qu'elles sont agaçantes nos étoiles contraires ; illogiques exaspérantes, elles émettent des lueurs trompeuses et toi le nez en l'air t'en oublies que t'es sur Terre. tu te sens capable de décrocher la Lune d'explorer tout l'Univers, tu mets des majuscules à son nom ; ça te plaît de le souffler comme quelque chose d'important et surtout en comparaison tu te sens minime, minuscule tout à coup ramené à ta condition
de petite chose qui n'a pas beaucoup d'impact sur la matière.

admet que tu connais ça Perceval s'il te plaît avoue qu'on est sur la même longueur d'onde car celle de Colline grésille fort de bruit parasite. de petites voix qui comparent le nombre d'astres sur le col de la chemise, qui constatent qu'il en a deux et pas trois et personne pour ajouter un blason stupide qui accorde des privilèges idiots. ça dépasse Colline et tous leurs préceptes, qui ne comprend pas pourquoi on continue de lutter avec et contre Caprice. si on a vraiment fait la course avec lui un jour ou bien si on a le même nom de famille pour faire valoir son prénom plus joli.

il a envie de hurler aux étoiles qu'elles sont cruelles, à le toiser de tout là-haut, mais ce serait vain de crier des horreurs au ciel, tu sais comment c'est Percy. jeter des mots au vide, parce qu'il semble avoir les bras assez grand pour tout accueillir, et puis, regretter parce que c'est trop tard. on ne les récupèrera jamais.

Colline a rien à dire à Caprice, en tout cas pas ce soir. demain peut-être qu'il ira se montrer désagréable voire imbuvable, pour le plaisir de le faire trembler de colère comme il nous fait frémir de doute. mais là tout de suite il est tard, et il faudrait monter un étage. traverser un couloir c'est plus simple, et Colline s'y risque
dans la furie on s'est tenu la main Perceval,
il va encore falloir s'empêcher de lever les poings aujourd'hui.

alors à la porte il guette, le moindre bruit. ça lui arrive d'entrer sans toquer parfois, à Colline, mais depuis les événements du quinze ils ont verrouillé toutes les entrées des chambres et cette fois aussi, il n'a pas la carte membre. c'est pas bien assuré lorsqu'il se décide à frapper, Colline,
encore moins lorsque tu lui ouvres, Perceval,
et qu'il n'a que des regards noirs à t'offrir.
aussitôt on te voit et ça rappelle l'impatience à vif
elle fait oublier de dire bonsoir.
t'étais au courant ? pour son putain de move de traître. il te l'a dit à toi ??
si il te l'a dit en fait oublie
j'retourne dans ma chambre.
il faut bien s'énerver contre quelque chose, Perceval,
et ça tombe mal tu as les épaules larges.

Perceval où sont-ils les temples brisés ? ceux qu'on érige pour des gens comme Caprice et que celui-ci foule aveuglément, probablement par inattention, mais qu'il piétine quand même. Colline planté devant toi et tes épaules larges constate, la solidité des sourires malgré qu'ils sonnent faux, la première impression impeccable. envie de demander. t'as fait des travaux ? ravalé la façade et les sanglots avec. désolé Perceval,
percuté de mauvaises nouvelles, Colline toujours le même, débarque pour casser les murs.
la section NOVA, la team de poucave là.
Cap leur a vendu son cul.
tellement amère l'information qu'elle est crachée comme du venin. elle fait réfléchir trop vite, active le cerveau reptilien qui se méfie des oreilles qui traînent et se passe de politesse. ne prononce aucun s'il te plaît et n'attend pas les je t'en prie, Colline comme chez soi, pose une main sur l'épaule de Perceval pour qu'il puisse se frayer un chemin de l'autre coté, dans sa chambre où l'on sera à l'abri
pour mal parler.

la porte refermée derrière eux, incapable de tenir en place, heureusement que t'as deux étoiles Perceval car ici Colline a de l'espace pour des cents pas chaotiques. s'approche du lit, sans s'asseoir, croise les bras, dos à toi, fulmine. avant de se tourner et errer sans but dans les lieux que tu habites, le regard se posant partout et nulle part à la fois.
l'administration est venu le voir, pour lui proposer, et ce débile il a dit "oui". les mecs ils se sont ramenés, et il aurait pu leur dire "non merci" tu vois, mais non, ce con, on lui pose la question et il dit "oui".
il raconte ça comme une mauvaise plaisanterie,
une vanne trop facile, Perceval
on n'en revient pas.

l'humeur à double tranchant, blesse d'un coté à entendre résonner de sales mots pour parler de Caprice et puis coupe, cruelle, le moindre bourgeon de remords pour ne pas laisser éclore des fleurs coupables. des roses sur les joues de Colline, parce qu'on cause mal, qui se fanent et disparaissent aussitôt. elles sont stériles, les terres furieuses ; rien ne pousse sur la rancœur.
c'est une traînée, ça a toujours été qu'une traînée.
"ça" et pas "mon frère", pour fermer les yeux sur les ronces. acérées Colline s'y pique souvent mais malgré tout elles font le lien, de Caprice à lui.

Perceval, la bonne idée, changer l'eau en combustible pour faire brûler ces rosiers là c'est un miracle qui plairait bien à Colline. ça, ou bien rien que pour noyer toutes les répliques acerbes qui s'impatientent de passer les lèvres ; on boirait bien quelque chose. les yeux levés au ciel de frustration, et puis Colline va pour s'asseoir sur le lit, s'affale même sans se donner la peine de bien se tenir.
si t'as la foi de faire apparaître du gin tonic tu s'rais un ange.

le dos courbé, il plante ses coudes sur ses genoux et vient tenir sa tête au creux des paumes, le visage froissé de contrariété ne regarde rien si ce n'est le sol. peut-être que les accalmies se cachent quelque part sous les tapis.
j'lui ai pas demandé ses raisons. j'm'en fous, ça doit être du bullshit comme d'hab. on ne les trouve pas. les mains viennent se joindre sur le bas du visage pour y soupirer agacé, et les yeux se lèvent vers Perceval. j'ai appris, pour vos histoires. car il y a des jours où plutôt que de se faire la guerre on se raconte celles qu'on a livré ailleurs, avec son frère. des secrets avoués à retourner contre l'autre ; c'est le moment. du coup tu les connais bien, ses justifications à deux balles qu'il est le seul à croire. pas besoin d't'expliquer.

on peut plus lui faire confiance, point barre.
tu souris Perceval, contrairement à lui
mais dis-lui qu'on est deux
à se noyer dans des colères noires.

c'est pas souvent qu'on dissout les répliques haineuses à coup de saveurs liquoreuses mais Colline tend la main et vient porter les lèvres à même le goulot de la bouteille, ravale les mots noirs avant de passer le dos de la main sur la bouche où s'évaporent les dernières traces d'éthanol.
oh sois pas modeste,
Lucifer aussi c'était un ange avant.
et il écoute attentif Colline, Perceval qui raconte les histoires il les trouve passionnantes lui tant ça nourrit le monstre qui se tapit à la fois dans un coin du crâne et au cœur des entrailles. la méfiance affamée, friande de trahison elle chasse le moindre détail à mordre pour grandir grandir grandir. ce soir elle veut dévorer le frère, faire claquer les dents à la gorge de Caprice on veut le traîner au jugement et dire en chœur avec Perceval ; "coupable !". ainsi l'on pourra passer au choix des sentences car c'est insupportable cette injustice.

Colline ne voit pas d'autres moyens de retrouver un esprit tranquille. la bouteille au pied du lit, il s'affale de coté et le flanc épouse le matelas, s'y étale les cheveux couleur prairie, il observe Perceval qui lève les yeux au ciel gris et vide du plafond.
Perceval, s'anesthésie-t-elle au chagrin ta hargne ? ce n'est pas à cette source là qu'il faut s'abreuver, Colline ne voudrait que tes traits se froissent de contrariété. à te dévisager, il songe pensif, et puis, lance l'air de rien, la crainte qui ne quitte jamais son esprit
même quand il s'agit de sa propre famille.
c'est comme ça depuis toujours tu sais.
l'âme de Colline est malade, rongée de remises en question cyclique elle divinise ceux qu'elle chérit avant de voir le mal partout,
tu ne devrais pas l'écouter Perceval, pourtant
il persiste.
parfois j'ai l'impression de le connaître et j'suis sûr et certain qu'il aime pour de vrai, qu'on s'aime pour de bon et qu'il me trahira jamais.
et à chaque fois,
à chaque fois il gâche tout.

Colline gâche beaucoup de choses lui aussi, à croire que l'on s'équilibre. c'est de sa psyché dont il devrait se méfier mais pas ce soir, il n'a pas envie de nuancer
diluer la colère, non pas ce soir
on veut la boire pure.
t'es pas le premier, Perceval.
confié l'air de rien comme une vérité générale.
je parie qu'il t'a dit que toi et lui c'était à l'infini. qu'il t'a regardé avec des airs dévoués, et qu'il t'a assuré sans ciller qu'il voudrait que la nuit dure, que le jour se lève jamais et bla bla bla.
la tête dodeline tandis qu'on imite les intonations enflammées Colline se moque. fait taire son cœur qui voudrait hurler que ce n'est pas avec ces inflexions de voix que Caprice lui confie ses secrets, que son frère tremble parfois de lui raconter la manière dont tout le submerge dans l'obscurité. sûrement qu'il est sincère, ce chaos. mais Colline ne veut pas y penser,
n'y pense pas lorsqu'il relève le regard perçant vers toi Perceval
les iris prairie ont l'air de voir si clair.
il sort ça à tout le monde.

les murmures et les chuchotements tremblants de pudeur de son frère, Colline les a jetés en pâture et ridiculisés au grand jour, et il assiste désormais serein au brasier magnifique que l'on a fait naître dans les regards de Perceval. tant qu'il n'est pas seul à brûler d'incendies de rancœur ça lui va ; couper le poison le rend plus supportable et il sera possible d'atteindre le fond des bouteilles. tracer des cibles rouges sur le dos que Caprice nous tourne et y jeter des mots acérés ; qu'elle est pathétique la résolution ! c'est tout ce qu'il nous reste ce soir.
c'est parce qu'on a eu une enfance dorée Percy,
ça rend vorace. ça fait toujours vouloir ce qu'on a pas sans jamais apprécier ce qu'on a déjà. Caprice il est pas sorti de c'te phase. il y est même bloqué à vie j'crois.
c'est hypocrite venant de Colline qui est bien plus dépensier et utilisateur, qui consume et consomme le matériel comme les personnes. ronge jusqu'à lui-même et dévore le temps qui lui reste.

sa propre mauvaise-foi le fait sourire paisiblement
celle de Perceval le fait rire pour de bon.
c'est p't'être un move pour se refaire un karma ! ça se trouve il s'est dit que choisir le plus nul de tous c'était comme faire une bonne action.
il lance des étincelles sournoises dans les regards de Perceval.
tu sais bien que Caprice voit que dalle,
y a des chances qu'il ait jamais capté que t'étais canon.
ponctue d'un ricanement avant d'acquiescer ; il est temps de terminer les liqueurs acariâtres pour faire passer celles qui envahissent les joues lorsqu'on pense à toute cette histoire.

allongé de coté Colline plante un coude dans les couvertures pour se redresser, tend l'autre main et s'empare de la bouteille pour porter aux lèvres et boire la dernière gorgée. immonde et en même temps, tout ce dont on avait besoin, le contenant vide échoue au pied du lit et il s'affale sur le dos plutôt, dans un soupir désabusé.
... quand j'le vois faire n'importe quoi comme ça
ça me tue que ce soit toujours lui qu'on préfère.
voilà, c'était sûrement ça la source claire de l'aigreur que Colline tinte de couleurs hostiles. rouge haine et vert acrimonie
alors qu'au fond c'était bien bleu mélancolie.

Colline le frère de tout, le frère de rien, à passer par toutes les couleurs délave les images et rend les photo de famille sans saveurs ; ça fait broyer du noir. dans son champs de vision tout à coup c'est blanc sur blanc, la teinte des cheveux de Perceval et puis les yeux et la peau claire, ramènent un peu de ciel bleu dans les siens chargés d'amer. la métamorphose des lieux assorti l'endroit aux mèches vert tendre de Colline et illumine les œillades ternes
lorsque tu dis qu'il est ton favori.
mon préféré.

le cœur se gorge de tes mots qui affirment qu'il n'a rien d'une ombre adoptive, annihile les comparaisons. son esprit bataille et contredit, Colline voudrait rétorquer qu'il te respecte trop et s'estime mal pour offrir ce qu'il est en entier ; que les coups de pute il en fait à d'autres que toi, en face les yeux dans les yeux, simplement rembobinés. la tête de coté, à l'opposé de Perceval pour détourner le regard il balaie tes répliques d'un mouvement du poignet, les soupirs rieurs.
vas-y arrête Percy t'en fais trop.
tandis qu'il n'est pas assez
loin d'être le meilleur sur tellement de pans de réalité.

mais n'était-ce pas ce qu'il voulait entendre ? voir, une main tendue ce soir alors que Colline se sent de plus en plus tomber (en poussière), à force d'être habité d'émotions chaotiques elles font trembler tous les murs de la maison, tous les os. c'est une carcasse fatiguée de lutter qui se prélasse sur ton lit Perceval, et les parois peintes de ta chambre font vibrer triste. il relève alors les yeux vers toi pour tendre les doigts et tirer tes cheveux décolorés ; le geste abrupt tendre.
c'est pas qu'une impression s'pèce d'idiot.

je t'aime bien.
les sourcils sont froncés mais la courbe des lèvres forment des risettes qui contredisent les prunelles orageuses ; il est paisiblement morose le sourire de Colline.
sinon je serai pas là en train de me plaindre.
lâche prise, et la main retombe lasse sur les draps tout comme les regards ils s'y perdent. Colline se laisse aller au silence qui remplace petit à petit les tempêtes furieuses, métamorphose les vagues en eau grise qui stagne. au retour à la surface des songes il inspire, la voix aux arpèges de ressac harassé.
je suis désolé.
pour tout ce bordel.
c'est un peu ma faute tu sais, ça aurait pu se passer autrement. mais j'crois qu'avec Caprice on a grandi en s'encourageant à faire les mauvais choix. même à ce niveau-là c'est une compétition.
et comme c'est inintéressant les océans il ferme les yeux.
j'aimerais bien remonter le temps. plus loin qu'une minute ou qu'une heure je veux dire. pour des gens comme toi j'aimerais bien.
quitte à briser le sablier pour de bon
on pourrait tout recommencer ;
tant pis si c'est sans lui.

tordre les courbes du temps, Perceval tu dis pas besoin. que les gens s'ennuient quand tout se passe bien, quand y a pas eu d'encombre en chemin. laisse les grains des sabliers s'écouler tranquille, Colline n'a pas à retenir au creux des doigts. mieux vaut regretter maintenant quelques secondes plutôt que des heures et des jours bien plus tard.
mais c'est que Colline voudrait jamais
jamais se dire dommage
jamais songer si seulement
éviter à tout prix de se retrouver avec du sang
sur les mains ; rien que le sien.

Colline a rouvert les yeux pour les lever vers Perceval, ça parle de guerre meurtrière insouciant, minimise jusqu'au meurtre ça ne fait rien, ça fait partie du grand spectacle de la vie et tant pis, tant pis si ça arrive. c'était dit pour rire évidemment mais ça lui change tu sais. ta bonne parole à l'opposée de celle de son Père à lui, qui prêchait une vie grandiose et dénuée d'erreurs.
hmouais...
j'espère qu'on aura à cacher l'corps de personne
mais si t'as besoin d'une seconde chance un jour Percy tu m'diras ; un coup d'alice et j'efface ça.
et c'est le risque d'être à cœur ouvert avec toi Perceval tu en profites pour y glisser des sourires espiègles qui piquent l'orgueil, prennent Colline au dépourvu lorsque tu sous-entends que tout ça c'est de l'inquiétude maladroite.

ce n'est pas pour être mignon qu'il fait ça ; contredit en faisant la grimace d'abord, il se redresse ensuite pour planter son regard dans celui de Percy, les coudes plantés dans les draps pour se tenir et le surplomber un peu.
prend pas la conf', j'suis pas inquiet, j'suis vénère.
impossible de s'empêcher de sourire trop longtemps cependant ; et Colline change ça en risette gentiment moqueuse.
enfin quoique... j'devrais m'inquiéter ? en vrai depuis que Caprice traîne avec toi et Blossom j'ai l'impression qu'il fait n'importe quoi.
pas tout à fait vrai ; ça a toujours été le cas
mais si tu veux jouer la provoc' Percy on peut aussi.

il n'y avait rien de mieux que des petits mots aiguisés comme ceux qu'utilisait Perceval pour entamer les opinions de Colline en temps normal. l'espièglerie éclairée d'une touche de malice, c'est du mauvais sang dont se nourrit trop facilement son cerveau malade ; il s'en abreuve, s'en oxygène jusqu'à cogiter méfiant. à frôler la psychose
mais Percy tu es tellement impudent parfois,
tu te livres tant et sans le moindre embarras
que Colline est incapable de songer
que tu lui veuilles le moindre mal.

tout ce que tu lui souhaites c'est lui faire perdre ses moyens sans pour autant chercher à user des failles comme des chemins jusqu'à son âme. jusqu'à son cœur, tu sais viser, et pourtant tu ne poignardes jamais. tu te contentes de faire piquer des fards et rends farouche, rien que ça. alors Colline s'était tourné comme il faut vers toi, toujours affalé de coté et s'appuyant sur un coude, la main libre vient se plaquer sur tes lèvres courbées en un sourire ; elle le cache un instant.
pcht- chut- stop ! range ton vieux si tu savais, y a pas de "si" qui tienne, je veux pas savoir.
pommettes incandescentes, il affirmera que c'est l'exaspération qui y fait monter le rouge, et pas l'embarras que tu déclenches sans gêne.

il lâche prise tandis que tu t'attèles à rassurer, bien que demi-mondain ne soit pas un terme qui attise beaucoup de sûreté, ça sonnait si bien venant de toi qu'il considère comme de l'honnêteté dont il ne faut plus douter. au moins, tu n'avais pas fait n'importe quoi, ni avec eux, ni avec lui.

haussement d'épaules, à l'annonce des exceptions. il s'affale alors de nouveau sur le flanc, un bras plié sur lequel s'échoue la tête, regards à hauteur des draps, ils s'y égarent. les sourcils se froncent un peu, pour la forme.
... ouais bah au début j'me suis demandé, j'sais pas, si tu me trouvais dégueu', genre trop moche ou quoi.
c'est tout Colline de déformer la réalité pour la rendre la plus hostile possible. il a l'esprit empoisonné depuis toujours, et des petites voix qui lui susurrent que le monde est contre lui.

mais visiblement, toi pas, Percy. silence pensif, du bout des doigts il trace distraitement des arabesques invisibles sur le tissus blanc devant lui. avant de songer tout haut.
du coup j'suis dans la brozone ?
ponctue d'une risette un peu moqueuse, car tes intonations de voix et tes expressions laissent entrevoir ce qui lézarde ta personnalité. et c'était justement ce désaveu qui fait se confesser à son tour.
... alors d'accord, dans ce cas t'y es aussi Percy.

mais genre, dans la brozone sûre et safe, pas dans celle des gros traîtres où se trouve Caprice tu vois.
prononcé l'air de rien, sans trop lever les yeux vers toi. parce que ces mots là confié à l'autre, confié à toi Percy, c'était un risque pour Colline. une porte ouverte sur ses paranoïas qu'il fait taire comme il peut. aujourd'hui tu es de son coté, mais qui sait
peut-être que demain sa psyché troublée déformera tes images, et il se mettra à croire que les mains que tu tends cherchent à le pousser dans des précipices terribles.
des nuages sur les lagons des yeux,
et il a l'air ailleurs tout à coup, Colline.
... si un jour je me mets à dire le contraire,
même si j'ai l'air de le penser sincèrement...
évite de trop me croire, Percy, ok.. ?
il n'a pas envie que son esprit sur le fil te fasse fuir toi aussi.

tu sais Perceval ce n'est pas la première fois qu'on ne départagera pas Colline et Caprice. la compétition dans le sang, inoculée par le père, ça galope dans leurs veines depuis des années. ils ne savent plus vivre sans. ils ne peuvent plus vivre sans. la règle était simple : on n'existait que si l'on était meilleur que l'autre. chacun leur tour, grappillait le droit de vivre.

il faut qu'il continue, tu comprends ? de pousser de grands soupirs, lever les yeux au ciel, quand tu dis ne pas pouvoir choisir. cesser de livrer des guerres à Caprice, c'est risquer de disparaître. parce qu'on n'a pas eu le temps de demander
si l'on avait le droit de briller
sans l'ombre de l'autre
(on ne saura jamais).
personne sait faire un choix pour de bon,
c'est dingue. j'veux dire-
le mec s'appelle Caprice, insupportable, à un moment faut que les gens comprennent que c'est pour une bonne raison.
tant mieux. si tu es indécis, Perceval,
alors Colline peut rester là, à tes cotés.

pour le meilleur et pour le pire, comme tu dis. tu as demandé comment faire, pour esquiver les cataclysmes et il aurait voulu répondre, tu ne peux pas. ce n'est pas un orage dont on peut s'abriter, qu'on pourrait éviter en changeant d'horizon et de sujet. c'est dans la peau, c'est sous les os. des ouragans terribles au cœur du crâne de Colline. alors il ne faudra pas écouter ce qu'ils lui font dire. ses sourcils se froncent à peine.
j'suis pas sûr que ce soit la solution à tout
ce s'rait trop simple sinon.
et pourtant, c'est simple comme tu t'approches, saisis Colline tout à coup sans qu'il ne s'y attende il s'est retrouvé lové au creux de toi, ses bras repliés contre son propre poitrail. ça a aussitôt défroissé son visage, laissé un peu abasourdi. ça n'avait pas duré des heures, mais il avait eu l'impression que tout à coup, le temps filait moins vite.

reprend sa course à l'allure d'avant lorsque tu le lâches. l'esprit au fer rouge, et le cou aussi. tu te marres, Percy, et ça le rend farouche.
vas-y t'es trop grand mec, quand tu fais ça on a l'impression d'disparaître.
ce n'était pas dérangeant.
il plante alors une paume dans les draps pour s'appuyer et se redresser assis, surplombe désormais en tailleur. l'autre main passe dans les cheveux en désordre, discipline à peine.
j'refuse de donner une note.
à cette hauteur, il peut se permettre
un sourire malgré tout.

le dos des doigts porté à l'une de ses joues, vérifie inconsciemment que ça brûle moins. il a déjà replongé dans ses songes, couché les regards le temps de réfléchir. à comment garder tout cela paisible. finit par inspirer doucement.
... je trouve pas d'exemple.
ni de mots pour décrire. des souvenirs de crises furieuses, il en a des tas pourtant. mais il aurait honte de te raconter, Percy, comme il peut se montrer atroce. c'est juste...
des fois j'suis persuadé qu'on fait tout pour me blesser. ou qu'on est sur le point de me lâcher. genre... y a des moments même les gens que j'adore, j'ai l'impression qu'ils font exprès d'me faire câbler, et soit ça me fout en colère soit ça me rend ultra triste. alors je leur rend la pareille, même si c'est pas forcément justifié, tu vois ?
dans ces états là, il ne sait plus comment il a pu vous aimer ; et puis une fois que c'est passé, il ne comprend pas qu'on puisse vous haïr.
j'oublierai pas, Percy. genre, je te le dis
les yeux dans les yeux, j'oublierai pas.

du coup si un de ces quatre, on dirait que j'ai oublié, bah faudra pas m'écouter. faudra vraiment essayer de me convaincre que j'me trompe, parce que j'ai du mal à le faire moi-même à certains moments.
un hochement de tête, comme pour appuyer ses propres dires, et Colline baisse alors ses prunelles sur ses doigts noués. sa gorge l'est aussi, et il déglutit difficilement.
mais j'suis pas fou, hein,
crois pas que j'suis fou.
ne fais pas comme lui.