Les pieds qui tapent sur le sol en rythme le cœur qui bat dans la poitrine comme un tambour réglé à la perfection. C'est le seul endroit où il est bien, Faë danse, Faë a les yeux fermés, fermés sur le monde vide, sur le demi monde.

Il lance ses bras, tord son corps, arque son dos, ploie ses jambes. La musique l'enveloppe, l'entoure, le cajole et le rassure. On oublie qu'on est coincé dans un monde sans toi, on oublie qu'on est enfermé dans un monde qui nous regard si mal. On a la tristesse qui coule sur la peau, les couleurs qui partent et s'ajoutent, Faë vit au rythme lancinant d'un absence abyssale.

Il ne l'oublie, ne s'autorise à l'oublier que lorsqu'il danse. Le souffle rapide, le tee-shirt collé au dos par la sueur, il a même un sourire fugace sur les lèvres.

Puis, la porte s'ouvre vivement, Faë sursaute, s'immobilise et se tourne vers le battant avec un regard affolé. Celui d'un transe brisée et perdue. Il reconnait celle qui se tient dans l'encadrement et immédiatement, il se tend, recule de quelques pas, comme pour aller chercher sa bouteille.

Si, elle le dérange, il ne veut pas la voir, pas du tout, surtout pas quand il danse, vulnérable comme il est. Il a un sourire maladroit sur les lèvres, méfiant, un peu tendu. On a pas oublié tes moqueries Ainslie, on a pas oublié les tâcles "pour rire", jamais.

- N-non pas du tout haha, tu veux la salle ? Je peux partir si tu veux. J'avais fini de toutes façons, tu peux rester, c'est pas grave.

Il aurait voulu rester à l'infini mais ça sera pour une prochaine fois, il se penche pour ramasser son enceinte qui tourne toujours, sa bouteille d'eau. Dos à elle, qu'on craint pourtant.