de mieux vous aider.

Seulement, tu sais Arielle, si les efforts ne venaient pas des deux côtés elle ne pourrait jamais rien y changer.

@Arielle Taylor-Lambert

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@Sinead A. Forster

« Pourquoi tu restes comme ça alors ? Ne me répond pas qu'on ne te laisse pas le choix. »
« Je suis comme ça. C’est trop tard. »

Réponse un peu agressive, qui voulait tout et rien dire.
C’était la réponse de l’adolescente feignante, qui trouvait confortable cette carapace solide comme moyen de survie, lui apportant plus d’avantages que de défauts (à ses yeux), même si elle restait lourde à porter tout le temps. C’était aussi la réponse fataliste, on a tous une nature, « Vous aussi vous avez une nature madame, et pourtant je ne vous embête pas avec vos questions ». Sans compter la fameuse réponse pleine de reproches : j’aurais pu devenir autrement, s’il n’y avait pas eu l’Académie ou si vous aviez été là plus tôt Mme Forster.

Et Arielle restait figée dans un nouveau silence : Silence, c’était le nom de ce mur qu’elle faisait apparaître devant elle quand un adulte la questionnait trop. C’était petit à petit ce que risquait de rencontrer la professeure, à trop vouloir chercher, elle allait se casser les dents dessus.

« Qu'est-ce que tu aimerais être ou même faire ? »
« Je ne sais pas. »

En même temps, je suis bien comme ça, moi.
Adolescente ambigüe et contradictoire. D’après elle, c’est le monde qui devrait changer autour d’elle, pas le contraire. C’était elle qui avait raison, les autres torts.

« Je peux m’en aller, madame ? »

Tentative de fuite, avant de s’isoler derrière ses murs. Arielle relève le regard, une légère pointe d’espoir dans les prunelles. Elle n’avait pas envie de se confier, ni de s’expliquer, elle avait sans cesse l’impression qu’on lui exigeait la raison de son mauvais caractère et qu’on attendait d’elle des « excuses », une « évolution » ou certains appellent ça « progrès », qu’elle grandisse quoi. Et si elle n’avait pas envie de grandir et de devenir un connard d’adulte à son tour ? Quelque part, ils devaient s’en douter et Arielle n’en était pas moins que davantage sous-estimée, sous-notée. Elle sera toujours la gamine qui mord quand on lui tend la main, celle ne faisant aucun effort, la jeune fille malheureuse qui condamne déjà son avenir.

Un potentiel/cas perdu pour les yeux de l’Académie, sans doute.
Alors si on pouvait arrêter cette peine (pour toutes les deux) plus tôt, cela arrangerait bien Arielle et elle n’aurait pas à modifier ses plans de « futur gâché » ou quelque chose comme ça.:copyright:️ 2981 12289 0

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