Je déteste avoir à demander de l'aide.
J'en avais jamais eu besoin dans ma vie. Puis tous ceux qui avaient essayé de m'aider étaient sortis de ma vie ou s'étaient clairement pris ma colère dans la gueule parce que, voilà un scoop à propos de moi, j'aime pas avoir l'air faible.
Et pourtant, je savais que j'en avais besoin. Et je ne voyais que lui pour me l'apporter. Si il y avait bien une personne qui devait être capable de me prêter main forte pour débloquer mon putain d'alice de merde, ça devait bien être le prof responsable des PHY non ? A quoi il servirait sinon ?
Ce matin, comme à mon habitude, j'avais ce réflexe, ce rituel que j'effectuais sans jamais y déroger. C'était si simple, si trivial à faire, encore plus facile bien sûr lorsqu'on ne ressent rien. Car cette pratique, purement destinée à voir si mon alice était activé ou non, s'était avérée, une fois encore, totalement indolore.
Il était donc bien actif, encore une entaille pour rien. Quelques gouttes inutiles de plus.
Je me dirige donc vers cette salle où nous avons rendez-vous, mon cœur battant légèrement plus fort qu'à son habitude. J'avais attendu toute la journée pour enfin arriver à ce moment, celui où, peut-être, j'allais enfin pouvoir progresser. Tout ce que je voulais, c'était le contrôler, ne plus être une putain de poupée de chiffon, incapable de ressentir la moindre douleur physique. Pour une fois, être comme tout le monde.
Alors pourquoi est-ce que je sens cette réticence à l'intérieur de moi ? Cette envie de tourner les talons et d'aller frapper dans le premier objet assez résistant pour encaisser toute cette frustration et ne plus jamais reparler de cette histoire de cours particulier. Pourquoi est-ce que je sens que tout cela ne mènera, une fois de plus, qu'à une montée de colère de ma part ?
Tu serais faible si tu faisais demi-tour maintenant. J'ignore mes pensées, continuant à arpenter ce couloir, jusqu'à trouver la bonne salle.
Est-ce que tu comptes fuir une fois de plus ? Me tenant devant, ma main se porte doucement sur la poignée, réprimant quelques secondes d'hésitation.
Faut dire que ça t'a tellement bien réussi jusque là n'est-ce pas ? La porte s'ouvre, je rentre, tu m'auras pas cette fois ci, je suis prête.
Je vois qu'il est là. Est-ce qu'il m'attend depuis longtemps ?
- Salut.Ouai, je sais, je suis pas plus douée pour parler aux adultes qu'aux cons de mon âge et moins. Je sais juste pas comment réagir avec lui. Il est clair que j'ai besoin de son aide donc le froisser serait plutôt malvenu. Moins je parle, mieux je me porte.
Je dépose mon sac rapidement après avoir refermé la porte derrière moi, on sait jamais. Puis je me tourne vers ce prof, en qui j'ai mis bien plus d'espoir que je n'aimerais me l'avouer.
- Du coup, qu'est-ce que je dois faire ?L'indécision dans la voix, le stress dans les jambes, je préfère m'asseoir sur l'une des tables présentes dans la pièce.
Tu sais que tout ça va encore foirer Sam ?