Il y a une phrase, qui a continué de tourner en boucle dans sa tête - comme un mantra - une ligne de conduite à suivre ; "tu détruis tout ce que tu touches." C'est vrai, Kara en a conscience, ça s'est frayé un chemin jusqu'au fin fond de sa conscience. Elle détruit tout ce qu'elle effleure - ses relations - les gens. Véhémente dans sa façon de gérer les choses, colérique et agressive - elle use d'artifice pour se protéger - pour éviter d'être brisée encore plus qu'elle ne l'a déjà été.

Le regard de Kara est évocateur, elle brille, au fond de ses iris, cette lueur provocatrice. Et pourtant, ce qui ressort le plus naturellement de ses paupières lourdes, ce n'est rien d'autre qu'un air suffisant, blasé et nonchalant. Elle n'a plus le temps de tous ses boniments - tout ce qu'elle veut, c'est pouvoir enfin aller de l'avant. Alors elle met des barrières, se cache derrière des gants, de peur de perdre encore une fois le contrôle - sauf que cette fois ; elle n'aurait plus l'argument d'être une enfant.

Elle est soumise à ses humeurs, ne peut aller contre sa propre nature. C'est une jeune fille qui se refuse à devenir femme, qui cache ses cicatrices derrière des vêtements trop amples, qui garde la tête levée malgré qu'elle soit tirée constamment vers le bas - elle n'a rien qui la rende fière, rien qui ne l'assomme pas. Kara, c'est un reflet, une personne couchée sur l'asphalte de la déchéance de son inconscience ; qui se demande quand tout finira par aller bien.

Kara rime avec Karma ; enlève le m de Karma et tu obtiens Kara. Tout en elle pue le désespoir et c'est pourtant, écrit en gros, dans les lignes de son histoire ; que sa dépression n'est en aucun cas dérisoire. Kara a subi, elle a serrée les dents, s'est forcée à sourire, mais en a eu assez de faire semblant. L'hypocrisie régit déjà assez le monde, elle a même pris ses parents. Cruel est le temps, cruel son les Alice. Se plier à un système qui finira bien, un jour, par tomber. Elle l'espère en secret, prie pour pouvoir retrouver, une quelconque once d'humanité.

Car depuis qu'elle est arrivée ici, elle n'a plus l'impression d'être réellement elle-même ; juste un reflet dans un miroir qui finira fatalement brisé. C'est ce qui l'a rend en colère, ce qui l'a rend peut-être même aigrie contre la vie - contre la société. Elle ne peut pas s'en empêcher Kara, c'est comme ça que tout a été écrit. Elle n'a pas eu de chance, c'est ce qu'elle essaye continuellement de se dire. Et c'est pourquoi, elle rejette souvent la faute sur autrui.

Mais c'est bien elle la coupable, son touché, qui est exécrable.
C'est ce qui l'a rend instable, alors elle joue cartes sur table.

Kara, c'est cette jeune fille qu'on a abandonné y'a plus de dix ans, qui a essayée de remonter la pente qu'est cet abandon, mais qui n'a pu voir qu'en elle, une forme d'aberration. C'est sa vie et pourtant, elle s'effrite, minutes, après minutes - sans y trouver aucun sens.