Monsters don't sleep under your bed, they scream inside your head.Chapitre 1. Le masque de l'alligator.22:58, nuit. Le son des vagues provoquaient un apaisement intense à celui qui prenait le temps d'écouter.
Gaïa s'était assise sur le sable gris. Ses cheveux blonds flottaient au gré du vent. Elle pouvait rester des heures ainsi, à fixer l'horizon. Elle laissait libre court à son imagination. Que pouvait-on trouver, dans le vaste océan, si l'on voguait ? Peut-être qu'un monstre des mers sortirait de sa cachette ?
Les prunelles dorées de
Gaïa s'emplirent de larmes. Elle ne parvint pas à les retenir. Elle avait tout pour elle : richesse, amour, vie de luxe, reconnaissance, amitié. Elle se
devait d'être heureuse.
« Pourquoi pleures-tu, Gaïa ? », dit-elle, sanglotant de plus belle. Son petit nez pointu avait rosi. « Que te faut-il de plus ? »
Elle jeta un œil à sa robe de soie, fluide, d'une blancheur immaculée, créée sur mesure. Ce qu'elle souhaitait, elle l'obtenait. Systématiquement. Soudain, une voix rauque cria son prénom. Elle reconnut son mari,
Urr. D'une main, elle balaya les perles qui coulaient le long de ses joues. Elle se leva péniblement, caressant son ventre rebondi. Ce geste lui arracha un sourire.
À l'intérieur, la chaleur fit un bien fou à
Gaïa. Elle avait passé une bonne heure dehors. L'air marin, bien qu'agréable, avait gelé sa peau.
« Je suis là, mon homme. », déclara-t-elle avec douceur.
« Tu ne peux donc jamais t'empêcher de fuir. », répliqua Urr, durement. « Depuis que je t'ai épousée, tu n'en fais qu'à ta tête. Je ne supporte plus ta manie à jouer les rebelles ! »
Il donna un coup violent sur la table ; ce qui fit sursauter
Gaïa. Elle observa son mari. Il était beau. D'une beauté originale. Il possédait une chevelure rousse, de grands yeux bruns et une bouche pulpeuse. Cependant, elle fut extrêmement surprise par la colère qui déformait son visage, habituellement si délicat. Elle avait été naïve. Ce fut à ce moment précis que la future mère comprit.
Urr était l'élément qui gâchait sa vie de rêve.
Chapitre 2. Il y a anguille sous roche.13:14, nuageux. Nausicaä était née un an plus tôt, un jour où les vagues se déchaînaient. Il s'agissait d'un minuscule bébé.
Gaïa était étonnée que sa fille soit aussi calme et facile à vivre. Elle réclamait rarement et se montrait sage.
Urr ne passait pas de temps avec la petite, prétextant une charge de travail trop importante.
Gaïa en profitait pour se rendre sur la plage avec
Nausicaä aussi souvent que possible. La petite semblait émerveillée par le paysage qu'offrait l'océan. Elle avait des étoiles dans les yeux à chaque fois qu'elle venait près de l'étendue marine.
Gaïa était pensive. Sa fille illuminait sa vie, toutefois, elle ressentait le besoin de s'évader. D'aller loin. De ne plus se forcer à quoi que ce soit. Être la femme modèle pour un homme devenu agressif ne lui convenait pas.
Urr ne lui avait pas donné d'amour depuis plus d'une année. Qui plus est, elle soupçonnait une infidélité de la part de son mari.
15:03, ensoleillé. Les nuages se dissipaient, laissant place à un radieux soleil.
Nausicaä barbotait dans l'écume. Elle tapait l'eau et riait quand des gouttelettes éclaboussaient son visage.
Gaïa la surveillait d'un œil attentif. Mais, son oreille fine détecta un bruit familier. La voiture d'
Urr venait de se garer dans l'allée de la villa.
Gaïa se dépêcha de sortir la petite de l'eau et de la sécher. Puis elle courut dans le petit escalier de pierre,
Nausicaä dans les bras.
Il était trop tard.
Urr l'attendait, le visage fermé.
Gaïa plongea son regard dans celui de son mari. Pendant un instant, elle se posa des questions. Pourquoi était-il déjà sorti du travail ? Pourquoi avait-il autant changé ? Les larmes lui montèrent, et des frissons s'emparèrent de son corps.
« Chéri... », commença-t-elle d'une voix aiguë. Elle était visiblement terrorisée par son comportement.
« Donne tout de suite la petite à la domestique et rejoins-moi dans notre chambre. », ordonna-t-il. « Tu vas enfin pouvoir m'expliquer pourquoi tu agis comme une sal*pe. »
À ces mots, il pénétra dans la demeure.
Gaïa resta deux ou trois minutes dans les escaliers, tremblante.
Nausicaä ne bronchait pas. Doucement, la jeune mère se dirigea vers la loge de la domestique.
Gaïa s'installa dans le sofa, serrant sa fille contre son cœur. Elle lui chanta plusieurs berceuses, avec douceur. Enfin, elle confia
Nausicaä sa domestique.
« Prenez-en soin, Marie. », demanda-t-elle.
Ses yeux devinrent rouges. Marie prit un air interrogatif, bien triste de voir sa patronne dans cet état. Mais
Gaïa n'y prêta pas attention. Elle caressa le haut de la tête de son enfant, déposa un baiser sur sa joue, et s'éclipsa.
16:00, ensoleillé. Urr, perdant patience, sortit de la chambre et chercha sa femme dans chaque pièce. Il poussait de profonds soupirs ; il ne voyait son petit nez rose nul part. De plus en plus agacé, il jeta un œil à la plage. Personne ne s'y trouvait. Elle s'était volatilisée. Après avoir interrogé Marie,
Urr eut un pressentiment qui lui apparut comme une évidence :
Gaïa avait pris la fuite. Définitivement, cette fois-ci.
Chapitre 3. La colère du grand requin blanc.Désormais,
Nausicaä n'avait plus que Marie et son père. Ce dernier ne changea pas ses habitudes : il ne s'occupait pas de la gamine. Il adoptait un mode de vie qui ne lui permettait pas de voir sa fille grandir, prendre de la maturité et de l'intelligence, se créer une personnalité, des passions... Avoir de plus en plus un physique de jeune femme.
Urr était stupéfait à chaque fois qu'il voyait
Nausicaä. Elle s'embellissait au fil des années.
Puis vint la période où
Nausicaä recevait des invitations à des soirées, où elle souhaitait sortir, découvrir la vie d'adolescente. Elle avait 15 ans et de bons résultats scolaires. Mais Marie ne pouvait pas lui autoriser quoi que ce soit sans l'accord de son propre père.
22:58, nuit. Un vendredi,
Nausicaä frappa à la porte du bureau d'
Urr. Elle entra, déterminée.
« Bonsoir Papa. »
Il leva les yeux de ses papiers. Elle lui accorda un sourire rayonnant. Malgré l'inexistence de liens avec
Urr, l'adolescente tentait de lui paraître agréable. Lorsqu'elle voyait les parents de ses amis venir les chercher au lycée, rire et discuter ouvertement avec eux, elle se disait qu'elle n'était pas normale. Pourtant, elle restait muette à ce sujet. Par la fenêtre, des effluves marines, portées par la brise, vinrent danser dans les narines de
Nausicaä. Elle huma cet air salé, le prenant comme un souffle de courage. Un peu plus confiante, elle plongea son regard dans celui de son père.
« J'avais une demande à te faire, Papa. Demain, je suis invitée à l'anniversaire d'une... »
« Il en est hors de question. », la coupa-t-il.
« Mais, Papa, tu ne me laisses pas finir, je... »
« J'ai dit non. N'insiste pas. »
Nausicaä ne s'attendait pas à une telle réaction.
Urr n'avait même pas pris la peine de l'écouter. Elle fronça les sourcils.
« J'ai fait tous mes devoirs pour la semaine prochaine, je n'ai pas eu une seule note en dessous de la moyenne depuis la rentrée, je suis sage, je ne bois pas d'alcool, je ne fume pas, je ne fréquente pas de délinquants, je ne parle pas aux garçons, je suis toujours restée gentiment chez moi depuis petite, je ne traîne pas dans la rue, je ne t'ai jamais réclamé quoi que ce soit. Qu'as-tu à me reprocher, pour me refuser une simple fête entre copines ? », clama-t-elle d'une traite, révoltée.
« C'est bon, tu as fini ? », répondit son père, d'un calme détestable. « Tu peux maintenant disposer. »
L'adolescente s'exécuta, claquant la porte derrière elle. Ce geste réveilla la colère d'
Urr, qui poussa un cri, étouffé par les murs du bureau.
Nausicaä comprit qu'il fallait absolument partir, et vite, avant que son géniteur ne la rattrape. Elle dévala les escaliers, s'échappa par la porte d'entrée, et gagna le jardin. La nuit était silencieuse.
Nausicaä, doucement, se laissa guider par son corps, et se retrouva dans la piscine, au fond de l'eau chlorée. Elle s'adossa à l'un des murs bleus, et ferma les yeux. L'un de ses repères secret.
Chapitre 4. L'écume de la vierge.6:04, pluvieux. Nausicaä sortait de la piscine. Elle aimait beaucoup se baigner sous la pluie. Elle avait alors l'impression de prendre à la fois un bain et une douche. Elle se dirigea vers la salle de bain, à l'étage, laissant une traînée d'eau derrière elle. La jeune fille se promit de nettoyer avant que Marie ne le fasse ; elle ne voulait pas infliger cette tâche à sa domestique alors qu'elle n'avait pas pris le soin de se sécher avant d'entrer.
Attention : Cette partie de l'histoire peut éventuellement mettre le lecteur mal à l'aise : si tu es gêné(e) en parlant/lisant le sujet du corps humain, ne lis pas.Une fois dans la salle de bain,
Nausicaä se débarrassa de son maillot de bain, afin de s'essuyer, avec une serviette douce. Son corps nu était rosi par le froid.
Nausicaä se surprit à s'examiner sous tous les angles devant le grand miroir. Elle commença par son ventre — il était plat. Puis, sa poitrine — l'adolescente devait avoir pris trois bonnets depuis le collège. Son visage — qu'elle appréciait de plus en plus. Ses cheveux — qu'elle aurait voulu plus longs. Ses clavicules — un peu trop marquées à son goût. Elle se tourna. Ses fesses — son plus grand complexe, elle les trouvait bien trop petites comparées à ses seins opulents. Elle s'assit sur le rebord de la baignoire. Le contact froid de l'acrylique sur son sexe la fit frissonner. Elle fixa la vulve velue, curieuse.
Attention : nc-16Nausicaä ne vit et n'entendit pas arriver
Urr. Ce fut lorsque sa voix rauque s'éleva qu'elle sursauta, cachant tant bien que mal ses parties intimes.
« Qu'est-ce que tu es en train de faire, petite ? »
Nausicaä ne répondit pas. Elle croyait qu'il allait ajouter le mot «
p*te ». C'était très embarrassant, qu'il l'est surprise, nue, en train de se s'analyser le corps ainsi. Elle tendit le bras pour attraper sa serviette, sur le sol. Mais,
Urr se saisit de son poignet. Un peu trop rapidement. Un peu trop violemment. Nausicaä remarqua à ce moment précis qu'il scrutait ses seins, de ses yeux bruns. Une expression inconnue s'affichait sur le visage de son père. Une expression dérangeante.
« Tu m'fais mal. »
« Ta gueule. »
Tout se passa d'une vitesse effroyable. Elle pleurait, il gémissait. Elle avait mal, il prenait du plaisir. Elle se sentit sale, il se sentit vidé.
Chapitre 5. Adieu, monstre des mers.Nausicaä ne révéla jamais ce qu'il s'était passé. Elle évitait son père au maximum. Elle en devenait paranoïaque. La jeune fille avait même créé un emploi du temps avec les heures où son père était à la maison, pour savoir exactement à quel moment elle pouvait sortir pour manger ou se doucher. Lorsqu'elle croisait
Urr, elle baissait la tête, tremblante. Et quand il lui parlait, elle paniquait, mais prenait sur elle pour ne rien laisser paraître.
Malheureusement, pendant cinq longues années, elle ne pouvait pas toujours échapper au griffes d'
Urr. Il parvint à la violer de nombreuses fois.
Nausicaä devenait presque insensible à la douleur physique que cela représentait. Mentalement, elle souffrait plus que tout. Elle s'enfonçait dans un univers glauque, morbide, malsain.
Les moments d'apaisement qu'elle avait, elle les passait sous l'eau de la mer ou de la piscine. Elle s'y cachait, si bien que son père ne la trouvait pas.
Et puis ce jour atroce arriva.
Urr invita un ami à lui à la villa. Un homme haut de taille, d'un âge assez avancé. Il insista pour que
Nausicaä sorte de sa chambre pour venir le saluer. Ce qu'elle fit. Et cet inconnu la toucha. Il toucha ses parties intimes. C'en était trop, pour
Nausicaä. Elle était à bout. Elle s'enfuit, et se réfugia dans l'étendue salée. Mais
Urr et son ami la suivirent. Ils découvrirent son secret.
Son alice.
Ainsi,
Nausicaä fut confiée à l'Académie Alice, contre une somme d'argent.