Debout devant le magasin de bonbons, Aline oscillait entre appréhension et impatience. La veille, elle avait proposé à June de se retrouver en ville pour faire le tour des boutiques. Les deux filles n'avaient pas eu l'occasion de véritablement se revoir depuis leur première rencontre. Certes elles se croisaient de temps en temps dans les couloirs de l'académie, et elles avaient vécu ensemble cet événement traumatisant en janvier mais c'était tout. C'est pour cela que la blondinette avait pris les choses en main. D'un côté, elles pourraient reparler de ce qu'il s'était passé cette fameuse nuit, et de l'autre... quoi de mieux qu'un peu de lèche-vitrine pour sortir sa nouvelle amie de ses révisions et de son apathie ?

Après une longue hésitation, l'Anglaise avait opté pour cette destination plutôt qu'une autre en se disant qu'elle pourrait en apprendre davantage sur les goûts de la petite rousse. D'ailleurs cette dernière n'avait aucune idée des efforts que la maladroite s'apprêtait à déployer. N'étant absolument pas à l'aise en dehors de l'école, elle allait devoir redoubler d'attention afin de ne pas créer de catastrophe. Généralement, elle évitait les commerces et leur rayon bien trop proches les uns des autres comme la peste. Une chute ou un mauvais coup de coude et tout pouvait partir en vrille... Jusque-ici, l'adolescente n'avait encore jamais causé de torts aux vendeurs, mais cela pouvait changer à tout instant.

Ayant pris ses dispositions, la jeune fille était arrivée en avance devant l'enseigne. Toute cette foule la rendait nerveuse et il y avait tant de potentielles collisions qu'elle ne parvenait pas à se calmer. Son quartz rose lui transmettait bien des ondes positives, cependant les va-et-vient incessants des passants lui en envoyait des négatives également.

Pourquoi tu as proposé ça un samedi après-midi Aline ? Tu savais très bien que ce serait bondé... Les lieux remplis et toi, ça fait dix, tu te souviens ?

Adossée à la vitrine, elle regardait les gens marcher tout en restant immobile. Il ne fallait pas qu'elle fasse de mouvements inutiles, car malhabile comme elle était, elle heurterait probablement quelqu'un sans le vouloir... Par contre une fois que June serait là, elle pourra enfin se détendre et se réfugier dans l'échoppe.

... où il y a encore plus d'endroits que tu peux déranger.

La blondinette n'était pas quelqu'un faite pour la ville. Elle aimait la tranquillité, le silence, la nature. Tout l'inverse de là où elle se trouvait. En temps normal, elle aurait été assise dans sa chambre à siroter une bonne tasse de thé en feuilletant un livre sur les pierres précieuses. C'était sans compter le fait qu'elle ait vraiment envie de faire plaisir à la rouquine. Elle ne se souvenait que trop bien de la joie que son petit sourire avait provoqué dans son coeur et tenait réellement à réitérer l'expérience. Se démener, jusqu'à ce qu'il finisse par remplacer ce masque impassible que la fillette avait adopté pour on ne sait quelle raison.

Évidemment, cela se ferait par étapes. Pour le moment, le but d'aujourd'hui est principalement de mieux se connaître et la faire parler au maximum. Au vu de leur première discussion, ce n'est pas gagné d'avance, mais... qui ne tente rien n'a rien, n'est-ce pas ?

Lorsque June apparut près d'elle, Aline sursauta. Elle était tellement absorbée par la foule qui allait et venait dans la rue qu'elle n'avait même pas senti son amie s'approcher. Se ressaisissant rapidement, elle offrit un grand sourire à la rousse. Voir ces yeux bleus reconnaissables entre mille rassurèrent instantanément la blondinette. Elles allaient enfin pouvoir rentrer dans le magasin et se laisser aller devant ces dizaines de friandises multicolores, toutes aussi féeriques les unes que les autres.

« Heeeey ! Ça va ? Tu as l'air beaucoup plus en forme que la dernière fois qu'on s'est croisées ! plaisanta-t-elle en faisant un clin d'oeil. »

Il s'agissait d'une référence à la moitié de semaine qu'elles avaient passé ensemble à l'hôpital. La nuit de l'attaque à l'académie, elles s'étaient retrouvées à terre aplaties par une force dont il était impossible de se soustraire. Cela venait d'un garçon maîtrisant la gravité qu'elles avaient... énérvé. Fort heureusement aucune des deux filles n'avait gardé de séquelles, mais cela c'était probablement joué de très peu.

« On entre ? demanda-t-elle en prenant le bras de June pour l'attirer à l'intérieur. »

En passant la porte, Aline heurta de plein fouet un mur et eut un mouvement de recul. Pourquoi est-ce qu'ils avaient construit une façade juste devant l'entrée ? Et du coup comment faire pour rentrer dans la boutique ?! Lorsqu'elle reprit ses esprits, la maladroite leva les yeux et se rendit compte avec horreur que ce n'était pas une paroi qu'elle avait cogné mais plutôt... un garçon d'environ deux mètres. Un sac de bonbons à la main, il sortait de l'enseigne et par on ne sait quel miracle, l'adolescente ne l'avait pas remarqué. Gênée, elle se prit le bras tout en baissant la tête. Il lui semblait impossible de regarder ailleurs, en particulier en direction des yeux du jeune homme.

« Pardon... Je ne vous avais pas vu. »

Sans attendre, elle se recula pour laisser passer le géant tout en décochant par la même occasion un regard penaud à celle qui l'accompagnait. Elle espérait ne pas avoir viré au rouge tomate tant elle était embarrassée. Une nouvelle fois sa maladresse et son manque d'attention avaient pris le dessus. Qu'est-ce que dirait June ? Aurait-elle honte d'être sortie se promener avec une personne aussi pataude et tête en l'air ?

Même si leur balade commençait par une étourderie, ça ne voulait pas dire que ça continuerait le reste de la journée, si ? En tout cas la lycéenne priait pour que ce ne soit pas le cas. Ainsi, ne se laissant pas décourager, elle pénétra dans l'échoppe en lançant un bonjour enthousiaste aux vendeurs. Elle savait qu'elle avait encore les joues cramoisies, mais elle choisit de passer outre. L'élève bousculé devait probablement déjà l'avoir oubliée !

Décidée à ne plus penser à ce qu'il venait de d'arriver, la blondinette prit le temps d'observer l'intérieur du magasin et fut sincèrement subjuguée. Il y avait des sucreries absolument partout. Elles étaient de toutes les formes et de toutes les couleurs ! Les vitrines et bacs présentaient sans fard leurs alléchants trésors, et il était compliqué de ne pas y jeter un coup d'oeil. Les boites transparentes montaient jusqu'au plafond et chacunes d'elles étaient remplies de magnifiques sphères aux teintes pétantes.

Comme hypnotisée, Aline alla se positionner près d'une devanture contenant les multiples boules jaunes. Est-ce qu'elles étaient au citron, l'une de ses saveurs préférées ? Elle aurait adoré pouvoir en goûter une, cependant elle n'avait pas spécialement prévu d'acheter quoi que ce soit. Se laisserait-elle tenter ?

« Je n'étais encore jamais venue ici, confia-t-elle à June. Cet endroit est... dingue ! »

Le soutien dont fit preuve June toucha énormément Aline. Certes elle avait menti et s'était jetée toute seule dans la gueule du loup, mais avec le but noble de bien faire. Est-ce que cela voulait dire que la rousse ne portait aucun crédit à sa maladresse et son étourderie ? Qu'elle était prête à risquer une catastrophe à chaque instant rien que pour pouvoir passer du temps avec elle ? Cette pensée la réconforta si bien qu'elle prit la décision de totalement se laisser aller au moment présent.

Toujours obnubilée par les énormes sphères jaunes, la blondinette consulta l'étiquette juste en dessous pour en connaître le nom. Elle chercha ensuite dans le magasin le panneau indiquant le prix au gramme plus par curiosité que par intérêt. Ou alors s'agissait-il d'une excuse ? Car juste après, la jeune fille se surpris à penser que les cent grammes ne coûtaient pas très cher et rentrait dans son budget.

« Merci pour tout à l'heure, glissa l'adolescente en se mettant enfin à circuler au côté de son amie. Tu n'étais pas obligée, je ne voudrais pas te causer de soucis. »

En effet, si le garçon s'en était pris à la fillette, Aline ne serait pas restée sans rien faire. Elle aurait rétabli la vérité et assumé l'entière responsabilité de sa bêtise. Par chance, ce n'était qu'une légère bousculade donc il n'y avait pas vraiment de raisons de s'emporter. Quoique l'image d'une certaine gothique lui vînt à l'esprit et la fit finalement douter sur l'absence de risque.

« De toute façon dans le pire des cas tu aurais pu utiliser ton super brouillard et on se serait éclipsée, plaisanta-t-elle doucement. Tu sais qu'à chaque fois que j'en vois dehors maintenant, je me dis que c'est peut-être toi qui l'a généré ? ajouta-t-elle en souriant. »

La demoiselle faisait référence à cette fameuse nuit de janvier. Elle avait pu voir June à l'oeuvre, en train de créer une sorte de brume dans laquelle tout son groupe s'était caché. Ils avaient pu ainsi s'enfuir sans être vu par les militaires qui entouraient l'académie. Sur le moment, la blondinette n'y avait pas pensé mais ce don pouvait probablement revêtir plusieurs aspects très intéressants ! Est-ce qu'elle était capable de changer la couleur de son nuage ? Combien de surface ce dernier pouvait-il recouvrir ? Avait-il d'autres effets comme rafraîchir l'atmosphère ou humidifier l'air ? Elle voulait poser toutes ces questions, mais ne savait pas si la rousse aimerait en parler.

Préférant laisser le choix à la collégienne, la jeune fille entreprit de lancer un deuxième sujet beaucoup plus léger. Ainsi, son amie, déjà très peu bavarde, ne se sentira pas obligée de parler de son alice si elle n'en avait pas envie. Passant à côté de gommes acidulées, elle balaya les alentours de la main tout en parlant.

« Toi tu es déjà venue ? Qu'est ce qu'il faudrait que je goûte absoluement ? Et très important... c'est lesquels tes préférés ?! »

Avec toutes ces questions, Aline espérait obtenir au moins trois phrases de la part de June. Elle se sentait tout à fait capable de faire la discussion pour deux, mais l'adolescente voulait en savoir plus sur l'histoire de la rousse. Former de vrais liens et découvrir la raison de cette impassibilité permanente. En comprenant mieux les états d'esprit de la fillette, elle pourra certainement l'aider à s'ouvrir davantage et à apprécier encore plus les petits plaisirs qu'elle avait sous le nez. Un peu comme cette guimauve géante multicolore dont la blondinette n'arrivait guère à détacher ses yeux.

À présent tout devenait plus clair. Parler du pouvoir de June avait eu pour effet de renfrogner cette dernière. Il était évident que son don lui pesait et qu'elle ne voulait pas en discuter. D'ailleurs heureusement qu'Aline ne s'était pas attardée dessus et qu'elle lui avait tendue une perche pour changer de sujet. Le visage de son amie s'était obscurci l'espace d'un instant avant qu'elle ne se décide à répondre aux questions de la blondinette. Qu'est-ce que son brouillard pouvait avoir de si déplaisant pour la chagriner ainsi ? Il leur avait été d'une grande aide ce soir-là et absolument rien ne s'était mal déroulé... Quoi qu'il en soit cette conversation demeurait clairement tabou, alors mieux valait laisser tomber et passer à autre chose. Elle finirait probablement par se dévoiler le moment voulu.

Les bonbons nuages dont June fit référence par la suite se trouvaient justement en face d'elles. Ils étaient d'une teinte légèrement rosée et paraissaient d'une grande légèreté. Aline se surprit même à penser qu'elle pourrait facilement en manger un bon nombre avant d'être dégoûtée. En les observant, la tentation de se laisser aller à quelques achats frivoles se fit de plus en plus pressante. C'étaient les préférés de son amie, donc pourquoi ne pas lui faire plaisir ? Il ne lui en fallut pas davantage pour que sa décision soit prise. Elle attrapa un sachet en plastique non loin de là et se dirigea vers la vitrine où était stockées les fameuses sucreries.

« Eh bien je vais nous en prendre quelques-uns ! Après tout il faut quand même fêter notre déménagement à l'étage supérieur n'est-ce pas ? déclara-t-elle en ponctuant sa phrase d'un clin d'oeil. »

La blondinette ayant obtenu une seconde étoile avait changé de chambre il y à peine deux semaines. En déplaçant ses affaires, celle-ci s'était rendu compte que la jeune rousse aussi en faisait de même. Jusqu'ici elle n'avait pas eu l'opportunité de la féliciter, c'était donc l'occasion rêvée pour le faire. Il semblait évident que la fillette mettait tout en oeuvre afin de devenir une élève modèle.

Ne sachant pas très bien quelle quantité elle était supposée prendre, l'adolescente munie d'une pincette entreprit de placer dix douceurs dans son paquet soit cinq pour chacune. Elle ne voulait absolument pas donner l'occasion à June de répliquer donc se dépêcha de remplir le sac. Elles pourraient les déguster tout en flânant dans la rue avant d'aller vers d'autres boutiques. D'ailleurs la réponse de son amie lui revint à l'esprit et Aline ne put se retenir de lui poser une nouvelle question.

« C'est quoi du coup les endroits que tu fréquentes alors ? Moi aussi j'évite la ville au maximum en temps normal mais aujourd'hui j'avais bien envie de faire une petite exception, déclara la demoiselle en continuant de choisir les confiseries en forme de nuages. En général je vais plutôt du côté des forêts comme ça je peux chercher des pierres précieuses. »

En prononçant ces phrases, la jeune fille espérait ne pas s'être trompée dans le choix de la sortie. Certes à Central Town les distractions étaient multiples, mais peut-être aurait-il été plus judicieux de demander l'avis de la rouquine. Sur le moment, elle s'était simplement dit que l'animation de l'avenue marchande allait bien les occuper, ce qui n'est pas non plus totalement faux. Une chose était sûre, elle prendrait note des lieux favoris de son amie pour les prochaines fois.

Après avoir terminé de fourrer ses trésors sucrés dans le sachet, elle lança un grand sourire à June avant de se tourner vers les caisses. Déterminée à ne pas la laisser payer quoi que ce soit, elle se tenait prête à combattre la rousse afin de l'empêcher de sortir ses rabbits. Si cette petite se sentait mal par rapport à son don, elle devait avoir besoin plus que jamais de quelqu'un qui l'accepte telle qu'elle est, et ça tombait bien parce que c'était exactement ce qu'avait prévu de faire Aline.

Lorsque son amie fit référence à la forêt, un large sourire se dessina sur le visage d'Aline. Si elle côtoyait également les grands espaces verts, peut-être que la rousse pourrait venir l'aider à dénicher de nouvelles roches à ajouter dans sa collection ? Se serait un bon moyen de passer du temps ensemble tout en ne forçant pas vraiment la conversation. Elle profiterait sûrement de l'occasion pour transmettre son savoir sur les minéraux à la fillette. Par ailleurs, avec une nouvelle paire d'yeux, les découvertes se feront plus nombreuses !

Avant qu'elle ne puisse surenchérir, l'adolescente aperçut son amie sortir quelque chose de sa poche en se présentant devant le gérant. Ainsi la petite avait préparé son coup depuis un moment sans qu'elle ne s'en rende compte... À peine arrivée à la caisse qu'elle tendait déjà d'un geste vif ses rabbits au vendeur. D'abord surprise, l'Anglaise se ressaisit rapidement en déposant le paquet de sucreries et en ouvrant son petit sac. Ses mouvements bien trop précipités eurent vite raison d'elle et son porte-monnaie ouvert finit par lui échapper des mains. Tandis qu'il tombait, plusieurs pièces s'en dérobèrent et atterrirent au sol avec une multitude de tintements sonores.

« Non, attendez, je... Ne prenez pas son argent, c'est moi... moi qui paie ! bégaya la blondinette sous l'effet de la précipitation. »

La maladroite avait perdu la bataille avant même de la commencer. Son manque d'habilité s'était une nouvelle fois imposé et la voilà donc accroupie à chercher sa monnaie au lieu de forcer June à ranger la sienne. Tandis qu'elle ramassait ses affaires, la jeune fille priait pour que le commerçant ne finisse pas par prendre ce que lui donnait la collégienne. Les friandises étaient un cadeau pour elle, pas l'inverse ! Il ne fallait pas qu'elle se sente obligée d'acheter quoi que ce soit sous prétexte qu'Aline veuille lui offrir des bonbons !

« June vraiment j'insiste, lança-t-elle alors qu'elle était toujours agenouillée. Si tu veux, tu pourras me payer autre chose plus tard. »

Malgré elle, un nouveau sentiment naquit dans le coeur de la blondinette. Il s'agissait d'une sorte fierté de considérer cette rousse comme étant son amie. Il y a un an, jamais elle n'aurait parié sur le fait qu'elle se trouverait à cet endroit précis, bataillant pour dépenser son argent dans des douceurs à partager. La gentillesse dont faisait preuve la fillette la toucha énormément et même si Aline s'était fixé pour but de la dérider quelque peu, celle-ci l'aidait aussi en retour sans s'en douter un seul instant. Décidément... cette petite bouille n'avait pas fini de la surprendre !

Alors qu'Aline était persuadée d'avoir perdu la bataille, un retournement de situation prit place la surprenant agréablement. June avait fini par céder face à ses supplications, convaincue par le marché proposé juste avant. C'est donc avec un petit sourire en coin que l'adolescente se releva et tendit son argent au caissier. Ça aurait été honteux de laisser une si jeune demoiselle payer pour elle, d'autant plus que c'était son idée !

À peine la monnaie rangée qu'elle présentait déjà le sachet à la petite rousse, la mine encourageante. Finalement elle ne se débrouillait pas trop mal et commençait de mieux en mieux à cerner son amie. Elles n'étaient encore qu'au début de leur sortie qu'elle en savait déjà beaucoup plus et s'apprêtait à en apprendre davantage.

« Si tu veux je pourrais te prévenir quand j'irai à la forêt pour chercher des pierres, déclara-t-elle en reprenant la discussion de tout à l'heure. Je pourrais aussi te montrer deux, trois endroits sympas là-bas ! »

En passant le pas de la porte du magasin, Aline fit bien attention à ce que personne ne soit à l'opposé. Il ne faudrait pas rentrer une nouvelle fois dans un garçon géant et faire tomber par la même occasion les sucreries qu'elle venait d'acheter... D'ailleurs en en portant une à sa bouche, la blondinette comprit immédiatement pourquoi June les appréciait. D'une douceur infinie, le bonbon fondait sur la langue en laissant un délicieux goût sucré.

« Oh mon dieu qu'est ce que c'est bon ! s'exclama l'adolescente la bouche pleine. Je comptais tout partager mais peut-être qu'on va devoir encore s'affronter, plaisanta-t-elle en riant. »

Elle passa le paquet à June pour lui laisse entendre que c'était une blague puis prit la direction de la boutique de farce et attrape.

À cet instant, Aline se sentait complète. Longtemps elle avait rêvé de se promener dans les rues de la ville avec des amis, se voyant rire et discuter de tout et de rien. Cependant elle ne l'avait encore jamais fait à cause l'isolement qu'elle s'était infligée jusqu'à très récemment. À présent elle se permettait enfin de sortir de sa coquille, peu importe les dégâts que pourraient occasionner son éternelle maladresse. De plus, elle avait eu la preuve aujourd'hui que certains se tenaient même prêt à être là en cas de besoin et qu'ils n'hésiteraient pas à prendre sa défense.

Avec un regard bienveillant envers June, elle remercia celle-ci intérieurement.

« Le citron... commença l'Anglaise quelques minutes plus tard en observant les façades des bâtiments qui les entouraient. »

Laissant planer un silence délibéré, elle redirigea son attention sur son amie en souriant. Même si rien que sa présence lui faisait grandement plaisir, elle n'oubliait pas non plus qu'elle s'était donnée comme mission d'insuffler un maximum de joie de vivre dans cette petite bouille.

« C'est mon goût préféré, finit-elle par lancer. À chaque fois que j'ai le choix, je prends toujours citron. Glace, thé, sirop... C'est aussi pour ça que j'ai été attirée par les gros bonbons jaunes. Après je ne regrette vraiment pas de t'avoir écoutée ! poursuivit-elle en chipant une nouvelle douceur du sac. »

Comme pour la fois où elles s'étaient rencontrées, Aline se laissa totalement aller à des discussions diverses et variées. Par moments, elle tenta même des blagues dans l'espoir de voir se dessiner un joli sourire sur le petit minois qui l'accompagnait. Ainsi l'après-midi passa bien trop rapidement de son point de vue, mais n'en demeurera pas moins doux.