cold hands, warm heart ★
l'amour, c'est le droit que l'on donne à l'autre de nous persécuter.


Le musique trop forte à tes oreilles, tu marchais.
Vacant à des occupations imaginaires.
Tu aurais dû t’installer quelque part et réviser Sasha, les examens approchaient à très grands pas et pourtant, tu te contenter de flâner dans les couloirs. Te questionnant sur ce que tu allais faire, où tu allais… peut-être à la piscine ? C’est bien dans cette direction.
C’est début Janvier.
Noël est passé et tu ressens habituellement comme une pression qui se relâche, mais là, il y a comme un résidu qui demeure, sans que tu ne puisses l’expliquer.
Il faudra en parler au psy jeudi.
Il ne neige pas, ou du moins, il ne neige plus.
Tu trouves ça un peu triste.
Un peu comme si la vie morose avait repris son train-train quotidiens, bien que le froid soit resté lui. Ce froid qui paralyserait presque le grenier et tout les sans étoiles au passage. Ce froid qui te colles à la peau Sasha. Tu as beau te couvrir et enfiler toujours plus de couches, il fait toujours froid.
Frissonner c’est quotidien.
D’autant plus en hiver.
Pourtant, le frisson qui t’arrête net en plein couloir, ce n’est pas à cause du froid : c’est ton alice qui te préviens d’un danger imminent en approche.
Délicatement, tu fais glisser ton casque autour de ton cou, coupant la musique et c’est là que tu entends des pas dans ton dos.
Tu te retournes Sasha.
Ton regard s’échoue sur la silhouette de Ace.
Au début, tu es un peu surpris de le croiser comme ça au détour d’un couloir… ou plutôt au détour d’un couloir qui n’est pas à l’hôpital.
Cette pensée te fait sourire et tu lèves la main. Le saluant.

▬ Hey !

Tu ne peux pas t’empêcher de te demander si ce n’était pas un peu trop enjoué et amical, notamment pour votre relation.
Il s’approche et ton cœur bât plus fort.
Ça te rappelle votre dernière entrevue.
Et tu déglutis maladroitement.
Il a toujours cet air sévère sur le visage, il dégage cette même aura glaciale et pourtant… il continue de te donner chaud.
Ton sourire se fait plus gêné et tu te grattes l’arrière du crâne.

▬ Tout vas comme tu veux ?

Il a bien dit qu’il essayerait de ne plus te tourmenter et pourtant, il est la seule chose présente que ton alice puisse potentiellement identifié comme un danger pour toi ; actuellement en tout cas.
Malgré le doute, tu décide de lui faire confiance alors qu’il est de plus en plus proche.
Une fois de plus.
Une fois de trop.

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Il te salut aussi.
C’est étrange, tu n’as pas vraiment le souvenir d’un Ace qui te dis « bonjour »… enfin, il reste cependant froid, mais cela t’intrigue tout de même Sasha.
C’est pourquoi tu lui demande, si tout vas bien.
Tu n’as pas pris l’habitude qu’il te réponde.
Ni qu’il s’approche ainsi avec une détermination a te faire pâlir, mais tu n’as pas vraiment le temps d’envisager la possibilité de fuir.
Les paumes glacées de ses mains saisissent ton visage et tu te retrouve légèrement forcé de lever la tête et les yeux vers lui.
Tu ouvres la bouche pour demander ce qu’il se passe, mais il te devance avec sa propre question.
Dis. T’es bien amoureux de moi n’est-ce pas ?
Il te prend de court et tu rougis Sasha, si bien que ça picote au contact de ses doigts glacés.
Et tu n’as pas le temps de répondre.
Tu n’as pas le temps de dire « oui ».
Ni quoique ce soit d’autre.
Que ses lèvres se plaquent sur les tiennent.
Tes yeux s’écarquillent de surprise et ton cœur loupe un battement. Pendant une courte seconde, tu te demande si tu n’es pas entrain de rêver, mais le bout de tes doigts frôlent le tissu de sa chemise et instinctivement ils s’y agrippent.
C’est tangible, donc c’est réel.
Naïvement, tu t’abandonnes Sasha.
C’est comme si Ace venait d’appuyer sur le bouton « on » de la connexion entre ton corps et ton esprit, si bien que tu es submergé par cette vague d’amour et de désir.
Les papillons s’agitent enfin dans ton ventre.
Tu frissonnes au contact de sa peau sur la tienne et ce n’est clairement pas à cause de sa froideur naturelle, il a vraiment cette étrange capacité à te faire étouffer.
Et alors que les secondes s’égrainent, tu te laisser bercer d’illusions Sasha, même si son baiser n’a rien de tendre, il a quelque chose qui te rend accros sans savoir quoi.
Tu en veux, encore et encore.
Tu veux figer ce moment, quitte à en perdre le souffle ou la raison.
Ace t’es toujours apparu comme une évidence, un peu malsaine c’est vrai, mais une part de toi y a toujours cru et elle y croit toujours, qu’il est ton évidence à toi Sasha.
L’oxygène te manque et comme si la survie avait plus d’importance que ses lèvres, le contact se rompt, mais tu ne le lâche pas.
Tu n’oses même plus ouvrir les yeux de peur qu’il se dissipe tout à coup.

▬ Je… o-oui et toi ?

Tu lui retournes sa dernière question.
Cela te semblait légitime après ce qu’il venait de se passer et pourtant, une vague de stress t’as saisi les entrailles.
La peur au ventre qu’il dise « non ».
Et tu tes mordu la lèvre inférieure Sasha.
Sentant toujours le contact de ses lèvres sur les tiennes, comme un fantôme te hantant et alors que tu pensais ne faire qu’y penser, tu l’as portant murmuré :

▬ Ne me lâche pas s’il te plaît.

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C’est sûrement pour ça que tu n’as pu t’empêcher de laisser échapper ce murmure, même s’il ne venait pas de dire « non ». Ace ne voulait simplement pas répondre à la question et en soit, ça ne te dérangeais pas Sasha.
Si ce n’était pas « non », alors ça allait.
Parce qu’à vrai dire, t’as peut-être dit « oui », mais tu n’as pas dis « je t’aime » pour autant, alors… tu t’en contente et tu te rassure que ça va.
Tu t’aveugle tout seul.
Ace ne dit rien, alors que ses doigts glissent sur ta nuque et c’est comme s’il t’électrisais, si bien que tu as la sensation de perdre le souffle.
D’oublier comment on respire.
Et ses lèvres embrassent la peau de ton cou.
Ton pouls s’emballe et tu sens tes genoux devenir moues, c’est un peu comme quand on est ivre, mais en beaucoup beaucoup mieux. Tu veux qu’il continue et pourtant il s’arrête, enfouissant son visage contre ton épaule Sasha.
Ça te rappelle cette fois à l’Hôpital, quand il s’est écroulé après avoir usé de son alice… cette scène te semble si lointaine au vu de la situation actuelle.
Je te lâche pas…
C’est là que tu comprends qu’il a entendu, que tu réalises que tu l’as vraiment murmuré. Tu rougis, autant pour cela que pour la suite. Tu n’as aucunes réclamations à faire Sasha, surtout s’il ne ta lâche pas.
Comme s’il mettait en pratique ce qu’il affirmait, il te prend dans ses bras et embrasse à nouveau ta peau. Tu frissonnes légèrement, te mordillant la lèvre inférieure alors que tu te blottis dans ses bras, l’enfermant dans les tiens tendrement, pendant qu’une fois de plus il élucubre des mots qui te font rouler des yeux.

▬ Il va vraiment falloir que tu arrêtes de te voir comme… un porte-malheur.

Parce que c’est moi qui porte la poisse.
Ça tu ne l’ajoute pas.
Tu trouve même que t’as été un peu bancale avec ta phrase et pendant quelque seconde tu hésites, avant de poser tes lèvres contre sa nuque.
Une fois, deux fois…

▬ Tout n’est pas un combat et ça, –tu resserres doucement la prise de tes bras autour de lui– ça n’en est certainement pas un, alors pas besoin de me défendre.

Ta raison te hurlait de lui demander ce qu’il lui prenait, pendant que ta conscience se disait que de toute façon sa relation avec Gabrielle était fini, si tu en croyais les rumeurs en tout cas et son comportement.
Ton cœur lui, il était divisé.
Sans que tu le sache Sasha.
Une partie était entrain d’y croire, dur comme fer, de se laisser entraîner dans cette sordide mascarade. C’est elle qui te poussait à rester dans ses bras, à l’embrasser et à sourire, à rougir.
Puis il y a l’autre, celle qui doute.
Celle qui a toujours eu un peu peur de ça.
Mais tu ne l’entends pas.
L’odeur de Ace t’as hypnotisé avec tout le reste, tu te délectes de ce que tu ressens enfin, tout en ayant la conviction d’être réparé pour de bon.
La conviction que Ace est ta clé.
Délicatement, tu enfouie ton visage contre son cou.
Tu pourrais mourir ici.

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Tu hausses un sourcil Sasha.
Toi, tu lui retourne la tête ?
Ace s’écarte, posant ses mains sur tes épaules et tu ne vois pas le raz de marrée qui te fonce dessus. Tu gardes le sourire aux lèvres, les pommettes toujours roussis… pour une fois tu te sens à ta place. Enfin, c’est le sentiment global qui t’envahis, mais pas le seul.
Il y a quelque chose dans son regard.
Une chose qui te dérange.
Qui te mets à mal.
Ace ouvre la bouche.
C’est là que commence la chute.
Toi et moi, ça ne sera jamais possible.
Tu le sais ?
Ta conscience hurle que oui Sasha.
Et ton sourire se déforme lentement.
Cela fait plusieurs secondes que Ace n’a plus dit un mot et que toi tu reste statique, un peu comme si tu étais resté bloqué entre le rêve et la réalité, avec la sensation que tu resterais à jamais dans cet état de mi-conscience.
Il n’y a pas un bruit.
Même ton souffle te semble inexistant.
Ton cœur se brise et il n’y a pas un bruit.
La réalité te rattrape, avec la rage au ventre.
Pourtant, tu te dégages de ses mains sur tes épaules avec douceur. Relevant le visage vers le plafond, t’es encore en chute libre et quand tu vas percuter le sol, ça sera pas beau à voir alors…

▬ J’ai envie de savoir pourquoi Ace. Tu sens les larmes monter. Pourquoi si je ne représente rien à tes yeux, tu t’acharnes sur moi ? Ton regard se plante dans le siens. Parce que je t’aime ?

Tu l’as dit.
A voix haute.
C’est sortie un peu comme un boulet de canon, mais c’est sortie et au fond, ça te libère quelque peu même si tu ne respire pas mieux.
Le visage brouillé par les larmes, tu poursuis :

▬ C’est pour ça que Gabrielle t’as planté ? Parce que tu ne peux pas t’empêcher de détruire les gens qui t’aiment ? Je veux savoir Ace et j’ai le droit de savoir. Ta voix commence à dérailler. Ça doit presque faire dix ans que j’attends que tu me regarde vraiment, mais je crois que j’suis entrain de comprendre que ça arrivera jamais… parce que j’suis qu’un jouet pour toi, pas vrai ?

Ton regard tombe sur le parquet Sasha.
Ta chute vient tout juste de se finir.
T’as percuté le sol tout en restant debout.
C'est une étrange sensation.
Et ça n’a pas fait de bruit non plus.

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Le silence.
Pesant, même tes larmes sont silencieuses.
Vos souffles te semblent comme éteints.
Et puis soudain, Ace prend la parole.
Ton visage se relève Sasha, un de tes sourcils se hausse avant de retomber. C’est risible, tu voudrais ne pas lui faire se plaisir et l’oublier, mais tu sais déjà que cela t’es impossible.
Tu ne dis rien.
C’est comme si tu savais qu’il allait parler.
Et ses mots sont comme des coups de couteaux.
Cela fait bien longtemps que tu en as consciences et pourtant t’es encore là Sasha. Debout et bien droit, faisant croire que t’encaisse les coups comme un grand.

▬ On n’est pas pareil.

C’était plus un murmure.
Comme pour te rappeler que c’est ce qui explique ton comportement, le justifie. Lui il ne pouvait pas comprendre, mais peut-être qu’il y a quelqu’un qui peut saisir ? Tu te raccrochais à cet espoir, alors que tu aurais juste voulu qu’il comprenne.
Qu’il t’écoute pour une fois.
Juste cette fois.
Les mains d’Ace saisissent ton visage et tes lèvres mimes un « Non », juste avant qu’il ne dépose une énième baiser sur les tiennes.
Les paupières tombent devant tes prunelles.
Et tu sens deux larmes rouler.
Viennent ses mots, toujours plus durs.
Toujours plus incisifs.
Ace s’est détourné et tes yeux se sont ouverts.
Tu aurais pu courir, le rattraper.
Essayer de dire quelque chose… mais c’était comme si tes jambes refusaient de bouger. Tu avais l’impression qu’elles te disaient « On lui a trop couru après... », et tu tes laissé glisser au sol Sasha. Les jambes rabattus contre ton torse et la tête entre les genoux. Tes doigts enserrant les mèches rousses de ta chevelure.
Tu voudrais hurler.
Mais seul le silence raisonne.
Inlassablement.