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sous l'ombre portée d'un palazzo. avec Jake
Thomas Law
UNE ÉTOILE
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Thomas Law

Messages : 46
Classe : Université, Politique

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MessageSujet: sous l'ombre portée d'un palazzo. avec Jake   sous l'ombre portée d'un palazzo. avec Jake EmptyDim 10 Mai - 14:58





Due piadini, per piacere ! Rucola e squacquerone sì. Grazzie mille, arrivederci.

En s'éloignant du stand il se rendit compte qu'il s'était trompé sur le pluriel de piadina, et qu'il aurait dû se fendre d'un ciao comme on lui a répondu. Ses manières d'anglais frôlaient le ridicule ici. La honte lui chauffait les oreilles. Il portait son statut d'étranger avec embarras, le port altier l'accent lourd, le bégaiement léger parce que lire vulgaire touriste sur les yeux des autres le tuerait. Le pas rapide, à lui-même il se chuchotait : -i partout, sauf pour les noms féminins en -a où tu remplaces par un -e, c'est pas bien compliqué, Thomas… quel idiot tu fais. Comment les gens faisaient-ils donc pour vivre aussi sereinement quand les mots ont un genre ? Ce genre de casse-tête linguistique lui semblait suffisant pour déchirer des civilisations.

Les gens accoudés au comptoir sirotant un café, les jeunes filles pressées de rejoindre leur quai, les syllabes italiennes qui font passer les annonces de départ pour des chansons d'amour. Partout où son regard se posait l'élégance de la foule le prenait, et il adoucissait sa respiration au plus discret, comme si le monde le remarquerait s'il existait trop fort dans ce décor. Les piadine sont brûlantes à travers le papier translucide, et tout en sortant de la gare il se les passe de main gauche à main droite.

Une bouffée d'air chaud et humide le prit lorsqu'il franchit le dehors, et dans l'agitation des voitures les bruyantes retrouvailles de familles inconnues il cherchait son amarre. Un bras s'agitait au loin, c'était un bel inconnu le sourire large. Non, c'était Jake, avec Naples en fond, qui lui apparaissait comme un homme nouveau. Il agitait fièrement à son nez les clés d'un scooter vert. Leurs sacs de randonnée étaient solidement attachés, un de chaque côté, avec les mêmes nœuds que Thomas lui avait appris pour tenir une ballotine de volaille en place.

Tiens. J'ai failli en prendre une bouchée sans toi… Ça sentait tellement bon.

Ils avaient pris le train de nuit sans avoir vraiment dormi. Difficile de savoir si c'était les tremblements de la Frecciarossa, le frisson du voyage ou les ronflements du type bedonnant qui partageait leur wagon. Sur la couchette du haut Thomas avait perdu ses yeux mi-clos vers les ombres de la fenêtre, le bras ballant. Ils avaient somnolé des heures en se tenant la main. Parfois ils s'appelaient d'une caresse du pouce, se maintenant tout juste à la surface entre éveil et sommeil. Il y avait quelque de doux, malgré la fatigue et l'inconfort, à parcourir seconde par seconde, avec Jake, ces heures que l'on saute trop souvent d'un seul trait.

La matinée à Naples lui était encore un rêve flottant, elle habillait Jake comme sa plus belle chemise. Il n'avait jamais été aussi radieux qu'ici. Sa voix listait tous les amis qu'il voulait revoir, tous les lieux où il l'emmènerait. Sa langue maternelle refaisait surface ici et là dans ses phrases.

Les plans sur la comète avaient ce quelque chose d'excitant, mais avec eux se rapprochaient aussi une rencontre que Thomas redoutait. Entre deux bouchées il réussit à formuler ce qui le travaillait depuis leur départ.

Mino… et si tes parents ne m'aimaient pas ?



Jake Sorrentini
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Jake Sorrentini

Messages : 23
Classe : spé ingé

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MessageSujet: Re: sous l'ombre portée d'un palazzo. avec Jake   sous l'ombre portée d'un palazzo. avec Jake EmptyMar 19 Mai - 23:34

Dans la fraîcheur qui subsiste de la nuit, les matinées à Naples sont glorieuses car le monde entier vibre et respire avec un souffle léger. L’ombre des bâtiments est encore rafraîchissante, la brise marine agréable quand elle glisse sous la chemise en lin. Thomas dans son dos sur la petite Vespa se tient fermement à lui d’après sa recommandation, car le chemin est parfois sinueux, sûrement semé de secousses.

Ne dis pas n’importe quoi. C’est plutôt toi qui seras abasourdi par la famille, ça je le promets, lui avait-il dit, en claquant un baiser sur sa moue inquiète.

Les vieux réflexes lui reviennent comme avant, quand il était tout petit et que sa mère conduisait la Fiat citadine dans les rues napolitaines, maugréant contre ces touristes qui ne se décidaient jamais sur leur trajectoire. Les cheveux rangés sous un foulard de soie comme les stars du papier glacé qu'il contemplait à la maison. La robe en crépon de coton léger comme un soufflé frit. Si soignée si belle et si grossière aux feux rouges face aux doubleurs éhontés et aux riverains téméraires. Comme elle vingt ans auparavant, il se glisse entre les files sur les boulevards, anticipe les piétons qui traversent sans se soucier de la circulation, dépasse les véhicules par leur droite comme par leur gauche. Ils passent dans les grandes avenues bordées de palmiers, crapahutent dans les petites rues qui montent sur la colline de Vomero, et tout autour, cette ville qui s’éveille et se dégourdit au fur que le soleil monte au zénith.

Le Vésuve est derrière lui, il n’a pas besoin de regarder en arrière pour s’assurer de sa direction. Elles sont écrites dans son coeur, comme le chemin vers la maison familiale, quelque part sur les hauteurs de la ville.

Sa liste mentale s’allonge, et il énumère tous les endroits qu’il veut montrer à Thomas, tous les plats qu’il veut lui faire goûter.

Dans cette rue, il y a ce restaurant qui fait les meilleurs anchois frits au monde… (il lui en avait parlé si souvent, de leur légèreté, de leur douceur) Là il y a un de nos grands concurrents, où les gens font déjà la queue pour le déjeuner. (C’est très bien ce qu’ils font, mais c’est toujours moins bien que chez les Sorrentini) Eux, leur sfogliatelle sont à tomber ! (Il faudrait qu’ils y prennent le café un jour)

Son enthousiasme teinte son anglais d’un accent italien resurgi du fond de ses tripes. Il a l’impression d’être un prince revenu dans son royaume, l’enfant chéri d’une foule qu’il adore de toute son âme. Avec Thomas si près de lui et sa ville natale autour, il nage dans un bonheur indécent.



Quand ils garent le scooter, Carlotta et Armando surgissent au seuil de la porte.
L’émotion de les voir grisés et ridés s’écrase comme une vague sur son coeur déjà sensible.
Dans un moment qui flotte en l'air, le bouquet de fleurs pour sa mère, les sacs de voyage, l’antivol du scooter, tout passe à la trappe en même temps qu’il s’avance vers eux et les enlace. Ses bras les entourent aisément, comme s’ils avaient rétréci pendant toutes ces années où il avait étudié à l’étranger. Il peine à débloquer sa voix, reprend ses esprits, ouvre l’un de ses bras et fait signe à Thomas de se joindre à eux. Il leur dit, en anglais (puisqu’ils le parlent parfaitement, il le sait bien) :

Thomas, ce sont eux. Papà, mamma, c’est lui, très simplement, sans embarras, avec son sourire naturel, un geste qui les rapproche.

La joie de les voir est confuse et jaillit dans un torrent d’émotions intenses et diverses : qu’allaient-ils lui dire pour ne pas leur avoir rendu visite depuis ces années qu’il n’est plus à l’académie ? Sa mère allait-elle sentir qu’ils avaient mangé en route et trahi la cuisine familiale ? Son père était-il devenu définitivement sourd ? Et le plus important :

Pia est déjà arrivée ?



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