Toutes les choses que tu détestais par-dessus tout tombaient l’une après l’autre, telle une pluie d’acide, cherchant simplement à t’empoissonner ton quotidien. Bien heureusement, des événements un peu plus palpitants t’attendais. Mais pour cela, il fallait d’abord que tu fasses bonne figure, espérant simplement que l’on ne te l’enlèverait pas au dernier moment, parce que tu n’avais pas voulu te plier au jeu… Evidemment, tu craignais que la vie de tes chers et tendre soit tout autant en ligne de mire, plus encore après la rencontre mouvementée que tu avais eu. Mais l’espoir, l’insouciance ou bien même ton idiotie avait tout de même réussi à triompher.

Et pourtant, tu avais fait ce geste, ce choix tellement judicieux qu’il aurait pu paraître irréel. Un simple contact, un message des plus banals qui avait été envoyé dans l’espoir que l’accord soit mutuel. L’envie n’y était pas plus que ça pour ta personne, Aries, mais tu n’avais en vérité, pas vraiment le droit de t’en indisposer. La réponse n’avait pas tardé, d’un sursaute comme une crainte. Toi qui au fond, aurait peut-être souhaité qu’elle ne puisse pas être disponible, même si la demande était tellement sincère que tu lui en aurais voulu durant une double décennie.

Alors, il y avait eu ce reniflement lorsque tu avais dû te relever des ressorts qui te faisaient office de lit. La console qui avait claquée lorsque tu avais donc fait le choix de l’abandonner. Attrapant ton sac qui s’écrasait à même le sol du grenier -sac vide, disons-le-nous. Tu avais pris direction pour te rendre à la bibliothèque, là où avait été choisit le lieu de rendez-vous. Comme s’il était possible que tu puisses t’y rendre dans l’envie d’y lire quelques bouquins, puisse-t-on encore considérer que la lecture fasse partie de tes maigres capacités.

Un léger tour, pas spécialement des plus silencieux à la recherche de celle qui devait t’accompagner cet après-midi. Sans le moindre intérêt pour les gens qui te sifflait la quiétude, aucune des chevelures sombres de ce lieu ne correspondait à la personne recherchée. Alors, tu t’étais finalement assise face contre une table vide à attendre sa venue.


@AMÉLIE H. HASSAN

S’avachir un peu plus sur la chaise, comme si tu étais prête à t’en effondrer. Contenant simplement l’effet d’un potentiel sursaut. Disons qu’elle ne t’avait pas vraiment surprise à ce point là -ou peut être que si-, mais le silence de la bibliothèque avait réussi à te troubler. Alors presque mécaniquement, ta tête se lève un peu pour tenter de l'observer, toi au fond de cette chaise qui donnerait un air d'enfant boudeur.

« Pas vraiment. »

Vous n'aviez eu pourtant que bien peu d'échange, mais ces courtes rencontres fugaces qui auraient dû être concentré sur tes problèmes scolaires disaient-ils, avaient été perçu comme fort étrange. Alors, plus rien ne semblait suffisant a te surprendre de sa part, sauf peut être ses questions désinvoltes sur tes capacités en plein milieu d'un exercice sur le past perfect. Bien qu'en vérité, cette simple façon d'être qu'Amelie était envers ta personne, était, chaque seconde suffisante pour te surprendre.

Ton corps se redresse pour que finalement ton dos soit en parfaite harmonie avec le dossier de chaise. Jetant avec désinvolture ta longue chevelure bicolore pour qu’elle y passe par dessus. L’air calme, presque princière. Le regard qui se pose sur Amélie avec un grand intérêt.

« Sans doute bien moins que de recevoir ce genre de message de ma part. »

Car tu avais ce besoin de te mettre en avant, comme une vulgaire compétition d’importance.  

« Tu n’as donc rien d’autre à faire que de m’aider aux verbes irréguliers ? »

Une légère esquisse de sourire, non pas que tu cherchais délibérément à être provocatrice, mais il était certain que quiconque préférerait passer meilleur après-midi.



@AMÉLIE H. HASSAN

Ton regard qui suit machinalement les gestes d’Amélie, comme si tu craignais qu’elle puisse tenter une seconde surprise. Le moindre de ses mouvements étaient jaugés sans même que tu ne t’en aperçoives en vérité. Pourtant, elle ne fait que s’asseoir non loin de ta personne, juste à côté pour être plus précis. Alors, ton bras s’étire un peu tandis que ton coude se pose sur la table qui vous faisait dorénavant, à toutes les deux face. Quant à ta tête, légèrement incliné pour continuer ton observation vient se reposer sur ta main soutenue.

« Hum. »

Sans grande force, dénuée de la moindre envie de réponse, car après tout,  il était presque certain qu’elle n’attendait rien de toi. Comme une question sans fondement, est-il seulement possible que des messages de ta part puissent entraîner une crise de panique ou de quelconque tremblement tant le fait d’y voir en destinataire “Aries Amaro” pouvait être comparable à un monstre attendant patiemment sous le lit de sa prochaine victime. Alors elle te sourit simplement, comme si ça lui était effectivement suffisant. Tes yeux roulent un court instant exprimant la lassitude que tu éprouvais envers ce type de réponse silencieuse.

Et tout s’enchaine assez facilement, car après tout, là était le sujet de votre rencontre. Ce n’était pas une envie quelconque de partager un histoire d’un auteur inconnu. Ni l’espoir d’échanger en toute discrétion une multitude de rumeur dans le silence de la bibliothèque, comme s'il était possible que vous puissiez avoir de tel échange. C’est sans doute pour cela que ton corps y réagit, à la simple pensée que les affaires reprennent, que tu en viens à exprimer un bâillement. Celui qui t’ouvres grands la bouche sans même prendre la peine d’en mettre la main pour voilé l’intérieur de ton être.

« Sans doute oui. »

Incertaine. Tes mots qui semblent aussi puissant que ton savoir sur cette langue anglaise. La conjugaison n’était déjà pas une partie de plaisir, mais chaque matin tu te demandais pourquoi il existait une liste interminable de verbes qui aimaient jouer les dissidents sans la moindre raison d’être.

« C’était lesquels déjà ? »

Parce que tu avais sans doute ouvert ton livre pour la forme, y avait jeté un léger coup d’oeil espérant te souvenir de quelqu'un d’entre eux. Mais en trois ans, ça n’avait jamais été très convainquant. Alors, tu avais hausser les épaules te souvenant qu’il y avait bien un commencement à tout.

« Être et avoir non ?»

Il te semblait presque normal que chacun des cours ne t’en demandais que deux.


@AMÉLIE H. HASSAN

Tes mains glissent entre tes jambes pour s’appuyer sur la chaise. Comme si l’envie soudaine de montrer tes talents artistiques, que de tes bras, tu souhaitais soulever l’entièreté de ton corps. Ce n’était qu’une action futile, mais qui exprimait clairement ton état d’esprit actuel. Bien que cette rencontre, c’était toi qui l’avais organisée – en passant sous silence l’évidence, celui qui exprimait l’action, le manque de choix et l’obligation. Et a tes yeux, la tête légèrement inclinée, il y avait eu une première victoire. Non pas parce que tu avais été capable de réciter les verbes qu’Amélie t’avais demandé d’apprendre lors de son dernier cours, mais bien parce que tu avais réussi à nommer deux verbes qui devaient, aujourd’hui, être réellement récités. C’est donc d’une simple esquisse sur ton visage, que tu exposes ton triomphe.

« Hum. »

Tu gagnes du temps, parce que la vérité était telle que tu en ignorais la moitié. Du moins, en te basant simplement sur tes faibles souvenirs, ceux du cours que tu n’avais pas écouté, ceux du dernier soutient que tu avais vaguement suivi. Alors, tes doigts qui pianotent sur le siège, comme si le bois tapotant pouvait annoncer la réponse.

« Have, had…. Haden... »

Autant bien certaine des deux premiers, Aries parlait tu seulement en participe passé pour savoir de quoi il en retournait ? Certainement que non. Et tu en viens à expirer longuement, presque bruyamment.

« Be, was, been. »

Oubliant le were d’un haussement d’épaule, de toute manière, tu ne t’accrochais jamais à grand monde.


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Tu avais cru, pendant un très faible instant, réussir. Mais Amélie avait cette rapidité, ce visage qui très rapidement te faisait comprendre que l’échec était présent. Le presque, pouvait cependant s’avérer être encourageant. Rare était ces moments où tu avais été capable d’y arriver, d’avoir voulu espérer. Pour finalement, n’atteindre que ce presque, qui raisonnait dans tes oreilles comme une comptine enfantine.

« Ah. »

Qui s’apparente à une exclamation s’en vraiment l’atteindre. Est-ce que tu te souviendrais de la correction qu’Amélie t’apportait ? Sans doute que non. Pourtant, il s’agissait là des deux plus facile. Un soupir qui n’allait pas lui échapper, pourquoi donc apprendre le russe avec ton grand-père avait-il était beaucoup plus facile que ces sordides verbes irréguliers ?

« Une dizaine de fois ? Chacun ? »

La copie n’était pas vraiment dans tes habitudes, après tout, tes cahiers étaient pour un grande partie, totalement vide du cours qu’ils représentaient. Alors écrire sept mots dix fois chacun, cela ressemblait à une fin de vie.

« Pourquoi est-ce que ça m’aiderait ? »

Autant pour le fait qu’ils étaient essentiels, que pour le fait de les écrire maint et mainte fois. À croire qu’à force de les écrire, ils arrivent à s’inscrire dans ta tête comme l’est ton appellation. Le stylo toutefois en main, tu commences à le faire glisser entre tes doigts.  


@AMÉLIE H. HASSAN

C’est vrai que tu en avais entendu parler autrefois, en Italie lors de ta dernière année de cours dans ton pays natal. Il existait plusieurs mémoires, l’un photographique, l’autre auditive. La plus courante restait cependant la répétition, plus on exécutait ou se souvenait de quelques choses, plus la mémoire le gravait de manière irréversible. Autant, on aurait pu penser qu’aucune de ses mémoires te concernait tant ton idiotie était sans limite. Autant, la capacité de connaître l’ensemble des huit cent quatre-vingt-quatre pokémon, dans l’ordre exacte. En étant, de plus capable de nommer l’ensemble de leur type et niveaux nécessaires pour l’évolution, prônait presque au respect. Alors, une mémoire bien trop sélective qui n’avait rien à faire de l’image, du son ou de la répétition si l’élément n’était pas considéré par vital pour ton esprit.

Ce qui, face à ses verbes irréguliers était assez délicat. Alors, tu avais poussé un long soupir avant de t’affaler tout du long de la table. Ta chevelure bicolore cachant la moitié de ton visage, après tout, Amélie avait bon fond et ne t’avait demandé que de les recopier dix fois. Toutes autres personnes auraient été sans nul doute beaucoup plus sévère au vu de tes capacités et de ton manque d’intérêt le plus flagrant.

« Une bonne note ? »

Le stylo qui commence à naviguer sur la feuille de papier. Une écriture brouillonne, qui reflétait ton manque d’envie.

« A quoi ça va me servir une bonne note. »

Un souffle net qui fait voler l’une de tes mèches de cheveux, mais qui retombe aussi tôt sur ton visage.

« Surtout pour des verbes idiots. » 

Et c'est entre chaque mot, que tu prends quelques instants au coin de ta feuille. Un trait par mot terminé, dans l'idéal de dessiner un pikachu qui ne serait définitivement pas anglais.

@AMÉLIE H. HASSAN